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CLIX

AU MÊME.

Au Jardin du Roi, le 23 janvier 1775.

Rien n'est plus flatteur pour moi, monsieur, que l'accueil que vous avez fait d'avance à mon ouvrage, et la bonté que vous avez de ne pas regarder mon hommage comme un double emploi, me touche sensiblement. Je mettrais volontiers dans mes titres l'application du beau passage de Cicéron1 que vous citez, si je ne craignais de me trop enorgueillir, et je ne l'adopte que comme une preuve de votre indulgence et une marque de votre estime. Je ferai donc ce qui dépendra de moi pour vous marquer ma reconnaissance et pour mériter quelque part de votre amitié.

C'est dans ces sentiments et avec le plus respectueux attachement que je suis et veux être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

(Tirée des manuscrits de la Bibliothèque impériale; publiée par M. Flourens.)

CLX

• AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

Paris, le 1 mai 1775.

Je vous remercie, mon très-cher ami, de la part que vous prenez à la perte que j'ai faite'. Quoique prévue depuis longtemps, elle n'a pas laissé de m'affecter très-sensiblement; car ma santé n'est pas en trop bon état, et je désire d'aller respirer l'air de Bourgogne, qui me convient mieux que celuici. Je serais enchanté si vous veniez à Montfort. Il y a longtemps que je le souhaite, et vos affaires peuvent peut-être

s'arranger de façon que cette terre vous restera; ou, si vous la vendez, vous me feriez plaisir de m'en prévenir d'avance. Mme de Ruffey m'a fait l'honneur de m'écrire au sujet de la chambre des comptes de Dôle 2, et j'aurais bien voulu pouvoir lui rendre en cela quelque service; mais M. le comte de Maurepas m'a renvoyé à M. le garde des sceaux et, chez celui-ci, il m'a paru qu'on ne regardait pas l'affaire de la chambre des comptes de Dôle comme dépendante en aucune façon de celle des Parlements; et un particulier comme moi ne peut rien sur des choses publiques et de cette espèce.

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J'ai l'honneur d'être, avec le plus ancien et le plus inviolable attachement, mon très-cher monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

GLXI

A M. LE COMTE DE TRESSAN1.

Monsieur le comte,

Au Jardin du Roi, le 3 mai 1775.

Je reconnais à votre lettre votre cœur pour vos amis, et je suis très-reconnaissant de tout ce qu'elle contient; mais je ne ferai néanmoins aucune démarche, ni même aucune plainte contre cet homme qui a voulu se donner le plaisir de me contredire. Ce serait la première fois que la critique aurait pu m'émouvoir. Je n'ai jamais répondu à aucune, et je garderai le même silence sur celle-ci. Nous avons aujourd'hui élu M. le maréchal de Duras, et sa réception est pour le 15. Je vous offre deux billets, si vous voulez y assister. Le discours de M. le maréchal sera court3, et le mien aussi; mais on dit que M. l'abbé Delille lira un chant de son Virgile; et cela viendra très-bien après ma pauvre prose. Je suis toujours fort enrhumé; sans cela j'aurais eu l'honneur de vous voir. Mes respects, je vous

supplie, à Mme la comtesse de Tressan et à votre cher et digne fils M. l'abbé de Tressan3. C'est dans ces mêmes sentiments que je serai toute ma vie, monsieur le comte, Votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. le marquis de Loyac, qui a bien voulu nous en donner communication.)

CLXII

AU PRÉSIDENT DE BROSSES.

Paris, le 4 mai 1775.

Je vous envoie, mon cher Président, un petit discours1 que peut-être vous n'aurez pas le temps de lire, et qui ne vaut pas trop la peine d'être lu. J'imagine bien la multiplicité de vos occupations; cependant on espérait vous voir ici, et je crois que vous devez en effet y venir. Je reste encore, assez malgré moi, pour faire une drogue pareille à celle que je vous envoie, en adressant la parole au maréchal de Duras2, que nous avons élu, et qui doit être reçu le 15. Souvenez-vous d'un dîner que vous fites au Jardin du Roi avec lui et Mme SaintContest: ce n'étaient pas des paroles alors, c'étaient de bons effets. Je vous embrasse bien sincèrement et de tout mon cœur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Brosses.)

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BUFFON.

GLXIII

A MADAME DAUBENTON.

Le 12 mai 1775.

Ma chère bonne amie, vous êtes tout âme et tout courage. Je suis enchanté que les mouvements et la grande fatigue du

voyage ne vous aient point incommodée; n'ayez donc nulle crainte sur le moment1, vous vous en tirerez sans aucune mauvaise suite. Je ne suis pas encore sûr du temps de mon départ; ma santé n'est pas mal, mais mes affaires n'en finissent pas. L'émeute' n'était rien, et nous sommes ici très-tranquilles; je voudrais cependant en être hors et vous revoir. J'espère que dans huit jours je pourrai vous le dire positivement. Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.

BUFFON.

(Inédite. — De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.)

CLXIV

AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

Montbard, le 23 juillet 1775.

Je ne vous ai jamais accusé, mon cher Président, que de bonnes pensées et d'actions honnêtes, et je voudrais que vous n'eussiez pas à vous plaindre des procédés de votre jolie nièce1, à laquelle j'ai dit et répété plusieurs fois que vous étiez incapable de lui faire la moindre mauvaise chicane, mais qu'il ne fallait pas aussi qu'elle espérât que vous ne soutiendriez pas vos intérêts; que si sa grand'mère vous avait fait quelque tort, vous aviez plus de lumières qu'il n'en fallait pour vous en apercevoir. Et vous avez en effet trèsbien fait de sauver la terre de Montfort, et je ne conçois pas même que vous n'ayez pas des preuves de cette différence de cent trente mille livres, qu'il n'est guère possible d'avoir soustraites, sans qu'il reste de traces des moyens qu'on a employés pour en venir à bout. Vous voyez bien, mon cher ami, que je suis bien loin de vous blâmer: je connais de tous les temps votre droiture et même votre désintéressement. Je voudrais bien que vos affaires vous rappelassent à Montfort; mais je ne l'espère pas pour le courant de cet été, et je compte retourner

à Paris vers la Toussaint, pour ne revenir qu'à Pâques. Je vous dis tout cela d'avance, par le regret que j'ai de vous avoir manqué cette fois-ci. Vous êtes bien bon de me parler de mon fils; il arrivera de Paris dans huit ou dix jours, et, comme il doit faire une petite tournée de voyage jusqu'à Chambéry, je lui ordonnerai de vous aller voir à Dijon, et, si vous êtes à votre campagne, je supplierai Mme de Ruffey de l'y recevoir pour deux ou trois jours; il ne pourrait être en meilleure compagnie. Assurez-la, je vous prie, de mes tendres respects, et soyez sûr de mon inviolable amitié.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

CLXV

AU PRÉSIDENT DE BROSSES.

Montbard, le 26 juillet 1775.

Voilà votre petite carte, mon très-cher Président, qui me fait bien plaisir. Je savais qu'Orose vivait en 416, mais j'ignorais que le fameux roi Alfred, son traducteur, fùt de la fin du 1x siècle. Il y a donc neuf siècles entiers que toutes les côtes de la Laponie ont été reconnues, et presque aussi bien indiquées qu'elles le sont aujourd'hui. Je voudrais bien qu'on eût une carte aussi exacte de la pointe de l'Afrique du temps du roi Néco; mais la mémoire de ce voyage, dans lequel il paraît qu'on a doublé dès ce temps le cap de Bonne-Espérance, n'est que dans quelques auteurs et sans aucun détail.

Le libraire Frantin1 a dû vous aller voir de ma part pour vous remettre le volume qui vous manque. Il n'y a que la reliure qui peut faire ici quelque différence. Si cela était, je pourrai vous remettre à Paris ce premier volume des minéraux de la même reliure que les autres, et vous me rendriez celui que Frantin vous aura donné.

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