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il pourra de même m'envoyer ce qu'il aura encore reçu pour le jeudi suivant.

On m'a promis la boîte du portrait' pour dans dix ou douze jours. Si le cher oncle' vient seul à Paris, M. Panckoucke peut lui donner une grande chambre où il y aurait encore place pour Fin-Fin.

M. du Luc m'a écrit la lettre du monde la plus honnête et la plus spirituelle ; vous n'avez, mon aimable enfant, que des amis qui vous ressemblent.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.)

CXXVIII

A MADAME GUENEAU DE MONTBEILLARD.

Paris, le 16 décembre 1772.

Vos anciennes bontés pour moi, madame, celles que vous avez aujourd'hui pour mon enfant, les soins que vous daignez lui donner, mille autres motifs fondés sur l'estime profonde et sur le plus tendre respect, remplissent mon cœur et font que je ne pourrai jamais vous exprimer assez les sentiments par lesquels je vous suis attaché. Je n'ai pu lire votre lettre sans le plus tendre attendrissement. Que mon fils serait heureux, s'il pouvait se modeler d'après vous! Je suis bien sûr au moins qu'il aura beaucoup gagné et qu'il ne peut que gagner encore entre vos mains. Je vous supplie donc, madame, de le garder encore jusqu'à mon retour, qui sera vers la fin de ce mois. M. Dallet part vendredi par le carrosse, pour arriver à Montbard le mardi soir 22. Je prierai votre aimable nièce de le mener à Semur et de vous le présenter le jeudi ou le vendredi. Il prendra possession de mon fils en votre présence2, et M. Hemberger3, auquel j'ai des obligations infinies, sera libre de venir à Paris. Tout cela, madame, est concerté avec votre très-cher mari, qui se porte à merveille.

On trouve votre cher fils beau comme un ange et charmant. Mille amitiés les plus tendres à M. votre cher frère". Mille respects à Mme sa femme et à Mme de Prévot, que je devrais remercier aussi de ses bontés pour mon fils : ce sont de douces obligations qu'on se plaît à ne jamais oublier. C'est dans ces sentiments et avec ceux du plus respectueux attachement, que je serai toute ma vie, madame, votre très-humble et trèsobéissant serviteur.

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BUFFON.

Appartient à la ville de Semur, et est conservée dans sa bi

CXXIX

A MADAME DAUBENTON.

Lundi, décembre 1772.

Je crois, chère bonne amie, que je ne pourrai partir que dimanche, pour arriver mardi 29.

Si vous pouvez mener à Semur M. Dallet, vous me ferez grand plaisir. Il y restera auprès de mon fils jusqu'à mon retour.

On doit me remettre demain la boîte et le portrait. Je m'amuse avec vos petits lévriers; vous aurez le mari et la femme, ils feront une jolie famille.

Si M. votre mari a de l'argent, il me fera plaisir de me l'envoyer par le carrosse qui part jeudi prochain, et de m'en donner avis le même jour par la poste. Lucas1 recevra cet argent après mon départ. Les personnes qui vous aiment se portent bien. Je ne suis pas mal moi-même, et de tous ceux que vous pouvez aimer, aucun ne peut vous aimer autant que moi.

(Inédite.

BUFFON.

De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.)

CXXX

A M. MACQUER.

Montbard, le 25 janvier 1773.

Comme, vous avez monsieur et cher confrère1, travaillé plus que personne sur la matière du platine, permettez-moi, je vous prie, de vous demander si vous ne regardez pas comme du vrai fer le petit sable noir qui y est mêlé, et que l'aimant attire. Ce qui me fait douter de ce que vous en pensez, c'est que vous dites à la page 250 de votre dictionnaire de chimie3 que ce petit sable noir est aussi attirable par l'aimant que le meilleur fer, mais qu'il est indissoluble par les acides, infusible et intraitable. Vous pourriez donc, monsieur, ne le pas regarder comme un véritable fer. Cependant je crois avoir des preuves du contraire. Faites-moi le plaisir de m'éclaircir ce doute par un mot de réponse, et vous m'obligerez beaucoup. Je suis bien aise d'avoir cette petite occasion de vous renouveler les sentiments de mon estime et de l'inviolable attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, monsieur et cher confrère, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

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Bonne amie, vous écrivez comme un amour1 et pensez comme un ange. Je vous lis presque avec autant de plaisir que je vous vois, si bien vous savez vous peindre. J'ai un peu tardé à vous donner de mes nouvelles, parce que j'aurais voulu ne vous pas dire que depuis neuf jours je n'ai cessé de

tousser et je n'ai pas quitté le coin du feu. C'est la maudite coqueluche, et je vois que la vôtre ne vous traite pas mieux. Cela n'est pas fait pour suspendre la mienne; elles pourraient bien toutes deux durer tant qu'il ne fera pas chaud. Encore si nous pouvions les confondre, il n'y aurait que demi-mal; mais à soixante lieues on ne s'entend pas tousser. Quoique incommodé, je n'ai pas laissé de faire quelque chose de mes affaires les plus pressées, et j'espère toujours être de retour à la Saint-Jean. J'adorerais les insectes comme les Égyptiens, s'ils ressemblaient au charmant hanneton'. J'ai vu son protégé, la Légion corse', et je tâcherai de lui rendre quelques services. On va commencer à imprimer les Oiseaux du cher oncle et les Éléments de votre bon ami. Ce nom m'est bien précieux et fait plus de plaisir à mon cœur que tous les titres ou les éloges qu'on pourrait me donner. Votre chère maman aura mon portrait gravés que je lui porterai, et que je la remercie d'avoir désiré. Faites donc aussi que je vous remercie pour quelque chose que vous désirerez. Embrassez votre papa pour moi; dites bien des choses à votre cher mari; guérissezvous, écrivez-moi, et comptez sur moi comme sur vousmême, ou tout au moins comme sur le plus fidèle de tous vos amis.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.)

CXXXII

A LA MÊME.

Le 6 juin 1773.

Chère bonne amie, votre cher papa a eu la bonté de me donner de vos nouvelles jeudi. Remerciez-le pour moi, quoiqu'elles ne soient pas bonnes; car cette vilaine coqueluche m'inquiète et vous dure trop longtemps. Dites-lui aussi que le sieur Mandonnet ne sera plus échevin', que Richard sera

continué premier échevin cette année, et qu'il faut en nommer un autre à la place de Mandonnet. Ils recevront sur cela les ordres du Ministre. Surtout qu'ils ne présentent pas un second Mandonnet. J'ai vu votre cher oncle Montbeillard. Il est peut-être ici pour plus de temps que moi; mais son séjour ne peut à la fin que lui être utile. Mon rhume est diminué et je commence à sortir. Votre petit ami vient de dîner avec moi; il n'a été question que de vous et du petit chevreuil'. Que de plaisir à parler de vous et combien plus à vous revoir! Devinez, bonne amie!

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.)

GXXXIII

A LA MÊME.

Juin 1773.

Partez, chère bonne amie, et partez tout de suite pour le joli Beaune. Quittez le vilain Montbard pour aller à la charmante noce1 où mon cœur vous accompagnera et jouira par moitié de toute la satisfaction que vous y trouverez. Je ne serai de retour que le 15 de juillet tout au plus tôt; tâchez de revenir vers le 25 août tout au plus tard, et que ce terme de bonne espérance vous fasse ainsi qu'à moi ressentir quelques moments délicieux. Jouissons de ce que nous désirons, en attendant mieux. Je crois que vous aurez aussi la satisfaction de voir le raccommodement tant désiré. Votre cher oncle d'ici n'a point de tort, et l'autre me paraît en avoir; mais la personne qui en a le plus, je veux dire la demoiselle, travaille elle-même pour le réparer. Au moyen de ce mauvais moyen tout réussira, et nous aurons, à ce que j'espère, la satisfaction de voir ces chers amis réunis. La commission nommée pour l'affaire de l'artillerie commence aujourd'hui. Hier au soir le cher oncle a trouvé chez moi le comte de Maillebois3; je l'ai

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