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pourraient bien avoir raison, car le texte de notre coutume que j'ai vu, paraît exclure les descendants d'une femme mariée par mariage divis.

Je vous fais, mon très-cher monsieur, ainsi qu'à M. de Mussy, mille remercîments des soixante-douze bouteilles de vin de Genay; je les garderai pour moi seul, et cela me durera longtemps, car je ne bois pas une demi-bouteille de vin par jour.

Je trouve que M. et Mme de Montbeillard sont très-bien logés dans cet appartement au rez-de-chaussée de M. de Massol. Je serai charmé de les y voir, et je leur fais mille tendres compliments, et mille respects à vos dames. J'emmène M. Laude et mon fils avec moi. Je lui donne souvent l'aimable Fin-Fin pour exemple de propreté, de politesse et de talent. Je vous embrasse, mon cher monsieur et bon ami, avec autant d'empressement que j'ai d'impatience de vous revoir.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de Mme la baronne de La Fresnaye.)

CXIX

A MADEMOISELLE BOUCHERON *.

Montbard, le 30 mai 1771.

Je suis bien content, ma très-chère demoiselle', de ce que mon bijou d'Allemagne ne vous a pas déplu, et du projet que vous avez de vous en amuser; mais il ne vaut pas les remerciments que vous avez la bonté de me faire. Je serai bien et plus que payé de vous sentir quelquefois occupée de mes pensées, et je serais encore bien plus flatté si je pouvais vous occuper de mes sentiments et de la tendre et respectueuse amitié que je vous ai vouée. J'espère que vos dames me feront l'honneur de venir vendredi; faites-leur mes instances et ma cour. S'il

* Depuis Mme Daubenton.

faut une voiture à quatre, je l'enverrai; conférez-en avec le cher oncle, que j'embrasse. On déposera aujourd'hui à Chevigny un gros jasmin jonquille. C'est avec tout attachement, mon aimable bonne amie, que j'ai l'honneur d'être votre trèshumble et très-obéissant serviteur.

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J'ai reçu, monsieur, avec autant de reconnaissance que de plaisir, les choses obligeantes que vous me dites, et j'en voudrais bien faire pour vous qui vous fussent agréables. Vous êtes bien certain, monsieur, que j'approuverai tout ce que vous ferez, et vous ne devez point être inquiet du serment de fidélité. Vous ne pourrez en effet le prêter qu'à mon retour à Paris; mais ce délai n'empêchera pas que vous ne soyez traité comme si vous le prêtiez dès à présent, et vous pouvez, monsieur, dès que vous le voudrez, prendre le titre et l'exercice de professeur, et distribuer vos cours comme vous le marquez. J'approuve tout ce que vous jugerez à propos de faire. Je ferai dans tous les temps ce qui pourra dépendre de moi, et je m'emploierai auprès de M. le duc de La Vrillière3 pour vous rendre le service que vous me demandez. Agréez, monsieur, tous mes remercîments sur les sentiments que vous me témoignez, et soyez persuadé de la sincérité de ceux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très-humble et trèsobéissant serviteur.

(Inédite.

ment français.)

BUFFON.

Tirée des manuscrits de la Bibliothèque impériale, Supplé

CXXI

A GUENEAU DE MONTBEILLARD.

Montbard, le 5 décembre 1771.

Il y a longtemps, mon cher bon ami, que je désire de vous voir, et vous me ferez bien plaisir de venir quand vous pourrez; mais je n'entends pas trop ce que vous voulez dire par le Robinet des suppléments dont vous m'annoncez la visite. Je connais en effet un Robinet qui supplée souvent M. l'intendant'. Je connais un autre Robinet qui fait des suppléments à l'Encyclopédie, et j'aimerais mieux que ce fût le premier que le second qui dût vous accompagner ici.

Vous avez raison de dire que ce qu'écrit le Mousquetaire au sujet des paons blancs n'est que du bavardage. M. Hébert, qui est très-bon à entendre sur ce qu'il a vu, ne se souvient guère de ce qu'il a lu ou dû lire; ainsi vous ne devez pas être étonné de ses méprises.

J'aurai ici dimanche M. et Mme de Saint-Belin et M. et Mme Morel de Chatillon; ils resteront quelques jours, et vous devriez, mon cher ami, venir au plus tard dans ce temps. Je pense absolument comme vous au sujet de Jean-Jacques', et j'écrirai en conséquence à Panckoucke.

Ma santé s'est soutenue, malgré les tracasseries et le chagrin qu'on m'a donné bien gratuitement, ou plutôt bien ingratement. Aussi je persiste dans mon régime, et depuis plus de trois semaines je ne mange ni viande ni poisson.

Je vous embrasse, mon cher bon ami, de tout mon cœur. BUFFON.

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De la collection de Mme la baronne de La Fresnaye.)

CXXII

A MADEMOISELLE BOUCHERON.

Montbard, le 9 décembre 1771.

Mon très-cher enfant, si le papa n'accepte pas les choses telles qu'on les lui présente aujourd'hui, il n'y a plus d'espérance; j'y ai fait tout ce qu'il était possible de faire, et entre nous on se rend trop difficile, et le papa exige des choses trop dures. Ces derniers articles, qu'il recevra en même temps que vous recevrez votre lettre, seront en effet les derniers; les parents du jeune homme, et son oncle surtout, sont tout à fait décidés à rompre s'ils ne sont pas bien reçus1. Tâchez donc d'amener le cher papa à les accepter, d'autant qu'ils me paraissent très-convenables, et que je pourrais attester la vérité de ce que contiennent leurs réponses.

Si cependant, ma chère bonne amie, la chose proposée avec ce M. de Brest était meilleure et plus de votre goût, faites-la, ma tendre amie; je préférerai toujours votre plus grand bonheur à tout, et même à ce qui contribuerait le plus au mien.

J'ai partagé de tout mon cœur les alarmes et les inquiétudes que vous avez essuyées. Nous espérons tous vous voir en ce pays-ci, et j'en ai eu le regret au moment même où je comptais vous voir arriver avec la chère tante. MM. vos oncles pensent comme moi sur les dernières propositions, et disent que le papa, qui vous aime, ne les refusera pas. Je le désire plus vivement que personne, et vous exhorte à appuyer auprès de lui autant que vous le pourrez; et vous pourrez beaucoup, si le cœur vous dit quelque chose.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. Henri Nadault de Buffon.

CXXIII

AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

Montbard, le 11 janvier 1772.

Je reçois, mon cher Président, avec bien du plaisir, le renouvellement de vos tendres souhaits, et je n'en ai pas moins à vous faire hommage des miens. Ils sont vifs et animés, et, si leur succès était attaché au motif qui me les inspire, vous jouiriez de tous les biens que vous me désirez. Le premier et le plus précieux est la santé; mais je ne ne le possède pas encore; je le cherche et je ne sais quand je le trouverai. Je ne désespère pas cependant d'y parvenir avec les précautions que je prends, étant dans la ferme résolution de continuer un régime dont j'ai déjà reconnu, quoique lentement, l'utilité. Vous croyez, mon cher Président, et c'est sans doute votre attachement pour moi qui vous l'a fait croire, que je fais face à un trèsgrand nombre de détails et d'affaires; mais je n'en fais qu'à mon aise, et de celles qui amusent plutôt qu'elles ne fatiguent. Je remets à une saison moins dure que celle où nous sommes, et à un temps où j'aurai plus de forces, mes travaux sérieux et continués. Je compte même aller avant à Paris; et, quoique le plaisir de vous y voir fût un motif bien séduisant, je ne prévois pas néanmoins pouvoir fixer le terme de mon départ avant la fin du mois prochain; peut-être entamerai-je le mois de mars.

Je vois, mon cher Président, que vous n'êtes pas intimement persuadé de ma confiance dans la médecine; et vous avez raison. Cependant, quoique je ne jure pas par les principes d'Hippocrate, j'y crois assez pour m'astreindre à certaines précautions, et je le dois d'autant plus raisonnablement que je m'en trouve assez bien.

Je me souviens très-bien, mon cher Président, de la lettre que je vous écrivis l'été dernier, et je savais en vous l'écrivant

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