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ciles et muets. Ils quittèrent leurs armes sans mot dire. Leurs détestables instigateurs élevèrent seuls une voix aussi absurde qu'odieuse. Ils pardonnoient à des grenadiers rébelles des coups d'autorité, des actes de fureur ils disputoient aux magistrats le droit de surveillance, et la liberté de choisir de meilleures gardes que celles qui refusoient le service et désertoient leur poste. Le conseil général du département de Paris, entendant les clameurs, voulut vérifier les accusations. Il demanda au maire et à la municipalité de lui rendre compte de cet acte administratif, plutôt que militaire ou juridique. Le maire et la municipalité vinrent exposer leur conduite. L'insubordination des grenadiers dont il s'agissoit, fut démontrée par une suite de faits authentiques. On reconnut avec surprise que depuis six mois, l'autorité la plus ménagère et la plus scrupuleuse, avoit su réprimer les chefs du bataillon dont on se plaignoit, et n'avoit pu seulement faire juger des soldats punissables. L'esprit de corps avoit donné aux coupables des protecteurs et des complices. Pour peu que cela durât, les grenadiers soldés alloient devenir les janissaires de Paris et les maîtres du royaume. Le conseil général du département fut satisfait des explications du maire et de la municipalité, et tout le public sentit qu'il étoit essentiel de régler, par des exemples, la garde nationale, en attendant qu'elle fût réglée par les lois. Jusques-là, nous réduirons ce grand problême à deux questions, dont nos lecteurs seront les juges.

Dans un moment de doute, est-ce au commandant d'obéir au soldat, ou bien au soldat d'obéir au commandant? Première question.

Dans un moment d'émeute, est-ce aux séditieux de condamner les magistrats, ou bien aux magistrats de condamner les séditieux? Seconde question.

A VIS

A toutes les Municipalités de France.

Le pape vient d'envoyer un nouveau bref, dans lequel il excommunie tous les évêques et tous les curés, élus par le peuple Français. L'assemblée nationale, en réformant l'église gallicane, n'avoit fait que ressusciter. l'église primitive. Elle avoit respecté les liens d'amitié qui nous attachoient au siège de Rome. Le pape les a rompus. Il renouvelle, au siècle des lumières, le schisme et les scandales que le fanatisme romain produisît dans les siècles de l'ignorance. Boniface VIII avoit eu la témérité impie d'interdire toute la nation Française: il mourut de rage. Jules II avoit lancé de même ses foudres sacrilèges sur Louis XII et le royaume entier : il expira bientôt dans les convulsions et la frénésie. Les parlemens de France, depuis ces temps de scandale et de schisme, ne permettoient plus aux nonces de Rome de publier en France de pareilles excommunications. A Venise où la religion et la concorde règnent ensemble, aucune bulle, aucun bref papal n'est rendu public. Une cassette antique est déposée au palais du Doge. Quand le pontife romain lui adresse une décision quelconque, elle est reçue en pompe, mais enfermée aussitôt dans la cassette, dont elle ne sort jamais.

L'esprit français est aujourd'hui trop éclairé pour craindre la circulation de ces bulles insolentes, par lesquelles un moine, devenu pape, ose insulter uné grande nation. De toute part on s'empressera de livrer aux flammes son écrit insensé. Il ne mérite qu'un éterpel mépris. Nous exhortons par conséquent les muni

ipalités de France à ne pas sévir contre un fantôme, impuissant. Nous les invitons au contraire à ordonner des prières publiques, pour demander au Juge Suprême des hommes, de rendre le bon sens au pontife, qui représente si mal le Dieu, ami et père de l'univers.

ANECDOTE

Edifiante et véritable qui peut servir de préface à la Bulle du Pape.

Bulles, brefs, lettres apostoliques, excommnnications, indulgences, béatifications, agnus Dei, chapelets bénits, reliques saintes ou profanes, tiare, mître, pourpre romaine, conclave, consistoire, décrétales, clefs de S. Pierre, épée de Saint-Paul, anneau du pêcheur, mandement, pastorale, ect. tout cela est de l'invention des papes, des moines et des Goths. Voilà pourquoi le fameux RABELAIS, curé de Meudon, sous le règne de François I, décrivant un voyage qu'il avoit fait à Rome, appelle cette ville, la capitale de Papimanie, habitée, dit il, par les Moinigoths, les Cardingoths, et gouvernée par les Papegoths. Ayant été admis à baiser la pantoufle de Paul IV, il lui demanda en grace de vouloir bien le gratifier d'un évangile qui fût vrai : comment, dit le pontife, est-ce que la France n'auroit qu'un évangile faux ? j'ai lu, répondit Rabelais, tous nos évangiles, et je n'y ai pas trouvé un seul des mots de la chancelerie romaine, pas même celui de bulle, ni celui de pape. Paul IV, quoique sévère, ne put s'empêcher de sourire, et il avoua que depuis Jesus-Christ, l'église et la langue avoient terriblement changé. La veille de son départ, Rabelais prit congé du pape, qui lui offrit sa bénédiction: ce n'est pas votre bénédiction qu'il me faut, s'écria Rabelais : j'ai besoin de votre excommunication: daignez me l'accorder. Expliquez-vous, lui d't Paul IV, moitié en riant, moitié en colère. Rien n'est

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plus simple, répondit le curé voyageur: j'ai parcoura l'Europe entière : j'ai trouvé tous les peuples excommuniés, tels que les Anglois, Saxons, Suédois, Suisses, heureux et florissans j'ai trouvé les Savoyards, les Polonois, les Bohémiens, les Hongrois, chargés d'agnus et de misère : je vois les Romains, quoique bénis tous les jours, mendier le matin et assassiner le soir. Mais, très-saint-père, ce qui m'a donné la meilleure idée des excommunications, c'est mon aubergiste : j'avois assisté, le jour du jeudi saint, à la pompeuse cérémonie dans laquelle, après avoir célébré la cène de l'eucharistis, qui signifie charité, vous excommuniâtes les rois, les parlemens, les patriarches, les philosophes, et plus de la moitié du genre-humain : j'en eus le frisson, et rentré dans mon auberge, je demandai un fagot: on l'apporta, mais comme il étoit tout verd, il fut impossible de l'allumer; ce bois est excommunié, s'écria l'aubergiste, il est vraiment excommunié, et le diable même ne le feroit pas brûler. D'après tout cela, saint père, il me semble que l'excommunication est une recette infaillible, pour n'être pas misérable en ce monde, ni brûlé dans l'autre : ayez donc la bonté de m'excommunier au plus vite eh bien, lui dit le pape, je t'excommunie comme les mulots, les sauterelles et les chenilles. Depuis ce moment, le curé de Meudon fut l'homme le plus gai et l'écrivain le plus plaisant de son siècle, et sa lecture fait encore les délices du nôtre.

Le 22, on a brûlé, en présence du peuple, à la caisse de l'extraordinaire, douze millions en assignats. Le 29, on en a brûlé dix: ce qui forme en tout quatrevingt-dix millions d'assignats éteints.

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On s'abonne à Paris, chez DESENNE, Libraire au Palais-Royal, moyennant 7 liv. 4 sous par an.

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M. Mahias, curé d'Achères, prouve bien, Messieurs, dans votre No. 3o, quelle est la cause de la mobilité annuelle de la fête de Pâques ; mais il ne détruit pas une idée communiquée de génération en génération: c'est que la fête de Pâques tombe toujours dans la lune de mars. Par-tout on le croit, par-tout on le publie. Moi je soutiens que la lune pascale ne peut jamais. être celle de mars; et je me fonde sur un principe généralement reconnu par les computistes ou calculateurs : In quo completur, mensi lunatio detur, il faut donner à une lune, le nom du mois où elle finit. D'après cette règle, la lune pascale est toujours celle d'avril, ou de mai. Quand on célèbre le jour pascal en mars, la lune ` pascale tombe en avril; car Pâque ne peut arriver avant le 22 mars. Dans ce cas, la pleine lune a lieu le samedisaint 21, et la lune finit dans le mois d'avril: c'est donc la lune d'avril. Quand au contraire, Pâque est retardée jusqu'au 25 avril, qui est son dernier terme, la lune Seconde Partie.

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