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Des Loix.

Les principes facrés, l'intention bienfaisante, & le texte des Décrets, feront rendus fenfibles pour tous les efprits. On ne fé permettra aucune difcuffion orageufe, aucun doute décourageant, ni même aucune fubtilité interprétative: nous ne voulons point apprendre au Peuple à difputer fur les Loix, mais à leur être fiddle. Dans le deffein de rendre cette fidélité plus facile, on rpprochera fouvent, de nos abus antiques, les nouvelles inftitutions, expédient infaillible pour faire aimer les rigueurs que l'on n'a pu adoucir, & pour accoutumer le monde rural à diftinguer les fardeaux légitimes des charges oppreffives. Cette partie de notre travail commencera par un petit Commentaire de la Déclaration des Droits, lequel formera, en quelque façon, la Déclaration des devoirs qui naiffent de ces Droits. De-là découlera naturellement la théorie de l'impôt qui n'enleve une part des richeffès que pour l'inrérêt même & la défenfe des propriétés. De-là dériveront encore tous les Réglemens de Police qui ne mettent une barriere à l'indépendance que pour donner une Garde à la Liberté.

Le Payfan a été élevé dans la fervitude. C'étoit l'Efclave-né des Seigneurs & des Magif

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trats. En fecouant leurs chaînes, il a voulu en même tems fecouer toute foumiffion. Rien ne lui feroit plus funefte à lui-même. Les Loix doivent régler les actions, ainfi que les faifons réglent fes travaux. Il a befoin d'être inftruit pour pouvoir être impunément libre. Voyez ce qu'a produit l'ignorance abfolue ou la fauffe interprétation de plufieurs Décrets qui le concernent lui-même. Beaucoup de Droits Féodaux ont été abolis fans rachat, d'autres déclarés feulement rachetables, d'autres prolongés à époque. Le Payfan qui n'a pas le loifir de l'examen, ni la fcience des diftinctions, le Paysan, enhardi par Révolution, excité par les malveillans, entraîné par les exagérateurs, a quelquefois tout confondu, & tout refufé. Ici, le Contribuable a dreffé des gibets pour y attacher le Percepteur. Là, le Journalier, doublant fon falaire, a menacé le Fermier des mêmes violences. Il a fallu oppofer l'Etendard de la force Publique. La force Publique, déployée pour foumettre le Peuple à des Loix faites pour le Peuple! C'eft qu'il fe trompe, c'eft qu'il eft trompé, c'eft qu'il interprête feul fes Droits, c'eft qu'on lui explique mal les Décrets. Quand notre Feuille ne feroit pour lui que le Catéchifme ou l'Alphabet de la Conftitution, elle lui feroit à jamais utile.

Des Événemens.

Pour entretenir chez les Habitans de la Campagne, le trouble & la fédition, on ne fe contente pas de leur déguifer la Loi on leur déguife encore les faits. Ces hommes fimples, éloignés pour leur bonheur du Théâtre des grands événemens ne font pas a portée de rectifier les difcours exagérés ou fabuleux. Souvent les traits les plus mémorables n'arrivent point jufqu'à leurs paifibles chaumieres. Ainfi, l'expérience du jour eft perdue ou altérée pour eux. Nous choifirons, parmi les Evénemens, ceux qui feront avérés & ceux qui feront inftructifs, afin de fatisfaire la curiofité des Campagnards, & de fixer leur incertitude. En ren. dant compte des Faits politiques, nous indiquerons les caufes & les conféquences; nous donnerons des notices fuccintes de la pofition locale des Etats, de leur Gouvernement, de leurs Forces & de leurs Coutumes, afin que nos Eléves ruftiques prennent à notre école une légere teinture d'Hiftoire & de Géographie, & afin qu'ils ne foient pas tout-à-fait étrangers aux relations extérieures dont ils font Juges & participans en qualité de Citoyens. Les Alliés ou les Adverfaires de la France ne font-ils pas auffi-les leurs? D'après cela, nous avertirons avec

foin, avec follicitude, nos Champêtres Amis de tous les périls qui menaceront la Liberté Françaife, & des moyens de la défendre. Mais nous nous garderons bien de les agiter de foupçons, de les enivrer de fureurs par des dénonciations hazardées, par des déclamations féroces, par des exhortations fanguinaires. La Feuille Villageoife leur mettra toujours la Liberté dans le cœur, & jamais le poignard à la main.

Des Découvertes..

L'Induftrie fertilife les travaux ou les abrege ainfi les découvertes qu'elle fait dans les Arts font des bienfaits publics. Elles à appartiennent tout le monde & fpécialement au monde Ouvrier. On a obfervé que les Nations libres font les premieres à profiter & à s'enrichir des inventions. heureuses. Nous les annoncerons. Leur objet, lcurs avantages, leurs procédés même feront expofé, expliqués, éclaircis, particulierement pour ce qui regarde l'Agriculture, la Filature, l'Art du Tifferand, & les autres Métiers Villageois. Nous rapporterons avec exactitude les expériences des méthodes récentes, afin qu'on puiffe les comparer aux vieilles pratiques, & fe détacher volontairement & par conviction de

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T'aveugle routine. L'Ouvrage, intitulé la Maison -Ruftique, & plufieurs Livres Anglais, Allemands, Italiens, faits fur fon modele, nous ferviront de guide dans cette partie. Nous aurons l'attention de faire graver, lorfqu'il fera néceflaire, les inftrumens nouveaux, ou ceux qui ne font établis que chez l'Etranger. Nous aurons une attention encore plus effentielle: ce fera de préferver nos Lecteurs, inexperts ou crédules, des fauffes découvertes & des inventions charlatanefques : nous devons leur épargner & des erreurs & des dépenfes.

On ne fauroit croire combien l'efprit champêtre, quand il n'eft pas dans la fervitude & l'indigence, travaille & combine avec facilité. Il ne faut qu'un exemple, ou qu'une ébauche pour éveiller fou génie inventif. Les Montagnes de la Suiffe préfentent, jufques dans leurs roches & leurs précipices, des Retraites embellies, & des Ateliers induftrieux. La Liberté infpirera de méme nos heureux Cultivateurs, & nous leur devrons peut-être des Arts nouveaux,

Objets Acceffoires.

IL nous fera facile d'introduire dans ce Cadre étendu plufieurs acceffoires qui le rendront & plus varié, & plus intéreffant. Nous pourrons, par exemple, recueillir avec choix les traits de

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