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seuls bons à quelque chose: ils produisent beaucoup d'enfans et beaucoup d'oranges.

MADRID. On a besoin en Espagne d'une révolution. Le bruit s'étoit répandu qu'elle avoit commencé par le massacre des inquisiteurs. Assurément ils méritent d'être punis de leur abominable cruauté. Mais nous souhaitons qu'on se borne à les désarmer de leurs poignards et de leurs torches. La nouvelle de cette insurrection populaire est fausse. Cependant on est indigné, révolté à Madrid de la banqueroute que le roi vient de faire aux créanciers de Murcie, des rigueurs exercées par l'inquisition contre les livres françois, contre les savans Espagnols et même contre les jeunes femmes Castillanes qui osent chanter des couplets. Tant de mécontentemens, joints au désordre des finances et à l'orgueil intolérable des grands-d'Espagne, feront sonner tôt ou tard dans cette vaste monarchie le tocsin de l'insurrection. Les moines et les nobles ont tout à perdre, et le peuple tout à gagner dans ce changement. Car les premiers ront laissé au second que la faculté de demander l'aumône.

barrière bien foibles

PORENTRU. Le vent favorable de la liberté a souflé. un moment sur cette terre épiscopale. Les habitans de Porentru demandoient une assemblée des états. L'évês que-prince qui les gouverne, a éludé long-temps cette demande. Mais voyant que le peuple alloit se convoquer lui-même, pour prévenir cette convocation, il a sollicité le Secours d'une petite armée autrichienne : elle est arrivée bien vite: ces satellites de la tyrannie sont une contre le torrent populaire si jamais il se précipite contre eux: car rien ne peut arrêter des hommes armés pour la liberté, quand ils la préfèrent à la vie : vous n'avez pas de fusils, disoit le duc d'Albe, aux Flamands, insurgens,contre Philippe II, comment combattrez-vous? Avec les ossemens de ceux d'entrenous qui seront tués les premiers pour la patrie. Vos soldats sont tout nuds, disoit-on à Sobieski : je vais, réponditil, les habiller richement de la dépouille des Turcs.

MAUBEUGE. Les propriétaires de la manufacture d'armes établie à Maubeuge, préviennent les munici palités de France qu'ils ont à Paris, rue de Bondy,

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n°. 4, un bureau d'expédition pour l'envoi des fusils. Chacun de ces fusils est éprouvé et coûtera tout au plus dix-sept livres, rendu à Paris. En s'adressant à MM. Hennet et de Félix qui sont à la tête de ce bureau, en joignant un certificat qui atteste que les fusils demandés sont pour l'armement de la garde nationale, ils seront expédiés très-promptement. Les municipalités qui n'auroient pas dans cermoment les fonds nécessaires pour l'achat des armes, obtiendront un crédit de trois. ou quatre mois, pourvu que les reconnoissances soient signées du maire et du procureur de la commune.

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PHILIPPE VILLE. Le juge de paix de cette ville mande dans une lettre que ses compatriotes sont peut-être les hommes les plus tranquilles qui existent en France. Il assure qu'ils ne connoissent seulement pas de nom les partis qui divisent les autres villes du Royaume. On a imaginé ailleurs, dit-il, les titres d'aristocrates et de démocrates, pour désigner les amis de la tyrannie et ceux de la liberté : soumis à la constitution et unis par le même civisme nous avons pris le titre de paxicrates pour annoncer que la paix est parmi nous, STRASBOURG. Le cardinal de Rohan est bien loin d'être paxicrate. Après avoir fait tant de folies et de dettes, après avoir donné tant de scènes et de scandales, il vient de lever une petite armée-cardinale. Elle ne sera pas vêtue de pourpre. Elle sera vêtue en noir, avec une tête de mort pour drapeau. Cette armée funèbre est menacée de mourir de faim ou de rage. Le général a voulu en même temps jouer le rôle d'évêque. Il a jeté l'interdit sur la cathédrale de Strasbourg, et défendu, sous peine de l'enfer, de communiquer avec le nouvel évêque. Mais les portes de l'enfer ne s'ouvrent pas ainsi à la voix d'un prêtre séditieux et insensé. L'assemblée nationale a prié le roi de donner ses ordres pour le faire arrêter, conduire aux prisons. d'Orléans, et juger comme rebelle et perturbateur.

GENON, département du Jura. Le bref du pape contre l'évêque de Sens, étant parvenu aux montagnes du Jura, leurs habitans, zèlés catholiques, mais non moins zèlés patriotes, ont été révoltés des prétentions

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ultramontaines. Ils ont vu avec une juste indignation, la cour de Rome menacer un évêque François parce qu'il a obéi aux lois françoises. En conséquence ils ont élevé un bucher dans la place publique sur lequel posoient deux mannequins, l'un tenant le bref du pape et l'autre baisant la pantoufle du pape. Ces deux mannequins ont été brûlés en présence d'un peuple nombreux, autant ami de la religion romaine qu'ennemi de la tyrannie papale. Ces sentimens sont bons, mais le bucher est de trop, et il a.un certain air de l'inquisition espagnole, ou parlementaire. Nous osons inviter les braves citoyens du Jura à ménager leur bois qui est cher, et qui vaut mieux que des brefs et des paperasses superflues.

VAUDERLAN, département de Versailles. Le curé de ce lieu a fait, au mandement séditieux du ci-devant archevêque de Paris, le même honneur que les citoyens du Jura au bref du pape. Il a brûlé ce chiffon pastoral, à la pointe du sabre, et en présence de tous ses paroissiens, riant et applaudissant ensemble Oroiqu'édifiés de son zèle, nous croyons que le sabre et le flambeau n'étoient pas l'arme d'un pasteur. Encore une fois, domptons nos adversaires par le mépris et la logique, et non par le fer et la flamme.

LANNION. Le courier de la malle de Paris à Bresta été attaqué et vòlé le 26 mars dernier. D'après une foule d'indices, trois particuliers ont été soupçonnés d'être les auteurs de ce crime. Ils ont été dénoncés par la municipalité de Morlaix. M. Toussaint Prigent, accusateur public près le tribunal de Lannion, a porté. plainte, et le tribunal les a décrétés de prise de corps. Un seul a été saisi. Les deux autres avoient décampé. On a trouvé dans leur demeure, et déposé au greffe différens assignats et plusieurs lettres-de-change, voléesí dans la malle du courier, selon toute apparence. Mr Toussaint Prigent, avertit ceux qui auroient pu charger

ce courier d'assignats ou de lettres-de-change, de s'adresser à lui, et lui indiquer les numéros.

PARIS. La municipalité, instruite que des prêtres caffards et d'imbécilles dévotes se donnoient rendezvous dans les églises des couvens, et que là on tenoit des conciliabules scandaleux, a sagement ordonné que toutes ces églises seront fermées, et que tout attroupement d'hommes ou de femmes devant ces églises, sera défendu. Un de ces ecclésiastiques prévaricateurs, disoit c'est dans la semaine-sainte que nous ressusci

terons.

L'empreinte de notre monnoie va changer. D'un côté sera l'effigie du roi, avec cette légende: Louis XVI, roi des François. Au revers sera une figure, représentant la nation, tenant en main la constitution françoise, ayant à côté d'elle un coq, symbole de la vigilance, et un faisceau emblême de l'union, avec cette exergue ou inscription au bas: Règne de la loi.... et année de la liberté... On vouloit conserver ces mots: Sit nomen Domini benedictum: ces mots, a dit un député, sont la devise des personnes qui ont beaucoup d'écus dans leur poche.

Le 15 avril, on a brûlé, en présence du peuple, à la caisse de l'extraordinaire, dix millions en assignats, qui joints à cinquante-huit millions déjà brûlés, font soixantehuit millions d'assignats éteints.

Nous avons annoncé un journal, utile aux campagnes, intitulé la Feuille du Cultivateur. En voici un nouveau, intitulé Journal du Laboureur, et entrepris par M. Quinio, laboureur lui-même connu déja par des écrits très-estimables. Il expliquera tous les décrets de l'assemblée nationale et tous les objets relatifs à l'agriculture dans le langage le plus clair et le plus simple. Un troisième ouvrage périodique, intitulé Journal d'agriculture, est proposé par M. l'abbé Tessier de l'académie des sciences, et de la société de médecine

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et d'agriculture. Ce dernier journal traitera en détail des terres labourables, des prairies, des friches, des landes, des marais, des vignes, des bois, des bestiaux, des volailles, des fermes, métairies et maisons des champs. Intéressant par le sujet, ce journal le sera par la typographie même: car ce seront des sourds et des muets qui l'imprimeront. Nous parlerons de cette école vraiment miraculeuse des sourds et des muets, et nous ferons connoître aux Villageois la méthode par laquelle ils sont exercés à opérer avec les organes qui leur restent, ce qu'ils ne peuvent exécuter avec les organes qui leur manquent.

Un journal, qui n'est pas fait pour les seuls habitans. instruits des campagnes, mais pour les citoyens éclairés de toutes les classes, et nommément pour ceux qui aiment la constitution dans toute sa pureté, c'est celui qui a pour titre : l'Ami des patriotes, ou le Défenseur de la révolution. Style, principes, réflexions, récits, tout en est excellent; et il ne peut déplaire qu'aux factieux qu'il démasque, et aux exagérateurs qu'il essaie de modérer. L'écrivain semble d'une main indiquer le but de la révolution, et de l'autre en marque la borne.

On souscrit pour ce journal, chez DEMONVILLE, rue Christine, ou chez DESENNE, au Palais-Royal.

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