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DEPUIS que les habitans de nos campagnes lisent votre feuille`, ils ne veulent plus ignorer de rien s'ils rencontrent quelques difficultés ils nous en demandent auffitôt l'explication en voici une qui en embarralle un grand nombre cette année. Ils ont lu dans quelques almanachs inexacts que la fête de pâque tomboit toujours dans le décours de la lune de márs. Ils en font fi perfuadés qu'ils ne peuvent pas comprendre comment il fe peut faire qu'elle foit remise cette année au vingt-quatre d'avril; et ils croyent qu'on s'est trompé en fixant le jour où on doit la célébrer. Voici ce que j'ai répondu aux questions qu'ils m'ont fait à cette occafion. Comme il pourroit fe trouver quelques-uns de vos lecteurs que la hiême difficulté embarrafferoit, vous pourrez, fi vous le jugez à propos, inscrire dans une de vos feuilles l'explication que j'ai donnée à quelques-uns de mes paroiflens relativement à la célébration de la fête de pâque. Dans les premiers fiècles de l'église il s'éleva beaucoup de difficultés relativement à la célébration de la pâque. L'église d'Orient, à l'exemple des juifs, la célébroit le quatorzième de la lune de mars; celle d'Occident ne la célébroit que le dimanche suivant. Il n'en étoit pas de cette fête comme de quelques autres, que chaque église pouvoit peut encore célébrer, quand elle juge à propos, en suivant fes

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nfages particuliers. Celle de pâque étant commnne à tous les chrétiens, il étoit convenable qu'ils la célébraffent tous le même jour. C'est ce qui engagea le premier concile général qui fut tenu à Nicée en 325, à examiner et à décider la question qui s'étoit élevée entre les différentes églifes, relativement à la célébration de cette fête, et à fixer l'époque où on la célébroit dans la fuite dans tous les lieux où la religion catholique étoit et feroit établie.

Les pères de ce concile ordonnèrent, que dans toutes les églifes on célébreroit la fête de pâque le premier dimanche après la pleine lune qui tombe au jour de l'équinexe du printemps, ou après cet équinoxe. Il faut remarquer que l'équinoxe eft fixé au vingt-un du mois de mars; par conféquent pour que la lune qui commence dans ce mois foit une lune pafchale, il faut qu'elle ne foit pas pleine avant le vingt-un. Il résulte de cette obfervation, que toutes les lunes qui commencent et finiffent dans le mois de mars ne font pas tous les ans des lunes pafchales, comme beaucoup de personnes fe l'imaginent. C'est ce qui arrive toutes les fois que la nouvelle lune tombe au sept de ce mois, ou quelques jours avant, parce qu'alors elle eft toujours pleine avant le vingt-un et conféquemment l'équinoxe, et dans ce cas, fuivant l'ordonnance du concile de Nicée, il faut attendre le dimanche après le quatorze de la lune fuivante pour faire la célébration de la pâque.

Il eft facile, d'après ces obfervations, d'entrevoir pourquoi cette année (1791) on ne doit pas célébrer la fète de pâque le dimanche, vingt-sept du mois de mars, quoique ce foit le premier dimanche après la pleine lune qui a commencé dans ce mois; car la lune ayant été nouvelle le quatre, la pleine lune eft tombée le vingt, et par conféquent un jour avant l'équinoxe; elle ne pouvoit donc pas être la lune pafehale cette année, et on a été obligé d'attendre le dimanche après la pleine lune fuivante qui eft le vingt-quatre. 'd'avril. Toutes les fois que cela arrive de même, c'eft-à-dire dans toutes les années où la lune qui commence dans le mois de mars eft pleine avant le vingt-un, il faut attendre le dimanche après le jour où tombe la pleine lune fuivante, pour célébrer la pâque. Il eft facile de voir, d'après toutes ces obfervations, que l'on fe trompe quand on s'imagine que la fête de pâque tombe toujours dans le décours de la lune de mars: cela ne peut arriver que quand la lune qui commence dans ce mois eft nouvelle le huit ou les jours fuivans, parce que dans ce cas elle peut être pleine le jour même de l'équinoxe ou les jours qui le fuivent, et pour lors elle peut être et elle eft effectivement la lune paschale.

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MAHIAS, Curé d'Acheres, au département
de Seine et Marne, diftrict de Nemours.

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Suite de la Géographie Universelle.

LEOPOL

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EOPOLD II, fils de l'impératrice-réine, Maries Thérèse d'Autriche, et de François de Lorraine grand duc de Toscane, unit, dans sa personne, des droits paternels sur l'Italie et les droits maternels sur l'Aller magne. La Toscane fut cédée à la maison de Lorraine, lorsque la Lorraine fut cédée à la France. Quant à la maison d'Autriche des alliances de famille et des traités de paix lui ont donné ou laissé une foule de possessions souveraines on nomme ainsi, en langue d'esclaves, des états héréditaires, comme si lesinations étoient des seigneuries vendues. Ne pouvant parcourir en détail, chacun de ces états, nous nous bornerons à ceux que l'empereur possède, ou régit en Allemagne.

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Le premier, c'est l'Autriche, un des meilleurs pays allemands. Ses campagnes sont peuplées de bestiaux, ses forêts de gibier, ses jardins de bons fruits, ses hameaux de laboureurs ses villes d'artisans. Vienne, sa capitale, située aux bords du Danube, compte, parmi ses habitans, près de soixante mille ouvriers, occupés de toute sorte de manufacture, en laine, en soie, en co en fil, en porcelaine, en métal et rassemblés de tous les coins du monde, Français, Italiens, Espagnols, Hollandais, Suisses, Grecs, Turcs, Arméniens et Juifs. Ces derniers cependant vont être réduits à un petit nombre: Léopold II, par une loi nouvelle vient d'exclure tout juif qui n'aura pas un capital de sept à huit mille florins. Cette loi nous semble tyrannique, ou du moins peu généreuse: car mesurer la liberté sur la richesse, c'est consulter l'avarice plutôt que le droit naturel c'est ne vouloir dans ses états que de riches locataires; c'est vendre l'air, comme un terrein.

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L'évènement le plus fameux dans les annales de TAutriche, c'est l'insurrection unanime des Treize-Cantons helvétiques, sujets autrefois des ducs d'Autriche, long-temps opprimés, soulevés en un instant, victorieux en cent combats, et devenus enfin indépendans et souverains sur leurs montagnes. Les chaînes d'une nation ne tombent sans retour que lorsqu'elle a osé les rompre. de sa main. La liberté qui vient d'une main étrangère, est rarement solide; et un libérateur trop puissant ne fait pour l'ordinaire que substituer, à un joug abhorré, un joug adouci, mais qui s'appesantit à mesure qu'on s'y plie.

Charle-Quint se crut au moment d'annexer à l'Autriche le monde entier. Réunissant l'Espagne à l'Empire, le Pérou au Brabant, la politique italienne à la puissance germanique, il touchoit presque à la monarchie universelle, François I, son rival, Solimanle-grand, et les princes luthériens, ligués ensemble contre lui, firent évanouir sa vaste espérance. Surpris pendant la nuit par l'armée ennemie, le maître imaginaire de l'Univers fut obligé de fuir en robe de chambre; et cette monarchie universelle se réduisit à une cellule volontaire, où Charle-Quint, fatigué de l'Empire, alla reposer sa vieillesse et son ambition. Là, il s'occupa à règler des pendules, et n'ayant jamais su en mettre deux d'accord, il s'écria: Que j'étois insensé! je ne puis forcer deux horloges à sonner la même heure, et je voulois contraindre quarante seates à croire les mêmes, dogmes!

Frappé de cette leçon expérimentale, un de ses successeurs, Maximilien I, intrigua pour se faire élire pape, afin d'abolir, disoit-il, cesse théologie qui brouille Le monde et l'évangile; mais trop mal-adroit pour escamotter la tiare, trop pauvre pour l'acheter, et trop foible pour l'enlever de force, il ne put accomplir son dessein pacifique, et la théologie brouillonne qu'il

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espéroit anéantir, lui survécut pour le malheur du

Maximilien II négocia, inutilement aussi, auprès du saint siège, pour la réunion des catholiques et des protestans. Rome fut intraitable. Il supplia, il conjura pape d'abolir, du moins, ce célibat des prêtres, si mal observé chez les catholiques, si décrié chez les protestans, si peu conforme aux usages de la primitive égli se, et si contraire aux bonnes mœurs de église moderne; tant de prières, tant de raisons furent impuissantes. Pie V, élevé dans un cloître, moine entêté et pontife bigot, menaça l'empereur de l'écraser d'anathêmes et de le détrôner à coups de foudre, s'il persévéroit à vouloir marier les prêtres et reconcilier les sectes. Les prêtres continuèrent donc à se désoler ou à se corrompre, et les sectes à s'excommunier ou à se battre.

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Le fils de Maximilien, Rodolphe II, poursuivit d'autres chimères. Il eut la double foiblesse, la double démence, de croire aux astrologues et aux alchimistes. Les astrologues, pour le maîtriser par la peur et l'enchaîner à leurs forfanteries, lui prédisoient des malheurs. effroyables. Les alchimistes en lui promettant des monts d'or, et lui escroquant tout le sien, le rendirent la fable et le banqueroutier de ses sujets, Désabusé trop tard, il tomba dans une consomption mélancolique, et mourut en s'écriant: les charlatans de l'église. ont tué mon père les charlatans de la philosophie m tué.

m'ont

Sous Léopold 1, Vienne fut assiégée par le célèbre Kara-Mustapha. L'Autriche se vit au moment de devenir une province turque; et l'aigle impériale fuyoit déja devant le croissant de Mahomet. Sobieski arrive. Le héros de la Pologne chasse le grand-visir et l'armée ottomane. A peine sortant de l'abîme, Léopold reprit toute la morgue autrichienne. On discutoit, pointilleusement, dans son conseil-d'état, ou d'étiquette

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