Page images
PDF
EPUB

GENEVE. Un de nos souscripteurs nous écrit des bords du lac Léman, qu'il a été scandalisé d ce que nons avons approuvé, dans notre No. 24, la conduite du peuple Brabançon envers les membres des états. Nous le prions de relire cet article: il verra que notre approbation pour la boue, jetée sur les hypocrites du Brabant, se réduit à dire que nous préférons que le peuple en sa furie verse la boue plutôt que le sang. Ce même souscripteur s'indigne de ce que nous avons menacé l'aristocratie genevoise de la boue de Bruxelles mais aime-t-il mieux que le peuple Genevois soit enseveli sous les ruines? et pourquoi le senat s'obstine-t-il à maintenir ces distinctions odieuses de citoyens, sujets, bourgeois, natifs, habitans, distinctions misérables pour l'orgueil et mortelles pour l'égalité?

LONDRES. L'escadre angloise, approvisionnée pour quatre mois, va partir. Eile est destinée, dit-on, à chasser les Russes de la mer Noire, les François de la Méditerranée et toute l'Europe commerçante des ports de l'Océan. C'est, ajoute-t-on, la monarchie universelle du commerce à laquelle M. Pitt aspire. M. Fitt fera comme Philippe II, qui après avoir convoité tous les états et toutes les richesses, perdit la Hollande ruina l'Espagne, vit son invincible Armada noyée et fit banqueroute malgré les mines du Pérou : Philippe II se consola de tout en immolant son fils, en empoisonnant sa femme et en brûlant des hérétiques? comment se consolera M. Pitt?

SENS. Le pape Pie VI a oublié tout-à-coup sa pieuse modération; mal conseillé, ou mal instruit, trop rigou reux, ou trop complaisant, il vient d'adresser, dans sa colère ou dans sa foiblesse, un bref injurieux à M. l'évêque de Sens. Ce bref lui fait un crime d'avoir fait son devoir. Ce bref le menace de lui ôter le chapeau de cardinal pour avoir baissé la tête sous la constitution française. M. l'évêque de Sens, justement révolté d'un bref quiprêche la révolte, et préférant une robe violette sans tache à une soutane de pourpre déshonorée, a renvoyé son chapeau et sa calotte rouges au nonce qui fera partir ces ornemens dans la malle du courier on sont arrivés en poste les foudres de Rome.

[graphic]

NANCY. Le régiment de Vigier, suisse, en passant par Nancy pour se transporter sur les frontières, a eu l'imprudence de faire parade des canons, enlevés à cette ville dans la journée sanglante de l'an passé. Les femmes et les enfans ont environné ces pièces d'artil lerie en s'écriant, voilà nos canons. La multitude attroupée et le régiment attentif se menaçoient déja. Lemaire est averti. Il étoit dans la cathédrale où il installoit avec pompe le nouvel évêque. Les drapeaux, aux couleurs de la nation, étoient arborés sur les deux tours de l'église. Le maire accourt sur la place: il se précipite entre les deux partis: il leur montre les étendards flottans sur la cathédrale: il appaise les mutins par la douceur et par l'autorité ; il dissipe la foule : il conduit le régiment, et le courage d'un magistrat sauve la ville.

:

TOULOUSE. Un bon religieux a eu le même courage et le même bonheur à Toulouse. La légion d'Aspe composée de parlementaires, de procureurs, de fanatiques, méditoit, dit-on, la ruine des patriotes, et en' avoit déja sacrifié quelques-uns. Le peuple, au bruit de ce complot, alloit se porter aux plus cruelles vengeances. Le père Cernay, connu par sa piété et son civisme, a fait parler la religion, l'humanité, la loi; et en leur nom, il a calmé le peuple qui s'est contenté de désarmer la légion, de fouler aux pieds son drapeau, et de livrer aux juges les chefs de la cabale.

ROCHEFORT. Depuis long-temps on voyoit parmi les Ouvriers du port de Rochefort des malfaiteurs, qui mêlés avec eux, troubloient leur travail, prêchoient la révolte, et commettoient des vols continuels. Les bons ouvriers, justement indignés contre les mauvais, se sont délivrés sans violence de ces brigands. Ils ont fait, d'eux-mêmes, un règlement de police et de discipline. A l'instant, tout pillage a cessé, et les pillards ont disparu. Ce trait de sagesse et de vertu, noblement conté par M. Regnaud de Saint Jean-d'Angely à l'assemblée nationale, a été vivement applaudi, comme une preuve de l'esprit public qui gagne toutes les classes et qui annoblit jusqu'à celles qu'avilissoit le préjugé.

[graphic]

SAINT-GAUDENT, département de Vienne. M Pressac, curé de ce lieu, pasteur religieux, et citoyen fidèle, avoit fondé un prix d'agriculture, consistant en une petite médaille d'argent, représentant une chàrrue. Ce prix a été gagné cette année par trois jeunes apprentis-laboureurs de sa paroisse, Pierre Massonnière, Jean Robin, et Pierre Vriet: ils ont reçu chacun leurmédaille honorable sur laquelle leurs noms étoient. gravés. Témoins de leur jeune victoire, leurs camarades applaudissoient sans jalousie, et leurs familles pleuroient de joie.

SAINT-RAMBERT-SUR-LOIRE. On nous a communiqué une lettre non moins consolante, écrite par le juge de paix de ce canton: voici ce qu'il mande: « Sur deux cents procès et plus qui ont été portés devant moi, je les ai tous étouffés et n'ai rendu encore qu'une seule sentence. Mes jours entiers sont employés à la conciliation des plaideurs. Si au premier moment je ne. réussis pas à les concilier, je les renvoye à deux jours. Quand je les rappelle, je leur dis: convenez que ces, deux jours se sont passés dans une vive inquiétude et dans les agitations de la crainte et de l'espérance. Ils en conviennent ingénument, et d'après cet aveu, je les dispose à s'arranger, et j'ai le bonheur, la jouissance de les voir s'embrasser de bonne amitié. Changer tous les plaideurs de France en amis, quelle superbe fonction! C'est devenir, non pas un juge mais un ange de paix.

PARIS. Le tribunal de paix n'est pas moins actif, ni moins conciliant dans cette capitale, ou tant d'intérêts produisent tant de querelles. Un de ces magistrats pacifi-, cateurs, M. Buob, aidé de M. Guérin son assesseur infatigable, depuis le 20 janvier jusqu'au 20 mars, a jugė soixante-trois causes; il en a renvoyé vingt-sept au tribunal de l'arrondissement; il a fait solder ou réduire, deux cent vingt-neuf créances; il a reconcilié vingttrois ménages qui étoient désunis; et il a terminé enfin, à l'amiable, quatre-vingt-un procès qui avoient traîné dans les anciens tribunaux depuis 1782 jusqu'à 1790.Ces tribunaux anciens étoient l'enfer de la chicane; et les nouveaux sont en quelque sorte le sanctuaire de la concorde.

L'assemblée nationale semble avoir eu pour principal objet la prospérité des campagnes. Cependant on l'accuse d'avoir appesanti sur les terres le fardeau des impositions. Après le plus long et le plus mûr examen, elle a, comme nous l'avons dit, porté la contribution foncière à deux cent quarante millions. L'Angleterre paye, en proportion, le double. Les possesseurs des champs ne seront pas assez injustes, assez ingrats, pour murmurer d'une charge, si adoucie par tant de réformes, si compensée par tant d'avantages, débattue, calculée, réduite enfin à la mesure indispensable. Mais les anciens seigneurs des terres vont jeter les hauts cris: on sait qu'ils aimeroient mieux être exempts, comme autrefois et vivre en privilégiés. Tous les décimateurs dépouillés de leurs dîmes, tous les déprédateurs dépouillés de leur proie, se joindront aux ex-seigneurs terrièrs pour se récrier perfidement sur la pesanteur du nouvel impôt. Si des villageois trop crédules, ou trop intéressés écoutoient ces perfides, il suffiroit de leur rappeler ce qu'étoit ci-devant la taille; ce qu'étoit la gabelle, ce qu'étoit la corvée; ce qu'étoit la main-morte, ce qu'étoit la milice; ce qu'étoit la chicane; ce qu'étoit les péages, les dimes, les bannalités, les capitaineries, les chasses, les réserves; ce qu'étoit le déficit, avec tous ses emprunts toutes ses loteries, tous ses livres rouges et tous ses larcins; ée qu'étoit enfin cette armée de commis, d'exacteurs, de robins, d'huissiers, de sbirres, de recors et de prestalets qui dévoroient la France bien mieux que les sauterelles ne dévoroient l'Egypte. Mais ce calcul en bloc n'étant peut-être pas assez sensible. un cultivateur instruit, député à l'assemblée nationale, M. Gombert, par ordre de l'assemblée, vient d'imprimer un calcul détaillé qui démontre que le nouvel impôt foncier sera de plus soixante millions, au dessous de l'ancien, sans y comprendre les frais d'exploitation, les frais de batage, et le bénéfice que faisoient les fermiers de la dîme. Comme il étoit lui-même fermier des dîmes de son canton, il atteste par son expérience, que les seuls grains provenans de la dîme, excédoient le montant des impôts qu'il avoit à payer. C'est la meilleure réponse que l'on puisse faire aux clabaudeurs et aux plaignants.

[ocr errors]

F

Le discours de M. Gombert sera envoyé à toutes les municipalités du royaume, comme un rayon de lumière qu'un sage cultivateur distribue à tous ses laborieux sesid confrères, plus exercés à ôter les épines d'un champ qu'a se tirer de celles du calcul et de la logique.m

Le premier avril, on a brûlé devant le peuple, à la caisse de l'extraordinaire, dix millions en assignats, qui joints aux quarante-deux millions, déja brûlés, font cinquante-deux millions.

Le 2 avril, à 10 heures du matin, est mort M. de Mirabeau l'aîné. La liberté françoise a perdu en lui son premier orateur et un de ses fondateurs les plus illustres.

2

Moyen de détruire la mousse qui se trouve sur les troncs -fire tibiaurotabatobides arbres. amol eb ablliman

On sait que presque tous les arbres, et sur-tout les pommiers, sont sujets à être attaqués par la mousse; dans ce cas la transpiration de l'arbre est diminuée, l'écotce qui est humectée continuellement se gonfle, il s'y fait des crevasses, dans lesquelles les insectes ne tardent pas ase loger; il survient quelquefois des chancres, et souvent les arbres qui se trouvent couverts de mousse périssent ou deviennent languissans, et ne produisent presque rien. On parvient à détruite entièrement la mousse en frottant, lors de la première action de la sève, tout le tronc et les grosses branches de l'arbres avec un pinceau trempé dans du lait de chaux un peu épais. Bientôt la mousse, les lichens ef les écorces chancreuses se détachent et sont remplacées par une peau lisse, au travers de laquelle semble qu'on voit le principe de vie circuler. Ce procédé trèssimple a été employé avec beaucoup de succès par plusieurs cultivateurs soigneux, et nous ne saurions trop le recommander à ceux qui desirent entretenir leurs arbres fruitiers dans un bon état.

Ce petit article est tiré de la Feuille du Cultivateur, journal rédigé par trois membres de la fociété d'agriculture, MM. Dubois Brouffonet et le Felure. On y rend compte des ouvrages, des méthodes, des experiences relatives aux terres aux arbres, aux troupeaux, a toute l'économie rutale et domeftique. On y parcourt auffi toutes les branches du commerce et des manufactures. Cet utile journal paroît deux fois par femaine en 4 pages in-4°. On foufcrit chez M. Defcafeaux, rue des Foffes Saint-Victor. Le prix de l'abonnement est de 12 liv. par an.

« PreviousContinue »