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bienfaisance ou d'héroïsme, que la nouvelle Conftitution va faire éclore, et les Anecdotes Patriotriotiques du tems préfent ou des tems paffés. Nous nous propofons encore de donner forme de Dictionnaire, des définitions précises de tous les mots peu ufités qui entrent néceffairement dans la langue conftitutionnelle ; &, fans nous étendre fur la Grammaire Françaife, nous aiderons à fubftituer un idiôme plus pur, plus uniforme, à tous ces différens patois qui font un refte groffier de la tyrannie féodale, et une preuve honteuse de la distance & de l'abaiffement où les Grands tenoient la multitude. Chofe étonnante! La Langue Française, parlée dans toute l'Europe, eft à peine balbutiée dans plufieurs de nos Provinces.

Souvent aufli nous effayerons de mettre la Morale en fentiment, en images, en contrafte, en récit, en dialogue, & nous emprunterons ces formes dramatiques où l'éloquence & la faillie relevent le précepte & charment la raifon. Quelquefois même nous rifquerons des Poéfies riantes, des Fables, des Eglogues, des Chanfons naïves. Les premiers humains furent civilisés par Linus, par Orphée. Tout ce qui adoucit les ames, éclaire les efprits. La fageffe pédantefque ne peut jamais devenir la fageffe populaire ; & le Payfan ne

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reçoit pas mieux que l'homme du monde, les leçons qui l'ennuyent.

Abonnement de la Feuille.

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IL nous femble que les riches Propriétaires les Fermiers ailés, les Curés Patriotes, les Médecins & les Chirurgiens, qui, depuis la renaiffance de nos Loix, ont contribué fi bien à pager l'efprit public dans les Campagnes, auront un moyen de fe rendre plus utiles aux Payfans, leurs Concitoyens, en leur procurant, en leur faifant eux-mêmes la lecture de ce Journal. Ils pourront les affembler le Dimanche & les autres jours de Fête, afin que le travail de l'inftruction ne nuife aucunement à celui de la culture, & que les jours du repos foient confacrés en même tems aux folemnités religieufes & aux difcuffions intéreffantes. Ces lectures publiques formeront une Communauté nouvelle & de petits Clubs campa gaards, qui répandront les vérités & les vertus fociales dans ces 'cantons où les unes & les autres étoient fi négligées, & où jufqu'ici l'on n'avoit vu que l'orgueil feigneurial & l'obftination ruftique toujours en procès ou en défiance. L'attrait & le befoin des lumières établiffent entre les hommes un accord naturel & une fubordination pacifique. Nous avons donc penfé que la claffe opus

lente fe prêteroit fans peine à payer linftruction néceffaire aux moins riches ; & c'eft pour faciliter ce bienfait que nous avons réduit la foufcription au prix le plus modique, à 7 livres 4 fols par année, franc de port.

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Tel eft le Journal que nous annonçons. On fentira aifément que le zèle feul nous l'a infpiré. Le théâtre que nous choififfons n'est qu'auroit préféré la vanité littéraire ou l'intérêt fpéculateur. N'eft-il pas à défirer que le zèle du Public réponde au nôtre & accrédite notre Feuille? Si fa circulation devient générale dans les campagnes, elle y produira les fruits les plus falutaires. Leurs habitans les pluséloignés feront rendus comme préfens à la naiffance des Loix. L'exemple des vertus civiques en en répandra l'émulation dans ces ames où l'honneur eft fi près de la nature. Le bon efprit gagnera de proche en proche toute la France. Cette uniformité de doctrine préviendra les fchifmes politiques d'où naiffent les guerres civiles, & affermira de plus en plus l'unité monarchique de l'Adminiftration, des Loix & des Mours. En un mot, chaque Citoyen, fuivant des yeux la clarté Nationale fe réglera fur elle, & l'ordre des idées terminera enfin cette anarchie des opinions qui s'étend dans le vague des efpérances, ou dans les orages de l'inquiétude.

ON S'ABONNE A PARIS, CHEZ DESENNE, Libraire au Palais Royal; & en Province, chez les principaux Libraires & chez les Directeurs de la Pofte. On prévient les Soufcripteurs qu'il faut affranchir les Lettres & le port de l'argent; & on les prie de vouloir bien circonftancier l'adreffe de chaque Village, pour évi ter la reffemblance de noms (1).

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(1) Occupés, depuis fix mois, de ce Projet, nous avons été devancés par un Ecrivain estimable l'Auteur. de l'Ouvrage, fi connu fous le titre de l'Ami des Enfans. M. Berquin, après avoir achevé l'éducation de l'enfance, a commencé celle des Campagnes, mais dans un Plan moins étendu, quoique intérellant. Sa Bibliotheque des Villages en fera le tréfor. Perfonne n'a mieux que lui la naïveté du langage & l'onction du fentiment. Il exifte un autre Écrit Périodique intitulé: Journal des Décrets pour les Habitans des Campagnes. Son Plan différe auffi beaucoup du nôtre. Au furplus, nous nous félicitons de cette rencontre heureuse de trois Ouvrages différens qui vont au même but. S'ils y parviennent, le Payfan Français deviendra le plus fortuné de la terre. Il a déjà tous les bienfaits de la Conftitution; il aura de plus tous ceux de la Philofophie. L'Etranger venoit s'inftruire dans nos Cirès; un jour, peut-être, il pourra s'inftruire dans nos Ha→

meaux.

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