grandes fermes que l'on peut admettre sans inconvénient les diverses espèces d'oiseaux; toutefois en leur offrant ce qui leur convient particulièrement, sans que leur nombre soit hors de proportion avec les ressources locales, sous le rapport des alimens; car il n'y a plus d'économie possible, ou du moins assurée, lorsqu'on est obligé d'acheter ce qui est nécessaire à leur nourriture. Il est cependant utile d'observer que dans ce cas encore, il est quelquefois plus avantageux de consacrer toutes ses ressources à une espèce ou deux de ces oiseaux; mais tout ceci, nous le répétons, dépend de l'importance que l'on veut donner à ce genre d'industrie agricole, du pays où l'on se trouve, des produits du sol, et des moyens de débouché. Il suffit donc d'avoir détourné l'attention vers ces observations générales, dont le développement exigerait un volume. Nous n'avons pas l'intention de décrire la disposition d'une basse-cour qui nous paraîtrait la plus convenable: nous nous contenterons d'observer qu'il est nécessaire que la volaille puisse y être renfermée, afin qu'elle ne se répande pas à tout instant au dehors et dans les jardins environnans; qu'il y faut un puits ou une fontaine, et que le propriétaire doit pouvoir, de son appartement, voir continuellement tout ce qui s'y passe. Cette dernière observation n'est pas sans importance. Nous comptons au nombre des oiseaux de basse-cour les pigeons, les poules, les dindons, les oies et les canards. C'est principalement sur ces cinq espèces d'oiseaux que doivent spéculer ceux qui recherchent l'utilité, et ont besoin que leurs travaux soient profitables. Nous ferons donc connaître les moyens que l'expérience a consacrés pour les élever avec plus de succès, leurs produits, et les procédés employés pour l'engraissement de la volaille, la conservation des œufs et la préparation des plumes. Nous aurions pu terminer là notre travail, puisque les oiseaux que nous venons de nom. mer, sont généralement les seuls que l'on entretient dans les basses-cours. Mais des essais ont été tentés pour conquérir d'autres espèces à l'économie domestique, et les cultivateurs éclairés qui mettent leur gloire à augmenter les richesses de l'agriculture, ne peuvent voir qu'avec plaisir que nous appelions leur attention sur les expériences à tenter en ce genre, et que des succès déjà obtenus doivent encou rager. Nous dirons donc ce qu'il est possible de faire pour élever des faisans, des perdrix et des pintades, qui pourraient occuper avec avantage une place dans nos basses-cours; nous en ferons autant à l'égard du cygne, qui peut nous offrir une grande ressource dans sa chair et son duvet, et qui semble ne devoir sa présence en France qu'au luxe, qui se plaît à en orner les eaux des parcs, auxquels cet oiseau donne une sorte de vie et de mouvement; enfin nous parlerons du paon, quoique cette espèce soit rarement un objet de spéculation, mais pour être agréable aux amateurs, qui aiment à en voir quelques-uns dans leur bassecour étaler l'opulence du brillant plumage dont la nature les a doués. C'est encore dans l'intention de ne rien laisser ignorer des améliorations possibles, que nous donnons un précis des moyens imaginés pour faire éclore des œufs par le secours d'une chaleur artificielle. Sans doute, ces moyens sont déjà connus; mais peut-être aussi sont-ils oubliés. Et n'est-ce pas en répétant souvent la même chose, quelquefois même en décrivant des procédés défectueux, qu'on fait naître d'excellentes idées chez les personnes qui, favorablement placées et portées par leur goût vers la recherche des choses utiles, perfectionnent ensuite et obtiennent des résultats qui augmentent les sources de la prospérité agricole? Tels sont les motifs qui nous ont engagé à traiter ces différentes matières. Notre but a été d'indiquer les meilleures méthodes, et de prouver l'inutilité de certaines pratiques, usitées mal à propos, comme aussi de montrer que par quelques travaux l'homme pouvait encore augmenter ses ressources en ce genre, en soumettant de nouvelles espèces à la domesticité. A la suite du Traité de l'éducation des oiseaux de basse-cour, nous avons placé celui de l'éducation du lapin domestique, espèce préciense par sa fécondité et l'utilité de ses produits. Trop généralement négligé, cet animal n'offre plus à l'industrie et au commerce cette masse de peaux si utiles qui, avant la révolution, mettaient en circulation d'immenses capitaux. Notre but est donc de montrer les avantages qu'on peut obtenir en en élevant, sans qu'ils deviennent nuisibles à l'agriculture, ce qui a été la cause de leur proscription. CHAPITRE PREMIER. DES PIGEONS. LES Es pigeons sont universellement répandus et sont partout l'objet des soins des hommes, soit pour en tirer les bénéfices que leur entretien présente, soit comme amusement pour avoir les belles espèces. Peu d'oiseaux,en effet, offrent autant de variétés sous le rapport de la taille, des couleurs, des mœurs et des habitudes. Aussi voit-on des amateurs de toutes les conditions s'occuper d'en élever; c'est même pour quelques-uns une passion poussée à un tel excès, qu'elle cause parfois la ruine de leur fortune, car la mode exerce aussi son empire sur cette espèce d'oiseaux, et il n'est pas rare de voir une paire de pigeons curieux payée dix et quinze louis par un amateur. Mais laissons à chacun ses folies, et ne nous occupons des pigeons que pour en faire connaître les pro-duits et les soins qu'ils exigent dans ce but. Le pigeon bizet est regardé comme le type des diverses espèces que nous avons obtenues |