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celle de ce saint patriarche, « sera aimée de Dieu et des

<< hommes a. »

XXV. Mais en quel temps l'éducation doit-elle commencer? Dès les premiers rayons de l'intelligence; et ces rayons sont quelquefois prématurés. « Formez l'enfant à l'entrée de sa voie, <«< dit le Sage; dans sa vieillesse même il ne s'en écartera point. >> Tel est en effet le cours ordinaire de la vie humaine; au milieu du délire des passions et dans le sein du libertinage, les principes d'une éducation chrétienne sont une lumière qui se ranime par intervalle pour découvrir au pécheur toute l'horreur de l'abîme où il est plongé et lui en montrer les issues. Combien encore une fois qui, après les écarts d'une jeunesse licencieuse, sont rentrés, par l'impression de cette lumière, dans les routes de la sagesse, et ont honoré par des vertus tardives, mais sincères, l'humanité, la patrie, et la religion.

XXVI. Il nous reste, en finissant, M. T. C. F., à vous conjurer, par les entrailles de la miséricorde de Dieu, de vous attacher inviolablement à cette religion sainte dans laquelle vous avez eu le bonheur d'être élevés, de vous soutenir contre le débordement d'une philosophie insensée, qui ne se propose rien moins que d'envahir l'héritage de Jésus-Christ, de rendre ses promesses vaines, et de le mettre au rang de ces fondateurs de religion dont la doctrine frivole ou pernicieuse a prouvé l'imposture. La foi n'est méprisée, abandonnée, insultée, que par ceux qui ne la connaissent pas, ou dont elle gêne les désordres. Mais les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. L'Église chrétienne et catholique est le commencement de l'empire éternel de Jésus-Christ. « Rien de plus fort qu'elle, s'écrie saint Jean Damascène ; c'est un rocher que <<< les flots ne renversent point; c'est une montagne que rien ne « peut détruire c. »

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a « Omnis autem cognatio ejus, et omnis generatio ejus in bonâ vitâ et in

sanctâ conversatione permansit, ità ut accepti essent tàm Deo quàm homi

« nibus et cunctis habitatoribus in terrâ. » Tob., cap. XIV, v. 17.

b. « Adolescens juxtà viam suam, etiam cùm senuerit non recedet ab eâ. » Prov., cap. xxii, v. 6.

С « Nihil ecclesiâ valentiùs, rupe fortior est... Semper viget. Cur eam scrip«tura montem appellavit? utique quia everti non potest. » Damasc., tome 1, pag. 462-463.

XXVII. A ces causes, vu le livre qui a pour titre, Émile ou de l'Éducation, par J.J. Rousseau, citoyen de Genève, à Amsterdam, chez Jean Néaulme, libraire, 1762; après avoir pris l'avis de plusieurs personnes distinguées par leur piété et par leur savoir, le saint nom de Dieu invoqué, nous condamnons ledit livre comme contenant une doctrine abominable, propre à renverser la loi naturelle et à détruire les fondements de la religion chrétienne, établissant des maximes contraires à la morale évangélique; tendant à troubler la paix des états, à révolter les sujets contre l'autorité de leur souverain; comme contenant un très-grand nombre de propositions respectivement fausses, scandaleuses, pleines de haine contre l'Église et ses ministres, dérogeantes au respect dû à l'Écriture sainte et à la tradition de l'Église, erronées, impies, blasphématoires, et hérétiques. En conséquence, nous défendons très-expressément à toutes personnes de notre diocèse de lire ou retenir ledit livre, sous les peines de droit. Et sera notre présent mandement lu au prône des messes paroissiales des églises de la ville; faubourgs et diocèse de Paris, publié et affiché partout où besoin sera. Donné à Paris, en notre palais archiepiscopal, le vingtième jour d'août mil sept cent soixante-deux.

Signé CHRISTOPHE,
archevêque de Paris.

Par Monseigneur,

DE LA TOUCHE.

J. J. ROUSSEAU,

CITOYEN DE GENÈVE,

A CHRISTOPHE DE BEAUMONT,

ARCHEVÊQUE DE Paris, duc de SAINT-CLOUD, PAIR DE FRANCE, COMMANDEUR

DE L'ORDRE DU SAINT-ESPRIT, PROVISEUR DE SORBONNE, etc.

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Da veniam si quid liberiùs dixi, non ad contumeliam tuam, sed ad defensionem meam. Præsumsi enim de gravitate et prudentiâ tuâ, quia potes considerare quantam mihi respondendi necessitatem imposueris.

AUG., epist. 238 ad Pascent.

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