par sa défaite. Il croyait qu'à son méconten- Trois mois s'étaient à peine écoulés depuis les troubles de Paris, qu'un autre danger se présenta, mais il ne fut connu du public que lorsque déjà il n'était plus à craindre. Un même complot se tramait à la fois dans trois régimens, alors nommés légions, 1820, 1820 celui de la Meurthe, celui des Côtes-du-Nord et celui de la Seine, les deux premiers en garnison à Paris, le troisième à Cambrai. Les conjurés s'étaient ménagé quelques rares et faibles intelligences dans la garde royale. Leur chef était un capitaine nommé Nantil; leur but le plus apparent, était de proclamer Napoléon II sous la régence du prince Eugène de Beauharnais; ils allèrent même jusqu'à envoyer un député à ce héros aimable et judicieux, qui rejeta leurs ouvertures. Voici ce qu'on lit dans l'acte d'accusation : « Un ancien général a proposé d'é>>tablir la constitution de 1791, mais on » lui a représenté que les soldats ne s'inquié» taient guère de constitution, et qu'il valait >>> mieux se contenter de la simple procla»mation de Napoléon II. » Tout paraissait fort confus dans les idées politiques des conjurés; suivant l'acte d'accusation, l'argent ne manquait pas à ce complot; Nantil avait fait à ses compagnons, non- seulement des promesses, mais des offres brillantes. Il prétendait pouvoir disposer d'une caisse qui s'élevait à quatre millions; on ne vit entre ses mains que vingt mille francs en billets de banque, ce qui répond peu à une annonce si fastueuse. Ses libéralités se bornèrent à un billet de mille francs, et un autre de cinq cents francs, que recurent à titre de prêt deux des accusés, Lavacquerie et Trogolf. Après beaucoup d'irrésolutions sur le but et le jour de l'attentat, les conjurés, suivant l'acte d'accusation, devaient se porter sur le donjon de Vincennes, armer le faubourg Saint-Antoine et attaquer à force ouverte le château des Tuileries. Le même mouvement devait éclater à la fois à Cambrai et à Vitri-le-Français. Quelques officiers de la garde royale avaient été séduits; mais, lorsqu'ils voulurent entraîner des sergens dans leur projet de rébellion, ils excitèrent des craintes, des scrupules. Deux sergens et un caporal se hâtèrent d'aller révéler le complot à leurs supérieurs, et en reçurent l'ordre de paraître se joindre aux conjurés pour surveiller l'étendue de leurs trames. Cette surveillance dura peu. M. de Richelieu, averti du jour où le complot devait s'exécuter, ne voulut point le laisser éclater et refusa ce moyen de constater le crime pour le punir avec plus de sévérité. Parmi les conjurés, plusieurs firent des aveux très-détaillés. Le 20 août, les barrières furent fermées; un grand appareil militaire fut déployé autour du château des Tuileries; plusieurs des conjurés furent 1820. 1820. arrêtés dans leurs casernes par leurs pro- pelait pas un si auguste tribunal. M. de Talleyrand en fit l'observation, et conclut à rejeter une juridiction mal à propos déférée à la cour des pairs, juridiction dont l'exercice n'était point déterminé par une loi, et n'avait encore d'autre antécédent que le jugement de Louvel, qui ne laissait nulle place à l'incertitude; la chambre des pairs se détermina pourtant à obéir au mandat de l'autorité royale. Ce procès l'occupa plus de deux mois. Cent quatre-vingts témoins furent entendus; bientôt la cour réduisit le nombre des accusés de soixante-quinze à trentequatre. Les débats furent conduits avec une haute dignité et une impartialité remarquable par M. le chancelier Dambray. Le public y était admis, à l'exception des femmes. MM. Peyronnet et Vatisménil soutenaient l'accusation; le premier se jeta dans un luxe de déclamations qui fit peu d'effet sur les nobles juges; le second se distingua par une discussion vive, facile et lumineuse. MM. Berville, Odillon-Barrot, Hennequin, et d'autres avocats brillèrent dans la défense des accusés. La discussion entre les pairs était animée; le plus grand effort des débats roula sur les révélations du chef de bataillon Bérard. Ce militaire éprouva le supplice de 1820 |