DE LA CONVERSATION, OU RÉPERTOIRE UNIVERSEL DE TOUTES LES CONNAISSANCES NÉCESSAIRES, UTILES OU AGRÉABLES DANS LA VIE SOCIALE, ET RELATIVES AVEC DES NOTICES SUR LES PRINCIPAUX PERSONNAGES, MORTS ET VIVANTS, DE TOUS LES PAYS, SUR LE PLAN DU CONVERSATION'S LEXICON; ENRICHI D'UN GRAND NOMBRE D'ARTIGLES SUR LA BELGIQUE ET LA HOLLANDE, QUI NE SE TROUVENT DANS AUCUN AUTRE OUVRAGE DE CE GENRE. Par une Société de Littérateurs, de Savants et d'Artistes; AVEC 200 BELLES GRAVURES REPRÉSENTANT PLUS DE 1000 SUJETS. DE LA CONVERSATION. NÉRÉE, dieu marin, époux de Doris, sa sœur, et plus ancienne que Neptune, à la juridiction duquel néanmoins il était soumis, fut, selon lésiode, fils de l'Océan et de Téthys. Ce poëte religieux, dans sa Theogonie, tout plein de foi et de croyance en ses dieux, s'exprime ainsi : « L'Océan engendra le juste Nérée, qui ne ment jamais: c'était l'aîné de ses enfants. Nous l'appelons un vieillard, parce qu'il est véridique et doux, qu'il ne met point en oubli la justice; qu'au contraire, il a la science de l'équité et de la modération dans ses jugements. » Tel est le portrait naif que fait le bon Hésiode de Nérée, que d'autres prétendent être fils de l'Océan et de la Terre. L'étymologie de son nom est comme lui de toute antiquité, elle vient du mot phénicohébraïque nahara (fleuve); les hellénistes la tirent de l'adjectif nêros (humide ou coulant). En faisant ce dieu marin fils de l'Océan, les poëtes anciens montraient déjà leurs connaissances géologiques : en effet, ce fut l'introduction instantanée de l'Océan par le détroit de Gades, aujourd'hui Gibraltar, ouvert soudain par un cataclysme, qui forma la Méditerrannée, l'empire de Nérée. Cette mer, où le flux et le reflux sont presque insensibles, convenait à ce dieu à barbe longue et blanche, vieillard doux, paisible, juste et aimant à prédire l'avenir aux mortels qui sillonnaient son liquide empire. Une ode d'Horace où respire le souffle des dieux nous offre ce vénérable devin prédisant au beau ravisseur d'Hélène cette mort de sang qui devait souiller dans la poussière d'Ilion sa chevelure blonde et parfumée. Ce fut ce dieu qui de la main montra à Hercule la route de l'Occident, ce point de la terre où mûrissaient les pommes d'or que N lui avaient demandées Eurysthée. Ce dieu, comme la plupart des divinités marines, Neptune, Protée et aussi Achélous, le fleuve, prenait toutes les formes qu'il voulait. C'est par ce moyen qu'il prétendit échapper au fils d'Alcmène, qui le pressait de lui indiquer la contrée où il pût cueillir les fruits précieux qu'il avait promis de rapporter à son persécuteur. Mais Alcide l'étreignit si fortement dans ses robustes bras qu'il ne put avoir recours à ses ruses accoutumées. Ces figures diverses que prennent les dieux marins sont l'emblème de ces golfes, de ces baies, de ces anses qui festonnent les mers, dont la nature a varié à l'infini les rivages, et du cours si capricieux, si inégal des fleuves. Les artificieuses métamorphoses du dieu Nérée, dont triompha Alcide, indiquent ces rives si diversement découpées et si nouvelles aux yeux du héros, qu'il eut à côtoyer durant une longue et pénible navigation, jusqu'à ce qu'il eût atteint ces lieux où le soleil se couche, les extrémités de la terre, où, s'arrêtant, il éleva ces deux gigantesque.. colonnes, les monts Calpé et Abyla, sur lesquels il grava ces mots : nec plus ultrà, et que, 5000 ans après, Colomb effaça de sa main inspirée. La mer Égée passa pour le séjour de prédilection du divin vieillard. Ce charmant archipel de la Grèce, tout plein d'îles verdoyantes, de roches pittoresques, de grottes marines, de palais de cristal, comme les offre à l'admiration Antiparos, en faisaient une demeure plus délicieuse que le monotone Olympe. Les champs, les jeux, les danses des néréides, ses filles, charmaient la douce oisivité du dieu pacifique. Là, les poëtes ont achevé un tableau anticipé et vrai des mers enjouées de la Grèce et de l'Italie, dont des fêtes |