me le reproche; mais je ne suis pas un traître; j'ai été entraîné. Le mínistère public s'opposa à ce que Berryer fit valoir l'argument irrésistible de la capitulation de Paris. M. Dupin rappela que la ville natale du maréchal était distraite du territoire français par le traité du 20 novembre 1815: « Pourquoi, dans son malheur, dit-il, le maréchal Ney, toujours Français de cœur, n'userait-il pas de ce moyen? - Oui! je suis Français, s'écria le prince de la Moskowa, et je mourrai Français... Jusqu'ici ma défense a paru libre: je m'aperçois qu'on l'entrave à l'instant. Jeremercie mes généreux défenseurs de ce qu'ils ont fait et de ce qu'ils sont prêts à faire encore. Je les prie de cesser plutôt de me défendre tout à fait que de me défendre imparfaitement... Je suis accusé contre la foi des traités, et on ne veut pas que je les invoque!... J'en appelle à l'Europe et à la postérité ! » Il ne permit plus à ses défenseurs de parler, et le procureur général lut son réquisitoire, qu'il déposa sur le bureau. Ney remercia affectueusement ses conseils : « Que voulez-vous! leur dit-il, c'est un boulet de canon. » La cour délibéra en secret (6 décembre). Après un double appel nominal, sur l'application de la peine, 128 voix se prononcèrent pour la mort, 17 pour la déportation, 5 s'abstinrent. A onze heures et démie du soir, la séance fut rou-vote à l'accomplissement des fortifications de testé contre le jugement qui le condamnait, il ôta son chapeau de la main gauche, et frappant de la droite sur son cœur: « Camarades, dit-il d'une voix éclatante, faites votre devoir et tirez là. » Il tomba atteint de plusieurs balles. On le porta à l'hospice de la Maternité. Le lendemain, 8 décembre, sa famille fit pieusement conduire son corps au cimetière du Père-Lachaise, où il repose sans que son nom indique son tombeau. La maréchale avait couru aux Tuileries près du duc de Duras, un des gentilshommes de la chambre. Elle demandait toute en pleurs une audience du roi. Elle l'attendit longtemps; enfin le duc lui apprit que cette faveur serait désormais sans objet. Elle ne comprit pas d'abord, mais, quand l'affreuse vérité eut lui à ses yeux, il fallut la reconduire mourante à son hôtel. - La famille du maréchal Ney a publié ses Mémoires (Paris, 1835, t. I-II). E. DE MONGLAVE. verte; et le président, en l'absence de l'accusé, lut le fatal arrêt, qui condamnait Ney à la peine de mort, aux frais du procès et, sur le réquisitoire du procureur général, à la dégradation de la Légion d'honneur. Le lendemain, à trois heures et demie du matin, le greffier de la cour des pairs vint lui lire son arrêt. En entendant énumérer ses titres: • Au fait! au fait! dit-il avec impatience. Passez tout cela. Dites simplement Michel Ney, soldat français... et bientôt un peu de poussière. » 11 avait écrit à la maréchale de lui amener ses enfants. Il les revit à cinq heures, au moment où il traçait, d'une main ferme, ses dernières volontés. L'heure fatale approchait; le maréchal ne pouvait décider sa femme à le quitter: « Ma bonne amie, lui dit-il enfin avec un sourire, si tu as quelque démarche à faire, tu n'as pas de temps à perdre. » Il la flattait d'une espérance qu'il n'avait pas. Resté seul, il acheva de mettre en ordre ses papiers; puis il demanda l'ecclésiastique qui l'assista à ses derniers moments. A neuf heures, un fiacre le conduisit à une des grilles du jardin du Luxembourg. Ney s'avança d'un pas ferme et alla se placer à quelques pas du mur d'un jardin, près la rue d'Enfer, devant le peloton chargé de le fusiller. Après avoir pro Le maréchal Ney laissait quatre fils: l'aîné, JOSEPH-NAPOLÉON, prince de la Moskowa, né le 8 mai 1805, et qui épousa sous la restauration la fille de M. Laffitte, devint après la révolution de juillet aide de camp du due d'Orléans, et fut nommé pair de France le 19 novembre 1851. Il s'abstint de siéger jusqu'au 6 mars 1841; mais alors il crut de son devoir de concourir par son Paris. Il fit précéder son entrée à la chambre de diverses déclarations contre le jugement de son père, qui soulevèrent la susceptibilité de quelques membres. On lui doit plusieurs écrits sur la question de la remonte des chevaux. Son frère, le duc d'Elchingen, lieutenant-colonel de cavalerie, officier de la Légion d'honneur, aide de camp honoraire du prince royal comte de Paris, etc., s'est fait connaître par quelques publications, entre autres par celle (1840) de documents sur la conduite de son père à la bataille de Waterloo. Tous les deux, de concert avec leur mère et leurs plus jeunes frères, EUGÈNE ET EDGAR NEY, n'ont cessé de demander, mais sans l'obtenir, la réhabilitation de leur père et la révision du jugement qui l'a condamné. Χ. NEZ. Le nez forme la partie extérieure et proéminente de l'appareil de l'olfaction ; il est situé dans la ligne médiane et à la partie moyenne de la face, dont il forme en général le caractère le plus saillant. On y distingue une racine qui l'unit au front, une portion antérieure ou dorsale, deux côtés : les deux cavités qui s'ouvrent à la partie inférieure du nez se nomment les narines; le cartilage qui les sépare l'une de l'autre constitue la cloison ou le septum ; leur pourtour s'appelle les ailes du nez. On y dis tingue encore, en allant du dehors au dedans, I ne sont autre chose que des inflammations de la une couche tégumentaire formée par la peau, une couche musculaire, une voûte en partie osseuse et en partie cartilagineuse, une membrane muqueuse ou pituitaire tapissant la surface interne de cette voûte, et dans laquelle se distribuent les nerfs olfactifs. La peau du nez | ethmoïdaux, les sinus maxillaires, la mem membrane muqueuse des fosses nasales. La cavité des narines communique directement avec des cavités voisines qui sont creusées dans l'intérieur de quelques-uns des os de la face: се sont les sinus (ou cavités) frontaux, les sinus ne diffère en rien de celle qui recouvre le reste de la face, si ce n'est peut-être par une plus grande abondance de cryptes et de follicules; aussi ne nous en occuperons-nous nullement ici. La couche musculaire, chez l'espèce humaine, se compose de cinq muscles distincts: 1o le pyramidal, qui descend entre les sourcils et couvre les côtés du nez; 20 le transverse, qui vient de dessous l'angle interne de l'orbite, et qui s'étend sur le côté du nez, pour s'unir avec son congénère sur la ligne médíane ou dorsale; 5o le releveur de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, qui descend de l'angle interne de l'orbite à la lèvre supérieure, et fournit dans son trajet des fibres nombreuses aux ailes du nez; 4o l'abaisseur de l'aile du nez, qui vient de la partie de l'os maxillaire qui contient les incisives, et monte directement au bord inférieur de l'aile du nez; 5o le nasal, qui vient de la partie inférieure de la cloison, et se porte en bas et de côté pour se confondre avec le muscle orbiculaire des lèvres. C'est à la contraction, tantôt isolée; tantôt simultanée, de ces différents muscles, que le nez doit sa grande puissance d'expression. La partie supérieure de la voûte osseuse est formée par les deux os propres du nez (os nasaux), qui s'unissent d'une part aux os frontaux, et qui, de l'autre, reposent sur la tige montante des os maxillaires supérieurs, et sur la lame osseuse de l'ethmoïde; la portion inférieure de cette même voûte est formée par des cartilages ou fibro-cartilages auxquels s'attachent les muscles qui opèrent les divers mouvements du nez. La membrane muqueuse, pituitaire ou olfactive, qui tapisse la surface interne de cette voûte, se continue d'une | part avec la peau, qui se réfléchit aux bords des narines, et de l'autre avec la membrane muqueuse de l'arrière-bouche et de l'œsophage. Cette membrane, en général très-fine, est pulpeuse ou fongueuse; la couleur, qui résulte des ramifications innombrables de petits vaisseaux sanguins, en est d'un beau rouge; elle est parsemée d'une grande quantité de pores, qui ne sont que les orifices de petits follicules, d'où suinte continuellement un liquide muqueux, qui devient plus abondant dans ces affections connues sous le nom de rhume de cerveau, et qui | tirer les vers du nez, pour arracher adroite brane pituitaire tapisse toutes ces cavités; enfin, elle recouvre encore quelques appendices osseux qui sont saillants à l'intérieur de la ca vité nasale elle-même, et qui paraissent destinés à augmenter la surface de la membrane olfactive: ce sont les cornets inférieurs et supérieurs. - Le nez, c'est-à-dire la portion externe et proéminente de l'appareil olfactif, n'existe guère que dans l'espèce humaine: chez la presque totalité des ostéozoaires, la partie externe de l'appareil de l'olfaction se borne à un simple orifice qui communique avec des cavités ou sinus plus ou moins étendus. Ceux-ci au contraire existent dans toute la série des vertébrés, et le volume et la disposition en sont extrêmement variables. Ainsi les sinus frontaux, petits chez les singes, sont très-volumineux chez les carnassiers; parmi les rongeurs, ils manquent chez les rats, les marmottes, l'agouti, le lièvre, l'écureuil, et sont au contraire très-développés chez le porc-épic: les mêmes différences existent parmi les édentés et les ruminants; enfin l'éléphant a des sinus frontaux énormes; le cochon, le tapir, le babiroussa, en ont de très-développés, tandis qu'ils manquent complétement chez le rhinocéros, l'hippopotame, etc., etc. Des irrégularités analogues s'observent dans les sinus maxillaires et les sinus sphénoïBELFIELD-LEFÈVRE. daux. Le nez, chez l'homme, est donc cette partie saillante du visage, organe de l'odorat, qui est entre le front et la bouche. Il y a des nez grands, petits, aquilins, retroussés, épatés, pointus, de perroquet, de furet, camus, camards, enluminés, bourgeonnés, boutonnés, gravés. Des nations entières se distinguent par leur nez. Chez certains Arabes, les nez camards sont les plus beaux, on le leur aplatit, on le leur écache. En Tatarie, les beautés les plus admirées sont celles qui ont le moins de nez. Les grands nez sont généralement en honneur, excepté en Chine et chez les Tâtars. - On dit parler, chanter du nez, pour parler, chanter d'une manière désagréable, et comme si le nez était bouché; saigner du nez, pour manquer de courage; ne pas voir plus loin que son nez, que le bout de son nez, pour avoir peu de lumières, de prévoyance; ment un secret; jeter quelque chose au nez, pour reprocher sans cesse; mettre, fourrer son nez partout, pour se mêler indiscrètement de ce qui ne nous regarde pas; ne pas lever le nez de dessus son ouvrage, pour s'y appliquer sans cesse; mener quelqu'un par le nez, par le bout du nes, pour lui faire faire ce qu'on veut; se casser le nez, pour échouer dans une affaire; avoir un pied de nez, pour avoir la honte de ne pas réussir; il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez, pour il vaut mieux tolérer un petit mal que d'en risquer un grand; il est si jeune qui si on lui tordait le nes, il en sortirait du lait, pour désigner un jeune homme se mêlant de choses au-dessus de son âge; cela paraît comme le nez au milieu du visage, pour désigner quelque chose d'évident, de palpable, d'inévitable; ce n'est pas pour son nez, pour ce n'est pas pour lui. Nes se prend pour tout le visage: mettre le nez à la fenêtre; il avait bien à faire de venir mon-d'une lieue en avant, en annonce l'approche. Le se rétrécit vers le milieu de son cours, et s'épanche bientôt en une nappe qui forme la plus belle cataracte du globe si elle n'est pas la plus haute. Il est difficile de rendre compte de l'impression que fait naître l'approche de cette chute admirable, des sensations que l'on éprouve à sa vue, comme nul pinceau, nulle description, nulle créature, ne rendront jamais le spectacle sublime qu'elle présente. Que l'on se figure une nappe de 2,000 pieds de longueur, entraînant une masse d'eau évaluée par chaque minute à 700,000 tonnes, tombant d'une hauteur de plus de 150 pieds dans un gouffre dont on ne connaît pas la profondeur. L'imagination la plus riche tenterait en vain de se la retracer. - A plusieurs lieues de distance (à près de 15 à 20 lorsque le vent est favorable), le bruit sourd de la cataracte se fait entendre; le frémissement du sol sous les pieds, le brouillard épais qui s'élève au-dessus des eaux bouillonnantes, et que l'on aperçoit trer là son nez; je me suis rencontré avec lui nez à nez; il m'a regardé sous le nez; il m'a fermé la porte au nes; il lui a soutenu cela à son nez, à sa barbe; je n'ai pu m'empêcher de lui rire au nez. - Nez signifie quelquefois le sens de l'odorat : il a bon nez, il a le nez fin; cette moutarde lui monte au nez. Au figuré: il a eu bon nez de ne pas venir, veut dire qu'il a été bien inspiré dans cette occasion, qu'il a montré de la prévoyance, du tact. - En termes de marine, nez est l'éperon, l'avant, la proue d'un vaisseau. On dit souvent: ce vaisseau est trop sur le nez, pour exprimer qu'il penche trop | sent et vous permettent d'en apprécier l'ensem chemin pour y arriver, d'abord pénible et même dangereux, frayé au milieu de rochers éboulés, devient ensuite plus facile. Pour descendre l'escarpement qui en domine la base, on suit un sentier tracé au milieu des broussailles, dans une forêt de pins, qui en dérobe la vue, et c'est subitement que l'on se trouve vis-à-vis de ce magnifique spectacle. La première fois que s'ouvre devant vous une scène si imposante, l'attention se perd au milieu d'une multitude d'objets, et ce n'est que peu à peu que les points les plus remarquables de cette vaste scène se clas NÉZIB (BATAILLE DE), livrée en Syrie, non loin de l'Euphrate, le 25 juin 1839. Voy. IBRAHIMPACHA, MOHAMMED-ALI et MAHMOUD II. NIAGARA. Ce nom, qui rappelle une tribu indienne que la civilisation a encore effacée du sol de l'Amérique, est celui du canal par lequel les eaux du lac Érié vont se perdre dans celles du lac Ontario. C'est une rivière comme il y en a beaucoup dans les régions septentrionales du nouveau monde et peu dans les nôtres: en naissant elle a toute sa croissance, et son volume n'est pas plus considérable à sa source qu'à son embouchure. Simple courant qu'on eût à peine regardé s'il se fût trouvé dans les circonstances ordinaires, il est cependant chaque jour témoin de l'admiration muette de l'homme, parce que Dieu l'a choisi pour faire l'une de ces merveilles qui vous pénètrent de plus en plus de son existence, lorsque la faiblesse de la raison peut la faire méconnaître. D'abord paisible et large, il ble. D'un seul coup d'œil vous voyez les rives es- qu'elles se modifient chaque jour. Ainsi, en 1828, une grande portion de rocher, du côté du Canada, à l'extrémité de la grande cataracte, se détacha, et fut entraînée dans le gouffre. L'aspect des chutes fut entièrement changé. Du reste, par suite de leur action sur la base du rocher, par leur projection, qui décrit une courbe de plus de 150 pieds, il s'ensuit qu'elles forment une arche toujours assez vaste pour permettre de se placer derrière, ce qui n'est pas d'ailleurs sans danger. Un guide vous y accompagne. Les rayons qui pénètrent à travers l'épaisse lame d'eau donnent assez de jour, mais d'un reflet verdâtre; on souffre moins de la violente agitation de l'air que du déluge l'eau qui rejaillit incessamment, et qui vous laisse à peine respirer, car l'air n'est pas plus condensé qu'au dehors. Les environs de la cataracte offrent des sites fort agréables et une foule de maisons de campagne où les habitants de New-York viennent passer l'été. - Le Niagara forme la limite entre le Canada et les États-Unis. Il devait être et a élé en effet, a diverses reprises, le théâtre de plusieurs exploits guerriers, lorsque l'honneur national commandait d'en appeler aux armes. Dès l'année 1679, un poste militaire fut établi au fort Niagara. La bataille de Queenstown, où le général anglais Brock fut blessé à mort, eut lieu le 12 octobre 1812, l'incendie des villages de Newark, Buffalo et Black-Rock, en décembre 1815; la bataille de Chippeway fut livrée le 5 juillet 1814. O'FARRIS. appelée la grande cataracte, décrit une courbe assez rapprochée de celle d'un croissant et d'une étendue de 600 pieds; la seconde est droite et en a 300. Celle-ci est plus haute que l'autre d'une quinzaine de pieds, parce que le lit du fleuve au-dessus du précipice est plus bas d'un côté que de l'autre, ce qui imprime d'ailleurs aux eaux de la grande chute une vitesse beaucoup plus grande. Des deux côtés de ces chutes, l'eau en tombant se partage en mille fragments, mais la partie moyenne au contraire tombe d'une manière solennelle sans se briser jusqu'aux deux tiers de sa course. Alors elle se précipite dans le gouffre horrible qu'elle s'est creusé avec un bruit semblable à celui du tonnerre. L'onde écume et tourbillonne, rejaillit en un brouillard semblable à un immense nuage, qui se condense bientôt pour retomber en pluie épaisse. Mille arcs-en-ciel, sans cesse renouvelés, décorent les airs de leurs brillantes couleurs. L'eau en pénétrant dans le gouffre y entraîne, comme dans tous les cas semblables, une prodigieuse quantité d'air, mais elle offre un phénomène fort curieux et observé pour la première fois par le capitaine Basil Hall. « On voit s'élancer, dit-il, de la surface du bassin, une quantité de cônes d'eau très-pointus qui rejaillissent jusqu'à une hauteur de 120 pieds. Leur forme ressemble assez à celle des comètes dessinées dans les traités d'astronomie. Leur pointe, qui est toujours tournée en l'air, est extrêmement aiguë, et ne semble pas plus grosse que les doigts et le pouce d'un homme, réunis en pointe aussi serrée que possible. Les pyramides coniques de ces météores aqueux varient en longueur depuis une ou deux toises jusqu'à dix ou douze et s'étendent | Bourguignons, et qui, dans cette épopée, est as NIBELUNGEN (LES). Ce poëme national des Allemands a pris ce titre du nom d'une grande et puissante famille qui a dû régner jadis sur les de tout côté de la manière la plus curieuse. >>> Goat's Island ou l'île de la Chèvre paraît être l'endroit le plus commode pour jouir de la vue de la cataracte du Niagara, et de la beauté des sites environnants. Elle communique au continent par un pont de bois très-solide, élevé par M. Potter, ingénieur des États-Unis. C'est une merveille, quant à la difficulté vaincue, car il se trouve seulement à 50 pieds de la chute; et la rapidité des eaux, les dangers imminents qu'offre le courant, le fond de la rivière même, semblaient ici autant d'obstacles insurmontables. L'ile est couverte de beaux arbres; une route propre aux voitures en fait le tour; et il s'y trouve aujourd'hui une maison d'habitation. On pense généralement que les chutes étaient placées dans l'origine, à une distance assez grande, plus au nord de leur emplacement actuel, c'està-dire à Lewistown. Toujours est-il certain | Crimhild, jusque-là douce et timide, ne respire similée à toute la nation qu'elle gouverne. Cette dénomination, loin d'être inventée, ainsi que l'ont prétendu plusieurs critiques, se retrouve au contraire dans le nom de Franci Nebulones et dans le Chronicon Nibelingi comitis, ou Chronique du comte Nibelung, neveu de Pepin le Bref, ainsi que dans celui de Nivelong, que portait un vassal de Charles le Chauve. L'intérêt du poëme repose sur la rivalité de deux femmes, la belle Crimhild (Crimehault), sœur de Gundahar, de Guernot et de Guislahar, qui tous trois régnaient à Worms, capitale des Bourguignons, et l'altière Brunhild (Brunehault), épouse de Gundahar. Sigefroi, mari de Crimhild, est sacrifié à la jalousie de Brunhild et à l'ambition de son beau-frère Gundahar, qui désire conquérir ses immenses trésors. Hagen, chevalier de Troneck, se charge de l'assassiner. Dès ce moment, sa veuve plus que vengeance. Dans ce but, elle accepte la | mier, en publia quelques fragments, rappela l'atmain du fameux Attila, et elle attire les meurtriers de son premier époux, qui sont ses propres frères, à Etzelbourg, résidence du roi des Huns. Quand elle les tient tous en sa puissance, et qu'elle les a plongés dans une trompeuse sécurité, elle donne le signal si impatiemment différé. Mais les Bourguignons font une résistance désespérée: le sang d'une foule de héros est répandu, avant que le chevalier de Troneck tombe sous les coups de la reine Crimhild elle-même. La mort de cette dernière termine le poëme, comme une expiation des malheurs qu'elle a causés. Telle est, en peu de mots, l'analyse des Nibelungen, qui ont exercé la patience des plus savants critiques de l'Allemagne. L'époque où ce poëme a été composé a d'abord été un grand sujet de controverse, et l'on a en vain essayé d'en découvrir le véritable auteur. L'opinion la plus accréditée est que cette production est une œuvre du XIIIe siècle, au temps des croisades; mais peut-être faut-il supposer que les diverses parties des Nibelungen ont été d'abord d'anciennes ballades, qu'on a ensuite réunies au commencement du xume siècle. Ici se présente une autre difficulté: l'auteur est-il un seul homme, ou faut-il conclure des manières très-différentes qu'on remarque dans les deux parties du poème que plusieurs y ont mis la main? Les hypothèses ne manquent pas pour l'une et pour l'autre de ces opinions; mais aujourd'hui on est assez généralement de l'avis des frères Schlegel, qui ont fait honneur des Nibelungen à Henri d'Ofterdingen, troubadour célèbre de l'Allemagne méridionale. Quoi qu'il en soit, on admire dans ce poëme d'éminentes qualités, qui sont, en première ligne, l'unité de l'action et la peinture des caractères. Les personnages ne sont pas tous de l'invention du poëte: ils appartiennent la plupart à l'histoire, altérée, il est vrai, par la tradition. Trois faits historiques, rapprochés sans doute par quelque anachronisme, semblent former le fond du poëme. Le premier est la défaite de Gundicar ou Gundahar par les Huns, laquelle a mis fin, en 431, à la première dynastie des rois de Bourgogne; le second est la rivalité de Frédégonde et de Brunehault (Brunhild), reine des Francs; le troisième est la vengeance que Clotilde tira, en 523, du meurtre de ses parents sur le roi de Bourgogne. Oubliés pendant quelque temps, les Nibelungen doivent avoir joui même anciennement, en Allemagne, d'une grande popularité, au moins à en juger par le grand nombre de manuscrits qui en subsistent. Bodmer de Zurich, qui, le pre tention et l'intérêt national sur ce poëme, dont on a donné depuis plusieurs éditions. La première complète parut en 1782, à Berlin, par les soins de Christophe Muller; d'autres bonnes éditions, avec ou sans commentaires, sont celles de Von der Hagen, Berlin, 1810 et 1820; de Zeune (ib., 1815); la meilleure de toutes est celle de Lachmann (Berlin, 1826, in-4o). Toutefois, malgré ces travaux remarquables, auxquels il faut joindre encore ceux des frères Grimm, sur ce poëme, la construction d'un texte satisfaisant n'est point encore achevée. Les Nibelungen ont été traduits en français (mais sur une traduction en allemand moderne) par Mme Moreau de la Meltière, Paris, 1857, 2 vol. in-8o, et dignement appréciés dans un article critique de la Nouvelle Revue germanique (mai et juin 1850), par M. Schnitzler, article que le traducteur avait sous les yeux et auquel nous avons nous-même emprunté les matériaux de cette notice. DÉADDÉ. NICANDRE, poëte didactique de l'école d'Alexandrie, naquit à Colophon, l'an 160 de J. C. A la fois médecin et grammairien, il appliqua la forme poétique aux préceptes de la médecine et à l'histoire naturelle. Il nous reste de lui deux écrits intitulés Thériaque (des animaux venimeux et des remèdes contre leurs morsures) et Alexipharmaques (antidotes contre les poisons), qui ont été publiés pour la première fois par les Aldes (Venise, 1499), accompagnés de scolies, avec les œuvres de Dioscoride. H. Estienne en donna une 2e édition sans scolies (Paris, 1566). Ils ont été plusieurs fois réimprimés depuis, et finalement avec des annotations inédites de Bentley, dans le Museum criticum Cantuar., t. III et IV. Χ. NICARAGUA (ÉTAT ET LAG DE). Voy. GUATÉMALA. NICCOLINI (JEAN-BAPTISTE), l'un des meilleurs auteurs tragiques contemporains de l'Italie, est né en 1786, d'une famille patricienne de Florence, et descend, par sa mère, du poëte lyrique Filicaia. La double influence d'Alfieri et des idées françaises présida au développement de son talent. Classique par la forme, il fut novateur et libéral par le choix de ses sujets et par les maximes dont il parsema ses ouvrages. Sa | première tragédie, Polissena (1810), est toute grecque. Ensuite, à la requête d'une dame anglaise, il traduisit, ou plutôt imita le drame écossais de Douglas, dont il transporta la scène en Sicile. Mais il réussit surtout à revêtir de formes régulières et brillantes les épisodes orageux de l'histoire de son pays. Antonio Foscarini, |