déprédations et des orgies. La révolte de Vindex, I énervait la grande Rome, lui, dans l'ombre, étu quoique étouffée par le trop stoïque Virginius Rufus, en avait excité une autre plus redoutable; Galba fut proclamé empereur par les légions d'Espagne. Néron se vit subitement abandonné: il s'enfuit de Rome; le sénat le déclara ennemi public. Celui qui avait fait tomber tant d'illustres têtes, n'avait pas le courage de s'affranchir de la main des bourreaux. Toujours histrion jusque dans l'agonie, il se lamentait en pensant qu'un si beau chanteur allait cesser de vivre; et lorsqu'il entendit le bruit des cavaliers qui accouraient pour le saisir, il chanta un vers d'Homère qui exprimait le pas précipité des chevaux. Enfin, pressé par la peur des tortures, il s'aida du bras de son secrétaire Épaphrodite pour s'enfoncer un poignard dans la gorge. Ainsi Rome fut délivrée de Néron, sans devenir ni libre ni heureuse (821, 58); il avait régné 14 ans. diait la philosophie, rêvait un meilleur avenir, et recherchait les vieilles lois, toutes pleines des souvenirs de la grandeur du Capitole. Pour la première fois consul avec Vespasien, il porta une seconde fois la pourpre avec Domitien (en 90). Ce prince ombrageux, digne héritier de Tibère, devina l'âme de Nerva, qu'il exila. Le futur empereur se préparait à s'éloigner de Rome pour la Séquanie, lorsqu'on lui apprit que le pouvoir de Domitien allait périr; que les prétoriens euxmêmes laisseraient volontiers tomber cette puissance. Nerva, pour le bonheur de Rome, entra dans la conspiration, et, le 18 septembre 96, il fut proclamé empereur après la chute de Domitien. La pourpre était difficile à porter au milieu d'une nation dégradée à plaisir; il fallait une main habile, un cœur droit, une adresse généreuse. Nerva ennoblit la dignité qui lui avait été conférée; il abolit le crime de lèsemajesté, source de supplices et de tyrannie; il rappela les hommes que le caprice ou l'avidité des maîtres de l'empire avait exilés; il leur rendit leurs biens. Après avoir réparé les injusti De tous les maux qu'il fit aux Romains, ceux qu'ils eurent à souffrir pendant sa vie ne furent pas les plus funestes : il leur légua l'anarchie en détruisant le principe d'hérédité institué par Auguste, et consacré par le respect pour la fa- | ces, il voulut punir les crimes; d'une main il mille Julia. « Sous Tibère, sous Caïus et sous Claude, disait Tacite par la bouche de Galba, nous avons été l'héritage d'une seule maison. >>> En effet, les Romains s'étaient accoutumés à reconnaître comme princes légitimes les successeurs d'Auguste par naissance ou par adoption. Qu'on se figure ce que pouvaient devenir les destinées de Rome, si Britannicus avait régné après Claude, et avait laissé des fils après lui. Mais avec Néron la garantie de la stabilité du gouvernement et de la paix publique périt dans l'horreur qu'il inspirait; il semblait que le secret de l'empire, ignoré jusqu'alors, se révélât subitement, savoir: qu'un empereur pouvait se faire ailleurs qu'à Rome (evulgato imperii arcano). C'est-à-dire qu'à l'hérédité monarchique venaient d'être substitués l'empire électif et l'élection militaire. NAUDET. NERVA, empereur romain, né l'an 32 à Narni en Ombrie, s'appliqua à l'étude des belles-lettres: la nature l'avait fait poëte; la douceur naturelle de son caractère répandit la mélancolie dans ses vers. Néron aima le fils des Muses, et le sanglant empereur soupirait des éloges au lauréat qu'il nommait son Tibulle. Nerva ne profita point de la bonne volonté du parricide Néron; il ne se jeta pas sur la scène, comme les descendants des Émiles et des Druses; on ne le trouve dans aucune saturnale. Sa jeune vertu se tint à l'écart, et, tandis que l'orgie salissait et releva les opprimés, de l'autre il frappa les oppresseurs. La horde infâme des dénonciateurs, toute sanglante du meurtre des derniers Romains, fut poursuivie, et Nerva défendit de recevoir à l'avenir le témoignage des affranchis et des esclaves accusant leurs bienfaiteurs et leurs maîtres. Domitien avait accordé des terres aux familles pauvres; l'empereur confirma ces dons, mais là ne s'arrêta point sa philanthropie. La majesté de César ne crut point s'abaisser en s'occupant de donner un asile et du pain aux enfants abandonnés, en soulageant les villes que des fléaux avaient ravagées. Plein de cette pensée d'une philosophie que les princes chrétiens ont souvent oubliée, il croyait que la plus belle couronne d'un empereur était l'amour de ses sujets: aussi réforma-t-il le luxe dévorant du palais, et vendit-il ses bijoux et son propre patrimoine, qu'il considérait comme inutile, puisqu'en devenant le maître il était aussi devenu l'hôte du peuple romain. - Nourri des vieilles traditions du Capitole, il voulut rendre au sénat sa primitive splendeur; il allait consulter les pères de la patrie, qu'il déclara inviolables. Quand le sénateur Calpurnius conspira contre ses jours sacrés, il se contenta de l'exiler, estimant plus la clémence que la justice. Les méchants murmurèrent et regrettèrent le passé; la garde prétorienne voulut commander comme autrefois. Nerva, obligé de céder un instant, et effrayé des malheurs qui pouvaient suivre sa NERVEUSES (MALADIES). Voy. NERFS, NÉ- NERWINDE. Voy. NEERWINDEN. NESKI (ÉCRITURE). Voy. KOUFAH et ARABES. NESSELRODE (CHARLES-ROBERT, comte DE), vice-chancelier de l'empire de Russie, ministre des affaires étrangères et conseiller privé actuel, un des plus célèbres diplomates de notre temps, est né, non pas en Livonie, comme le disent la plupart des biographes, mais à Lisbonne, où son père était alors ministre plénipotentiaire; non pas en 1755, comme on l'a aussi souvent répété, mais vers 1780: l'époque n'en est pas précise. La famille Nesselrode, d'origine saxonne, est très-ancienne : on peut en poursuivre la généalogie jusqu'en 1518. Elle forme deux branches, celle de Reichenstein et Landskron, et celle d'Ehreshofen, toutes deux professant la religion catholique, et en possession du titre de comte, qui leur fut conféré, en 1710, par l'empereur Léopold Ier. Depuis le commencement de ce NERVURES. - Les relieurs appellent nervures les parties saillantes formées sur le dos des livres par les cordes ou nerfs qui servent à relier les feuillets. On donne aussi ce nom, en architecture, aux moulures saillantes et rondes placées sur les arêtes d'une voûte, sur les côtes des cannelures, sur les arêtes des volutes, sur les angles des pierres. Ces nervures semblent | siècle, elle est alliée à la famille de Droste-Vis être, sur ces superficies, ce que sont les nerfs à l'extérieur de la peau. Elles se révèlent dans plusieurs monuments d'architecture gothique, dans les colonnes corinthiennes de la grande niche du Panthéon à Rome, dans les chapiteaux ioniques du temple de Minerve-Poliade à Athènes. En construction, la nervure est généralement l'arête qu'on laisse pour fortifier une partie de la pierre, particulièrement aux angles, et pour faciliter la pose. chering, au nom de laquelle un archevêque de Cologne a donné tant de retentissement de nos jours, et dont un membre porte le titre de comte de Droste-Vischering de Nesselrode-Reichenstein. En Russie, les Nesselrode sont à la seconde génération. Le père du comte actuel (MAXIMILIEN-JULES-GUILLAUME-FRANÇOIS, mort en 1810) entra au service de Catherine II, et fut chargé de la représenter d'abord à Lisbonne et ensuite à Berlin, où il demeura jusqu'en 1794. En botanique, on nomme nervures les ramifications saillantes que l'on voit parcourir en tout sens et plus ou moins régulièrement la surface des feuilles; elles forment le réseau où s'épanouissent les vaisseaux nourriciers de la feuille. Parmi ces nervures, qui sont des divisions des pétioles, il en est une qui offre une disposition presque constante: elle a ordinairement une disposition longitudinale et partagela feuille en deux parties presque toujours égales. C'est la nervure médiane. De sa base et de ses parties latérales partent les autres nervures, qui forment entre elles de fréquentes anastomoses, particulièrement dans les plantesdicotylédonées. Lorsqu'elles partent toutes de la base de la nervure médiane, sans se diviser sensiblement, la feuille est dite basinerve ou digitinerve; si, au contraire, elles naissent le long de la nervure médiane, la feuille est latérinerve ou penninerve; lorsqu'elles naissent à la fois de la base et des parties latérales de cette nervure, la feuille | traité de Breslau, complément de celui de Ka Le comte Charles-Robert débuta, suivant l'usage, dans la carrière militaire; mais content de ses premières épaulettes, il entra fort jeune encore dans celle où son père avait figuré avec distinction. En 1802, il fut attaché à l'ambassade russe à Berlin; puis il passa dans celle de Stuttgart. Il avait rempli, en 1806, les fonctions de chargé d'affaires à la Haye, lorsqu'il fut nommé, l'année suivante, après la paix de Tilsitt, conseiller d'ambassade à Paris. Déjà son extrême aptitude aux affaires, unie à un vaste fonds de connaissances et à un esprit d'une perspicacité et d'une souplesse peu communes, avait fixé sur lui l'attention de l'empereur Alexandre, qui, après la guerre d'invasion de Napoléon, lui donna toute sa confiance. Le comte prit la part la plus active aux négociations qui armèrent contre la France la plus formidable de toutes les coalitions. Après avoir coopéré au lisch, qui consomma l'alliance de la Prusse avec | trias, mais qu'il exerça seul à partir de 1821. la Russie, il conclut, le 15 juin 1815, avec lord Dans cet intervalle, au milieu de la fermentaCathcart, un traité de subsides à Reichenbach, tion générale des esprits en Europe, le ministre en Silésie. Au congrès de Prague, où le baron russe embrassa vivement le système de répresd'Anstett figurait ostensiblement comme pléni- sion dont il avait puisé les principes dans une potentiaire de la Russie, ce fut principalement étroite union avec le prince de Metternich, et le comte de Nesselrode qui, par des négociations sut aussi le faire prévaloir dans l'esprit d'Adirectes avec le prince de Metternich, détermina lexandre, dont Kapodistrias s'était vainement l'Autriche à se déclarer contre la France, et ré- flatté d'obtenir l'appui en faveur de la cause des gla tous les points importants de la nouvelle al- | Hellènes. Au congrès d'Aix-la-Chapelle, comme vie par ses agents, la diplomatie habile de M. de | celui-ci traversa la Messénie après avoir fondé Nesselrode contraria l'Angleterre surtout en Orient: par le traité d'Unkiar Iskélessi (8 juillet 1855), elle réussit à enchaîner complétement la Porte à l'intérêt russe, et ses émissaires, actifs surtout auprès du schah de Perse, suscitèrent aux Anglais des embarras et des dangers jusque dans le centre de l'Asie. liance, que, le 9 septembre, le traité de Tæplitz rendit définitive. Pendant la campagne de 1814, il suivit son maître à Paris, et attacha sa signature à toutes les notes et déclarations des souverains alliés, à la rédaction desquelles on lui attribue généralement la plus grande part. Il marqua parmi les signataires de la quadruple alliance à Chaumont, et parmi ceux de la paix de Paris (50 mai), après avoir, conjointement avec les comtes Orlof et Paar, conclu, dans la nuit du 50 au 31 mars, avec le maréchal Marmont, le traité concernant la reddition de cette capitale. Sans partager d'abord contre la personne de Napoléon l'animosité d'un de ses confrères en diplomatie, Pozzo di Borgo, la grandeur inespérée du triomphe obtenu le rendit néanmoins favorable aux sollicitations du parti qui, sous l'habile direction du prince de Talleyrand, poursuivait le rétablissement des Bourbons. Aussi rédigea-t-il la fameuse déclaration de l'empereur Alexandre, qui réintégra l'ancienne dynastie sur le trône de France; et la modération pleine d'égards avec laquelle le diplomate russe exprima les intentions de son maître contribua surtout à assurer à ce dernier l'influence prépondérante qu'il exerça. Confident et organe habituel d'Alexandre, le comte de Nesselrode prit nécessairement rang, au congrès de Vienne, parmi les principaux plénipotentiaires. Il y appuya avec force la formation de la Confédération germanique, fut un des membres les plus actifs du comité pour l'abolition de la traite des noirs, et s'appliqua surtout à faire triompher l'intérêt de la Russie dans ses prétentions sur la Pologne, qu'elle espérait absorber à elle seule. Au retour de Napoléon, il donna sa signature, le 15 mars 1815, à l'interdiction lancée par les alliés contre leur incorrigible adversaire; puis, le 25 du même mois, au renouvellement du traité de Chaumont entre les puissances. Conseiller privé et secrétaire d'État depuis 1815, il fut nommé, en 1816, en récompense de ses éminents services, à la direction du département des affaires étrangères, fonctions qu'il partagea d'abord avec le comte Kapodis à ceux de Troppau, de Laibach et de Vérone, le comte de Nesselrode se montra un des diplomates les plus zélés de la Sainte-Alliance. Il entretint une grande intimité avec la France, et la poussa, en 1823, à entreprendre la campagne d'Espagne, au sujet de laquelle M. de Villèle ne partageait pas les idées de M. de Chateaubriand, son collègue. En 1821, M. de Nesselrodė avait été nommé membre du conseil de l'empire. Après la mort del'empereur Alexandre, son successeur lui continua la même faveur à l'occasion de son couronnement (1826), il lui conféra une riche dotation, et en 1828 il le revêtit de la haute dignité de vice-chancelier de l'empire. Sous ce règne, néanmoins, le comte de Nesselrode dut se relacher un peu de la rigueur des principes qu'il avait toujours maintenus jusque-là. S'identifiant avec une rare pénétration et une merveilleuse souplesse aux tendances de la nouvelle politique du souverain, il obtint un succès complet dans ses importantes négociations avec l'Angleterre et la France, relativement à la délivrance des Grecs (traité du 6 juillet 1827); se rapprocha-de plus en plus de la seconde des deux puissances, et en vint presque à une rupture avec le cabinet autrichien, qui était opposé à la guerre de Turquie, et travaillait, a dit le comte Pozzo di Borgo, dans une dépêche à son ministre, à former contre la Russie une ligue générale. Mais la révolution de juillet modifia profondément le système d'alliances du gouvernement russe. Il devint d'autant moins favorable depuis lors à la France qu'elle ne dissimula pas sa sympathie pour les Polonais, poussés à l'insurrection par les événements de Paris. M. de Nesselrode rechercha donc de nouveau l'amitié de l'Autriche, à laquelle jusque-là il avait donné tant de sujets d'ombrage; et l'extrême froideur de ses relations avec le cabinet du Palais-Royal sembla même s'étendre au gouvernement britannique qui, sous l'influence du parti whig, avait ouvertement accepté l'alliance de la France, et lui faisait l'importante concession d'une séparaItion entre la Hollande et la Belgique. Bien ser les jeux olympiques. C'est à cette neutralité qu'il dut d'échapper à la ruine de sa nombreuse famille. Non content de lui accorder la vie, le vainqueur le plaça sur le trône paternel, et réunit même sous sa domination tout l'empire des Messéniens. Aux noces de Pirithous et d'Hippodamie, où les Lapithes et les Centaures se disputèrent si horriblement la fiancée, Nestor se distingua par sa valeur; il tua de sa main plusieurs Centaures, et reçut au visage une blessure dont il conserva la marque toute sa vie. Sa grande vieillesse ne l'empêcha pas d'accompagner les autres princes grecs au siége de Troie; il y conduisit 90 vaisseaux montés par les Pyliens et les Messéniens, ses sujets. La, il se fit admirer par L'alliance entre la France et la Grande-Bretagne subsistait toujours et avait produit des effets inattendus non-seulement en Belgique, en Suisse et en Italie, mais surtout dans la péninsule ibérique. La question d'Orient devait être l'écueil contre lequel elle se brisa: ce fut le chefd'œuvre de la diplomatie russe que la dissolution de cette alliance, dont à ce moment, il est vrai, la France pouvait déjà se passer. M. de Nessel- | son courage et son éloquence, qu'Homère comrode avait fait diverses tentatives avant d'arriver à ce but: un premier voyage du baron de Brunnow à Londres était resté sans résultat; mais on finit cependant par y atteindre à force de soins et de persévérance. Toutes ces négociations, admirées des experts, ne furent point sans fatigue pour le vice-chancelier, dont la santé, dans ces derniers temps, lui commanda le repos; mais l'entière confiance de l'empereur Nicolas ne lui permit pas de se soustraire au poids des affaires, et la diplomatie russe, l'une des plus capables de l'Europe, continue de recevoir de lui, ou par son organe, toutes ses inspirations. J. H. SCHNITZLER. NESSUS, centaure qui, après avoir transporté Déjanire, femme d'Hercule, au delà de l'Achélous, voulut l'enlever. Hercule le tua en le perçant d'une flèche trempée dans le sang de l'hydre de Lerne. Nessus donna en mourant sa tunique à Déjanire, comme un philtre qui pouvait lui ramener son mari s'il devenait infidèle. Mais cette tunique, imprégnée du sang de Nessus, était empoisonnée, et elle devint fatale au héros. Voy. HERCULE. BOUILLET. pare à des flots de miel. L'auteur de l'Iliade accumule sur sa tête toutes les grandes qualités qui composent un héros achevé, de manière à justifier ce mot d'Agamemnon, « que s'il avait dix Nestors dans son armée, c'en serait fait de Troie. » Si l'on ne craignait de blasphémer, peut-être serait-il permis de trouver le roi des Pyliens un peu trop parfait et quelque peu bavard, eu égard même aux priviléges de la vieillesse. Quoi qu'il en soit, après le désastre de Troie, Nestor revint dans sa patrie achever sa longue carrière, dans un repos heureux et mérité au milieu d'une postérité nombreuse; car de son mariage avec Anaxilie, fille d'Atrée, suivant les uns, avec Eurydice, fille de Clymène, suivant les autres, il n'avait pas eu moins de deux filles et sept fils. Des auteurs veulent, au contraire, qu'il soit allé en Italie fonder Métaponte. L'époque et le genre de sa mort sont d'ailleurs demeurés inconnus. Les anciens s'accordent à dire qu'il vécut trois âges d'homme, ce qu'il paraît plus raisonnable d'interpréter par 90 ans que par 500 comme l'a fait Ovide. En calculant 30 années par génération, Nestor devait être à peu près septuagénaire lorsqu'il parut sous les murs de la ville de Priam. Sa longévité devint proverbiale chez les Grecs et même chez les Latins, qui, pour souhaiter à quelqu'un une longue vie, lui souhaitaient les années de Nestor. V. RATIER. NESTOR, fils de Nélée et de Chloris, neveu de Pélias, et petit-fils d'Hercule, est le héros favori d'Homère, auquel nous devons de connaître les traits principaux de son caractère avec plus de précision que ceux d'aucun autre de ses contemporains. Son père, roi d'Orchomène et de Pylos, près du fleuve Emathius en Arcadie, le NESTOR, le plus ancien annaliste russe, et, de fit élever chez les Géraniens. Fort jeune encore, tous les chroniqueurs, un des plus remarquaNestor préluda à sa longue et brillante carrière bles; digne surtout du plus grand intérêt en ce par une expédition contre les Épéens, depuis qu'il est, parmi les peuples modernes, le premier Éléens, autre peuple du Péloponèse. Cepen- dont l'ouvrage, écrit dans sa langue nationale, dant, il ne prit aucune part à la guerre que son nous ait été conservé. Depuis Herbinius (Relipère et ses onze frères soutinrent, on ne sait au giosæ Kijovienses scryptæ, Iéna, 1675, in-12), juste pour quel motif, contre Hercule, lorsque | qui l'a d'abord fait connaître jusqu'à nos jours, et les Macédoniens, cédoniens, fit abattre leurs églises, et obtint de l'empereur Théodose le Jeune des édits rigoureux pour les exterminer. Jusque-là, on pouvait blâmer sa sévérité; mais le peuple, qui il a toujours régné sur son compte une grande incertitude: aussi la polémique engagée, depuis 1835, entre MM. Stromnenko, Pérévochtchikof, Boutkof, Pogodine et autres, dure-t-elle encore sans avoir levé tous les doutes. D'après l'opinion ❘ se pressait en foule à ses prédications, et qui lui commune, Nestor, né en 1056, on ne sait où, savait gré de l'admiration qu'il professait pour serait entré, à 17 ans, au monastère des Souter-saint Jean-Chrysostome, s'était déclaré pour lui, rains (Petcherskii) de Kief, et y serait mort, peu après 1116, après avoir composé sa Chronique slavonne, ouvrage de patience et de piété, qu'il aurait continuée suivant les uns jusqu'à sa mort, et suivant d'autres seulement jusqu'en 1110 ou 1113. En effet, on ignore où commence au juste l'œuvre de ses continuateurs, notamment de Sylvestre, prieur du couvent de Saint-Michel, à Kief, puis évêque de Péréïaslavl; et plusieurs passages qui pourraient nous éclairer sur la personne du moine Nestor paraissent corrompus, car le manuscrit original n'est pas arrivé jusqu'à nous, et les copies offrent un grand nombre de variantes. C'est d'après un manuscrit trouvé à Kænigsberg, en 1716, par Pierre le Grand, qu'a été publiée la première édition de la Chronique de Nestor, Saint-Pétersb., 1767, in-4°, et qu'ont été faites les traductions qui existent dans quelques langues de l'Occident, celle de B. Scherer, en allemand (Leipz., 1774, in-4°), celle de M. Louis ❘ prits, non-seulement à Constantinople, mais jus Pâris, en français (Paris, 1854, 2 vol. in-8°), et surtout celle, aussi en allemand, de l'immortel Schlæzer, qui a plus fait pour le vénérable annaliste russe qu'aucun des érudits de sa nation. On sait que, dans ce livre, le texte original est placé en regard de la traduction, accompagnée d'un commentaire détaillé et très-savant (Gettingue, 1802-1809, 5 vol. in-80). Cependant on attache plus d'importance aujourd'hui à un autre manuscrit, plus ancien, et qu'on appelle le Laurentin ou de Pouschkine, d'après son dernier possesseur; le professeur Timkofskii en a publié (Moscou, 1824, in-40) une édition qu'il a laissée inachevée et dont le texte devait être traduit en allemand par feu Strahl. Pour plus de renseignements, il faut consulter l'édition de Schlœzer, t. Ier, et Strahl, Das gelehrte Russland, p. 21-52. J. H. SCHNITZLER. et il pouvait sans crainte poursuivre le cours de ses rigueurs. Un de ses prêtres, nommé Anastase, prècha que l'on ne devait pas appeler la sainte Vierge mère de Dieu, mais seulement mère du Christ, parce que Dieu ne peut naître d'une créature humaine. Cette doctrine souleva tous les chrétiens. Nestorius, qui avait puisé de fausses idées sur l'incarnation dans les écrits de Théodore de Mopsueste, loin d'apaiser le scandale, l'augmenta en soutenant la même erreur. Il enseigna qu'il y avait en Jésus-Christ deux personnes, Dieu et l'homme; que l'homme était né de Marie, et non de Dieu, d'où il suivait qu'il n'y avait point d'union personnelle entre le Verbe divin et la nature humaine; qu'entre Dieu et l'homme dans le Christ, il n'y avait qu'une union morale analogue à celle qui existe entre chaque juste et Dieu, mais seulement dans un degré plus éminent. Cette dispute échauffa et divisa les es que dans les solitudes de l'Égypte, où les écrits de Nestorius furent transportés. Saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, consulté sur cette question, répondit qu'il aurait été beaucoup mieux de ne pas l'agiter; mais que Nestorius lui paraissait être dans l'erreur. Cette décision ne fit qu'enflammer Nestorius, et les deux patriarches écrivirent chacun de leur côté au pape Célestin, pour savoir ce qu'il en pensait. Ce pontife assembla un concile à Rome, qui approuva la doctrine de Cyrille, et condamna celle de Nestorius. Quelque temps après, le patriarche d'Alexandrie en assembla un autre en Égypte, où la déci❘sion de Rome fut approuvée; il dressa une profession de foi et douze anathèmes contre les erreurs de Nestorius: celui-ci n'y répondit que par douze anathèmes opposés. Comme la dispute continuait de part et d'autre avec beaucoup de chaleur, Théodose, pour la terminer, indiqua un concile général à Éphèse pour le mois de juin de l'année 431. Nestorius refusa d'y comparaître; mais on condamna sa doctrine, et après trois sommations juridiques, on prononça contre lui la sentence de déposition. Obligé de quitter son siége, le patriarche de Constantinople se retira dans le monastère où il avait été élevé, et continua à répandre sa doctrine par tous les NESTORIUS, NESTORIEN, NESTORIANISME. Nestorius, né dans la Syrie, embrassa, jeune encore, l'état monastique. Il se fit bientôt remarquer par ses talents, une éloquence entraînante el surtout populaire, des mœurs austères, et un zèle trop ardent peut-être. Ces qualités le firent appeler, en 428, sur le siége de Constantinople, où il ne tarda pas à montrer toute l'amertume et l'inflexibilité de son caractère. Il commença par faire chasser de sa ville épiscopale les ariens | moyens. L'empereur, informé de ses cabales, le |