de souffrances ni même de sensibilité. Haller Les trente autres paires naissent régulièrement rapportait tous les phénomènes de cette espèce de chaque côté du tronc, par deux racines forà ce qu'il nommait l'irritabilité, 6o Si vous com- mant ganglion à l'endroit où elles s'unissent, primez, si vous liez un nerf, gros ou petit, aus-vingt-quatre entre les vingt-quatre vertèbres, sitôt vous verrez s'engourdir, puis se paralyser, la partie où ce nerf portait la vie et la vertu sentante, mais si la substance du nerf n'a pas été altérée, la sensibilité et le mouvement renaîtront quand aura cessé la compression. 70 Coupe-t-on un nerf, la partie où il se ramifiait cesse de sentir, les muscles qui recevaient de lui seul des filets tombent paralysés. Mais au bout de quelque temps, une substance intermédiaire réunit les deux bouts contigus, et bientôt la paralysie et l'insensibilité disparaissent. Pour ce qui est des douze premières paires de nerfs, celles-là proviennent directement du cerveau ou de ses parties attenantes. La plupart de ces nerfs se distribuent à la face, ils servent aux organes des sens, ou au jeu de la physionomie, exprimant les passions. Comme on s'est beaucoup occupé de ces nerfs dans tous les temps, on a été jusqu'à composer de méchants vers techniques servant à les distinguer entre eux, comme à en retenir plus facilement les usages. Voici ces vers, que j'ai déjà cités dans les Lettres à Camille sur la physiologie : Le plaisir des parfums nous vient de la première, La deuxième nous fait jouir de la lumière, (L'optique.) La troisième à nos yeux donne le mouvement, (Le moteur commun des yeux.) La quatrième instruit des secrets d'un amant, (Le pathétique.) La cinquième parcourt l'une et l'autre mâchoire, La sixième dépeint le mépris ou la gloire, (Le moteur externe des yeux.) La septième connaît des sons et des accords, (Parce qu'elle comprend, suivant l'ancien et fautif La huitième au dedans fait jouer cent ressorts, (Dixième paire des modernes ou nerf vague, autre- La neuvième au discours tient notre langue prête, Et la dixième enfin meut le col et la tête. (Le sous-occipital.) et les six autres par les trous du sacrum et du coccix. Tous les animaux ayant du sang ont aussi des nerfs: on en trouve dans les quatre classes des vertébrés, dans les mollusques, dans les insectes et les crustacés, dans les vers; les polypes et la plupart des animaux rayonnés et mous en sont privés, de même que les plantes, bien que tous les animaux et certaines plantes exécutent manifestement des mouvements. On avait bien envie que les nerfs fussent creux, mais l'expérience a résisté aux hypothèses les plus séduisantes. On a dit qu'un fluide très-ressemblant, et peut-être tout à fait identique à l'électricité, circulait dans les nerfs; on a de plus assuré que ces organes étaient des canaux, et des canaux tellement disposés que le fluide du mouvement et le fluide de la sensation y pouvaient l'un et l'autre librement circuler, bien qu'en sens contraire, sans se heurter, sans se pénétrer ni se confondre. Ce fluide, auquel on attribuait jusqu'au pouvoir merveilleux de procréer les individus, on avait espéré qu'il pourrait aussi ressusciter des morts, et sans l'Institut de France, qui ne fait grâce à aucun système, sans la crainte des lois, qui n'absolvent d'aucun crime, alors même qu'une erreur en serait le fondement, on eût infailliblement réalisé de nos jours la fable monstrueuse des filles de Pélias. Et quand même un fluide comme celui qu'on suppose circulerait dans les nerfs, pense-t-on que le secret de la vie nous fût par là plus tôt connu? Croît-on qu'il nous fût jamais possible ou d'augmenter ce fluide nerveux, ou de composer de toutes pièces un fluide tout semblable à lui, et par qui la vie dût se prolonger durant des siècles ou ne plus finir? Enfin, pour ressembler à une machine purement électrique, le corps humain ne serait-il plus digne de notre admiration et de nos études? Idée sommaire de tout le système nerveux, de ses usages et de ses maladies. Les organes pulpeux, renfermés dans le crâne et dans le canal des vertèbres, le cerveau, le cervelet, la moelle allongée et l'épinière, les nerfs qui s'en séparent ou qui s'y joignent, et ces autres nerfs, plus isolés de leurs centres et plus complexes, qui occupent les principales cavités du tronc sous le nom de nerf grand sympathique, les ganglions des uns et des autres, leurs plexus, voilà ce qu'on nomme le système ner veux. Le mot vague de nerfs est souvent em- men des animaux entre eux comparés. En effet, comment serait-il possible au médecin d'isoler l'action de chaque organe nerveux? Une portion du cerveau, par exemple, peut-elle être isolément comprimée, isolément enflammée, irritée ou médicamentée? Pourrait-on altérer ou blesser un seul organe nerveux sans influencer ou blesser à la fois et incontinent tous les nerfs? Si donc la chose est impossible, je demande quelle importance peuvent avoir, quant à l'histoire de l'homme, des résultats qui ne sont vérifiables que sur des animaux, alors surtout qu'il s'agit des organes de la volonté, des sensations et de la pensée! Les maladies du système nerveux sont très-douloureuses et très-complexes, mais aussi très-régulières. Elle consistent principalement en névralgies, névrite, douleurs lancinantes, dans le trajet des nerfs, en convulsions ou paralysies; en faiblesse, exaltations, perversion ou anéantissement des facultés de sentir, de penser ou de vouloir. Une chose caractérise les symptômes inhérents à ces maladies: ils se montrent presque toujours loin des altérations matérielles auxquelles ils servent de manifestation. - Les quatre médicaments les plus efficaces dans ces genres de maux sont : l'opium par-dessus tout, le café, le quina et ses dérivés, la noix vomique ou la strichnine. Les deux premières substances paraissent agir principalement sur le cerveau; les deux autres sur la moelle épinière et ses nerfs. L'opium calme la sensibilité et assoupit la pensée, le café les éveille et les sollicite, la noix vomique et son alcali convulsionne les muscles tions. Les nerfs et leurs dépendances immé-soumis à la volonté, et le quinquina interrompt ou supprime les phénomènes maladivement périodiques.-Enfin, pour nous résumer, les nerfs, c'est-à-dire le système nerveux, composent un tout parfait, formé de parties diversifiées : l'unité et l'harmonie sont les caractères de leurs fonctions. Conducteurs des mouvements, organes des sensations, instruments matériels de l'entendement et de la volonté, ils servent de lien commun entre les organes; et de la con❘cordance comme de la solidarité qu'ils établissent entre eux tous, résultent l'unité vitale et les phénomènes symphathiques. Ils concourent à toutes les fonctions, ils s'immiscent dans tous les mystères de la vie. Les derniers à agir, les premiers à mourir, souvent malades et difficiles à guérir, leurs souffrances, fréquemment éloignées de leurs altérations ou blessures, ont plusieurs remèdes héroïques, sans lesquels la médecine serait sans crédit comme sans pouvoir. Voy. CERVEAU, SENSIBILITÉ, SYMPATHIE, PHYSIO diates sont, de toutes les parties vivantes, les ISID, BOURDON. Nerf, dans le langage vulgaire, se dit improprement des tendons des muscles: un nerf foulé, le nerf du jarret. On appelle nerfs de bœuf les tendons de cet animal que les bouchers font sécher pour servir de fouet, de courroie. On prend ordinairement les tendons de la jambe et du calcanéum, qui correspondent au tendon d'Achille dans l'homme. - Nerf signifie figurément, au sens moral, force, vigueur. On dit d'un homme qu'on ne fait pas fléchir aisément: il a du nerf; le style de Tacite a du nerf. Proverbialement, l'argent est le nerf de la guerre, c'est-à-dire qu'on ne soutient la guerre qu'avec beaucoup d'argent. - Nerf, en termes de relieur, petites cordes attachées au dos du livre, et sur lesquelles les cahiers sont cousus. Nerf-férure (art vétérinaire), coup, atteinte qu'un cheval a reçu du pied d'un autre cheval, sur le tendon de la partie postérieure d'une jambe de devant ou de derrière. NÉRON (LUCIUS DOMITIUS ENOBARBUS, jusqu'à sa 14 année, et, depuis l'adoption impériale, Nero Claudius Cæsar Drusus Germanicus) naquit du féroce Domitius Enobarbus et de l'impudique Agrippine (déc., an de R. 790, de J. C. 57). Le jour de l'imposition du nom (Dies lustricus, le e après la naissance), la mère pria son frère Caligula de nommer le nouveau-né. L'imbécile Claude, déplorable frère du grand Germanicus, et la risée des courtisans, passait par là dans ce moment : « Qu'il s'appelle Claude, » répondit Caligula; cruelle injure alors pour Agrippine: elle ne se doutait pas qu'un jour tous ses vœux, toutes ses intrigues tendraienta usurper pour son fils ce nom avec la fortune qu'il portait. Les premières années du jeune Domitius ne laissaient guère présager ses malheureuses grandeurs. Son père mort, sa mère dans l'exil, il fut recueilli par une pitié sans affection chez sa tante Lepida, qui l'abandonna aux soins d'un barbier et d'un histrion (792, 39). Cette éducation fut la seule dont il profita. Dix ans plus tard, Agrippine, à peine délivrée des persécutions de Messaline, devenait, par ses complaisances pour l'affranchi Pallas, la femme de l'empereur, fiançait Octavie à son fils, donnait au jeune époux Sénèque pour précepteur (802, 49), et, l'année suivante, le faisait adopter par Claude, qui, moins d'un an écoulé, le revétait, avant l'age, de la robe virile, le décorait du titre de prince de la Jeunesse. En même temps, l'impératrice mettait Burrhus à la tête de la garde prétorienne. Lorsque Claude eut célébré les noces d'Octavie avec Néron, qui entrait dans sa 16e année (806, 53), tout étant préparé pour son suc 19 cesseur, il ne lui resta plus qu'à peine un an à vivre. Il expira au sortir d'un festin, où il avait mangé avidement des champignons, qu'Agrippine, qui connaissait son goût, lui avait fait apprêter. Néron lui rendit les honneurs de l'apothéose, et prononça une magnifique oraison funèbre composée par Sénèque; tandis que, dans la conversation intime, il disait en riant que les champignons était le manger des dieux. Toutefois, il ne s'occupa de son pieux office qu'après avoir reçu le serment de fidélité dans le camp des prétoriens, où l'avait conduit Burrhus, et d'où il se rendit au sénat, maître dès lors de tous les décrets, de tous les dévouements, de l'empire. On a dit que les commencements de son règne furent heureux et qu'ils se prolongèrent ainsi l'espace de cinq ans. Ce ne pouvait pas être l'opinion de tous les Romains, surtout de Sénèque, même dès la première année, celle où il lui dédia son Traité de la Clémence, en lui prodiguant des éloges qui n'étaient, dans l'intention de l'auteur, nous aimons à le penser, que des conseils, mais qui, pour ne pas tomber dans les bassesses et les impostures de l'adulation, auraient eu besoin d'être acceptés comme des engagements. Là, il lui disait : « César, tu peux contempler avec satisfaction ta conscience. Tu as ambitionné un honneur dont aucun prince avant toi n'avait pu se vanter, celui de n'avoir jamais fait de mal à personne. Les vœux des Romains sont désormais assurés; ils n'ont pas à craindre que tu sois jamais différent de toimême. Cette bonté qui les enchante est vraie, est naturelle; on ne soutient pas longtemps un personnage emprunté. » Non, il est impossible de ne pas croire que le philosophe, lorsqu'il écrivait sa dédicace, pouvait encore être séduit parles illusions de l'amitié, par les artifices d'une âme hypocrite. Sans doute, rien encore n'avait ébranlé les espérances que faisaient concevoir et le chagrin de Néron en signant une sentence de mort contre deux criminels, et ses tendresses pour sa mère, et sa modestie envers le sénat, lorsqu'il opposait à la profusion des titres qu'on se hâtait de lui décerner, cette seule parole: « Attendez que je les aie mérités. » Toutefois, Domitius Anobarbus avait pronostiqué plus juste et de plus loin; car il disait, même avant la naissance de Néron, que d'un homme tel que lui et d'Agrippine, il ne pouvait rien naître que d'exécrable et de funeste aux Romains. Mais il ne fut pas permis à Sénèque luimême de s'abuser longtemps. Le be mois du nouveau règne n'était pas achevé, que déjà Néron avait arraché, pour la seconde fois, par or et par menaces, à Locuste, moins intrépide | que', en a éternisé le souvenir par une citation que lui, un poison plus sûr pour Britannicus; et il l'avait regardé mourir, sans être ému, sous les yeux de toute la cour; lui, à dix-sept ans, son frère âgé de treize! C'était un noble enfant que ce Britannicus! Il avait résisté invinciblement à tous les coups de l'adversité, aux perfides efforts qu'on n'avait cessé de faire depuis cinq ans pour rabaisser, pour abrutir son âme. Un instinct de magnanimité lui faisait une raison, une force prématurées. Le jour où Néron, après lui avoir dérobé son titre de César, le saluait❘tions de grâces aux dieux: ainsi à la mort de impitoyable. Le sentiment populaire avait été moins complaisant que l'éloquence de Sénèque. On affichait sur les murs, sur les bases de statues des épigrammes contre le parricide. Le Pasquino et le Marforio à Rome peuvent se vanter d'une antique origine. Du reste, le palais impérial et le sénat offraient alors un bien déplorable spectacle; à tous les crimes atroces que l'on commandait ou consommait, l'autre répondait par des félicitations, par des louanges, par des ac Britannicus, ainsi à la mort d'Agrippine, ainsi à la mort d'Octavie, ainsi pour tous les supplices illustres. Mais il y avait des remords que toutes les adulations ne pouvaient étouffer, et jamais les fantômes d'Agrippine et des furies ne laissèrent tranquille l'imagination de Néron. dédaigneusement du nom de Britannicus, il répondait en protestant contre la victoire de sa marâtre et l'erreur de son père : « Salut, Domitius; >> il n'avait que neuf ans alors. Et, l'année de sa mort, lorsque, dans un festin, Néron voulut abuser de sa timidité enfantine, qu'embarrassait encore le sentiment de la disgrâce, pour le livrer, gauche et ridicule, à la malignité des courtisans, et lui ordonna tout à coup de s'avancer au milieu du triclinium et de chanter, la victime, affermissant sa contenance et sa voix, chanta des vers pleins d'allusion au mauvais sort qui l'avait renversé du trône paternel et du rang suprême. Néron le haïssait, il le redouta dès lors; la colère d'Agrippine fit le reste. Quand Burrhus et Sénèque lui ravirent le pouvoir, les honneurs insolents qui la rendaient si vaine et si heureuse, elle cria dans ses emportements que Néron n'était empereur que par elle, et qu'elle irait présenter Britannicus aux sénateurs, aux soldats. Britannicus périt. Les plus grands attentats de Néron furent toujours causés par l'impatience de la peur. Il désirait et n'osait se délivrer par un assassinat des obsessions d'Agrippine; on lui fit entendre qu'elle conspirait contre lui: Anicetus fut chargé de la noyer dans les eaux de Baies (812). L'existence d'Octavie | décrets sages et utiles: la modération des frais l'importunait, en faisant obstacle à son mariage avec Poppée; mais il hésitait. Burrhus et le peuple de Rome prononcèrent l'arrêt de mort d'Octavie, l'un, en disant à Néron : « Rendez-lui donc sa dot; » l'autre, en se soulevant de pitié pour elle. Burrhus lui-même l'avait précédée de quelques mois; on soupçonna un empoisonnement: en effet, il défendait une proscrite, et il commandait la garde prétorienne (815). Sénèque se décida enfin à désespérer, comme ami et conseiller, de Néron, et à comprendre la nécessité de la retraite pour l'honneur du philosophe; mais il avait accepté, on dit malgré lui, une part de la dépouille de Britannicus, et il avait compose l'apologie du meurtre d'Agrip- d' pine, Quintilien, , dans ses exemples de rhétori Il y eut trois époques dans ce règne. La première, qui dura seulement quelques mois, et finit par l'empoisonnement de Britannicus; ce fut le gouvernement d'Agrippine. La seconde, qui se prolongea durant cinq années, pendant lesquelles le prince adolescent, libertin étourdi, fougueux, mais encore docile aux transactions de ses deux mentors leur abandonnait le soin des affaires, pourvu qu'on lui permît de courir les tavernes et les rues en battant les passants et pillant les marchandises pendant la nuit, et de danser, de chanter, de conduire des chars pendant le jour, dans ses jardins, puis enfin, de monter sur les théâtres publics. La dernière partie de cette histoire, malheureusement la plus longue, c'est la domination de Tigellin, de Poppée, c'est le déchaînement des cruautés, des extravagances de Néron. On avait dû aux inspirations de Sénèque et de Burrhus plusieurs actes de justice, plusieurs bons exemples, plusieurs de procédure et des honoraires d'avocat, l'institution de certaines formalités pour garantir la sincérité des testaments, l'extension des prérogatives du sénat en qualité de cour d'appel, l'abolition de quelques impôts, la diminution de quelques autres, la répression de l'iniquité des publicains, la translation des procès en matière de finance de la juridiction fiscale à la juridiction ordinaire. Les sciences n'étaient pas négligées; témoin ces deux centurions qui furent envoyés à la recherche des sources du Nil. Nous ne parlons pas des arts et des lettres : ce furent des objets de la manie du prince plutôt que d'une protection éclairée. Ses rivalités poétiques don Instit. Orat., VIII, 5, 18. naient la mort, ses encouragements corrompaient le goût dans les énormités du luxe. La majesté de l'empire et la gloire des armes romaines se soutinrent encore en ce temps, grâce à la valeur de Plautius Silvanus dans la Mésie, de Vespasien dans la Palestine, de Suetonius Paulinus dans la Bretagne, et au génie de Corbulon dans l'Orient. La fortune ajoutait aussi deux provinces au territoire par donation royale et par vacance de succession, le Pont Polémonien et les Alpes Cottiennes. Quels contrastes bizarres de grandeurs et d'opprobres, de puissance et de folie! Le Parthe orgueilleux envoie une ambassade pour solliciter l'investiture de l'Arménie en faveur de son client; le roi d'Arménie vient lui-même à Rome, comme vassal, comme créature de l'empereur romain, et, au milieu d'une pompeuse solennité, Néron, assis dans la chaire curule sur la tribune aux harangues, entouré des cohortes et d'une multitude innombrable, reçoit l'hommage de Tiridate agenouillé devant lui, et pose le diadème sur son front, tandis qu'un personnage prétorien redit, en les traduisant au peuple attentif, les paroles suppliantes du monarque. Et ce même Néron est descendu tout à l'heure du théâtre, où il s'était présenté dans l'attitude modeste des musiciens qui disputaient le prix, invoquant humblement l'indulgente équité de ses juges, n'oUn des rêves de gloire qui avait toujours le mettant aucune des pratiques obséquieuses du plus flatté la fantaisie de Néron, c'était d'obtemétier. Il était tour à tour cocher du cirque, nir les suffrages de la nation la plus sensible et histrion sur la scène, citharède sur le thymélé, la plus ingénieuse, de déployer ses talents dans ne se souvenant de son pouvoir que pour faire le pays classique des beaux-arts et de la méloégorger les personnes de tout rang, de tout die, devant des juges dignes de lui; il entreprit sexe, de tout âge, dont l'opulence tentait sa conenfin son voyage en Grèce (819), et parcourut, voitise, et ceux encore qui n'adoraient pas sa pendant plus d'un an, toutes les villes fameuses, voix divine. Un des chefs d'accusation contre paraissant comme artiste dans tous les spectaPætus Thrasea fut « qu'il n'avait jamais sacrifié cles, et traînant à sa suite une élite de jeunes aux dieux pour la conservation de la voix du chevaliers et de jeunes plébéiens au nombre de prince. Telle était cette frénésie de mélomane, cinq mille, enrôlés en cohortes d'applaudisseurs, qu'il brûla trois quartiers de Rome pour avoir et savamment disciplinés à varier le bruit des le plaisir de chanter le désastre d'Ilion à la lueur pieds et des mains par des rhythmes qui avaient des flammes et aux cris des fugitifs. Sur le ter- leurs noms particuliers, selon qu'ils devaient rain balayé par l'incendie, il se bâtit une de- imiter le bourdonnement des abeilles ou le climeure, sa maison d'or, dont l'enceinte embras- quetis des tuiles brisées (bombos, imbrices, sait des bois, des lacs, des prairies, et où les testas). Il remporta 1,800 couronnes. En reconprodiges du luxe étonnaient encore plus que naissance de ce témoignage de bon goût, Néron l'immensité de l'étendue. Ce fut dans ces volup- rendit la Grèce à la liberté, et raya son nom de tueux jardins que des chrétiens enveloppés de la liste des provinces romaines; il voulut aussi bitume et de résine servirent de flambeaux pour percer l'isthme de Corinthe pour joindre les deux éclairer les nuits de Néron, après avoir été dif- mers. Mais les messages alarmants de son affranfamés par des imputations calomnieuses, comme chi Hélius, auquel il avait confié le gouverneincendiaires. Ce fut là, qu'après la mort de Pop- ment absolu de l'Italie en son absence, interpée, il épousa, suivant tous les rites de la reli- rompirent ses triomphes (820). On se soulevait gion et des lois, l'eunuque Sporus, et qu'il se fit | dans les provinces, les peuples se lassaient des épouser à son tour par l'affranchi Pythagore; dernière fantaisie d'un esprit en démence, de vouloir, après avoir violé tous les droits, tous les sentiments de la nature, dénaturer encore sa personne. En considérant, dans l'histoire, la durée de ce règne monstrueux, on se demande où en était alors la conscience du genre humain, la pudeur publique. Cependant il s'était formé une conspiration contre le tyran (818); mais non contre la tyrannie. Ce n'était qu'une association d'amourspropres blessés, d'inimitiés personnelles, d'ambitions hypocrites, et non un concours de dévouements généreux, de haines patriotiques, trouvant dans une sérieuse et profonde émotion du peuple leur foyer et leur soutien. Le peuple, cette populace romaine, aimait Néron; elle aimait en lui ce qui déshonorait la souveraineté, ses fêtes scandaleuses, ses prodigalités désordonnées, ses caprices de débauche, de prostitution scénique. La conspiration n'eut d'autre résultat que la perte de Sénèque, de Lucain, de Calpurnius Pison, chef titulaire, dont les conjurés méditaient d'avance la ruine aussitôt après le succès, et d'une foule de sénateurs et de chevaliers; enfin des supplices sans nombre, et d'immenses confiscations, accompagnement ordinaire des supplices. |