1793 Mai. surrection sera toute morale. Ils ajoutent que toutes les autorités réunies se présenteront à la Convention pour faire leur profession de foi, et exiger réparation des outrages faits à la ville de Paris. Valazé demande aussitôt qu'on s'enquière des auteurs de ce mouvement, qu'on cherche les coupables qui ont sonné le tocsin, ainsi que le commandant qui a fait tirer le canon d'alarme, et qu'on les arrête. Les tribunes de la gauche répondent par des cris. Cambon réclame le silence, et s'efforce de faire sentir que, dans le moment, un combat dans la capitale serait mortel pour la cause de la révolution. Vergniaud parle dans le même sens, et demande qu'Henriot soit traduit à la barre, pour avoir fait tirer le canon d'alarme. « S'il y a un combat, ajoute cet orateur, jurons tous de mourir à notre poste. » Tous les membres de la Convention se lèvent spontanément et répètent ce serment. Danton, à qui tous les regards semblaient demander s'il était l'auteur du mouvement, monte à la tribune au milieu du plus profond silence. « Je vous le déclare, dit>> il, mander Henriot à la barre ne fera rien à l'état des » choses, car il ne faut pas s'adresser à l'instrument, » mais à la cause des troubles; or la cause est cette com» mission des Douze qui existe encore, et dont vous de» mandez d'entendre le rapport avant de la supprimer. » Je l'attaque comme impolitique, car elle n'a été insti» tuée que pour réprimer l'énergie populaire; elle n'a » été conçue que dans cet esprit de modérantisme qui » perdra la révolution et la France. Vous-mêmes vous » avez élargi les hommes que cette commission avait fait 2 arrêter que faites-vous donc de la commission elle : » même, puisque vous annulez ses actes ?...... Le canon » a tonné, le peuple s'est soulevé, n'hésitez donc plus à » satisfaire ce peuple qui est notre sentinelle avancée, qui hait fortement la tyrannie et le lâche modéran» tisme qui doit la ramener. Sauvez-le des aristocrates, » sauvez-le de sa propre colère; et lorsqu'il sera satisfait, » si des hommes pervers, n'importe de quel parti, vou» laient prolonger un mouvement devenu inutile, Paris » lui-même les ferait rentrer dans le néant. »> Rabaut-Saint-Étienne essaie de justifier la commission des Douze sous le rapport politique; mais on ne veut pas l'entendre, et Marat demande qu'on introduise une députation de la commune. L'orateur annonce, par de grandes phrases, qu'un complot a été formé, mais qu'il est découvert, et que le peuple s'est levé pour arrêter la contre- révolution. « La commune, répond Guadet, en prétendant qu'elle a découvert un grand complot, ne » s'est trompée que d'un mot: c'est qu'elle l'a exécuté. » Les cris des tribunes l'interrompent. Vergniaud veut reparaitre à la tribune pour ramener un peu de calme; mais une nouvelle députation arrive pour renouveler les demandes déjà faites par la municipalité. Abandonnés par le centre, qui déjà consent à la suppression de la commission, comme un sacrifice fait à l'union, les girondins ne peuvent résister plus long-tems, et la Convention commence par décréter les ouvriers requis pour veiller au respect de l'ordre public et des propriétés recevront quarante sous par jour; et qu'une salle sera donnée aux commissaires des autorités de Paris, pour être plus à portée de se concerter avec le comité de sabut public. que 1793 Mai. 1593 Mai. La journée était déjà avancée; toute la populace de Paris, réunie sous les armes, continuait de parcourir la ville avec le plus grand ordre, mais dans la plus grande incertitude. Vergniaud, qui était sorti un moment de la salle, est vivement frappé de ce singulier spectacle, et pense qu'il faut faire une motion pour distinguer encore davantage les agitateurs du peuple parisien, et de s'attacher ce peuple par un témoignage de bonne conduite : en conséquence, il propose de décréter qu'en ce jour Paris a bien mérité de la patrie; ce qui est voté par acclamation. C'était, sans contredit, une proposition fort adroite, si elle eût suffi pour réveiller le zèle des sections; mais, dans l'état des choses, elle ne produisit aucun effet : au contraire, les jacobins s'en servirent perfidement pour faire une nouvelle journée. Celle du 31 mai paraissait se borner à de faibles concessions, et ne répondait nullement à l'attente des provocateurs. Il était déjà six heures; la commission des Douze n'était pas encore abolie légalement. La commune envoya une troisième députation pour exprimer ses dernières intentions. Le procureur-syndic Lhuillier s'énonça avec véhémence et demanda vengeance contre Isnard, les Douze et beaucoup d'autres coupables qu'il désigna par leurs noms. C'étaient les vingt-deux têtes demandées depuis long-tems. La gauche et les tribunes applaudissent, la droite garde le silence. Barrère, toujours prêt à fournir les projets conciliateurs, propose, au nom du comité de salut public, d'abolir la commission des Douze; mais, en même tems, de mettre la force armée à la disposition de la Convention. On veut délibérer sur cette proposition. La droite proteste que l'assemblée n'est pas libre, puisque les pé ༥ Cette motion violente n'obtint pas le succès qu'en at 1793 Mai. 1793 Mai. tendait Robespierre. Malgré les applaudissemens des figurer. Ce décret rendu, la commune fait aussitôt illuminer la ville, et ordonne une promenade civique aux flam-. beaux; les sections marchent confondues ensemble, et aux cris de vive la république ! Le président de la Convention et la Montagne assistent à cette marche triomphale, et les vaincus sont, forcés d'y paraitre, et de célébrer la victoire de leurs ennemis. |