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1793

Février.

sur le territoire hollandais, et ne tarda pas à arriver sur le Moërdik. Bréda fut assiégée et prise par le général Darcon, déjà connu par l'ingénieuse et célèbre entreprise des batteries flottantes à Gibraltar. Tel était l'esprit de gaîté des soldats français, que, pendant le siége de cette place, ils allaient sur les glacis, du côté qui n'était pas sous l'inondation, danser la carmagnole, sorte. de danse guerrière et révolutionnaire, dont le refrain était: Vive le son du canon.

Clundert, petit fort au milieu d'un terrain inondé, fut pris, deux jours après, par le général Berneron, qui alla aussitôt assiéger Villemstat, tandis que Darçon mettait le siége devant Gertruidemberg; cette dernière place capitula quatre jours après : on y trouva beaucoup d'armes et de munitions.

Cependant Dumouriez était parvenu à armer et équiper vingt-trois bâtimens, qu'il fit descendre dans l'anse de Roovært. Son armée était campée sur les dunes, où les soldats avaient construit des huttes de paille : ils appelaient ce cantonnement le camp des castors, et semblaient impatiens de passer à l'autre bord. Dumouriez faisait ses préparatifs, lorsqu'il reçut les nouvelles désastreuses de l'armée de Miranda. Il fut obligé de s'arrêter, et là commença cette suite de revers qui détruisit sa fortune et ses espérances.

Dumouriez apprit à Bruxelles l'état de l'armée de Miranda. Presque tous les bagages avaient été perdus à la levée du siége de Maëstricht; les parcs d'artillerie de campagne avaient suivi les mouvemens de l'artillerie de siége, et rentraient en France. Dumouriez les fit revenir à Louvain, et envoya l'ordre à toutes les places fron

tières d'arrêter les soldats, et même les officiers, et de les renvoyer à l'armée. Quelques jours après, il annonça qu'il allait se porter en avant, et livrer bataille. Les troupes reprirent courage, et les Belges se montrèrent confians. Les deux armées réunies, et campées en arrière de Louvain, formaient, après la réorganisation, un ensemble de trente-cinq à quarante mille hommes, dont cinq mille chevaux. L'ennemi occupait les villages entre Tirlemont et Tongres. Une bataille devenait inévitable, et le général français devait se presser de la donner, avant l'arrivée des renforts que les Autrichiens attendaient.

Une vive action entre les deux avant-gardes préluda à la bataille de Nerwinde, dans laquelle les deux partis firent également des fautes. La victoire s'était d'abord déclarée pour les Français; mais la défaițe de la droite, commandée par Miranda, obligea Dumouriez à céder le champ de bataille, pris et repris plusieurs fois, et à faire sa retraite derrière la Gette, ce qui s'opéra en bon ordre, les Autrichiens ne s'étant décidés que fort tard à suivre les Français. Le lendemain l'armée de la république occupait le même terrain qu'avant la bataille, et rien ne semblait perdu. Mais Dumouriez ne retrouvait plus le même esprit dans ses soldats, et il jugea que, s'il s'exposait à une seconde bataille, il pourrait éprouver une déroute il se décida à occuper le camp situé sur les hauteurs de Cumptich, d'où il se rapprocha de

Louvain.

Le 22 avril, les Impériaux l'attaquèrent sur tous les points et furent repoussés partout. On dit que ce fut cette journée brillante pour les républicains qui amena

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Avril.

1793 Avril.

les premières négociations militaires entre les généraux autrichiens et Dumouriez. Je parlerai plus tard de la trahison de ce général : il me reste à jeter un coup-d'œil sur les opérations du général Custine, commandant l'armée du Bas-Rhin.

Ce général, favorisé par la victoire pendant la précédente campagne, s'était laissé entrainer par l'esprit de conquête, et avait poussé l'imprudence jusqu'au point de faire une tentative sur Trèves; tentative dont le résultat fut la première cause de ses revers. Au commencement de l'année 1793, forcé de rétrograder devant les forces considérables des Prussiens, il fut ramené précipitamment de Mayence jusque sous les murs de Landau, abandonnant ainsi tout le pays qu'il avait envahi si rapidement et si étourdiment.

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Étonné des forces que déployaient les ennemis, et qu'il crut encore plus grandes qu'elles n'étaient en effet, Custine voulait même se retirer jusqu'à Strasbourg; mais les administrateurs et les commissaires de la Convention s'y opposèrent. Il sentit alors tout le poids de la responsabilité qu'il avait assumée, en s'obstinant à aller en avant, sans avoir les moyens de s'y maintenir. Ce général fit alors réunir et camper les troupes répandues sur le Rhin, aux environs d'Oppenheim, afin de pouvoir maintenir ses communications avec Mayence par Worms; mais il fut bientôt attaqué, forcé de reculer encore, de laisser Mayence livrée à sa seule garnison, forte de vingt-deux mille hommes. Le siége que les Prussiens firent de cette place avec soixante mille hommes fit le plus grand honneur aux Français, par le système de défense offensive qui y fut employé.

et

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Tous les effets de campement ainsi que la grosse artillerie étaient restés à Mayence; Custine plaça son armée dans la position défensive des lignes de Weissembourg, derrière la rivière de la Lauter. Il avait abandonné si précipitamment les lignes de la Queich, celles de la Selz et celles de Speierbach, qu'on lui en fit de graves reproches; on commença même à le soupçonner dans l'armée mais ces soupçons n'empêchèrent pas la Convention de mettre à ses ordres l'armée de la Moselle, et peu de jours après il fut appelé au commandement de l'armée du Nord.

1793

Avril.

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épiciers. Provocations de Marat.

commune de Paris.

Le capucin Chabot.

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- Pillage des boutiques des

La

Pache, maire de Paris.

Comité de sûreté générale. - Lanjuinais.

Les anarchistes,- Expédition contre les giron

dins. Création du tribunal révolutionnaire. Robespierre et Danton. Vergniaud. Conduite des montagnards.

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Décrets

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contre les émigrés. - Désarmement des nobles et des prêtres. Les aristocrates mis hors de la loi.

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Avril.

Pendant que ces événemens avaient lieu vers les frontières de la république française, des troubles se manifestaient sur plusieurs points de l'intérieur.

Les habitans de Lyon avaient fermé le club des jacobins établi dans leur ville, et faisaient des dispositions pour résister à l'oppression des commissaires de la Con

vention.

Dans l'ouest, les Vendéens s'étaient insurgés à l'occasion de la levée des jeunes gens. Les réquisitionnaires du district de Saint-Florent-le-Viel livrent un combat aux autorités qui veulent les enrôler, et les expulsent. Le lendemain, un simple voiturier de la commune de Pin-en-Mauge se met à la tète de deux cents mécontens, attaque le poste de Jalais, défendu par quatrevingts républicains, s'en empare, marche de suite sur Chemillé, qui éprouve le même sort, et, se fortifiant ensuite d'une nouvelle bande conduite par le garde-chasse Stofflet, ancien déserteur allemand, il vient attaquer Chol

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