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fion. Aucun Prince ni aucune Princeffe du côté maternel n'y auront aucun droit, tant qu'on trouvera un Prince ou une Princeffe du côté paternel de forte qu'une Princeffe de la ligne masculine fera préférée à une Princeffe de la ligne féminine.

XXVIII. Lorsque la fucceffion échéra aux Princeffes du Sang, celle qui fera defcendue de l'aîné des mâles, aura la préférence, & ainfi de fuite, auffi long-temps que quelqu'un de la ligne mafculine furvivra; mais lorfque la ligne mafculine fera entiérement éteinte, les Princes & les Princeffes de la ligne féminine fuccéderont, & le même ordre fera observé, c'eft-à-dire, que le mâle doit être préféré à la femelle, & l'aîné au cadet. XXIX. Pour ôter (dit Frédéric III,) par un exemple, toute occafion de difpute parmi nos enfans, à notre mort, le Prince Chriftian notre fils aîné parviendra au trône; & tant qu'il fe trouvera un de fes defcendans mâles (quoique lui-même vint à mourir avant Nous) ni le Prince Georges, ni aucun de fa famille, ni la Princeffe fa fœur, ni la famille de fa four n'auront aucun droit à la Couronne.

XXX. Mais lorsque la ligne de la famille du Prince Chriftian fera entiérement éteinte, la ligne mafculine de notre fils le Prince Georges montera fur le trône, obfervant les réglemens ci-deffus, favoir que le mâle ira devant la femelle, & le plus âgé devant le plus jeune, quoique né avant que fon pere montât fur le trône. S'il plaît à Dieu de nous donner un plus grand nombre d'enfans, la même regle fera obfervée entre eux.

XXXI. Si la ligne mafculine vient à manquer, la fucceffion regardera le fils de la fille du dernier Roi & fes héritiers, fi elle en a. Que fi elle n'en a point, la fucceffion regardera la fille aînée du Roi & fes defcendans l'un après l'autre, ligne après ligne, le mâle toujours préféré à la femelle, & le plus âgé au plus jeune.

XXXII. Si le dernier Roi ne laiffe ni fils ni fille, le plus proche Prince du Sang fuccédera au gouvernement.

XXXIII. Immédiatement après lui, la Princeffe la plus proche parente du Roi dans la ligne mafculine, parviendra au trône, & fes defcendans y monteront dans l'ordre marqué ci-dessus.

XXXIV. Mais fi les familles de notre fils deviennent entiérement éteintes, alors la Princeffe Anne-Sophie & fes héritiers jufqu'à mille générations, prendront le fceptre de ces Royaumes.

XXXV. La fille d'une fille aînée fera préférée au fils d'une plus jeune fille afin que l'ordre généalogique ne foit pas trouble; que le fecond fuccede au premier; le troifieme, au fecond; le quatrieme, au troifieme, & ainfi de fuite.

XXXVI. Si la fucceffion tombe au fils d'une fille, & qu'il ait des héritiers mâles, le même ordre doit être obfervé, eu égard à fes defcendans, comme il a été prescrit pour notre ligne mafculine.

XXXVII. Le mari de la Reine n'aura point d'autorité dans ces Royau

mes

mes quelque puiffant Prince qu'il puiffe être dans fon pays, il lui cédera la préféance en toutes chofes, & lui obéira comme à la Reine Souveraine de Danemarc & de Norwege.

XXXVIII. On doit compter les enfans pofthumes parmi les Princes & Princeffes qui ont droit de parvenir à la Couronne. Ils fuccéderont à leur

tour comme les autres.

XXXIX. Lorsqu'un Prince ou une Princeffe naîtront dans quelqu'une des branches de la Famille Royale, leurs parens tranfmettront au Roi les noms de ce Prince ou de cette Princeffe avec le jour de leur naiffance, & le prieront de leur accorder un acte portant qu'il a été informé de cette naiffance. Un double de cet acte fera gardé foigneufement dans nos Ar

chives.

XL. Tout ce qui a été dit ici des fils & des filles, doit être entendu de ceux qui viennent d'un légitime mariage.

Les Danois ne reconnoiffent l'autorité des loix Romaines , que dans le Duché de Holface ou de Holftein, qui eft un fief de l'Empire. Les peuples de ce Duché fe fervent du droit de Lubeck tiré de celui de Saxe. De leurs Tribunaux, on appelle à la Chambre Impériale.

Toutes les autres Provinces de Danemarc, qui font indépendantes de la République Germanique, ne reconnoiffent que leurs loix & leurs coutumes. Les Danois en ont qui font conformes au droit Romain. Ils en ont d'autres qui y font contraires; mais le droit Romain, comme tel, n'y a

aucune autorité.

Waldemar fit faire (a) une compilation des ftatuts de fes prédéceffeurs. Il y joignit les anciennes coutumes du Danemarc, les fit rédiger par écrit, & y ajouta beaucoup d'autres réglemens du confentement des Etats. Il en fit un corps entier de droit qu'on appelloit le droit Danois. Ce corps de droit fut réformé fur la fin du dernier fiecle par Frédéric IV, qui changea toute la Jurifprudence, & qui voulut bannir la chicane de fes Etats, en banniffant des Tribunaux toutes les formalités inutiles. Il n'y a depuis ce temps-là qu'un feul volume in-4to. pour toute la nation Danoife, & un autre pareil pour les peuples de Norwege, qui ne differe de celui-là, que dans les chofes où les befoins particuliers de la Norwege ont demandé d'autres réglemens que ceux de Danemarc.

Les loix de ce pays-là font fupérieures en Justice, en briéveté, en netteté, à celles de quelqu'autre pays de l'Europe que ce foit. Les deux volumes où elles font contenues, font écrits en langue Danoise, avec tant de fimplicité, qu'il n'y a perfonne, quelqu'ignorant qu'il foit, pourvu qu'il fache lire & écrire, qui ne les entende, & qui ne puiffe s'en fervir, les citer dans fa propre caufe & en former fon plaidoyer, fans avoir befoin de Confeil ni d'Avocat. Ce n'eft pas qu'il n'y ait des Avocats en

(4) En 1231. Tome XV.

N

Danemarc, mais il y en a peu; leurs droits font modiques, & les procès y font rares & promptement expédiés. Le Juge qui ne conforme pas fon Jugement aux Loix, eft fouvent obligé de dédommager la partie condamnée, & celui qui prévarique eft puni perfonnellement. Bien que les Danois aient trois degrés de jurifdiction, l'affaire la plus épineufe peut être terminée dans ce pays-là en moins d'un an, avec la plus exacte équité, & à très-peu de frais. Les procès fe font néanmoins extrêmement multipliés en Danemarc dans le fiecle où nous vivons, quoique fes Rois, animés de l'amour du bien public, aient publié plufieurs Edits pour abréger les procédures & diminuer le nombre des procès.

Il y a à Copenhague fept Colleges, ou Confeils principaux, par lesquels toutes les affaires paffent, & dont le Roi fe fert pour gouverner fes Etats: le Confeil d'Etat, le Confeil de Guerre, le Confeil Supérieur de Juftice, le Confeil des Finances, le Confeil de la Chancellerie, le Confeil de la Marine, & le Confeil de Commerce. Le Roi préfide à tous ces Confeils & y apprend à connoître l'état de fes Provinces, les befoins de fes peuples, & les moyens de les foulager.

S. IV.

Intérêts politiques du Danemarc.

C'EST dans le Confeil d'Etat que fe traitent les affaires étrangeres. Il eft compofé de trois Miniftres, ou plus, & d'un certain nombre de commis, de Secrétaires, &c. On y délibere, fous les yeux du Roi, fur toutes les affaires publiques, & l'on y expédie les dépêches en conféquence des réfolutions qu'on y a prifes. La fituation du Danemarc eft telle que le cabinet a befoin d'employer toutes les reffources d'une fage politique pour le foutenir dans un état floriffant.

Le premier objet de la politique Danoife eft la confervation des Duchés de Schleswich & de Holftein, qui font un des plus beaux fleurons de cette couronne. Nous fommes à la veille de voir les trônes de Ruffie & de Suede occupés par des Princes de la maifon de Holftein; & c'eft justement cette maifon que le Danemarc a dépouillée de fon héritage. Quoique les cours de Stockholm & de Pétersbourg n'aient pas été jusqu'ici dans une conftante harmonie, & qu'il y ait entre elles de la rivalité & un levain de prétentions réciproques, il fe pourroit très-bien, que les chofes changeaffent tout d'un coup de face; que l'amitié qui naît des liens du fang l'emportât un jour fur les cabales politiques des Miniftres, & que ces deux puiffances fe réuniffent en faveur des intérêts primordiaux de leur maifon. Le cabinet de Copenhague doit donc avoir l'œil conftamment attentif à ce grand objet; troubler, autant qu'il le peut, la bonne intelligence entre la Ruffie & la Suede; fe faire de puiffans amis & des alliés

dans toute l'Europe, & entretenir fes forces terreftres & navales en fi bon état, que la nation foit à l'abri de toute crainte, & toujours prête à une bonne & vigoureuse défense. En genéral, le maintien de l'équilibre dans le Nord, eft d'une grande conféquence pour cette Cour, ainfi que pour toute l'Europe. Cet équilibre eft formé par quatre puiffances, le Danemarc, la Suede, la Ruffie, & la Pruffe. Depuis le regne de Pierre I, la Ruffie a fait des progrès fi confidérables, que les deux autres Royaumes du Nord, même réunis, courroient de grands rifques, fi toutes les forces Ruffes venoient à fondre fur eux. Il eft heureux que, dans un femblable péril, la puiffance de la maison de Brandebourg foit telle, qu'une armée Pruffienne, affemblée dans le voifinage des Provinces que la Ruffie a conquifes fur la mer Baltique, pourroit faire diverfion, arrêter les deffeins de la Cour de Pétersbourg, & maintenir les chofes dans l'état où elles font. Si la Suede a fait agir autrefois la Porte Ottomane pour un pareil but, il eft certain que les fecours du Roi de Pruffe font plus naturels & plus à portée. Ce feroit une fauffe politique de la Cour de Copenhague, de fouffrir que la Ruffie continuât à faire de nouvelles conquêtes fur la Suede. L'équilibre fe trouveroit renversé par-là; & après la Suede, le Danemarc même feroit bientôt envahi. La conservation des Provinces Danoises fituées le long de l'Elbe & dans le Cercle de Weftphalie, doivent encore occcuper fa politique; mais comme elles font poffédées en vertu de titres moins conteftés, il ne faut qu'une prudence ordinaire pour en maintenir la poffeffion.

Le commerce en général, la navigation & les progrès de la compagnie des Indes, forment encore trois articles qui exigent une attention perpétuelle du miniftere Danois. Il faut beaucoup de fageffe & de fermeté pour furmonter la jaloufie des autres nations commerçantes, qui regardent furtout le commerce des Indes comme un monopole qu'ils ont acquis. Mais, comme le droit eft inconteftable du côté du Danemarc, il eft à croire que cette puiffance trouvera toujours le moyen de faire refpecter fon pavillon dans toutes les mers libres.

Les Rois de Danemarc forment encore des prétentions fur la ville de Hambourg, & ils ont fait différentes tentatives pour s'en emparer à main armée. Les titres antiques fur lefquels fe fondent ces prétentions, paroiffent en général de mince aloi; celui de la bienféance eft le plus fort. Il n'y a que la jaloufie qui maintienne cette petite république ; & les autres puiffances voifines ne fauroient voir de bon œil, qu'un morceau auffi délicat tombe entre les mains du Danemarc. Tout le Cercle de la BaffeSaxe, & même tout l'Empire, y perdroient beaucoup, fi Hambourg étoit au pouvoir d'un Prince defpotique. C'eft le port de mer commun de l'Allemagne, qui ne fauroit être affez libre. Auffi y a-t-il peu d'apparence, que le Danemarc puiffe s'en faifir par force. L'adreffe, les bonnes manieres, & la douceur feroient peut-être ce que les fieges n'ont pu faire.

Mais il ne faudroit pas alors pour des fujets frivoles inquiéter les Hambourgeois, ni leur excroquer de temps en temps des fommes d'argent, ou troubler leur commerce. C'eft une mauvaife politique.

Nous avons vu de nos jours, que le cabinet de Copenhague avoit conçu un des plus beaux deffeins du monde; c'étoit de faire déclarer le Prince royal de Danemarc fucceffeur au trône de Suede, de combiner après la mort du Roi Frédéric, les Royaumes de Suede, de Danemarc & de Norwege, & de leur rendre par-là cette fplendeur, ce luftre & cette puiffance qu'ils avoient du temps de l'union de Calmar. Rien n'étoit plus admirable que ce projet; mais rien de plus mal imaginé que les moyens dont on s'eft fervi pour l'exécuter. On a employé la voie de la négociation au près de tous ceux qui étoient intéreffés à le faire échouer; c'eft-à-dire, auprès des grands, tandis que de fecretes brigues parmi le peuple, & quelques régimens Danois pour foutenir à propos les Dalecarliens révoltés, auroient à coup fûr fait réuffir toute l'entreprise. Il eft à croire que, pendant bien des fiecles, l'occafion ne fe trouvera pas auffi favorable pour la réuffite d'un plan, qui ne devroit jamais fortir de deffous les yeux du miniftere Danois.

Voilà en peu de mots ce que nous avions à dire fur la politique générale du Danemarc. Ce Royaume a peu de liaisons avec le Portugal & l'Espagne. Ces puiffances font trop éloignées pour pouvoir s'aider ou fe nuire réciproquement. Il eft cependant des cas où l'Europe entiere étant embrafée par le feu de la guerre, le Danemarc pourroit tirer quelques fubfides de l'Espagne; mais tout cela eft fort vague & fort éloigné. Cette cour a préféré jufqu'ici l'argent de la France, ou de l'Angleterre. Le commerce mutuel n'eft pas non plus de grande conféquence. Le Danemarc ne fauroit fournir à l'Efpagne que quelques bois & quelques poiffons fecs vers le temps du carême, & prendre en échange des vins, des huiles & des fruits. Encore tire-t-il ces denrées prefque toutes de la Hollande ou de Hambourg. Il y a quelques années que le Comte de Dehn fut envoyé à Madrid en qualité d'Envoyé de Danemarc; mais on n'a pu s'appercevoir jufqu'ici, que fa négociation ait eu quelques fuites.

La France a de bien plus grandes relations avec ce Royaume. L'une & l'autre de ces puiffances prennent intérêt aux affaires d'Allemagne, de Pologne & du Nord en général; c'eft ce qui forme l'objet d'une négociation perpétuelle entr'elles. Il y a ordinairement deux partis à la cour de Danemarc; l'un qui tient pour la France, & l'autre pour l'Angleterre. Seion qu'un de ces partis eft dominant, ou felon que la conftitution dans le Nord fe trouve difpofée, le Danemarc eft, ou tout François, ou tout Anglois. La balance néanmoins penche un peu du côté de l'Angleterre; furtout depuis que les deux Maifons font unies par le mariage du Roi Frédéric avec la Princeffe Louife, fille de George II, Roi de la Grande-Bretagne. Il faut, ou que les raifons politiques prévalent manifestement en

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