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CHAPITRE III.

ÉVACUATION DES PAYS-BAS PAR Nos akmées, décret sur le danGER DE LA PATRIE, RÉCONCILIATION DES PARTIS QUI DIVISAIENT LE CORPS LÉGISLATIF, TROISIÈME fête de la fédération, PROCLAMATION du danger dE LA PATRIE, ENRÔLEMENS VOLONTAIRES, ARRIVÉE DES MARSEILLAIS, DINER ET COMBATS qu'ils soutiennent dans les champs-Élysées, hymne des MARSEILLAIS, VIOLENCES EXERCées sur m, d'éprÉMESNIL, DIVERS ÉVÉNEMENS.

LA

guerre sur les frontières du Nord se continuait avec des avantages et des revers de peu d'importance. Le 18 juin 1792, l'armée du vieux général Lukner, après être entrée sans résistance dans la place de Menin, s'empara de Courtrai. Mais elle ne put y tenir long-temps : des colonnes prussiennes, jointes à celles des Autrichiens, la forcèrent à évacuer entièrement les Pays-Bas et à se retirer au camp de Famars sous Valenciennes. Le premier juillet, en se retirant, M. Jarri, qui commandait l'avant-garde, crut devoir incendier les faubourgs de Courtrai, exploit facile, honteux, très-impolitique, dont la nation française se détermina volontairement à indemniser les victimes. Cette retraite, l'arrivée du roi de Prusse à Coblentz avec une forte armée, et quelques autres événe-mens fâcheux, jetèrent l'alarme parmi les membres de l'Assemblée nationale.

T. II.

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Dans sa séance du 3 juillet, elle rendit, sur la proposition de Jean de Bry, un décret relatif aux mesures de sûreté publique à prendre dans les dangers de la patrie. Après diverses discussions, le 11 de ce mois, la rédaction du décret fut adoptée, et un morne silence ayant succédé à cette délibération, le président, Aubert du Bayet, prononça dignement ces mots : Citoyens, la patrie est en danger.

Cet acte de l'Assemblée législative, qui plus tard fut solennellement proclamé dans toute la France, fit sur les esprits une impression profonde, et produisit un effet salutaire dont je parlerai en son lieu.

Lorsque, dans la séance du 7 juillet, l'Assemblée eut reçu la nouvelle de la réunion des armées du roi de Prusse à celles de l'Autriche, et de la marche des armées contre la France, les deux partis qui divisaient l'Assemblée législative, et se livraient à des accusations réciproques, et à des animosités très-funestes au salut de la France, furent invités à une réconciliation.

Le député Lamourette parla de la nécessité d'une réunion: «< Deux partis de l'Assemblée, disait-il, s'inculpent réciproquement: le premier accuse le second de projeter le renversement de la monarchie, l'établissement d'une république; et le second accuse le premier de vouloir l'anéantissement de l'égalité et l'établissement des deux chambres. Foudroyons ajoutait-il, la république et les deux chambres. Alors il demanda que le président mit aux voix sa pro

position et que l'Assemblée prononcât son vœu par assis et levé.

Aussitôt un mouvement d'enthousiasme se manifeste; les membres se lèvent, quittent leurs places, agitent leurs chapeaux, embrassent l'orateur et s'embrassent entre eux; des applaudissemens vifs et prolongés couronnent cette scèné de fraternité et de patriotisme; scène toute française.

L'Assemblée décrète que le discours de M. Lamourette sera imprimé et envoyé, avec le procèsverbal de la séance, à tous les départemens. Brissot qui se trouvait à la tribune, demande à n'être entendu que le lendemain, afin d'avoir le temps de de son discours, quelques phrases qui pourrayer, raient réveiller les haines et troubler l'accord qui venait de s'établir dans l'Assemblée. Le député Rulh, plein d'âge et d'ardeur, demandait que l'on poursuivit, comme perturbateurs du repos public, les journalistes qui présenteraient cette séance d'une manière défavorable: cette demande n'eut pas de suite. L'Assemblée envoya une députation au roi pour lui faire connaître la réconciliation opérée parmi ses membres. Le roi ne tarda pas à se rendre dans le sein du corps législatif. Il félicita les députés sur cette réunion qu'il désirait depuis long-temps, dit-il; il ajouta que la nation et le roi ne feraient plus qu'un, et que la constitution serait le point de ralliement de tous les Français; le président répondit dans le même sens et la séance fut levée '.

• Cette réconciliation, qui paraît avoir été inspirée par la

Sans doute, en ce moment, la réconciliation était sincère; mais elle ne dura pas plus que l'enthousiasme qui l'avait produite : la réflexion, toujours fatale aux élans généreux, et l'occasion renouvelèrent bientôt des impressions d'animosité trop profondes pour être effacées par cette pacification récente et factice.

Cependant de tous les départemens arrivaient à Paris des militaires ou citoyens destinés à figurer à la fédération dont on devait célébrer la fête anniversaire, le 14 juillet suivant. Le roi avait écrit au corps législatif pour l'en avertir, et pour lui annoncer que son dessein était d'aller, sur l'autel de la patrie, y renouveler son serment. L'ordre de cette fête fut réglé par la municipalité et modifié par la cour.

La veille de cette fête fut le jour de triomphe du maire de Paris : suspendu de ses fonctions par suite de l'affaire du 20 juin, l'Assemblée rendit un décret qui leva sa suspension; une foule de Parisiens l'accompagnèrent à la sortie de la séance et l'escortèrent jusqu'à l'hôtel de la Mairie, en criant : Vive Pétion! vive le père du peuple! etc.; la joie d'une partie du public fut portée à l'excès. Ce maire reçut de nouveaux témoignages de satisfaction à l'assemblée de la commune où, dans un discours improvisé, il peignit sa sensibilité et sa reconnaissance : dan

cour, fut nommée réconciliation normande, et les embrassemens qu'elle produisit parmi les députés, les baisers d'amou

rette.

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