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griefs, et équivaut à une déclaration de guerre, » décrète qu'il y a urgence.

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» L'Assemblée nationale déclare que la nation française, fidèle aux principes consacrés par » constitution, de n'entreprendre aucune guerre » dans la vue de faire des conquétes, et de n'employer jamais ses forces contre la liberté d'aucun » peuple, ne prend les armes que pour la défense » de la liberté et de son indépendance; que la » guerre qu'elle est forcée de soutenir n'est point » une guerre de nation à nation, mais la juste » défense d'un peuple libre contre l'injuste oppres»sion d'un roi;

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Que les Français ne confondront jamais leurs » frères avec leurs véritables ennemis; qu'ils ne négligeront rien pour adoucir le fléau de la guerre, pour ménager et conserver les proprié»tés, et pour faire retomber sur ceux-là seuls qui >>se ligueront contre sa liberté, tous les malheurs inséparables de la guerre ;

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Qu'elle adopte d'avance tous les étrangers qui, abjurant la cause de ses ennemis, viendront se >> ranger sous ses drapeaux et consacrer leurs efforts » à la défense de sa liberté; qu'elle favorisera même, >> par tous les moyens qui sont en son pouvoir, leur » établissement en France.

>> Délibérant sur la proposition formelle du roi, » et après avoir décrété l'urgence, décrète la guerre » contre le roi de Hongrie et de Bohême. »

A peine le décret fut-il rendu que la salle, rem

plie de curieux, retentit des plus vifs applaudissemens; le décret fut, à onze heures du soir, offert à la sanction du roi qui l'accorda sur-le-champ.

Ainsi fut déclarée une guerre qui, suivant l'espérance de quelques hommes, ne devait durer que quinze jours, un mois au plus, et qui dura pendant vingt années consécutives, embrâsa l'Europe entière, donna la mort à des millions d'hommes; une guerre dont les résultats déplorables n'ont satisfait aucune des puissances belligérantes: c'était la guerre de l'amour du pouvoir contre l'amour de l'indépendance, de passions grandes et généreuses contre des passions qui ne le sont point. Cette guerre n'est point encore terminée.

Voici quelles étaient nos forces et celles de nos ennemis.

L'armée française ne se trouvait pas dans un état très-rassurant. Trente années d'une paix, interrompue seulement par l'expédition de Corse et par la campagne d'Amérique, et auxquelles peu de troupes prirent part, avaient laissé dans l'inaction les autres parties d'une armée très-inaccoutumée aux combats.

Elle n'était point au complet; au lieu de deux cent mille hommes, son effectif se montait à peine à cent vingt mille. Peu de chefs avaient vu la guerre, plus de la moitié des officiers étaient démissionnaires ou émigrés, et les mouvemens de la révolution avaient parmi les soldats autorisé l'indiscipline.

L'Autriche et la Prusse pouvaient seules mettre trois cent mille hommes en campagne. Leurs armées, que l'on affectait depuis long-temps de prendre pour modèle, avaient une réputation de supériorité qui devenait un danger pour l'opinion des armées françaises. « Il était aisé de prévoir >> que ces deux puissances entraîneraient l'Empire » et toutes les armées du Nord. La Russie finissait » une guerre glorieuse contre le Turc; les branches » de la maison de Bourbon, établies en Espagne » et en Italie, assuraient leurs forces aux princes français émigrés; celles du roi de Sardaigne, par » ses alliances de famille ; celles de l'Angleterre par » sa rivalité et par ses intérêts politiques; enfin >> tout ce qui tenait en Europe aux prérogatives >> des couronnes, à la cause des opinions religieuses, aux distinctions de la noblesse, de» vait se réunir contre la France 1. »

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A tant de chances défavorables, à tant de forces réunies, qu'avait à opposer notre pays? La force irrésistible d'une opinion nationale contrariée, la force des armées, composées de plus de patriotes que de soldats. La force de l'amour de la liberté, si féconde en miracles.

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L'opinion, dit un écrivain remarquable par >> ses vues saines et profondes, l'opinion dut armer >> un million d'hommes en France, et l'opinion >> les arma. Aux premiers bruits de guerre, les

1 Histoire de France depuis la révolution; par Toulongeon. t. II, p. 118, 119.

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villes, les villages, les hameaux envoyèrent une population armée; les routes furent couvertes de >> bataillons de gardes nationales. On forma d'a>> bord trois corps, l'un en Flandre, aux ordres » du maréchal Rochambeau; un sur la Moselle près de Metz, commandé par La Fayette; le >> vieux maréchal Lukner commanda en Alsace » dans les deux départemens du Rhin. Dumouriez dirigeait à la fois les opérations politiques et les opérations militaires '. »

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Histoire de France depuis la révolution, t. II, p. 119.

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