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Ainsi l'automne se composait des mois de vendémiaire, brumaire et frimaire;

L'hiver, des mois de nivóse, pluvióse et ventóse;

Le printemps, des mois de germinal, floréal et prairial;

L'été, de ceux de messidor; thermidor et fructidor.

Si, l'on compare cette nouvelle division de l'année à la division ancienne, les noms des mois, à ceux du calendrier grégorien, en mettant à part la routine et les préventions contre ses auteurs, on sentira facilement la supériorité du calendrier républicain '.

Ce calendrier fut en vigueur pendant treize années et quelques mois, depuis le 16 octobre 1793, jusqu'au 11 nivôse an XIII, c'est-à-dire jusqu'au 1er janvier 1806. L'empereur Napoléon l'abolit par son sénatus-consulte du 22 fructidor an XIII

1 Le cours de l'année, dans le calendrier grégorien, est mal divisé, les mois, inégaux sans motif, sont de 28, 30, 31 jours.

Les noms de ces mois ne se rapportent ni à nos institutions civiles, ni à notre doctrine religieuse; ils sont ceux de quelques Romains de l'antiquité, de quelques divinités du paganisme. Ceux qui portent des noms de nombre ne sont point placés suivant l'ordre numérique : ainsi le nom de septembre, qui indique le septième mois, est placé au neuvième ; celui d'octobre signifie le huitième, et il occupe la place du dixième ; il en est de même des mois de novembre et décembre. Ce ne sont pas les seuls inconvéniens du calendrier grégorien.

(9 septembre 1805); et par le même acte il rétablit le calendrier grégorien. Ce dernier, en usage chez presque toutes les nations de l'Europe et de l'Amérique, aurait discordé avec le calendrier républicain, et apporté quelqu'embarras dans les transactions des habitans d'une nation avec ceux d'une autre ; mais ce n'était qu'un des moindres motifs de l'abolition du calendrier de 1793. On l'accusait de tendre à déraciner de vieilles habitudes.

Pendant ces années de perturbations, d'alarmes et de malheurs, le champ des sciences et des arts fut agrandi par de notables progrès et d'utiles découvertes que la Convention protégea; j'en parlerai, mais je ne dois pas intervertir l'ordre des temps, ni attribuer à une époque ce qui appartient à une

autre.

Revenons aux événemens politiques.

Dans la séance du 20 août, on entendit Barrère, organe du comité de salut public, présenter à la Convention des mesures générales et extraordinaires que semblait commander l'état de crise où se trouvait la France. Il proposa une levée en masse de tous ses habitans en état de porter les armes, et une réquisition générale des hommes et des choses. « Il faut, dit-il, que la nation française fou» droie, d'ici au 15 septembre, tous ses ennemis, » Les femmes, dont une partie a paru jusqu'à ce » jour une classe étrangère, seront aussi requises; >> leurs travaux seront indiqués dans une instruc>>tion que le comité prépare. Si elles ne peuvent

>> aller aux armées, au moins elles feront des tentes » et les habits des soldats. »>>

Il proposa ensuite un décret qui appelle aux armées tous les citoyens français, met en réquisition toutes les industries; mais ce projet fut ajourné et ne fut reproduit, dans la suite, qu'avec des amendemens. La Convention se borna à ordonner une levée de quatre cent mille hommes.

Le 28 août, Barrère, pour subvenir aux dépenses d'une telle entreprise, fit décréter un emprunt d'un milliard qui serait spécialement payé par les riches.

Cependant, le général Custine, prisonnier à Paris, subissait, devant le tribunal révolutionnaire, un long interrogatoire qui, pendant près de quinze jours, remplit les pages de tous les jour

naux.

Les dominateurs de la Convention reprochérent au tribunal cette lenteur peu révolutionnaire '. Enfin, le 28 août, ce général fut condamné à mort et exécuté.

Alors, les anarchistes, après avoir immolé, sans obstacle, un général peu aimé, mais estimé de ses troupes, virent qu'ils pouvaient tout oser, et fu

Dans la séance du 20 août, l'accusateur public et le président du tribunal révolutionnaire vinrent à la barre de la Convention pour se justifier à ce sujet : « Cette affaire est très-chargée, dit le président, il n'a pas été perdu un seul instant, il reste encore une malle de papiers qui n'a pas

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encore été ouverte ; le tribunal ne manque pas de zèle, etc.»

rent autorisés à conduire plusieurs autres généraux à l'échafaud. Ils ne respectèrent plus rien, ni sexe, ni âge, ni notabilité, ni talens, ni services rendus à la liberté. Ils signalèrent, pour victimes, des hommes aussi recommandables par leurs vertus que par leurs talens; fouillèrent dans la conduite des premiers apôtres, des purs et zélés fondateurs de la liberté, et, sur de prétendues fautes, ils basèrent des accusations qui les conduisirent à la mort. Il semblait qu'on voulût les punir de la part honorable qu'ils avaient prise à la révolution; qu'on voulût, par cet exemple, détourner ceux qui pourraient à l'avenir les prendre pour modèles, et poser en principe que telle serait, désormais, la fin malheureuse de tous ceux qui tenteraient, par de nouvelles institutions, d'améliorer l'état des gouvernemens. Les puissances étrangères avaient un grand intérêt à ce que ces hommes fussent considérés et punis comme des criminels.

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Tels furent les fruits amers de la journée du 2 juin, des manoeuvres de l'étranger et de la présence de Robespierre au comité de salut public.

Depuis quelque temps on apercevait dans la Méditerranée une flotte considérable composée de bâtimens anglais et espagnols: on savait qu'elle menaçait Toulon ; et l'amiral Hood qui la commandait avait des intelligences dans cette ville.

L'armée du général Carteaux qui avait vaincu celle des Marseillais, dite des Fédéralistes, et as

sujetti plusieurs villes situées sur les bords du Rhône, y avait fait triompher le parti des dominateurs de la Convention, des auteurs de la journée du 2 juin. Il résulta de cette conquête une réaction inévitable. Les vainqueurs exercèrent sur les vaincus les traitemens qu'ils en avaient éprouvés; ils mirent en liberté les prisonniers de leur parti, el emprisonnèrent ceux du parti contraire. Marseille se débattait encore; mais cette ville devait céder à la force des armes. « On laissa Marseille > secouer le joug des jacobins ; mais on maintint » la lutte dans Toulon, afin que les royalistes et ce

qu'on appelait les modérés, insuffisans pour se >> maintenir par eux-mêmes, et trop faibles pour se passer d'appui, se décidassent à accepter le >> secours étranger qui leur était offert '. »

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A Toulon le parti contraire aux dominateurs les républicains modérés, les ennemis des excès, les royalistes déguisés, appréhendaient le sort des Marseillais, lorsque l'amiral Hood, qui commandait l'escadre anglaise, envoya un parlementaire aux sections de Toulon, avec une proclamation qui contenait l'offre de secourir et protéger les habitans.

Cependant des émissaires, des agens de l'étranger travaillaient, s'agitaient auprès des sections de Toulon, et mettaient en jeu tour à tour les mo

Histoire de France depuis la révolution, par Toulongeon. t. IV, p. 66.

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