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n'ont pas oublié l'affaire du congrès de Rastadt. Les émigrés reprochaient aussi à ce ministère son défaut de désintéressement dans les secours qu'il leur accordait et sa proclamation du 20 juillet qui défend aux mêmes émigrés l'entrée dans les pays conquis, sur le territoire français, et qui maintient provisoirement le séquestre mis sur leurs biens.

Dans ce temps d'irritation et de crainte, où le régime de la terreur se signalait par d'affreux ravages, où les prisons encombrées devenaient insuffisantes aux nombreuses victimes, on fut obligé d'en créer de nouvelles on convertit le palais du Luxembourg en lieu de détention. De plus, Robespierre, depuis le 27 juillet, nommé membre du comité de salut public, faisait redouter un accroissement de rigueur et de tyrannie. Presque tous les généraux de la caste nobilière, décrétés d'accusation, étaient remplacés par des généraux roturiers. Dans quelques sections de Paris on avait fait la motion de brûler les bibliothèques. Il est consolant de pouvoir, à cette époque sinistre, offrir à l'esprit des lecteurs quelque repos, quelque distraction satisfaisante.

Ce fut le 5 août que le dépôt, alors provisoire, des monumens français, établis dans l'église et le couvent des Petits - Augustins, fut pour la première fois ouvert au public.

Quelques jours après, le Muséum des tableaux vases et autres effets précieux, tirés des édifices publics et des maisons royales, fut aussi offert à la

curiosité des amateurs. On remarqua, dans le choix de ces tableaux, les effets de la haine qu'inspirait la royauté, ou plutôt de la crainte d'être soupçonné d'y être attaché. Les effigies des rois, presque tous les tableaux de la galerie de Rubens, les batailles de Louis XIV, peintes par VanderMeulen, etc., etc., en furent impitoyablement exclus. Ils étaient pour les yeux républicains des objets de scandale.

Une invention, d'une grande importance, jusqu'alors à peu près inconnue, fut offerte au comité de salut public, puis à l'examen des savans, et enfin adoptée. Un décret de la Convention, du 26 juillet, ordonna l'établissement des télégraphes, et le premier essai s'en fit à l'occasion de la reprise de Condé. M. Claude Chappe, auteur de cette invention, fut créé ingénieur - télégraphe.

Un nouveau calendrier fut substitué à l'ancien. Le comité d'instruction publique, composé en grande partie d'hommes de lettres et de savans, fit, le 5 octobre 1793, son rapport sur ce calendrier. Voici les principaux articles du décret rendu par suite de ce rapport.

« L'ère des Français compte de la fondation de » la république, qui a eu lieu le 22 septembre » 1792 de l'ère vulgaire, jour où le soleil est ar» rivé à l'équinoxe vrai d'automne, en entrant dans » le signe de la balance, à neuf heures dix-huit mi>>nutes trente-deux secondes du matin pour l'Obser

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usages

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>> de chaque année est fixé à minuit, commen>>çant le jour où tombe l'équinoxe vrai d'automne » pour l'Observatoire de Paris. L'année est di» visée en douze mois égaux de trente jours cha» cun, après lesquels suivent cinq jours pour » compléter l'année ordinaire, et qui n'appar» tiennent à aucun mois : ils sont appelés les jours » complémentaires '. Chaque mois est divisé >> en trois parties appelées décades, distinguées >> entre elles par première, seconde et troisième. -Le jour, de minuit à minuit, est divisé en dix

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parties, chaque partie en dix autres, etc. »

Alors on data les actes et les lettres de tel jour du premier, du second mois, etc., de l'an II de la république.

Le 24 décembre suivant, un nouveau décret reproduisit le précédent avec quelques changemens et additions. On donna aux mois des dénominations significatives des divers états de l'atmosphère dans le cours de l'année, et des divers travaux champêtres; les noms des trois mois qui composent chacune des quatre saisons reçurent une même désinence.

1 Ces jours étaient nommés par les Grecs, Epagomènes. Un décret du 24 décembre suivant substitua, au nom convenable de jours complémentaires, le nom ridicule de sans-culotides. Le 7 fructidor an III, un décret de la Convention restitua à ces jours leur première dénomination.

T. II.

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