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Il propose aussi la confiscation des biens de toutes les personnes qui ont été ou qui seront hors la loi, la translation de la reine Marie-Antoinette à la Conciergeric et son renvoi au tribunal révolutionnaire; la déportation de tous les individus de la famille royale, à l'exception des deux enfans; quant à la princesse Elisabeth, il propose sa déportation après le jugement de Marie-Antoinette; la destruction de tous les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, qui se trouvent dans l'église de

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Saint-Denis et ailleurs; il propose enfin l'incarcération de tous les étrangers des pays avec lesquels les Français sont en guerre et non domiciliés en France avant le 14 juillet 1789, et l'apposition des scellés sur leurs papiers.

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Ces propositions furent adoptées; elles étaient énergiques, rigoureuses, mais plusieurs semblaient' nécessaires. Un gouvernement, pour son propre salut, a droit de tout faire contre des ennemis qui font tout pour le détruire. On ne juge pas aussi favorablement d'autres mesures dirigées contre la famille royale; on n'en voit point la nécessité, aucun besoin ne les justifie, et si elles ne sont pas inspirées par quelques ambitions secrètes, elles doivent l'être par un misérable sentiment de haine ou de vengeance.

Les mesures révolutionnaires acquéraient un nouveau degré de sévérité. Dans la séance du 29 juillet, le comité de salut public ne trouvant pas le tribunal révolutionnaire assez expéditif, imagina, pour doubler la vitesse de son action, de créer deux sections de ce tribunal, composée chacune d'un même nombre de juges.

Pendant que le gouvernement français prenait une attitude aussi menaçante, et réunissait tous ses moyens de force, il s'occupait aussi des moyens d'entraînement et de séduction propres à rallier les Français aux nouveaux gouvernans, et à effacer les impressions de mécontentement qu'avaient laissées les attentats du 2 juin.

Déjà les sections de Paris avaient célébré, au 14 juillet précédent, dans une cérémonie pompeuse, l'acceptation de la nouvelle constitution; il fallait obtenir cette acceptation de l'universalité des Français. Un décret rendu le 27 juin, sur un rapport fait par Barrère au nom du comité de salut public, avait convoqué les assemblées primaires pour accepter l'acte constitutionnel. Chaque assemblée primaire devait envoyer à Paris une expédition du procèsverbal d'acceptation, et un citoyen pour le porter et se réunir à une fête nationale, nommée fête de l'unité et de l'indivisibilité de la république. Plusieurs milliers de commissaires des départemens se rendirent donc à Paris; d'immenses préparatifs furent faits pour les recevoir, et maîtriser leurs esprits par le véhicule des sens.

Le 10 août, du grand matin, fut commencée la celébration de la fête de l'unité et de l'indivisibilité de la république. On se réunit d'abord sur l'emplacement de la Bastille. Là, au milieu des décombres de cette vieille prison, s'élevait la fontaine de la Régénération. Une figure en plâtre, assise et colossale, représentait la nature; elle pressait de chaque main ses mamelles, d'où sortaient deux jets qui se versaient dans un vaste bassin. Les commissaires tour à tour se présentèrent et y puisèrent, avec une coupe d'agathe, de cette eau régénératrice qu'ils burent tous dans cette même coupe au bruit des canons et d'une musique nationale.

Après cette cérémonie, le cortége, composé de

plusieurs groupes civils et militaires, fit quelques stations, et arriva à la place de Louis XV, nommée alors place de la Révolution. Sur le piédestal de la statue équestre de ce roi, s'élevait une statue colossale assise, c'était celle de la Liberté. D'une main elle s'appuyait sur une haste, de l'autre elle tenait le globe terrestre. Cette figure a subsisté jusque sous le règne de Bonaparte.

Une autre station se fit sur la place des Invalides. Là était, sur un piédestal, une figure insultante pour la majorité de la Convention qui avait improuvé la journée du 2 juin. Cette figure, représentant le peuple français, était armée d'une massue et faisait rentrer le fédéralisme dans son marais. fangeux.

La dernière station eut lieu au Champ-de-Mars; on y exécuta plusieurs exercices. Le président de la Convention, monté sur l'autel de la patrie, proclama la constitution et l'acceptation du peuple qui, réuni autour de l'autel, jura de la défendre. La musique, les salves d'artillerie, des chants patriotiques accompaguaient les diverses scènes de

cette fête.

Si les ennemis de la république avaient des re

1 On appelait le Marais, le côté droit de la salle de la Convention, côté où siégeaient les députés improbateurs de la journée du 2 juin; les auteurs ou partisans de cette journée se plaçaient au côté opposé et sur les bancs élevés qu'on nommait la Montagne.

proches fondés à faire aux républicains, ceux-ci étaient bien autorisés à leur en adresser.

Dans les derniers jours de juillet, le gouvernement de France envoyait deux ministres revêtus du caractère public, l'un, M. Maret, était destiné à l'ambassade de Venise; l'autre, M. Sémonville, à celle de Constantinople.

Ils séjournèrent à Coïre avec leur suite. Le ministre impérial près des Grisons exigeait que ces deux diplomates fussent arrêtés. Les magistrats de cette république s'y refusèrent et fondèrent leur refus sur leur état de neutralité. En conséquence ces magistrats autorisèrent les deux ambassadeurs Français à continuer leur voyage. Ils se rendirent à Chiavenne, puis dans la Valteline où ils furent faits prisonniers par des troupes impériales qui les attendaient au passage. Leurs voitures, leur bagage, les sommes et les présens qu'ils portaient, furent saisis, eux et leur suite furent conduits à Mantoue ils ne recouvrèrent leur liberté qu'au mois de novembre 1795, et rentrèrent en France avec le général Beurnonville et les quatre députés Dumouriez avait livrés à l'Autriche 1.

que

Cette violation du droit des gens qui fait connaître le degré d'acharnement où s'étaient élevées les passions des nations belligérantes, ne fut pas la dernière violation de ce genre qu'on ait à reprocher au ministère autrichien. Les républicains

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