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des généraux Custine, Dillon, Biron, Westermann, Sandoz, L'Écuyer, Ligneville, Miranda, Lamarlière, etc. Des milliers de faits semblables, à la fin de juin ou pendant le cours de juillet, avaient lieu à Paris, et les autres parties de la France offraient des tableaux non moins affligeans, non moins variés, non moins intéressans.

Une grande partie des départemens était tourmentée par de violentes convulsions; une réaction épouvantable s'opérait les administrateurs des départemens, qui avaient pris part à la coalition du Calvados, pour faire oublier leur faute, affectaient une soumission entière; frappés de terreur, ils en frappaient à leur tour leurs subordonnés, et persécutaient pour n'être point persécutés. Dans d'autres départemens éclataient des dissensions civiles, des actes violens, des perfidies; on se poursuivait, on se dénonçait, on cherchait à échapper à la prison ou à l'échafaud; ailleurs on se réunissait en corps d'armée, et on se disposait à combattre ses compatriotes pour le succès de son parti.

Les Marseillais prirent cette dernière résolution. Ils soumirent plusieurs villes, et marchaient à Lyon pour de-là se rendre à Paris et y expulser les dominateurs de la Convention. De part et d'autre on croyait sa cause juste; tous étaient de bonne foi, excepté leurs chefs vendus aux factions etrangères.

Le général Carteaux arrêta l'armée marseillaise près de Tarascon, et parvint à réduire les insurgés.

Un parti de la ville de Lyon qui attendait le secours de Marseillais résolut de résister seul au parti qui lui était opposé et au gouvernement. Les malheureux habitans, irrités,égarés par leurs chefs, s'entre-détruisaient avec acharnement. Le parti triomphant était sans pitié et le parti vaincu implacable.

La Vendée offrait en même temps tous les désordres, toutes les horreurs de la guerre civile. La ville de Saumur, prise par l'armée des rebelles, venait d'être reprise par celle des républicains. Les succès et les revers de l'une et de l'autre étaient autant de calamités.

Sur les frontières des Alpes et des Pyrénées, on s'attaquait, on se défendait avec une égale ardeur.

La frontière du nord se trouvait dans la situation la plus alarmante. On s'y défendait avec courage; mais les ennemis très-nombreux gagnaient toujours du terrain. La retraite de nos armées permettait aux troupes des rois coalisés d'assiéger nos places fortes de première ligne. Condé, dont les habitans et la garnison avaient épuisé tous leurs vivres, et qui étaient, depuis plusieurs semaines, réduits à se nourrir d'une faible ration de la chair des chevaux, fut obligé, le 10 juillet, d'ouvrir ses portes aux Autrichiens qui, le 13 de ce mois, y firent leur entrée.

Le 23 juillet, la ville de Mayence, après un siége d'environ quatre mois, capitula. Les ennemis y

trouvèrent une artillerie immense. La garnison, forte d'environ dix-sept mille hommes, sortit avec les honneurs de la guerre et promit de ne point servir contre les puissances coalisées. La Convention, dans la séance du premier août, décréta que cette garnison serait transportée, en poste, dans la Vendée, et qu'il serait délivré au ministre de la guerre trois millions pour les frais de ce transport.

Voilà en France le premier exemple d'une armée entière transportée par des chevaux de poste.

Custine, le 28 juillet, décrété d'accusation, et les officiers de la garnison de Mayence, mis en arrestation, furent conduits à Paris.

fut

Le 28 juillet, Valenciennes, après quarante-un jours d'un bombardement continuel qui ne fut pas même interrompu pendant les nuits; bombardement qui avait détruit une grande partie des maisons, encombré de ruines tous les quartiers, de telle sorte qu'on ne reconnaissait plus les rues, forcée de capituler. Malgré ces désastres, les Autrichiens, qui avaient perdu vingt-deux mille hommes à ce siége, auraient été forcés de le lever, s'ils n'avaient eu dans la place des intelligences et des partisans qui les servirent puissamment.

Ce fut à l'occasion de ces revers que, le 1er août, Barrère, au nom du comité de salut public, fit à la tribune de la Convention un rapport où il ne déguisa point la situation alarmante du gouvernement....« Il faut prendre à la fois, dit-il, des me

sures vastes, promptes, et surtout vigoureuses; >> il faut que le même jour vous frappiez l'Angle>> terre, l'Autriche, la Vendée, le Temple et les >> Bourbons. Il faut qu'au même instant les acca>> pareurs, les royalistes et les agens des puissances >> coalisées soient accablés. Il faut que la terrible >> loi de représailles soit enfin exécutée sur les

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étrangers qui, abusant de l'hospitalité, la pre» mière vertu d'un peuple libre, viennent le cor» rompre, paralyser ses moyens, ou tramer des perfidies au milieu de nous. Il faut que l'Autriche » frémisse, que la royauté soit extirpée dans ses >> racines, que la Vendée soit comprimée par des >> moyens violens, et que nos frontières cessent >> d'être déshonorées par des hordes barbares. >>

Le rapporteur parle ensuite des émissaires du ministère anglais, des papiers qui constatent ses projets d'incendie, d'assassinats et de fausse monnaie1. Il ajoute que ces projets ont, quant aux incendies, été mis à exécution. « Nous avons éprouvé des in» cendies à Douai, à Valenciennes, à la voilerie » du port de l'Orient, dans le parc où l'on faisait >> des cartouches, et dans le parc d'artillerie à Che»aillé et près de Saumur.

» Les papiers trouvés sont imprégnés de pro»jets d'assassinats par les mains des femmes et » des prêtres, et nous avons jusqu'ici trois repré

1

Quelques paragraphes de ces papiers sont cités ci-dessus, pag. 350 et suiv.

>> sentans du peuple, trois patriotes républicains, » frappés du fer des assassins, etc.

» Dubois de Crancé nous écrit, dit-il : j'ai la » preuve d'un fait bien étonnant; c'est que les ha» bitans de Lyon ont reçu de Pitt, par Genève, » quatre millions en numéraire. » Ensuite Barrère, après avoir produit la liste des attentats du gouvernement anglais, parlé de la prise de Valenciennes et d'autres places de la frontière du Nord, propose l'établissement d'un camp intermédiaire entre Paris et l'armée du Nord, l'envoi de nouveaux commissaires dans cette armée, la nomination du général Houchard pour la commander, et celle du général Ferrières pour remplacer ce dernier dans le commandement de l'armée de la Moselle; de transporter en poste l'armée de Mayence dans la Vendée, d'envoyer des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis, les genêts de la Vendée, d'abattre les forêts, d'abattre les récoltes, de saisir les bestiaux, etc. '.

J'ai donné l'état des armées de la république au premier mars 1793 (voyez présent volume, page 293 ), je vais joindre leur état au mois d'août de la même année.

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