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>>tement des Bouches-du-Rhône. Barbaroux lui

que

>> fait observer la recommandation d'un pros>> crit serait plus nuisible qu'utile; mais il offre » d'écrire à son ami Duperret, dont il promet les >> bons offices. Elle accepte et se retire. Bar>> baroux oublie sa promesse; elle revient ; il s'ex>>cuse, et lui envoie la lettre le lendemain. Elle l'en >> remercie par écrit, lui apprend qu'elle va par>> tir, et lui promet de l'informer du succès de son >> voyage.

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Quand je n'aurais pas vu sa lettre, je ne m'en » rapporterais pas moins au récit de Barbaroux; » et si j'avais pu douter de sa véracité, il m'aurait >> suffi de considérer que leur entrevue se passa » dans une salle ouverte qui servait de passage à >> toute la maison, et en présence d'un vieux do» mestique qui ne les quitta point un seul ins

>> tant 1. >>

Il n'y a point d'apparence que Barbaroux connût les projets de Charlotte Corday.

Munie de la lettre qu'elle avait obtenue de ce député, ferme dans ses desseins, elle en adressa une à son père qu'elle mit à la poste au moment de son départ de Caen; en voici la substance: lorsqu'il la recevra, elle ne sera plus en France; elle ne croyait pas qu'on pût, de long-temps, y vivre tranquille, et elle le priait de ne faire aucune re

Mémoires de Meillan, pages 75, 76. (Collect. B. F.)

T. II.

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cherche, parce que personne ne savait encore où elle allait.

Elle part pour Paris et y arrive le 11 juillet, va voir Duperret, lui remet la lettre qui lui était adressée, l'engage à se rendre avec elle chez le ministre ; il était absent : alors Duperret la conduisit à une séance de la Convention.

Le 12 juillet, elle écrivit à Marat qui, malade depuis trois jours, ne paraissait plus aux séances; voici sa lettre : « Citoyen, j'arrive de Caen; votre >> amour pour la patrie vous fait sans doute dési>> rer de connaître les événemens qui ont eu lieu >> dans cette partie de la république; je me pré>> senterai chez vous vers une heure, ayez la bonté » de m'y recevoir : je vous mettrai à même de >> rendre un grand service à la France. »

Le lendemain 13 juillet, elle se présenta chez Marat, et ne pouvant être admise, elle y laissa un billet ainsi conçu : « Avez-vous reçu ma lettre? Si » vous l'avez reçue, je compte sur votre complai>>sance : il suffit que je sois malheureuse pour avoir >> droit à votre attention. »

Le soir du même jour, entre sept et huit heures, elle se rend en voiture chez Marat '; elle entre, demande à lui parler sans témoins, des femmes s'opposent à ce qu'elle pénètre jusqu'à Marat qui se trouvait alors dans le bain. Au bruit de la de

Il demeurait rue des Cordeliers, aujourd'hui nommée de l'École-de-Médecine, en face de la rue de Touraine.

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Billet écrit par Marat dans sa

Marat dans sa baignoire, après avoir été
Charlotte Corday”; adressé au Citoyen Gusman.

afsassiné par Charlotte Corday

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mande et du refus, Marat appelle, et informé de la présence de la jeune personne qui lui avait écrit le matin, il la fait introduire près de lui.

Charlotte Corday l'entretint d'abord de l'insurrection du Calvados, des proscrits et des administrateurs de Caen et d'Évreux. Marat, entendant prononcer les noms de ces derniers, dit que sous peu de jours il les ferait guillotiner. A ces mots Charlotte tire, de dessous sa robe, un long couteau qu'elle plonge tout entier dans le corps de Marat. On l'entend pousser des cris, on accourt; les voisins arrivent et arrêtent l'assassin qui se sauvaît. Les médecins visitent le blessé et jugent la blessure mortelle ; quoique le couteau l'eût percé de part en part, il vécut assez pour adresser un billet à son ami Gusman. Voici ce billet dont l'original, écrit d'une main tremblante, est sous mes yeux :

« Les barbares, mon ami, ne m'ont pas voulu >> laisser la douceur de mourir dans vos bras

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;

j'emporte avec moi la consolante idée que je >> resterai éternellement gravé dans votre cœur. » Ce petit présent, tout lugubre qu'il est, vous >> fera souvenir du meilleur de vos amis, portez>> le en mémoire de moi, et vous jusques à mon » dernier soupir. Signe Marat 2. »

1

Ici un mot est oublié, peut-être a-t-il voulu écrire : Tout

à vous.

2 Jean-Paul Marat, né en 1744, à Boudry, comté de Neuf

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