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son acte d'accusation; il sera fait une adresse à tous les Français, laquelle sera envoyée aux départe→ mens et aux armées. La Convention nationale assistera aux funérailles de Michel Le Pelletier; les honneurs du Panthéon lui seront décernés, et son corps y sera déposé. Le président est chargé d'écrire au département de l'Yonne et à la famille Le Pelletier

Dans la séance du 22 janvier, Chénier fit sur l'assassinat de Le Pelletier un discours éloquent, et proposa un projet de décret qui fut adopté ainsi qu'il suit :

La Convention tout entière, le jeudi 24 janvier, l'an 2 de la république, à huit heures du matin, assistera aux funérailles de Michel Le Pelletier; elles seront célébrées aux frais de la nation; sur sa tombe seront gravées ces dernières paroles qu'il a prononcées : Je suis satisfait de verser mon sang pour la patrie; j'espère qu'il servira à consolider la liberté, l'égalité, et à faire connaître ses ennemis.

La pompe funèbre de Le Pelletier fut, au jour indiqué par le décret, célébrée avec éclat et un religieux recueillement.

A dix heures du matin, son lit de mort fut placé sur le piedestal où s'élevait jadis la statue équestre de Louis XIV, place Vendôme. Quatre candélabres de forme antique entouraient ce piédestal, sur lequel on voyait un lit, des draps ensanglantés, et le corps de Michel Le Pelletier. Ce corps, dé

couvert jusqu'à la ceinture, laissait voir la large blessure qu'il avait reçue. On y voyait aussi le sabre dont Pâris l'avait frappé.

Le président de la Convention posa ́ sur la tête du défunt une couronne de chêne; un discours fut prononcé, et le cortége, à deux heures aprèsmidi, au son d'une musique lugubre, de la com position de M. Gossec, se mit en marche.

On y remarquait un groupe composé de la famille du défunt, suivi de mères conduisant leurs enfans.

Parmi les décorations qui caractérisaient cette pompe funèbre, on voyait plusieurs bannières, sur l'une desquelles étaient inscrites les dernières paroles de Le Pelletier; on y voyait aussi ses vêtemens sanglans et une statue de la liberté. Ce cortége se composait d'environ quatre mille hommes.

Après diverses stations où se faisaient entendre une musique analogue à la fête et le son des tambours voilés, le cortége arriva au Panthéon. Le corps fut déposé sur une estrade, autour de laquelle la Conventiou nationale étaït rangée; alors la musique placée dans les tribunes exécuta des

chants funèbres.

Le frère de Michel Le Pelletier prononça un discours très-animé qu'il termina par ces paroles: Je vote, comme mon frère, la mort des tyrans.

Barrère prononça un discours dans le but d'inviter les assistans à l'union, et leur fit jurer de n'avoir qu'un même esprit pour sauver la patrie.

Quelques soldats déposèrent sur le corps du défunt des couronnes civiques. Puis le président prononça un discours précis, énergique et analogue à la cérémonie. Un hymne à la liberté termina cette fête funèbre.

Dans la séance du 25 janvier, les frères et la fille de Le Pelletier se présentèrent à la barre. Félix Le Pelletier, celui qui la veille avait prononcé un discours au Panthéon, tenant sa nièce dans ses bras, l'offrit à l'Assemblée: Elle vient, dit-il, vous témoigner sa reconnaissance. Alors un député proposa à la Convention d'adopter cette jeune personne. Cette adoption fut décrétée dans la suite.

Revenons à l'assassin Pâris. Le 29 janvier, il était couché dans une auberge de Forges-les-Eaux, département de la Seine-Inférieure. N'ayant ni passeport ni congé, les gendarmes lui ordonnèrent de les suivre à la municipalité. Il demanda le temps de s'habiller, puis, se tournant vers la ruelle, il prit un pistolet, en mit le canon dans sa bouche et se fit sauter la cervelle.

Son extrait de naissance et son brevet de garde-ducorps, trouvés sur lui, prouvèrent qu'il était Pâris, l'assassin de Michel Le Pelletier.

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