Page images
PDF
EPUB

délai, mais s'en rapporta, pour quelques autres demandes, à la justice et à l'humanité du pouvoir exécutif.

Pendant les appels nominaux, le 17 janvier, le chargé d'affaires de la cour d'Espagne adressa au président de la Convention une lettre par laquelle il promet que le roi son maître interviendra pour ramener la paix entre la France et les puissances. étrangères, si la Convention veut adoucir la destinée de Louis XVI. Cette démarche fut sans succès.

Le 21 janvier 1793 était le jour fatal. Louis, à neuf heures et demie du matin, fut conduit sur la place de Louis XV, dite alors de la Révolution.

Je me serais borné à dire que ce malheureux roi y termina sa carrière; mais une relation très-peu connue, et dont j'ai l'original sous les yeux, offre des détails exacts et précieux sur ses derniers momens. Je dois la reproduire ici c'est l'exécuteur Sanson qui va parler.

:

<< Descendant de la voiture pour l'exécution, on » lui dit qu'il fallait ôter son habit; il fit quelques » difficultés, en disant qu'on pouvait l'exécuter » comme il était. Sur la représentation que la chose » était impossible, il a lui-même aidé à ôter son >> habit. Il fit encore la même difficulté lorsqu'il s'agit de lui lier les mains qu'il donna lui-même lorsque la personne qui l'accompagnait lui eut » dit que c'était un dernier sacrifice. Alors il s'in» forma si les tambours battraient toujours. Il lui » fut répondu qu'on n'en savait rien, et c'était la

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» vérité. Il monta sur l'échafaud et voulut s'avancer >> sur le devant, comme pour parler; mais on lui >> représenta que la chose était impossible. Il se >> laissa alors conduire à l'endroit où on l'attacha » et d'où il s'est écrié très-haut: Peuple, je meurs » innocent; ensuite, se retournant vers nous, il » nous dit : Messieurs, je suis innocent de tout ce qu'on m'inculpe; je souhaite que mon sang puisse » cimenter le bonheur des Français. Voilà ses vé>> ritables et dernières paroles. L'espèce de petit » débat qui se fit au pied de l'échafaud, roulait » sur ce qu'il ne croyait pas nécessaire qu'il ôtât » son habit, et qu'on lui liât les mains. Il fit aussi la proposition de se couper lui-même les cheveux. >> Pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu >> tout cela avec un sang-froid, une fermeté » nous a tous étonnés. Je reste très-convaincu >> qu'il avait puisé cette fermeté dans les principes » de la religion dont personne ne paraissait plus pénétré et plus persuadé que lui.

[ocr errors]
[ocr errors]

Signé Sanson, exécuteur des jugemens criminels. >>

Le roi, avant de quitter sa prison, remit aux commissaires son testament qu'il avait rédigé dès le 25 décembre 1.

1

On y remarque ce passage : « Je recommande à mon fils, » s'il avait le malheur de devenir roi, de songer qu'il se doit >> tout entier au bonheur de tous ses concitoyens....., qu'il

» ne peut faire le bonheur du peuple qu'en régnant suivant » la loi. »>

1

[graphic][merged small][ocr errors][merged small][subsumed][merged small][merged small][merged small]

Un homme, transporté de fureur à la nouvelle de la condamnation de Louis XVI, céda au désir de venger ce roi par un exemple éclatant. Cet homme, nommé Páris, garde-du-corps, se rendit, le dimanche 20 janvier, chez Février, restaurateur du Palais-Royal. Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau, membre de la Convention, ayant diné chez ce restaurateur, était au comptoir pour payer son repas, lorsque Pâris s'étant informé si c'était là Le Pelletier, et en ayant eu l'assurance, l'aborda et lui dit : Étes-vous Le Pelletier?—Oui, lui répond celui-ci.- Quelle opinion avez-vous eue dans l'affaire du roi? - J'ai voté pour la mort, suivant ma conscience. Eh bien! reçois-en la récompense, dit Pâris en tirant son sabre et lui portant un coup mortel.

Le restaurateur accourt, et quoique plus faible que l'assassin, il le saisit et le retient quelques instans; mais celui-ci se débarrasse et prend la fuite.

Le ministre de la justice annonça sur-le-champ cet événement à la Convention, lui rendit compte des mesures qu'il avait prises pour faire arrêter l'assassin et ses complices et pour saisir leurs papiers. Après ce rapport, la Convention rendit un décret en huit articles, dont voici la substance :

Il y a lieu à accusation contre Pâris, ancien garde-du-corps. Le conseil exécutif provisoire est chargé de poursuivre et punir le coupable et ses complices par les mesures les plus promptes; les comités des décrets et de législation rédigeront

T. II.

24

« PreviousContinue »