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CHAPITRE VI.

OUVERTURE DE LA SESSION DE LA CONVENTION NATIONALE, ABOLITION DE LA ROYAUTÉ EN FRANCE, AGITATION DES PARTIS, INFLUENCE DU MINISTÈRE ANGLAIS, MOTIFS DES PUISSANCES DANS LEUR GUERRE CONTRE LES FRANÇAIS, SIÉége de lille BATAILLE DE JEMMAPES, CONQUÊTES DE DUMOUriez,

FECTION.

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Il n'est pas prouvé, mais plusieurs circonstances portent à croire qu'il existait un projet tendant à empêcher la réunion des députés élus à la Convention nationale. Le député Lasource, organe du comité de surveillance de l'Assemblée législative, avait, dans la séance du 17 septembre, dénoncé ce projet '. Le 20 du même mois, le président de la section de Popincourt vint, à onze heures du soir, dans le lieu des séances de la Convention nationale, et annonça que beaucoup d'individus peu connus, tous enrégimentés et depuis long-temps prêts à partir pour les frontières, étaient retenus à Paris, on ne savait pourquoi; que, dans ce moment, on remarquait une grande fermentation parmi eux, et qu'ils parlaient d'aller massacrer quatre cents députés, etc. Ajoutons qu'à cette époque les murs de Paris se couvraient de placards séditieux, et qu'on

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Voy. ci-dessus, présent volume, p. 247.

T. II.

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parlait d'exécuter de nouveaux massacres dans les prisons et de piller le Mont-de-Piété. Si ce projet d'empêcher les députés de se réunir, et de dissoudre l'assemblée après l'ouverture de sa session, n'a pas été suivi de son exécution, il paraît avoir existé; mais ce qui est très-certain, c'est que les hommes soupçonnés de l'avoir formé cherchèrent à restreindre, comme je le dirai, la durée de cette session ; les ombres de leurs nombreuses victimes semblaient les poursuivre et remplir leur imagination de frayeurs; ils redoutaient la justice de la Convention, quoiqu'ils ne connussent pas encore ses dispositions: ils redoutaient le châtiment de leurs crimes.

Cette assemblée, après avoir tenu aux Tuileries, dans la journée du 19 et dans une partie de la matinée du 20 septembre, des séances destinées à la vérification des pouvoirs, envoya un message à l'Assemblée législative pour lui annoncer que Convention nationale était constituée.

la

Bientôt tous les membres de l'assemblée dont la session expirait se rendirent aux Tuileries auprès de l'assemblée naissante, et leur président, M. François de Neufchâteau, qui fut leur organe, prononça un discours éloquent où il félicita, conseilla les nouveaux députés, parla d'espérances, et termina en disant que le but unique des grands travaux de la Convention nationale devait être la liberté, la loi et la paix; on répondit à ce discours; on se fit des complimens. Vaines ostentations de talens, vœux stériles, déplacés au milieu des orages politiques,

inutiles pour l'homme probe, sans fruit pour l'homme pervers, et qui ne changent rien aux plans des factions et aux événemens qu'elles amènent!

Après ces discours de parade, les membres des assemblées sortirent deux à deux du château des Tuileries pour se rendre au lieu ordinaire des séances. On remarqua, pendant ce trajet, le duc d'Orléans qui, voulant sans doute prouver son assentiment au nom de l'Égalité que Manuel, depuis peu de temps, lui avait conseillé de prendre, s'accosta et prit le bras du député conventionnel, Armonville, un des moins apparens du cortége et qui ne s'est distingué, pendant la session, que par sa constance à garder le bonnet rouge.

La séance ne présenta d'abord que des propositions qui n'eurent pas de suite. Manuel voulait que le président de la Convention fût logé aux Tuileries et précédé dans sa marche par les insignes de la souveraineté et de la force publique. Mathieu demandait que la Convention, pour faire un acte de puissance illimitée, détruisît et rétablit sur-le-champ toutes les autorités constituées. Danton, pour dissiper les alarmes qu'avaient causées les projets de tribunat, de triumvirat et de loi agraire, proposa de déclarer qu'il ne peut y avoir de constitution si elle n'est acceptée par le peuple. Cette proposition fut adoptée.

On parla de juger Louis XVI; on demanda une déclaration solennelle sur la royauté; ce fut alors qu'un homme vénérable par ses mœurs, la droi

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