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à la municipalité de Versailles une lettre où il lui annonce l'arrivée de ces prisonniers et de leur nombreuse escorte, l'exhorte à pourvoir à leur logement et à leur nourriture, et lui recommande « les précautions les plus sages pour pré>> server de tous événemens des personnes qui, » sous le glaive de la loi, méritent tous les égards de l'humanité. » Le conseil municipal de Versailles jugea qu'il était dangereux d'introduire ces prisonniers dans cette ville, « où depuis plu» sieurs jours, porte son arrêté, des hommes per>> vers cherchent, par des instigations perfides, à égarer le civisme de cinq à six mille volontaires >> arrivés à Versailles, et à les porter à des exécu>>tions sanglantes. » En conséquence, il résolut de les loger dans les bâtimens de la Ménagerie où tout fut préparé.

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Le lendemain, 9 septembre, cette municipalité publia une proclamation très-propre à disposer les habitans en faveur des prisonniers, et à les recevoir avec les égards dûs au malheur. Les municipaux avaient aussi résolu de faire arriver l'escorte à la Ménagerie sans passer dans Versailles; mais les chariots, les canons, les caissons rendirent ce projet impossible.

Vers deux heures après midi, les prisonniers et leur escorte entrent dans Versailles, parcourent plusieurs rues, sont assaillis par les huées de quelques individus qui cependant ne paraissent pas disposés à se livrer à des excès. On arrive dans la

T. II.

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rue de l'Orangerie; l'inquiétude commence à se manifester.

Le maire, qui d'abord était placé à côté des chariots sur lesquels étaient les prisonniers, d'après l'avis qu'on lui donna que le peuple serait plus calme s'il se plaçait à la tête de l'escorte, se porta à l'avant-garde.

Le maire, avec cette avant-garde, traversait la grille de l'Orangerie, lorsqu'on lui crie que la multitude arrête les chariots contenant les prisonniers; alors il revient au galop, trouve le premier chariot entouré par une foule menaçante, et s'écrie: Ne vous déshonorez pas; laissez agir la justice; elle vous vengera des traîtres; il peut y avoir des innocens. Plusieurs répondent : Nous avons confiance en vous, vous êtes le maire de Versailles; mais vous êtes trop bon pour les scélérats; ils méritent la mort.

Le maire donne l'ordre de faire marcher les chariots; alors on lui dit : Livrez-nous au moins Brissac et Delessart; nous vous laisserons amener les autres; autrement ils périront tôt ou tard, nous irons à la Ménagerie; si nous les laissions aller, on les sauverait encore.

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La multitude avait fermé la grille de l'Orangerie, de sorte que l'avant-garde fut séparée du corps l'escorte. Quelques fonctionnaires tentent en vain de la faire ouvrir : le maire y réussit, se place entre les deux battans; mais il est enlevé de ce poste dangereux; la grille se referme, on l'ouvre de nouveau, elle se referme encore.

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Le maire fait plusieurs autres tentatives pour sauver la vie des prisonniers; il court vers le premier chariot, voit les sabres levés sur les malheureux qui s'y trouvent; il se jette au-devant des coups, en s'écriant: Quoi! vous qui devez étre les défenseurs de la loi, vous voulez vous déshonorer aujourd'hui? Ce ne sont pas les prisonniers que je pas qui m'intéressent le plus ; c'est vous, c'est votre honneur, citoyens, laissez agir la loi. « On ne l'écoutait pas : les hommes approchent » de plus près les prisonniers ; ils ont le sabre levé, >> ils vont frapper..... M. le maire se précipite sur >> le chariot; il couvre de son corps les prison>> niers qui s'attachent à son habit; il veut parler, » les sanglots étouffent sa voix; il se couvre la » têté, on l'enlève; il voit le massacre..... Le sang, » la mort, des cris plaintifs, des hurlemens affreux, des membres épars...... Quelques prisonniers parviennent à se sauver dans la foule; les autres » sont mis en pièces.

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Les prisonniers et leur escorte étaient arrivés à deux heures après midi à Versailles; à deux heures et demie, le massacre fut consommé.

Bientôt les meurtriers viennent déposer à la municipalité l'argent, les bijoux et les dépouilles sanglantes de leurs victimes.

Leur fureur n'était pas assouvie : ils se portent aux prisons de Versailles; ils s'autorisent de l'exemple de Paris, et l'imitent.

Le maire, M. Richaud, car il faut nommer ce

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