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des juges de paix ayant lancé des mandats d'arrêt contre des malfaiteurs, le peuple s'est jeté sur ces malheureux prévenus et les a égorgés.

Toutes les statues des rois, d'Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV, sont, dans la journée du 11, entièrement renversées '.

La municipalité provisoire arrête que les bustes de Louis XVI, de Bailly, de Necker et de La Fayette seront ôtés de la maison commune; cet arrêté s'exécute sur-le-champ, et ces bustes sont brisés.

On remarqua dans ces agitations tumultueuses des agens de troubles qui excitaient le peuple à fondre sur l'Assemblée nationale, afin de se défaire de tous ses ennemis ce fait fut dénoncé à cette Assemblée.

Le directoire du département de Paris, les comités des sections, sont suspendus; le comité central des juges de paix est supprimé; on licencie l'étatmajor de la gendarmerie, et on établit une cour martiale pour juger cet état-major et celui des Suisses.

Vers les sept heures du soir, le procureur de la commune, accompagné d'un cortége imposant, parcourt les rues de Paris et proclame le décret sur les Suisses qu'on avait sans obstacle transférés dans le palais Bourbon.

Louis XVI et sa famille avaient couché dans la

Un témoin du renversement de la statue de Louis XIII assure que cette opération était dirigée par un Anglais.

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chambre du bâtiment des Feuillans, où ils pouvaient recevoir librement toutes les personnes qui s'intéressaient à leur sort'. Madame Campan et autres dames se rendirent auprès de la reine qui leur dit : « Nous sommes perdus, nous voilà arrivés au moment où l'on nous a menés depuis » trois ans par tous les outrages possibles; nous >> succomberons dans cette horrible révolution; >> bien d'autres périront après nous. Tout le >> monde a contribué à notre perte : les novateurs

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comme des fous, d'autres comme des ambitieux, » pour servir leur fortune. Les jacobins voulaient » de l'or et des places, et la foule attend le pillage il n'y a pas un patriote dans toute cette » infâme horde '. Le parti des émigrés avait ses brigues et ses projets; les étrangers voulaient

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Le duc de Choiseul-Stainville se rendant auprès du roi aux Feuillans fut rencontré par le député Merlin de Thionville, qui lui dit : Si l'on vous voit, vous êtes perdu; le duc répond: Que voulez-vous, je les ai aimés puissans, je ne puis les abandonner malheureux. Vous faites bien, dit le député, c'est votre devoir, comme le mien est d'aller voter à l'instant la déchéance; mais gardez-vous des membres du comité de surveillance. Ce comité était voisin des pièces où la famille royale était logée.

1 Voilà comment on jugeait à la cour! On n'y voyait, en secret, que quelques intrigans, avides de pouvoir et de fortune, qui se disaient patriotes, et mettaient à prix leur influence populaire, et l'on croyait que le nombre immense des patriotes français leur ressemblait.

profiter des dissensions de la France tout le » monde a sa part dans nos malheurs '. »

Dans la séance du dimanche 12 août, l'Assemblée décréta que Louis XVI et sa famille seraient logés dans l'hôtel du ministre de la justice, place Vendôme; qu'il lui serait donné une garde pour sa sûreté, et alloué cinq cent mille francs pour la dépense de sa maison jusqu'au jour de la réunion de la Convention nationale. Bientôt après, une députation de la commune se présente, et demande que Louis XVI et sa famille soient logés au Temple avec une garde de vingt hommes que fourniront les quarante-huit sections. On fait observer à l'orateur que l'Assemblée vient de décréter que le roi serait logé dans l'hôtel du ministère de la Justice; alors cet orateur dit que la municipalité, étant responsable de la personne du roi, ne pouvait en répondre dans un hôtel entouré de maisons par lesquelles il serait facile de s'échapper, au lieu que le Temple est isolé et environné de hautes murailles.

L'Assemblée, déjà très-obséquieuse envers la municipalité provisoire, rapporta le décret qu'elle venait de rendre, et adopta sans discussion la proposition que lui faisait cette municipalité.

Le 13 au soir, le roi et sa famille furent transférés au Temple. Le maire Pétion était avec eux dans le même carrosse. Le roi, voyant la foule du

Mémoires de madame Campan, t. II, p. 253. (Collect. B. F.).

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