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dans laquelle le Prince Rakoczi fut inauguré, les Etats commencerent leurs Séances par la condamnation du jeune Abaffi, à caufe qu'ayant renoncé à la Principau té, en faveur de la Maison d'Autriche, il avoit par là contrevenu à la Capitulation, qu'il avoit promis de jurer, lors qu'il feroit parvenu à l'âge de Majorité; auffi ne lui avoient ils point fait hommage, ce qui affoiblit d'autant plus la prétendue ceffion de fon Droit en faveur de la Maifon d'Autriche, puis qu'ils ne l'avoient jamais reconnu par aucun Acte Authentique.

L'on peut raisonnablement conclurede tout ceci, que la Maison d'Autriche ne doit être regardée que comme ufurpatrice de cette Principauté, & on a lieu de s'at tendre de l'Equité & de la Juftice de ceux qui liront cet Ecrit, qu'ils feront perfua dez du Droit incontestable que les Etats de Transylvanie ont eu d'élire le Prince François Rakoczi pour leur Souverain & que ce Prince a lieu d'infifter for la poffeffion de cette. Principauté & d'en efpérer la Reftitution de l'Equité des Puiffances de l'Europe, qui font en état de la lui faire rendre.

Voyont quelles Raifons les y peuvent porter.

Il eft de l'interêt de touts les Puiffances de l'Europe, de faire en forte que cette Principauté fait rendue au Prince Rakɔczi, qui a été librement élû & proclamé par les Etats de Tranffylvanie.

Leur interêt, dis-je, les y engage; pour ne pas authorifer & donner lieu à des conféquences dangereufes pour eux mêmes des Ufurpations qu'une Puiflance fupérieure pourroit faire fur le plus foible, fous le feul prétexte de Bienféance.

Le Droit des Gens veut qu'on donne du fecours dans des cas extrémes à des sujets opprimez, à plus forte raifon eft il jufte & conforme au devoir du Chriftianisme & de l'humanité même, de faire rétablir des Principautez opprimées fous la foi d'une Alliance.

L'Hiftorie ancienne me meneroit trop loin, fi j'en voulois citer des exemples pour prover que les Puiffances de ces tems ont pris toûjours le parti des Princes ou des Républiques opprimées; Nous ne manquons pas d'exemples modernes, & on a vû rendre depuis plus d'un Sié

cle

cle par des Taitez de Paix dans tout l'Empire, en Italie, en Lorraine, en Holfein, dans le Palatinat, en Promeranie, en Suiffe, & en plufieurs autres Lieux, des ̊ Principautez en pleine Souveraineté, fur lefquelles des Puiffances prétendoient des Droits fous plufieurs Titres, & quelque fois fimplement par celui de Conquête; la Tranffylvanie eft à peu près dans le même cas, Elle a les mêmes Droits; Ne feroiton pas en fa faveur ce qu'on eft accoûtumé de faire pour les autres depuis tant de Siécles?

L'Empereur Ferninand II. ayant offert au Prince Bethlehem de Tranffylvanie & aux Hongrois Confédérez, pour guarants de ce qu'on leur promettoit, le Pape, les Rois de France & d'Efpagne; & le Prince de Tranffylvanie, George Ra koczi, ayant été compris dans le Traité de la Paix de Weffalie en qualité d'Allié de la Reine de Suede, & même l'Empereur Leopold ayant nommé pour l'inclufion dans la Paix de Nimegue le Prince de Tranffylvanie, le Prince & les Etats de cette Principauté ont lieu d'être perfua dez, que les Guarants de tous les Traitez ci-mentionnez, conviendront qu'on n'a

pas

pas pû dépouiller la Transylvanie de fes Libertez, & par conféquent non plus du Droit d'Election contre la teneur defdits Traitez de Paix. Et puifque toutes les Puiffances de l'Europe ont le deffein de maintenir ces Traitez qui fervent de fondement à la tranquillité de l'Europe, ils trouveront par là facilement des motifs & des moyens de rétablir le Prince Rakoczi en Tranffylvanie, & de le comprendre dans ce nouveau Traité.

On fuppofe que les Puiffances qui font en Guerre ne souhaitent rien plus ardem. ment que la tranquilité de leurs Peuples, après une Guerre fi fanglante, & qu'ayant auffi en vûë l'avenir, ils ont deffein de faire une Paix folide, ftable, & inébranhable, & dont leur Poftérité puiffe auffi jüir.

Mais Elle ne fera affeurement jamais ferme fans la Reftitution de la Transylva nie, de laquelle la fûreté des Libertez Spirituelles & Temporelles du Royaume d'Hongrie dépend inconteftablement, vû l'expérience du paffé. Car tandis que la Transylvanie a été libre, les Libertez Se culiéres & la Religion Proteftante floriffoient en Hongrie, au lieu qu'aprés fa fub

ju

jugation on foula aux pieds toutes le Libertez fondées dans la Capitulation des Rois d'Hongrie.

Je dis que cette Paix générale ne fera jamais ftable tandis que les Prétensions juftes du Prince Rakoczi fur la Tranfilvanie n'y feront pas ajustées, & que la Cour de Vienne ne fatisfera point aux ju◄ ftes Griefs de la Confédération, dont il eft Duc, & tandis que les Puiflances de l'Europe ne voudront pas prévenir par la Reftitution de la Transylvanie, la néceffité où ce Prince, les Hongrois, & les Tranffylvains opprimez feront toujours de faire valoir par les Armes, en toutes occafions leurs Prétenfions légitimes, & d'avoir même recours aux Turcs après l'expiration du Traité de Carlowitz.

Dans un pareil cas les Forces de Sa M. I. devroient être employées toutes en Hongrie & en Tranffylvanie, & il fe pour roit bien trouver quelque Puiffance qui tâcheroit de profiter d'une fi puiffante diverfion, ce qui obligeroit les autres Puiffances d'armer & ouvriroit une nouvelle scene d'une Guerre qu'on peut facilement prévenir, en faifant rendre juftice au Prince de Tranffylvanie.

On

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