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nante d'Inspruck, dont la santé très-chan- celante fait craindre pour ses jours.

Le Prince aîné d'Anhalt-Coëthen dont le père est mort à Semlin, quitte l'armée Impériale, et retourne dans sa Principauté, dont l'administration sera confiée, jusqu'à sa majorité, à la Princesse sa mère. Le Séniorat de la maison est dévolu actuellement au Prince d'Anhalt-Zerbst.

PAYS-B A S..

Des Frontières du Brabant, le 27 Novembre 1789.

On doit recevoir avec tant de défiance les rapports exagérés des deux Partis les communications sont tellement difficiles en divers lieux, les Correspondans qui vous mandent ce qui se passe en leur présence, se trouvent si embarrassés de savoir exactement ce qui survient à deux lieues de leur domicile, qu'on ne peut, sans témérité, sortir encore du récit des faits généraux. Tous donnent pour résultat les succès progressifs de la révolution, l'accession de la plupart des Villes de la Flandre, et de quelques-unes du Brabant, aux projets des Insurgens, les ressources de ces derniers, et le regret que ressentira la Cour de Vienne,

de s'être jetée sans provocation, peutêtre même avec des intérêts, dans une guerre gratuite contre ses Voisins, dont elle n'avoit éprouvé depuis un demisiècle que des témoignages d'amitié.

C'est cependant au milieu de cette guerre dévorante, qu'au mois de juin dernier, le Gouvernement, appuyé sur une foible armée de 17 à 18 mille hommes, crut pouvoir, sans danger, casser les Etats et le Conseil de Brabant. Par ces mesures, on crut soumettre invinciblement une Nation impatiente du joug dans tous les temps, et l'une de celles qui versa le plus de sang pour la défense de ses priviléges.

Les deux premiers Ordres des Etats, Je Clergé et la Noblesse, principalement molestés par ces innovations, dont quelques-unes cependant étoient évidemment favorables au Peuple, ont réuni leurs griefs à ceux qui paroissoient frapper sur la Nation elle-même. Les richesses et le crédit de ces deux Ordres leur assuroient une grande influence sur les Habitans, sur-tout en intéressant la Religion à la Cause publique. La suppression des Monastères, la réforme de l'Université de Louvain, le sequestre d'Abbayes opulentes, et d'autres nouveautés précipitées, ont grossi l'étincelle. A côté de vérités frappantes et de plaintes fondées, on trouve daus le grand Manifeste des Patriotes, des traits de fana

tisme religieux, qui rappellent que la même Nation préféra au 16°. siècle de retomber dans la servitude Espagnole, plutôt que de conquérir la liberté sous un Chef hérétique (1).

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Quoi qu'il en soit de ce procès politique, il est porté au Tribunal de la force, dont les premiers arrêts ont déja coûté beaucoup de sang. Aucune faute n'est perdue dans des circonstances pareilles. Le Gouvernement a d'abord paru mépriser les Mécontens; il les a attaqués avec des forces très-inférieures en multipliant les Déclarations comminatoires. Celles-ci ont peu effrayé, et de premiers avantages ont encouragé les Insurgens à en acquérir de nouveaux.

Il est vrai qu'après l'affaire de Turnhout, le Général Comte d'Arberg avoit forcé la petite armée des Mécontens à quitter la Campine, et à se réfugier de nouveau dans la Mairie de Breda; ensuite on forma un cordon pour les empêcher de pénétrer de nouveau dans le Brabant mais le bas Escaut et une partie de la Flandre, où l'insurrection commencoit à éclater, restoient ouverts, et les Patriotes ont habilement profité de cette ouverture. Le 9, ils traversèrent l'Escaut près de Lillo; et le 10, ils marchèrent par Saint-Nicolas sur Gand,

(1) Le Grand Guillaume I, Prince d'Orange.

Ville presque en entier dévouée à leurs intérêts, n'ayant pour toute défense qu'un vieux château à moitié démoli, et 400 hommes du Régiment de Clairfait aux ordres du Colonel Baron de Linden. Arrivés à Gand, les Patriotes s'empa'rèrent d'une des portes, et le plus grand nombre des Habitans se déclara en leur faveur. La Garnison assaillie avec vigueur, se défendit quelque temps avec intrépidité; elle emporta même 17 pièces de canon aux Insurgens, et après un carnage réciproque, elle se réfugia dans les casernes et le château.

Pendant qu'on l'y assiégeoit, le Général d'Arberg, à la tête de quatre mille hommes, accourut d'Anvers à son secours. Les premiers détachemens qu'il voulut faire entrer dans les rues, essuyèrent un feu continuel des maisons; il prit poste dans une Abbaye, et après avoir fait proclamer au son de tous les tambours, une sommation inutile de mettre bas les armes, il foudroya la ville avec des obusiers chargés à boulets rouges. On compte 60 à 80 maisons incendiées, et une infinité d'Habitans morts. ou blessés. Une foule d'autres prirent la faite, et abandonnant leurs demeures, se sauvèrent au Sas de Gand, à Bruxelles et ailleurs. Les Insurgens néanmoins, tinrent ferme, et, par leur résistance, obligèrent le Général d'Arberg à se retirer, et la Garnison de 400

hommes à capituler. Cette action dura le 14, le 15 et le 16. Pendant 48 heures, la Garnison tint au Château sans pain sans eau, sans vivres quelconques.

Bientôt l'alarme se répandit à Bruxelles. Des Estafettes y apportèrent, les jours suivans, la nouvelle que la plupart des Villes de la Flandre, Bruges, Courtrai, Alost, Ostende, etc. dépourvues de Garmison, avoient suivi le torrent, en ouvrant leurs portes aux Insurgens. Plusieurs Villes du Brabant annonçoient les mêmes dispositions. Sur ces entrefaites, Madame l'Archiduchesse, Gouvernante, et le Duc de Saxe-Teschen, son époux, quittèrent la Capitale, et se retirèrent à Bonn, chez PElecteur de Cologne. Le Ministère et la Chancellerie d'Etat ont été transférés à Luxembourg. Bruxelles est toujours sous les ordres du Général d'Alton, et gardé par six ou sept mille hommes. On a fait des dispositions pour défendre la Ville haute, en cas d'attaque. Jusqu'ici, les Insurgens ne se sont pas approchés, et l'on présume qu'ils tenteront avant, le siége de la Citadelle d'Anvers, où l'on croit qu'est retourné le Comte d'Arberg avec ses forces.

L'on a débité qu'à la prise de Gand, les Insurgens avoient pillé et incendié les maisons de plusieurs Officiers Civils, et que les Troupes Autrichiennes avoient massacré jusqu'à des femmes et des en

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