Page images
PDF
EPUB

fans. Ce sont là autant de faits qu'on ne peut affirmer qu'après en avoir acquis la certitude, et nous n'en voyons aucune dans le récit de ces horreurs. Les Insurgens d'ailleurs, paroissent dans l'abondance. Des Marchands Anglois et Hollandois leur ont apporté des munitions et de l'argent: il n'est même pas invraisemblable qu'ils ont reçu des secours plus secrets, et que, sans entendre participer ouvertement à cette révolution les Puissances qui veulent faciliter aux Turcs une paix moins désavantageuse qu'ils ne doivent l'attendre, ne sont pas fachées de susciter des embarras sérieux au nouveau Maître de Belgrade. Si l'on considère l'extrême importance pour la Prusse et la Pologne, de prévenir que les conquêtes des Alliés en Moldavie et en Servie, ne deviennent des acquisitions permanentes, on aura peut-être le mot de ces liaisons énigmatiques, que le vulgaire attribue à des intentions chimériques. Quant aux Hollandois, outre l'ascendant du Cabinet de Berlin sur leur politique, ils ont eu pour motif de leur conduite envers les Insurgens, celle que tint le Gouvernement Autrichien envers les Patriotes Hollandois, auxquels il fit un accueil très-favorable,en leur assurant un refuge, Cependant, les Etats - Cénéraux ne se sont pas écartés des devoirs du Droit des Gens et des Traités. A la demande.

du Gouvernement des Pays-Bas, ils ont interdit l'entrée de leur territoire aux Insurgens armés, et ont rendu la liberté aux Prisonniers, à qui ceux-ci avoient fait passer la frontière, En même temps, ils ont refusé de livrer M. Vander Noot qui, n'ayant commis aucun délit sur leur territoire, a eu droit d'y trouver asyle.

Le Gouvernement de Bruxelles auroit donné lui-même le thermomètre de sa situation, dans les deux Ordonnances suivantes, publiées le 20 et le 21, si l'on ne savoit qu'elles résultent des dernières instructions reçues, il y a quinze jours, de Vienne, où, probablement, on ne mesuroit pas encore l'étendue du danger. Le premier de ces Rescrits est de la teneur suivante :

JOSEPH II. Par la grace de Dieu, Empereur des Romains, etc. etc. Nous voyons avec douleur à quel excès sont parvenus les malheureux troubles que l'intérêt particulier a excités dans nos Provinces; un Parti rébelle a levé l'étendard contre notre autorité, et a déja entrainé une partie de nos Sujets; la guerre civile est commencée, et le sang de nos Sujets coule déja; mais il répugne à notre cœur de les regarder et de les traiter dès-à-présent en ennemis, et nous voulons au moins, avant que de Nous y voir forcés, tenter de les ramener de leur égarement, préférant la clémence à la sévérité, et sur-tout au juste ressentiment que des excès si atroces pourroient mériter, nous

les exhortons à rentrer en eux-mêmes et å recourir avec confiance à Nous comme à un tendre père, plutôt que de se laisser séduire par des conseils suspects et insidieux. Nous les exhortons à considérer que la voie des armes qu'on a choisie, est de toutes les voies possibles la plus mauvaise, puisqu'elle doit nécessairement entraîner la ruine de tout le pays et celle de chaque particulier; que cette voie auroit toujours indubitablement l'une ou l'autre de ces deux fâcheuses suites, ou de Nous irriter sans retour contre une Nation qui Nous auroit fait la guerre, et que nous ne pourrions, après l'avoir soumise, que considérer comme une conquête, ou de Nous obliger, en cas d'un abandon momentané, à venir l'écraser avec une force prépondérante; il n'est rien à quoi nous ne puissions Nous déterminer dans notre clémence pour écarter un pareil malheur, d'un Peuple qui Nous est toujours cher, et dont nous avons constamment desiré de faire le bonheur; nous sommes vraiment affligés de voir à quel point on a pu lui faire méconnoître nos intentions paternelles, et comment on a pu abuser du saint nom de la religion pour inquiéter les consciences de nos Sujets en leur inspirant des doutes sur nos principes, et nommément sur les vues dans lesquelles nous avions ordonné l'établissement d'un Séminaire-général à Louvain, qui cependant n'avoit d'autre but que d'augmenter le lustre du Clergé et de la Religion; nous avons déja, par notre Edit du 14 Août dernier, rétabli les Séminaires Episcopaux; et pour détruire absolument toute espèce de prétexte ultérieur de ce Chef, nous déclarons par la présente que

le Séminaire de Louvain doit venir entièrement à cesser; et que nous suspendons l'enseignement de la Théologie à Louvain, ainsi que du Droit Ecclésiastique à Bruxelles, jusqu'à ce que nous ayons pu prendre sur ces objets, avec qui il appartient, des arrangemens tels que la généralité de nos Sujets puisse en être pleinement appaisée. Nous croyons devoir donner au surplus à nos Sujets la consolation de leur dire que c'est avec une peine extrême que nous avons appris que, parmi le nombre de ceux que les circonstances et les indices de plusieurs complots criminels contre le repos et la sureté publique ont obligé l'autorité de faire appréhender, il s'est trouvé une quantité d'innocens; que pour prévenir de pareils inconvéniens, et garantir de tout notre pouvoir à nos bons et fideles Sujets la liberté et la sureté personnelle à laquelle, non plus qu'à leurs propriétés individuelles, nous n'avons jamais eu la moindre intention de toucher, nous venons de donner les ordres les plus exprès et les plus positifs pour que personne ne soit plus arrêté pour quelque cause que ce soit, autrement que selon les lois et les règles établies.

Finalement nous ne pouvons donner de preuve plus certaine de notre disposition à ouvrir notre sein paternel à ceux de nos Sujets qui se sont laissés séduire et entraîner dans le Parti rebelle, qu'en prolongeant, comme nous prolongeons par cette amnistie, pour le terme d'un mois, à compter de la date des présentes, celui fixé par l'article 5 de notre Ordonnance du 30 Septembre dernier, déclarant en conséquence que tous ceux qui quitteront ce parti, et feront cons

ter d'être rentrés chez eux endéans ce nouveau terme, jouiront d'une pleine et entière amnistie, excepté seulement les principaux Chefs de la révolte.

Si donnons en mandement, etc.

La seconde Ordonnanee a été publiée en ces termes le 21:

Ordonnance de l'Empereur et Roi, du 21 · Novembre 1789.

JOSEPH II, par la grace de Dieu, Empereur des Romains, etc. etc. En faisant absolument cesser, par notre Déclaration du 20 de ce mois, tout sujet ultérieur d'inquiétude et de doléance de la part de nos Peuples Belgiques en général et de chaque individu en particulier, sur ce qui peut concerner la Religion, ainsi que les droits de liberté, sureté et propriété, dont nous n'avons jamais songé à vouloir les priver, nous avons annoncé de plus qu'aucun sacrifice ne Nous coûteroit pour épargner le sang de nos Sujets, et tarir une bonne fois la source des funestes divisions qui ont insensiblement conduit à la crise fatale qui menace aujourd'hui ces Provinces: quels que soient les anciens torts des Etats de celle de Brabant, ou au moins de quelques-uns de leurs Membres envers Nous, notre clémence innée et notre tendresse paternelle surmontant toujours en Nous tout autre sentiment, ne Nous permet pas de les traiter avec moins de bonté et d'indulgence que la généralité de nos Peuples; ne pouvant d'ailleurs résister à l'intercession et à la supplication que viennent de Nous faire, en leur faveur, les Députés qui, ensuite de notre derniere Convocation, se sont rendus ici de notre Province de Flandre

« PreviousContinue »