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mentation ne nous rend pas, à beaucoup près, les frais qu'exige le furplus de feuilles que nous promettons.

Nous n'ignorions point que la liberté de la preffe étant déformais le grand Privilège national, devant lequel ont difparu tous les Privilèges exclufifs de ces fortes d'ouvrages, celui qui étoit attaché au Mercure étoit aboli de droit & de fait, & que l'on ne pouvoit exiger de nous. ni pention, ni rétribution; nous n'ignorions pas non plus que plufieurs Journaux & Almanachs fe font même affranchis déjà des charges que le Gouvernement leur a précédemment impofées ; mais nous avons voulu, par de nouveaux efforts & de nouvelles combinaisons, donner aux Gens de Lettres une nouvelle preuve du defir que nous avons toujours montré de leur être utile; & c'est pour parvenir fûrement à ce but, que nous avons cru devoir apporter quelques changemens dans la compofition & rédaction de la partie Littéraire du Mercure, & nous devons en ren dre compte au Public & aux Soufcripteurs. Des circonftances impérieufes nous avoient forcé de facrifier cette partie prefque entiérement au Journal politique, dont l'objet depuis un an occupoit de préférence tous les efprits; mais à mefure que l'ordre & le calme femblent prêts à renaître, on revient plus volontiers aux jouiffances du goût & de l'imagination, confolation néceffaire des maux de la vie, & ornement de la profpé

rité publique. Il y a plus: la liberté de penfer faifant rentrer déformais dans l'étude des Lettres tous les objets, de la raifon, la vraie Littérature, celle des efprits fupérieurs peut enfin tout embraffer, & n'a plus ni limites

ni entraves.

Pour rendre donc cette partie littéraire plus intéreflante & aufli digne qu'il eft poffible d'attirer fur elle l'attention des Souf-, cripteurs, MM. Marmontel, de la Harpe & Chamfort, tous trois de l'Académie Françoife, dans la vue de contribuer, autant qu'il eft en eux, à maintenir les engagemens de M. Panckoucke, relativement aux Penfions actuelles des Gens de Lettres fur le Mercure, fe font chargés de le compofer & rédiger conjointement avec M. Imbert, ancien Editeur de ce Journal. Les deux premiers ont autrefois travaillé à ce même Journal avec un fuces reconnu. Ainfi à commencer du premier Samedi de Janvier prochain, le Mersure de France fera leur ouvrage; & la Littérature, qui n'eft aujourd'hui que d'une feuille, en contiendra toujours deux (1).

(1) M. de la Harpe a bien voula nous promettre pour le mois de Décembre, quelques articles de fon Cours de Littérature. Nous en publierons un dans le Mercure de Samedi 12. Notre ate avec ces nouveaux Rédacteurs n'ayant été figné que le 30 Novembre, on fent qu'ils ne peuvent être prêts pour la compofition & rédaction de tous les articles qui doivent com

Les Avis & Annonces qui rempliffoient fans intérêt trois ou quatre pages du Mercure, étant déformais fupprimés & renvoyés à la couverture, on donnera une notice fuffifante de tous les Ouvrages qui feront envoyés, quand ils ne feront pas fufceptibles d'un extrait détaillé.

Les Libraires & Auteurs adrefferont déformais les Livres & les Lettres relatives au Mercure, à M. de la Harpe, (rue Guénégaud, no. 24). Aucun Livre, Paquet, ni Lettre, ne feront reçus qu'ils ne foient affranchis.

Les Eftampes, Cartes, Mufique, & tout ce qui concerne la Poéfie, feront adreffes à M. Imbert, rue S. André-des-Arts, chez M. Maille, Vinaigrier du Roi.

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Quant au Journal politique dit de Bruxelles, rédigé & compofé par M. Mallet du Pan, citoyen de Genève, nous ne pou vons mieux faire que de rapporter en fon entier la note qu'il nous a remise fur cet Ouvrage.

pofer les Mercures qui paroîtront dans le mois de Décembre.

Sur le Journal Politique, réuni au Mercure.

UN Journal politique n'eft point une

Gazette; il doit porter un caractère abfolument different. Dans une Gazette, on recueille les premiers récits, les bruits de l'inftant, les relations vraies ou fauffes qui circulent, & que l'on répète fans avoir le temps de les apprécier. La vérité hiftorique ne fe préfente pas d'elle-même, & l'on ne peut aller au-devant d'elle, lorfque tous les jours ou tous les deux jours on eft condamné à inftruire le Public, bien ou mal, d'événemens fur lefquels il faudroit refter dans le doute.

Un Journal peut en très-grande partie éviter cet inconvénient. Le Rédacteur a une femaine devant lui pour réfléchir avant de raconter, pour comparer les relations, pour les confronter à fes propres Correfpondances, pour évaluer le degré dé créance dû à chaque fait, pour indiquer le rapport des événemens avec leurs caufes; rapport qui en fonde feul la probabilité. Maître du choix des nouvelles, il l'eft d'employer fon difcernement à ne pas abufer de la crédulité publique. Il est moins exposé à ces démentis, à ces rétractations qui rendent la lecture des Gazettes fi dégoûtante: enfin, il doit réfumer & apprécier dans le calme, ce que

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trente perfonnes différentes ont publié précipitamment dans le cours d'une femaine. Ainfi, une Feuille publique parle à la curiofité de chacun, & ne tend qu'à l'entretenir un Journal, au contraire, s'adreffe à la curiofité éclairée, & ne doit ni l'abuser par des rumeurs données pour des événemens, ni la refroidir par la tranfcription méchanique de récits découfus, dont on n'apperçoit ni la preuve, ni l'enchaînement, ni les conféquences.

C'eft pour un travail de cette nature que le Rédacteur du Journal de Bruxelles avoit été appellé en France : le régime accablant de la Cenfure ne permit de le fuivre que très-imparfaitement. Cependant autant qu'on le pouvoit, fous une gêne exceffive, on s'eft conftamment attaché à la critique des nouvelles, autant qu'aux nouvelles même, aux notions historiques qui les rappelloient, & aux points de droit public dont elles néceffitoient la déduction.

Outre le réfumé d'une foule d'articles difperfés dans les Feuilles publiques & les Journaux en toutes les langues de l'Europe, on a conftamment raffemblé des faits importans, échappés à la connoiffance des Papiers publics, & que nous devions à des inftructions & à des Correfpondances par ticulières. Sans le fecours de celles-ci, on marche à l'aveugle, & l'on n'eft que le copiste téméraire des légéretés que répandent les Gazettes. Les mêmes chaînes qui pefoiens

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