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à peu près autant d'étrangers des autres nations. Avant la révolution qui a changé la face de ces contrées, les Espagnols étaient seuls en possession de toute l'influence, de tous les emplois, et avaient la plus belle part aux richesses du pays. Aujourd'hui, toutes les races indistinctement jouissent des mêmes droits et des mêmes libertés, et sont aptes à toutes les fonctions. Cependant les créoles dominent assez généralement, comme possédant une instruction plus avancée. Dans les communes indiennes, les prêtres se partagent l'autorité avec les caciques indigènes. La langue espagnole est dominante dans la contrée; cependant les naturels ont encore en grande partie conservé leurs anciens idiomes, surtout dans les provinces éloignées du centre. M. A. de Humboldt porte à 20 le nombre des langues parlées par les Indiens, et sur ces 20, 14 ont leur grammaire et leur lexicologie particulières. La religion catholique, qui est celle de l'État, professée par la généralité des habitants, se mêle chez les Indiens à beaucoup de restes de leur ancienne idolâtrie. Beaucoup de tribus sauvages et non converties au christianisme parcourent les déserts du nord et ont conservé leur indépendance dans certaines provinces de l'intérieur.

L'agriculture n'est pas florissante. Négligeant presque toutes les autres cultures, on ne se livre sérieusement qu'à celle du maïs. Cependant il existe aussi des plantations de cannes à sucre assez importantes. Les pâturages, qui couvrent encore une immense étendue de pays, servent à nourrir beaucoup de troupeaux.

L'industrie manufacturière, dont M. de Humboldt évaluait néanmoins le produit annuel à 8 millions de dollars, est très-peu prospère. Le principal élément de richesse pour cette contrée, c'est l'exploitation des mines d'or et d'argent : M. de Humboldt estimait à environ 100 millions de francs leur produit annuel. C'est du Mexique qu'ont été tirés les deux tiers de tout l'argent qui existe sur le globe entier. La révolution a exercé sur cette industrie puissante une influence pernicieuse, et les désordres qui n'ont cessé depuis d'agiter le pays en compriment toujours l'essor. Cependant elle tend à se relever par les soins de compagnies étrangères, anglaises et allemandes, qui en ont fait en partie l'acquisition et s'efforcent d'y introduire des procédés d'exploitation plus efficaces.

Le commerce, dont naguère les Espagnols avaient encore le monopole, est presque en entier entre les mains des Anglais et des Américains de l'Union du nord. La situation du Mexique

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au centre de la communication maritime la plus directe entre le monde européen et le monde asiatique en doit faire comprendre toute l'importance. Mais le manque de ports sur les côtes, l'absence de routes ou canaux à l'intérieur et les tempêtes du golfe du Mexique sont des obstacles très-nuisibles à son développement. L'argent forme la principale matière d'exportation. Les importations consistent principalement en articles manufacturés d'Angleterre, de France et d'Allemagne. Notre pays, ainsi qu'on peut le voir dans la Statistique de la France, par M. Schnitzler, fait des affaires avec le Mexique pour environ 20 millions de fr. annuellement.

La constitution du 4 octobre 1824, en partie calquée sur celle de l'Union américaine du Nord, régit encore, sauf quelques modifications, les États de la confédération du Mexique. Elle est fédérative, démocratique et représentative. Le pouvoir législatif appartient au congrès composé d'une chambre des députés et d'un sénat. Les membres en sont réélus tous les deux ans, à raison de 1 député sur 40,000 habitants, et de 2 sénateurs par province; ils reçoivent un traitement. Un président et un vice-président, élus pour 4 ans, sont à la tête du pouvoir exécutif. La liberté de la presse est garantie par le congrès. Des assemblées particulières, choisissant également leurs présidents, règlent l'administration des divers États de concert avec les municipalités. L'organisation judiciaire est déplorable. Peu de pays sont aussi pauvres que le Mexique en établissements d'instruction publique. Un archevêque, dont le siége est à Mexico, et qui a sous lui 9 évêques, dirige les affaires de l'Église; 5,475 ecclésiastiques répartis dans 1,190 paroisses forment le clergé séculier.

Les revenus de l'État consistent principale- . ment dans les droits de douane et dans le produit des mines. Celles de Guanaxuato, que le gouvernement exploite à son profit, lui rapportent tous les ans environ 1 '/, million de dollars. Le budget pour l'année 1830 à 1831 s'élevait à 17,500,000 piastres. La dette, qui déjà en 1827 était de plus 300 millions de fr., s'est considérablement accrue depuis.

L'Union mexicaine, dont la province du Texas s'est entièrement détachée, en 1856, forme aujourd'hui 20 États, non compris le district fédéral, et 4 territoires administrés au profit de la confédération. En voici le tableau :

! De la Création de la richesse ou des intérêts matériels, t. II, p. 247-250.

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Les territoires et districts sont, outre les deux Californies et le Nouveau-Mexique, dont le cheflieu est Santa Fé, ceux de Colima et de Tlascala. Dans l'État de Yucatan, les Anglais possèdent depuis le XVIIe siècle l'établissement de Balize, pour la coupe des bois.

Merico, la capitale de la confédération' située dans une vallée délicieuse, à 2,500m au-dessus du niveau de la mer, s'étend entre les deux lacs de Tezcuco et de Xochimilco, remarquables par les travaux hydrauliques qu'on a y exécutés, ainsi que par leurs jardins flottants dits chinampas, espèce de radeaux recouverts de terre. Cette ville, qui jouit d'un printemps éternel, renferme près de 200,000 âmes; elle est bâtie sur pilotis; son aspect est imposant. Les tremblements de terre n'y sont pas moins fréquents que les inondations aussi n'y voit-on que des maisons peu élevées et à terrasses. Rien n'égale la magnificence intérieure de ses églises, et l'on admire surtout la superbe cathédrale. En tête de ses établissements figurent l'école des mines et l'hôtel des monnaies. Le travail des métaux précieux forme l'industrie la plus florissante de cette ville,

Elle forme avec son territoire le distritto federal, et l'on a vu dans le tableau ci-dessus qu'il y a en outre un État du nom de Mexico, dont le chef-lieu est Tlalpa.

S.

Culiacan, Villa del Fuerte.

qui, comme centre entre les deux mers, est aussi le séjour de beaucoup de riches négociants.

Les autres grandes villes sont Guadalaxara, Guanaxuato, Valladolid, San-Luis Potosi, Puebla de los Angelos (Tlascala), Queretaro, Oaxaca, etc. Nous consacrons des articles spéciaux aux ports de la Vera-Cruz et d'Acapulco.

On trouve dans le Mexique un grand nombre de débris et de monuments qui attestent une origine fort ancienne, et qui, par leur cachet, leur forme et les inscriptions mystérieuses qu'on qu'on y a découvertes, offrent plus d'une analogie avec l'antique architecture des Égyptiens. C'est ainsi qu'aux environs de Mexico on voit les restes de plusieurs pyramides ou temples des anciens Mexicains, dont l'une, appelée la Maison du Soleil, est surtout imposante par ses dimensions, et dont les 4 faces correspondent assez exactement avec les points cardinaux. La ville de Cholula, dans l'État de Peubla, est celle qui possède le plus d'antiquités et de monuments de cette espèce. Voir sur ce pays : Humboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne (2o éd., Paris, 1827, 4 vol. in-8o); Ward, Mexico in 1827 (Lond., 1828, 2 vol. in-8°); Mexikanische Zustande, etc., ou État du Mexique dans les années 1830-1832, par l'auteur des

Briefe in die Heimath, Stuttg., 1837,2 vol. in-8°; P. Charpenne, Mon voyage au Mexique, Paris, 1836, 2 vol. in-8°.

II. Histoire. De nombreuses vicissitudes paraissent avoir déjà frappé le Mexique bien antérieurement à l'arrivée des Européens. D'après Malte-Brun, les Toltèques, peuple d'origine asiatique, se seraient emparés de cette contrée, vers le milieu du viie siècle. Au xire, les Aztèques, venus du Nord, les subjuguèrent à leur tour et fondèrent le puissant empire d'Anahuac, comme on appelait autrefois le grand plateau du Mexique.

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Lorsque les Espagnols arrivèrent au Mexique, dit M. Michel Chevalier, ils y rencontrèrent un royaume féodal, gouverné par un prince que soutenait une double aristocratie de nobles et de prêtres. Au lieu des bandes ou tribus d'In- | diens nomades et chasseurs que les Anglais et les Français rencontrèrent au nord et dont le chiffre ne dépassait jamais quelques dizaines de mille, ils trouvèrent des populations nombreuses et sédentaires, régulièrement encadrées dans un ordre social complet : c'étaient des peuples adonnés principalement aux travaux agricoles, cultivant le maïs et le coton et produisant de la cochenille; ils étaient habiles à tisser des étoffes délicates et à les teindre des plus vives couleurs. Ils savaient sculpter les pierres les plus dures, fondre et modeler l'or et l'argent. Ils possédaient même quelques outils de bronze écroui qui pouvaient remplacer passablement ceux d'acier. On voit par les récits de Cortez | qu'ils avaient de grandes villes bien bâties, contenant de vastes palais et de magnifiques jardins et des temples gigantesques. Ils avaient poussé la science astronomique à ce point que leur année solaire était plus parfaite que celle des Romains et des Grecs, et leurs pyramides étaient orientées comme celles des Égyptiens. Ils conservaient des annales écrites en caractères hieroglyphiques. L'empereur mexicain avait ses courriers, sa police et ses diplomates fort rusés... Les chefs aztèques formaient une aristocratie compacte. Le sort de la classe la plus nombreuse était misérable... Malgré un luxe assez raffiné, les mœurs et les usages des Aztèques portaient l'empreinte d'une effroyable férocité. Ils aimaient les sacrifices humains. Ils étaient dans l'usage d'immoler à leurs dieux les prisonniers faits à la guerre. Leurs princes célébraient leur avénement par des cérémonies dont l'éclat se mesurait au nombre des victimes; la forme du sacrifice était atroce. Le prêtre ouvrait la poitrine aux prisonniers, arrachait le

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cœur palpitant, en exprimait le sang, dont il arrosait et barbouillait les idoles, ou qu'il mêlait à de la farine de maïs pour en faire un infernal gâteau, pâture de ses dieux. »

Dès 1508, les Espagnols Solis et Pinzon découvrirent le Yucatan. En 1518, Grijalva vit le premier la côte orientale du Mexique; l'année suivante, Fernand Cortez aborda à la Vera-Cruz pour réaliser avec une poignée d'aventuriers ses vastes projets de conquête. Après avoir brûlé ses vaisseaux pour enlever à ses compagnons toute pensée de retour, il détruisit d'abord la république de Tlascala, puis profitant de l'impatience de l'ancienne race à supporter la domination des empereurs aztèques, il fit alliance avec elle et pénétra jusqu'à Mexico où le souverain régnant, Montézuma, lui fit d'abord un accueil amical. Après s'être emparé de la personne de ce prince au milieu de ses sujets, Cortez fut forcé de quitter la ville; mais il y rentra de nouveau par la force des armes, avec quelques certaines d'Espagnols seulement et une multitude d'Indiens auxiliaires, le 21 août 1520, à la suite d'un siége meurtrier qui avait duré 75 jours. Les conquérants firent périr dans les plus cruels tourments Guatimozin, le nouvel empereur, et le sort de ses peuples fut bientôt décidé. Réduits sous le joug espagnol et condamnés aux travaux les plus pénibles, ils restèrent en proíe à tous les maux jusqu'à l'introduction de la traite des noirs, qui allégea un peu leur misère. Les formes du christianisme, propagées par le zèle ardent des vainqueurs, avaient promptement renversé l'idolâtrie, lorsque la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne fut établie, en 1540, et reçut la même organisation que les autres colonies espagnoles. Les articles COLONIES et SYSTÈME COLONIAL font connaître ce régime et signalent les vices de cette administration. Le XVIIIe siècle apporta pourtant quelque adoucissement au sort des malheureux Indiens aussi un grand nombre de leurs tribus qui avaient fui dans les déserts revinrent-elles à cette époque.

Lorsque Napoléon eut dépouillé les Bourbons de l'Espagne, toutes les provinces d'Amérique refusèrent de se courber sous son joug; le Mexique fut de toutes celle qui resta le plus longtemps fidèle à la mère patrie. Aussi le sage viceroi Iturrigaray appela-t-il les créoles à jouir de tous les droits dont on les avait injustement dépouillés. Mais ces concessions irritèrent les Espagnols jaloux de leurs priviléges. Un mouvement éclata, le 18 septembre 1808, parmi les négociants, et le vice-roi, arrêté par les sédi

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