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Sur fon retour dans nos climats.

Tu viens, flambeau du jour, d'achever ta car

riere:

Des bords glacés du Groenlan

Jufqu'aux fots indomptés qu'a franchis Magel

lan,

Tu viens, dans la nature entiere,

De lancer, par torrens, tes feux & ta lumiere.
En vain, fous les glaçons, la neige & les frimats,
Le fougueux aquilon tient l'Europe aftervie;
Soleil, reprends ton vol, & viens à nos climats
Rendre l'éclat du jour, la chaleur & la vie.
A la fombre horreur des hivers,
Viens faire fuccéder la féduifante image
Des jours brillans du premier âge;
Viens, pere des faisons, ranimer l'Univers.
Aflez & trop long-temps l'Aurore
Ne naît que des plus fombres nuits.
Eft-ce donc du fein des ennuis

Que le plaifir devait éclore?

Laifle les Hottentots & leurs affreux déferts; Viens, avec plus d'ardeur recommencer ta courfe; De nos malheurs paflés ferme à jamais la fource; Et que tous tes tréfors nous foient fans cefle ou

verts.

Qui peut, dans les plages lointaines,
Attacher déformais tes céleftes regards?
Pour quelque foible eflai des arts,
Dans ces régions inhumaines,
De la férocité que de fanglantes fcenes!
Que d'affreux monumens épars
Des plus terribles phénomenes!

Vois, fur le Trône des Français,

Un Roi qu'avec refpect tout l'Univers contemple, Des plus grandes vertus donner aux Rois l'exemple, Et compter chaque instant

faits.

par de nouveaux bien

Vois une Princesse adorée,

S'occupant de notre bonheur,

Préparer aux Français le fpectacle enchanteur
Du fiecle fortuné que vit fleurir Aftrée.
Contemple ces nouveaux Sullis

Que l'augufte héritier du dernier des Henris
Admet à partager les travaux & fa gloire.
Vois-les, fur l'aile des vertus,

Guidés par ce nouveau Titus,
Voler au Temple de Mémoire.
Ainfi, ces efprits immortels,
A qui Dieu confia sa volonté fuprême,
Heureux du bonheur de Dieu même
Dont ils verfent fur nous les fecours paternels,
Ont, parmi les humains, mérité des autels.

Si ta lumiere la plus pure

Put jadis éclairer nos malheurs inouis;

Plonge-les, Dieu du jour, dans une nuit obscure : Échauffe, embellis la nature;

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Comble notre bonheur en imitant Louis.

Par M. Morand.

To

AU DIEU MERCURE.

or qui fais anoblir tout ce qui t'environne, Fidele Meflager des Dieux,

Mercure, jufqu'au pied du Trône,

Va porter mon respect, mon hommage & mes

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épais,

A l'abri du foleil, Tircis prenoit le frais.
Inquiet & rêveur, couché fur la verdure,
Le Berger près de lui voitjune grotte obfcure.
Il regarde... Il fe leve... Il héfite un moment...
Enfin il s'y tranfporte, & trouve un lieu char-

mant.

Là brillent en fecret le lis, l'œillet, la role,
Entourés d'un ruiffeau qui coule & les arrofe;
Leur parfum délicat enchaîne tous les fens;
De mille oifeaux divers il entend les accens;

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y remarqu: auffi la trifte tourterelle: Il la fixe, l'écoute & foupire avec elle. Quel chant pour un Amant pénétré de douleur! Il fent, plus il l'écoute, accroître fa langueur. Il s'y livre, & bientôt cédant à fes alarmes, Le cœur gros de foupirs, les yeux noyés de larmes, Il confie à ces lieux, témoins de les regrets, Le trop jufte motif de fes ennuis fecrets: Tourterelle, dit-il, plaintive & gémiflante, Tu pleures un Amant, moi je pleure une Amante ; J'étois aimé d'Annette, hélas! foins fuperflus, Mon cœur l'adore encor, le fien ne m'aime plus. Ah! qui jamais eût cru qu'elle devînt légere, Elle qui paroifloit ne vouloir que me plaire, Qui de mon hautbois feul n'écoutoit que les fons, Et ne vouloit jamais chanter que mes chansons. Annettte, tu me fuis! dois-je & puis-je le croire? Toi qui de notre ardeur femblois te faire gloire! Eft-ce donc là le fruit de ces tendres fermens, Qu'Amour nous arrachoit dans ces heureux mo

niens,

Où nos deux cœurs, plongés dans une douce ivrefle,

Se juroient pour toujours une égale tendrefle?
Ofunefte départ qui m'éloigna de toi !

Sans lui, j'en fuis certain, j'aurois encor ta foi.
C'étoit donc pen qu'en proie aux tourmens de l'ab

fence,

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