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conftruit fon miroir. Diodore de Sicile, Dion Caffius & plufieurs autres Hiftoriens, qui pouvoient avoir écrit d'après les mémoires des Contemporains d'Archimède, fe contentent de raconter le fait de l'embrâfement de la flotte des Romains par ce grand homme, fans entrer dans aucun détail. Tzetzès, qui vivoit au douzième fiècle, non-feulement rapporte le fait, mais il explique la conftruction du miroir. Il dit clairement que « lorsque "les vaiffeaux de Marcellus fe trouvè»rent à la portée d'un trait d'arbalête » Atchimède fit apporter le miroir qu'il avoit fait, compofé de petits miroirs quadrangulaires, lequel il plaça dans » une distance proportionnée, & qu'il fit » mouvoir en tous fens, à l'aide de leurs » charnières & de certaines lames; & que » recevant fur ces miroirs les rayons du foleil, & les dirigeant enfuite vers les » vaiffeaux des Romains, il réduifit en » cendres toute la flotte, quoiqu'elle fût éloignée de la portée d'un trait ».

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Les Savans verront encore avec plaifir la defcription qu'Anthemius, de Tralles en Lydie, nous donne d'un miroir qu'il avoit fait à l'imitation de celui d'Archimède. Anthemius vivoit du temps de

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l'Empereur Juftinien, avoit cultivé avec fuccès les mathématiques, la fculpture & l'architecture. Le manufcrit grec où ce Savant parle de fon miroir ardent, fe trouve à la Bibliothèque du Roi; & M. Dutens nous donne une traduction fidèle du paflage qui a rapport à ce miroir. Anthemius commence par le proposer la queftion: a Comment dans un lieu don»né, qui feroit à la diftance d'un trait » d'arbalête, on pourroit produire un embrâfement par le moyen des rayons du foleil? I pofe pour principe: qu'un tel embrâfement ne pourroit » être caufé que par la réflexion des rayons » du foleil, qui fe feroit dans une direc »tion inclinée & oppofée à cet aftre ». Il ajoute que la distance requife étant » fort confidérable, il paroîtroit d'abord impoffible que les rayons puffent produire un embrâfement; mais que cependant perfonne ne pouvant contester » à Archimède la gloire d'avoir brûlé la » flotte des Romains par la réflexion des » rayons du foleil, ce dont on convenoit » unanimement, il jugeoit raifonnable » de croire ce problême poflible fur le principe qu'il avoit avancé ». Il approfondit enfuite la queftion, & établit premièrement

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premièrement quelques propofitions néceffaires pour la bien comprendre. « Il propofe de trouver avec un miroir plan, » une pofition quelconque qui réfléchiffe les rayons du foleil à un point donné; il fait voir que l'angle de réflexion » est égal à celui d'incidence; &, après » avoir démontré que dans cette pofition d'un point donné, relativement au fo» leil, les rayons lui peuvent être réflé» chis par un miroir plan, il foutient que » l'embrâfement requis peut être produit » par l'affemblage de ces rayons du fo» leil, dirigés à un même foyer, parce qu'alors, de la chaleur réunie & con» centrée de ces différens rayons fur un » même point, il en devra réfulter un embrâfement; & de même que quand » un corps eft échauffé par le feu, il com. munique fa chaleur à l'air qui l'envi» ronne, ainfi tous les rayons du fɔleil étant raffemblés vers un même point, » doivent contribuer réciproquement à » augmenter la puiffance de la chaleur; d'où il eft néceffaire, continue-t-il » de conclure qu'avec plufieurs miroirs plans, on peut réfléchir vers un foyer donné & à la diftance d'un trait d'ar» balête, une telle quantité de rayons du 1.Vol.

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foleil, que leur réunion, à un même point, y produife un enibrâfement ». Quant à la manière de faire cette expérience, il dit: qu'elle peut fe faire par » le moyen de plufieurs hommes dont » chacun tiendroit un miroir dans la pofition ci-deffus indiquée ». Mais afin d'éviter l'embarras d'une telle méthode, il imagine un autre moyen, qui eft de prendre un cadre, auquel on accom» mode vingt-quatre miroits plans, qui puiffent fe mouvoir dans les directions prefcrites, par des plaques ou des ban» des quelconques, qui les joindroient » ensemble ou, encore mieux » des charnières; & préfentant cette ma»chine aux rayons du foleil, faire en» forte après avoir fixé le miroir du

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milieu) d'ajufter adroitement & promp »tement les autres miroirs qui l'entou» rent, en les inclinant fur celui du mi» lieu, de manière que les rayons du fo»leil, partant de ces différens miroirs, » feront réfléchis au même foyer que celui du miroir principal; & qu'ainfi, répétant la même chofe, en plaçant d'autres miroirs, compofés d'après le » même principe & dirigés vers le même lieu que le premier, la réflexion des

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» rayons du foleil fe faifant toute entière » vers un même point, il en résultera » infailliblement l'embrâfement requis » dans un point donné ». Il ajoute encore que certe expérience réuffira d'autant » mieux, que l'on préparera une plus grande quantité de ces miroirs compofés, de forte que fi l'on en affemble plufieurs en même temps, on produira » des effets plus ou moins confidérables ». Enfin Anthemius conclut fa differtation en difant « qu'il étoit bon de remarquer » que tous les Auteurs qui avoient parlé des miroirs du divin Archimède n'a» voient pas fait mention d'un miroir » feulement, mais de plufieurs ». Une explication auffi claire de la conftruction du miroir ardent d'Archimède, ne peut plus laiffer aucun doute fur un fait auffi long-temps disputé ; & l'on ne peut affez s'étonner avec M. Dutens, que les deux derniers fiècles (que l'on peut regarder comme les plus éclairés que l'hiftoire nous préfente) fe foient obftinés à traiter de pure fable une vérité annoncée avec tant de perfévérance.

M. Datens, déjà bien connu dans la République des Lettres par des Recherches fur l'origine des découvertes attribuées

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