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» perfonnes qui entourent; une fuccef » fion incertaine, plus ou moins rapide » de celles qui précèdent & de celles qui » fuivront, mais toujours dans le même » lieu; un concours de caractères, d'efprits différens que la piété à raffemblés » & foumis à l'empire de la même loi; » un oubli de foi-même pour ne plus » vivre, pour ne plus voir que par l'œil » de la foi, & ne reconnoître dans celle qui commande que la voix & l'auto» rité du Légiflateur fuprême », Ce tableau eft peint d'après l'expérience & pré fenté par la vérité.

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Voici le portrait d'un Pasteur réduit aux foins méritoires de la campagne. "Un Prêtre de la loi nouvelle * héritier » du zèle & des vertus des Prêtres de » l'ancienne loi; un homme occupé du » ministère évangelique, le plus pénible, » le plus obfcur, & par-là peut-être le plus méritoire; un homme calomnié d'abord, épreuve bien rigoureuse pour » un cœur fenfible, qui ne peut fe juftifier que par fa douleur; l'innocence connoît-elle d'autres armes? Un Pal

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Le B. P. Fourrier, Curé de Mataincourt.

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teur d'un pauvre troupeau, plus pauvre " lui-même encore par choix & par devoir, & par-là plus véritable Pasteur; un » homme connu de Dieu feul & de fon » Peuple; un homme nourri à l'ombre » d'un autel obfcur, bien éloigné d'en » dérober l'encens ou de lui préférer les vapeurs de la molleffe, ou les fumées » de la vanité ». Cet exemple est trop pour n'être pas trop rare. Le Difcours fur la Révélation, dit l'Editeur, devoit être prononcé dans une affemblée de perfonnes inftruites & éclairées; ce fujet n'avoit été traité jufqu'ici que dans des écrits polémiques, retouchés par des mains favantes, mais moins propres à faire naître dans l'âme ces émotions falutaires qui caractérisent Fart oratoire. Ces Difcours en général font dans le ton d'une éloquence vraie, pathétique, touchante & éclairée. Les notes qui les accompagnent méritent d'être lues.

L'Homme fenfible; traduit de l'Anglois, par M. de Saint-Ange. A Paris, chez Piffot, Libraire, quai des Auguftins, près la rue Gît le-coeur. Prix 30 fols broché.

Homo fum, humani nihil à me alienum puto. Ce vers de Térence, dont voici la traduction littérale : Je fuis homme: rien de ce qui eft de l'homme ne m'est étranger donne une idée jufte & précise du tond de cet Ouvrage, c'eft un récit très fimple d'incidens plus fimples encore: mais ce récit, où l'instruction fe trouve toujours mêlée, devient fouvent piquant par fa fimplicité même. Le Lecteur attentif fera étonné d'y trouver autant, & même plus, de ce qu'on appelle fineffe d'efprit, que dans ces écrits dont le bel-efprit paroît être le caractère dominant; fouvent aufli on remarquera dans le ftyle autant d'élégance que de naturel. « L'Auteur Anglois, M. Brook, dit le Traducteur, paroît avoir adopté la manière & le tyle du Voyage fentimental. On pourroir, à beaucoup d'égards, rapprocher » ces deux Ouvrages; même fagacité d'efprit, même fenfibilité d'âme y ren» dent les détails tour-à tour piquans & » intéreflans. Mais en dépouillant la par. » tialité ordinaire à un Traducteur, on »fe hafarde à croire que le parallèle fe» roit à l'avantage de M. Brook.

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"On a reproché, avec raifon, au voyage de Stern un défaut de liaison

» trop fenfible; on ne remarque aucun » deffein dans la diftribution de fes cha

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pitres; ce font des fragmens fans fuite, qui fouvent finiffent tout-à-coup, au

» moment où l'intérêt alloit commencer, » On ne peut faire les mêmes reproches à »notre Auteur. Quoique fon Livre foit » un affemblage d'épisodes détachées, il » y a obfervé cette gradation progreffive » d'intérêt que les Italiens appellent en mufique le Crefcendo. Il met dans la » main des Lecteurs un fil qui les con» duit à travers les fcènes différentes, dont le tiffa compofe fon espèce de Roman; ce fil eft le développement » fucceffif du caractère de l'homme fen» fible 19.

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Nous allons en tranferire plufieurs paffages; l'Ouvrage commence ainfi :

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Il y a une forte de rouille originelle à l'efprit de l'homme. Chacun de nous la » contracte en naiffant. Dans certains pays néanmoins, en France par exemple, les idées des habitans font d'une fi prodigieufe & fi habituelle légéreté, que lors » même qu'elles font en petit nombre, » elles doivent néceffairement le frotter » fans ceffe; de manière que cette rouille » de l'efprit s'efface bientôt. Le contraire

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» arrive en Angleterre. Un Anglois meurt » fouvent avant de s'en être débarraffé...

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» Il y a un moyen sûr de perdre cette » rouille, dit le frère du Baronnet, qui » étoit un exemple frappant d'un excel

lent métail horriblement rouillé, c'est » de voyager. A ces mots j'approchai ma » chaise de la fienne. Qu'on me permette » de peindre cet honnête vieillard; ce » n'eft qu'une phrafe en paffant, pour rap » peler fon image dans ma mémoire.

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» Son attitude la plus habituelle étoit d'être attis, le coude appuyé fur le » genou, & les doigts appliqués fur la joue. Sa main cachoit à moitié fon vifage. Cependant il avoit dû paffer autrefois pour être très-beau; fes traits » étoient mâles & frappans; fes fourcils, les plus larges que je me rappelle avoir "vus, lui donnoient un certain air de dignité. Sa perfonne étoit grande & » bien fate; mais fon indolence naturelle » lui avoit fait prendre un embonpoint » confidérable.

"Il parloit peu, & feulement à quel ques amis particuliers; mais il ne difoit rien qui ne méritât d'être écouté avec refpect. Simple & intègre dans toutes les actions, il étoit tout de feu

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