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le clergé & les autres claffes du côté gauche du trône. X. Tout le chemin par lequel S. M. Imp. paffera, fera tendu de drap rouge, & les grenadiers de la garde feront placés des deux côtés.

XI. Quelque tems après S. M. I. fortira des appartemens intérieurs, pour entrer dans la falle du trône, fur lequel elle fe placera. L. A. I. n'affifteront point à cette cérémonie dans la falle même, mais la verront d'un appartement voifin. Sur le trône, à côté du fauteuil de S. M., sera placée une table, fur laquelle feront pofés les ornemens impétiaux; & du même côté il y aura une autre table, fur laquelle feront les marques de gratification qu'elle accordera ce jour-là à fes fujets. Derriere le fauteuil de S. M. feront placés le grand-chambellan & le grand-veneur; fur la derniere marche, à droite, le vice-chancelier, à gauche l'aide de camp-général de jour. Enfuite le grand maréchal, le maréchal, le grand-maitre & le maitre des cérémonies, avec les deux hérauts, tous ayant leurs bàtons & les marques de leurs dignités, préfenteront au trône quatre felt-maréchaux, felon leur rang d'ancienneté, repréfentant l'état civil & militaire; & au mi lieu d'eux fera placée la perfonne défignée pour lire les félicitations du peuple à S. M. Elle y tépondra par Ja bouche du vice-chancelier après quoi tous ceux qui affifteront à la cérémonie, s'avanceront deux à deux vers le uône, & feront admis à baifer la main de S. M. Enfin, le confeiller-privé Olfouffiew, placé fur la der niere marche du trône, lira à haute voix le détail de tous les bienfaits que S. M. accorde à fes fujets.

XI. Les miniftres des cours étrangeres, qui fe trou veront préfens, feront admis d'une maniere privée dans la falle du trône : ils auront l'honneur de féliciter S. M. le 3me. jour des fêtes ( 23 Juillet ), à sa fortie de l'églife de la cour.

XIII. Pendant que la cérémonie de l'art. XI fe fera, les équipages de la cour fe tiendront prêts pour le dé part de S. M. du Creml à la cour. Lorsque S. M. fe mettra dans fon carroffe impérial il fe fera une décharge de 4 coups de canon, & la marche fe fera dans l'ordre fuivant.

Un détachement de huffards: 2°. un écuyer à cheval; le lieutenant-colonel, faifant les fonctions de maitre des cérémonies, en caleche ouverte, attelée de 6 chevaux, & précédée de deux domeftiques de la cour à cheval: 4. le fous-écuyer, fuivi de deux fourriers de la cour, à cheval: 5. un carroffe de la cour, artelé de 6 chevaux, où feront les confeillers-privés, les fecré

taires, & le grand-maitre de S. M. Imp.: 6o. plufieurs carroffes attelés de 6 chevaux, dans lefquels feront les membres du confeil, & autres perfonnes des premieres charges de la cour, deux à deux dans chaque carroffe : 7o. le grand - maitre des cérémonies dans une caleche ouverte, attelée de 6 chevaux, & précédée de deux gens de la cour à cheval: 8°. & 9o. le maréchal & le grandmaréchal de la cour, chacun pareillement dans une caleche ouverte à 6 chevaux, précédée l'une de 4, l'autre de 6 gens de la cour à cheval. Des deux côtés de toutes ces voitures, il y aura des laquais de la cour à pied 10. le grand-maitre de quartier à cheval, fuivi de 6 coureurs & de 24 laquais à pied, deux à deux, en livrée de la cour: 1. le gouverneur des pages, fuivi de 10 pages & de 4 pages de la chambre, deux à deux, & tous à cheval: 12. les gentilshommes de la cham bre, fuivis des chambellans de S. M., deux à deux, & tous à cheval: 13. l'écuyer de S. M.: 14°. l'impératrice dans fon carroffe de parade, attelé de 8 chevaux. Dans le même carroffe, fur le devant, fe trouveront L. Alt. Imp. Du côté droit, ira le grand-écuyer; du côté gauche, l'aide-de-camp général de jour. Sur les foupentes, feront affis deux pages; des deux côtés, pour foutenir le carroffe, iront, fix heiduques : les chevaux feront conduits par huit palfreniers: derriere le carroffe, il y aura trois pages de la cour: 15°. un détachement de 30 hommes des gardes à cheval : 16o. plufieurs carroffes de la cour, où feront les dames d'honneur de S. M. 17. plufieurs autres carroffes de la cour, où feront les demoiselles d'honneur de S. M. avec leurs gouvernantes. Chacun de ces carroffes fera accompagné de deux laquais de la cour: 189. le train fera fermé par un détachement de 30 cuiraffiers.

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XIV. Au moment que S. M. fe mettra en marche on donnera un fignal, auquel le général-major Potemkin, accompagné de deux hérauts portant des facs remplis de jettons, ira par toutes les rues indiquées, & les jettera au peuple. Tous les foldats qui feront ce jour la fous les armes, recevront un jetton chacun.

XV. Lorfque S. M. s'approchera de la cour, il fe fe ra une décharge de 101 coups de canon; & à fon arrivée toutes les perfonnes des deux fexes qui auront affifté à la cérémonie, recevront, au nom de S. M., des médailles d'or frappées à cette occafion. Le réfident & l'agent de la cour auront de plus la permition de difribuer, le premier jour des fêtes, les médailles qu'on

voudra donner aux étrangers qui fe trouvent à notre cour, Le XVIe. & dernier article contient le détail des ré jouiflances qui ont eu lieu depuis le 22 jusqu'au 27, & dont nous avons donné le précis dans la 2 me. quinz, de Septembre.

ALLEMAGNE.

Dans l'affen blée que l'académie royale des fciences & belles lettres de Berlin tint le 1er. Juin, à l'occafion de l'anniverfaire de l'avénement de S. M. Pruf. au trône, le Sr Formey, confeiller privé, & fecrétaire perpétuel de cette compagnie littéraire, prononça le difcours fuivant.

Deux divinités, pour parler en philofophe, & mê. me en philofophe payen, deux divinités fe partagent le gouvernement de l'univers: la fortune & la prudeoce. Dans la deftinée des empires, comme dans celle des particuliers, il y a des conjectures imprévues qui élevent & qui abaident, qui placent au fommet de la roue, ou qui précipitent au plus bas, tandis qu'on voit naître, s'accroître, & parvenir, par des degrés leats mais furs, à leur comble des édifices, qui ne doivent leur grandeur & leur folidité qu'aux vues fages & à P'habileté foutenue de ceux qui, après en avoir con çu l'idée, en dirigent l'exécution.

Mais il me femble qu'en'imaginant ces deux divinités; on a commis une double méprife à leur égard. La premiere eft d'étendre beaucoup trop le domaine de la fortune, &, , par conféquent, de referrer celui de la prudence fort au-delà de fes juftes bornes. La fortune a été une idole, généralement encenfée; fes temples ont été les feuls fréquentés; fes autels les feuls fumans; & quoiqu'on ait murmuré de tout tems contre fon inconf tance & fes caprices, on n'a pas laiffé de continuer à l'invoquer, & à la regarder comme le premier & prefque comme l'unique mobile. Qu'on y penfe mieux; qu'on y regarde de plus près; la fortune ne bâtit que des châteaux de carte, fi j'ofe m'exprimer ainfi; elle ne fait que des jeux ; il appartient à la prudence feule de batir à chaux & à ciment, d'enfanter des ouvrages proprement dits. Les favoris de la fortune jouent des rôles brillans; mais ce font des rôles de théâtre on les a vus monter fur la fcene; on les en voit defcendre. Les amis de la fageffe, les enfans de la prudence, au contraire ne font pas de fimples acteurs, ils font

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des perfonnages réels, qui ne ceffent d'agir & d'avoir des fuccès jufqu'au moment où l'arrêt inévitable à tous les mortels eft prononcé. La fortune a fait paroitre ces conquérans devant lefquels la terre s'eft tue, mais qui ont pafé comme des torrens, & n'ont laiffé après eux que les veftiges momentanés de leurs ravages. La pruencde a guidé ces légiflateurs,ces monarques éclairés qui one donné leur nom à leur fiecle, & ont affermileur domination für des fondemens auffi inébranlables que permet d'en pofer le terrein mouvant de notre globe.

Je ferois trop long, fi je confirmois par des exemples ce que je viens d'avancer; mais on en trouve à chaque page de l'hiftoire; on en voit dès qu'on promene fes regards autour de foi.

Ainfi je paffe à la feconde méprise, qui, felon moi, confifte en ce qu'après avoir mal mefuré les domaines de la fortune & de la prudence on les a plus mal à propos encore entierement féparés ; comme fi la fortune pouvoit être quelque chofe fans un certain degré de prudence; ou la prudence parvenir à fes fins, fi la fortune lui eft abfolument & opiniàtrément contraire. Non, Meffieurs, tout ce que nous voyons de grand & de frappant, a tiré fon origine d'un concours de fortune & de prudence, aug rel il doit fa confervation & fes progrès. Le général le moins inftruit peut remporter une victoire éclatante; la fortune l'a favorifé; mais la pru dence lui manque, & il n'en fçait recueillir aucun fruit. Au contraire, le général le plus confommé dans fon art peut avoir quelque grand échec; la fortune lui a été contraire; mais il s'en relevera; la victoire, le char triomphal lui font finalement réfervés. Les états de même parviennent quelquefois des plus foibles commence. mens, comme l'empire romain, au faî e de la grandeur, ou du fein de la tourmente la plus orageufe, comme les Provinces Unies, au calme le plus floriffant. C'est qu'une fuite de guerriers magnanimes ou de pilotes expérimentés ont préfidé à leur accroiffement. Dɩns d'autres conjonctures, les états fe réuniffent quelquefois pref que fortuitement fous un feul maitre; mais s'il ne fçait pas les régir; ɓ c'eft un Sardanapale plongé dans la molleffe, un Honorius livré à l'indolence, le plus vafte empire eft un coloffe d'argile qui ne tarde pas à se brif.r.

Que faut il donc pour donner aux profpérités humaines le plus véritable éclat, la plus folide confiitiace, & la plus longue durée ? Il faut ce dont nous fom.

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mes les témoins & les admirateurs depuis 35 ans, le concours de la fortune & de la prudence; mais un concours dans lequel la fortune foit toujours fubordonnée à la prudence. Il y a eu, fans doute, des circonftances auffi imprévues qu'heureufes, qui ont fauvé plus d'une fois le héros pruilien & fon état des dangers éminens auxquels ils fe trouvoient expofés. Mais, fi la prudence avoit abandonné ce héros dans ces momens critiques, fi fa tête n'avoit pas fuppléé à fon bras, croyezvous que nous nous réjouirions encore aujourd'hui de la durée de fon glorieux regne? Frederic conferve des lauriers qui l'ont mis à l'abri de la foudre: il fera tou jours un des plus grands capitaines qui aient exifté: mais, s'il m' ft permis de parler fur des fujets auffi éloignés de ma 'phere 'es talens politiques l'emportent encore fur fes talens militaires; je l'admire plus dans fon cabinet qu'aux champs de Mars; j'y vois raffemblées autour de lui toutes les divinités propices aux maitres du monde ; &, fuivant l'idée d'un poëte latin, aucune ne fçauroit lui manquer, puifqu'il a la prudence, & qu'elle préfide à tous fes confeils. La fortune femble à préfent devenue inutile; on pourroit brifer fon fimu. Jacre, & le fouler aux pieds; la prudence a élevé autour de cet état des remparts & des murs que les plus puiffants efforts ne pourront renverfer; & fi, comme nous le demandons dans ce moment à l'arbitre suprême des déftinées, Fréderic atteint au jubilé de fon avénement au trône, & qu'il foit célébré dans ce fanctuaire des mafes, ceux qui affifteront à cette folemnité, verront une monarchie qui avoit paru prête à fe diffiper en éclats, porter fa tête jufqu'aux cieux, & ses racines jufqu'aux fombres demeures.

Le prêtre Gaffner (dont on parlé dans la Iere. quinz. d'Août, p. 24.) paroit avoir choisi la ville de Ratisbonne pour y établir le théâtre de fes prodiges; il y avoit été précédé par le bruit de la réputation qu'il s'eft acquife à Elwangen en Souabe. Un enthoufiafte, il eft bon d'obferver qu'on en trouve dans toutes les claffes, qui avoit conduit fa fille à Elwangen même pour la faire guérir de divers maux dont elle fe plaignoit, témoin crédule du miracle, en avoit fait une belle

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