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nos fujets féaux emploient tous leurs efforts, pour détrut re l'efprit de révolte & de trahifon qui éclate avec fi peu de ménagement envers notre perfoane & notre dignité royale. A cet effet, leur ordonnons de fe tranfporter chez un de nos fecrétaires d'état, ou tel autre officier public pour leur révéler le nom des perfonnes qu'ils fçavent être en correfpondance criminelle avec nos ennemis, ou les aident de quelque maniere que ce foit dans leur rébellion, afin de nous mettre à portée de pouvoir faire une punition exemplaire de ces auteurs, fauteurs & promoteurs du défordre & du trouble publics ».

« Donné dans notre cour de Saint-James, le 13 d'Août, l'an 1775,& le 15 me. de notre regne ».

Que dieu fauve le roi!

Une autre ordonnance de S. M., relative au mème objet, révoque & annulle les permiffions qui avoient été accordées pour l'exportation des armes & munitions, & ftatue que, pendant 3 mois, il ne fera permis d'en faire fortir du royaume qu'au grand maitre d'artillerie & aux officiers qui feront prépofés de fa part.

Malgré les ordres du roi, & la vigilance des vaisseaux de guerre répartis fur nos côtes, on apprend que plufieurs perfonnes ont chargé des armes & des munitions pour les Américains. Un de nos vaiffeaux de guerre a enlevé fur les côtes du Maryland un bâtiment de Brif tol qui fe difoit deftiné pour l'Afrique, & qui avoit à bord des armes pour 6000 hommes, avec une grande quantité de poudre à canon. Un autre bâtiment parti de Briftol avec 30000 fufils & autres munitions pour les Américains, a été enlevé dans la Manche il y a quelques jours. -Un vaisseau de guerre hollandois qui avoit relâché à Gosport, & qu'on difoit destiné pour Gibraltar, a aufli été arrêté après qu'on a reconnu qu'il étoit chargé d'armes pour plufieurs mille hommes, & de munitions: on a tranf porté le tout fur un de nos vaiffeaux de guerre qui eft dans ce port, & l'on en a informé la cour. Le vaiffeau remit à la voile le 25 pour fa deftination.

Le gouvernement fait les plus grands efforts pour vaincre la réfiftance obftinée des colonies. Les troupes du roi en Amérique doivent être portées à 30 mil. le hommes, y compris les troupes de marine & d'artillerie. On tira le 15 de ce mois, 400 hommes, de ce dernier corps, qui font partis pour aller s'embarquer à Portf mouth. Le premier régiment des gardes a reçu un or dre femblable; les foldats trop âgés feront remplacés par

de jeunes gens, & les réformés feront admis à l'hôpital des invalides de Chelsea.

Tous les capitaines, lieutenans & enfeignes réfor més avec leurs corps, & qui touchent toujours la demie-paie, peuvent, s'ils le defirent, être employés de nouveau avec le rang qu'ils avoient, & ils n'ont pour cela qu'à fe préfenter au bureau de la guerre. La cavalerie légere de Burgoyne a reçu ordre de fe tenir prê te à s'embarquer incellamment. On a pareillement expédié des ordres en Ecoffe pour porter à leur complet -les divers régimens qui s'y trouvent, & enrôler en mê tems des matelors pour fervir à bord de l'Experiment, du Rocbuck, du Shamise, de l'Aréchuse, du Liverpool & de l'Actéon, ainfi que fur plafieurs autres frégates que l'on équipe actuellement pour les ftations de l'Amérique

& de la Méditerranée.

Le lord Cabier a offert à l'adminiftration de lever, en Irlande, mille catholiques romains qu'on peut faire paffer en Canada au général Carleton. La noblescatholique du même royaume a offert auffi deux mille hommes de fa religion, propres à être réunis aux troupes de Quebec, la plupart catholiques romains, comme ees derniers. On dit qu'en conféquence, il fera paffé un bill pour autorifer les catholiques-romains à porter les armes pour défendre l'Irlande pendant l'abfence de nos troupes.

Les vaiffeaux de guerre deftinés pour l'Amérique ont ordre d'être raffemblés au plutôt à Spithead, d'où ils feront conduits à Cork en Irlande, afin d'y embarquer des troupes & des provifions pour Bofton, où l'on a envoyé d'ici & d'Irlande une grande quantité de vivres pour la fubfiftance des troupes. La cour fait auffi préparer des bâtimens pour tranfporter à Gibraltar & à Minorque un corps de troupes hanoviiennes, qui sem. placeront les garnifous qui y font, & qui vont repaffer en Angleterre & en Irlande.

tres,

Les Américains, de leur côté, font plus vigilans & plus déterminés que jamais à facrifier leur vie, leuss biens, & tout ce qui leur eft cher, au maintien de leurs droits & de leurs privileges. Suivant les dernieres leton étoit occupé à former l'armée de 70000 hom. mes que le congrès général avoit réfolu de mettre fur pied, & ils fe vantent que fi la querelle dure encore fix mois, ils auront fur pied 200 mille combattaus auffi difciplinés que les troupes du roi. L'armée américaine près de Boston étoit de 20 mille hommes, fans

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compter quelques autres corps répartis dans les envi rons, & un autre de deux mille, qui couvroit la ville de la Nouvelle-Yorck. La colonie de Pensilvanie avoit réfolu de lever 8 bataillons, faifant un corps de 4500 hommes, qui devoient être répartis dans la colonie ; & l'on mande de Philadelphie, du 10 Juillet dernier que les habitans travaillent partout à fabriquer des fufils, des mortiers, des boulets & du falpêtre pour occuper les moulins à poudre pendant l'automne & l'hiver.

Ces lettres ajoutent qu'on paroiffoit avoir renoncé à tout, excepté aux moyens de faire une vigoureufe réfiftance; qu'on voyoir de rous côtés une quantité de gens fous les armes pour défendre les libertés de l'Amérique ; qu'il s'étoit répandu dans les efprits une forte d'enthousiasme qui chaffoit la terreur, & animoit à la guerre ; & enfin, qu'on formoit partout de grands magafins de vivres & de munitions, par ordre des 12 COlonies confédérées, dans les lieux convenables, afin d'ètre en état d'agir fortement la campagne prochaine. Selon d'autres avis, les Américains étoient toujours en poffeffion des forts de Frontenac & de Ticonderago ; ies Canadiens & les Indiens ne paroiffoient aucunement difpofés à prendre les armes contre les Américains; & ceux-ci fe flattoient que le général Carleton ne feroit pas en état de les inquiéter.

La colonie de Géorgie, qui, jufqu'à préfent, ne s'étoit pas expliquée fur les affaires générales, a enfin levé le mafque; fon assemblée a pris des réfolutions plus vigoureufes que celles de toutes les autres colonies. Elle déclare que, quoique la province ne foit pas comprise dans celles contre lefquelles on a porté des actes fi oppreffifs, elle regarde cela comme une infulte plutôt que comme une faveur, tendante à les détacher de leurs confreres américains. Elle a nommé cinq délégués pour fe rendre de fa part au congrès général; elle a déclaré qu'elle n'enverroit aucune marchandife chargée pour Angleterre après le 6 de Juillet, & qu'elle n'y en enverroit plus après le 10 Septembre; elle a réfolu de ne faire aucun envoi aux ifles des Indes occidentales qui refuferoient de fe conformer aux conditions du congrèsgénéral; de fupprimer l'article des ufages fuperflus; d'encourager l'agriculture, & de s'attacher à augmenter le nombre des beftiaux autant qu'il roit poffible.

Enfin, le fentiment de la défenfe eft fi général en Amérique, que les vieillards, comme les jeunes gens, s'empreffent de fe montrer fous les étendards de la li

berté, avec la plus ferme réfolution de ne point abandonner fa caufe. Il y a quelque tems qu'on a formé trois compagnies dans la ville de Reading, au comté de Berk on en a levé, depuis, une quatrieme fous le nom de vieux Soldats, pour fatisfaire cet efprit de patriotisme qui réunit tous les âges. Les plus jeunes n'ont pas moins de quarante ans, & l'officier qui étoit | à leur tête la premiere fois qu'ils fe font affemblés, étoit un vieillard de plus de 80 ans, qui en a pallé 40 au fervice, & qui s'eft rrouvé à 17 batailles rangées. Les fynodes d'Yorck & de la Philadelphie ont donné conjointement une lettre paftorale qui fut lue, le 29 Juin, dans toutes les églifes; le peuple y eft exhorté & encouragé à rifquer tout ce qui lui eft cher pour la caufe glorieufe que tout le continent foutient, à témoigner fon attachement au roi d'après les principes qui ont placé fa maifon fur le trône, mais à maintenir l'union qui fubfifte catre toutes les colonies & d'où dépend le fuccès de leurs mefures, de retrancher le luxe, le divertiffement & le jeu. On lui recommande l'ordre & la bien féance, l'humanité & la clémence, com I me auf de veiller & prier fans ceffe dans cette circonftance importante &c.

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Les troupes du roi ont par intervalle, canonné, dans les premiers jours de Juillet, Roxburi, occupé parles rebelles qui ont répondu par un feu affez vif fur Bofton; mais le dommage ne fut pas confidérable de part ni d'autre. Depuis l'action du 17 Juin, l'armée améri caine s'eft occupée à fortifier toutes les hauteurs, dont plufieurs font rendues inacceffibles. Ils ont aufii for mé des redoutes & des retranchemens à un demi-mille des lignes du général Gage, à peu de distance de Roxbu ri, & ils fe propofolent de faire toujours par degrés des approches, afin de délivrer cette capitale infortu née des mains de fes ennemis. Il a été réfolu que les troupes des différentes colonies américaines ne porteroient que le même uniforme.

HOLLANDE.

LA HAYE (le 4 Septembre. ) Par une ordonnance du 18 du mois dernier, les états-généraux prolongent pour une année la défense faire aux fujets de la république, de tranfporter des armes & munitions de guerre aux colonies angloifes de l'Amérique, & leur en defendent audi l'expor tacion en tout autre pays étranger, fans l'agrément du col. lege de l'amirauté, fous peine de confiscation, & d'une amende de mille florins.

On a dit dans le tems, que le roi de Maroc avoit rompu la paix avec la république, & refufé les préfens qui lui avoient été envoyés. Les états généraux, en conféquence, avoient ordonné au Sr. Roffignol, leur conful, de ne fe donner aucun mouvement ultérieur pour faire changer les difpofitions du prince maure, & ils lui annonçoient qu'ils tenoient la guerre pour déclarée. Cependant ce conful a continué de négocier & de demander la paix, & il a remis au roi de Maroc les préfens qui lui étoient deftinés. L. H. P., mécontentes de ces démarches, fi peu convenables à leur dignité, & faites fans leur participation, viennent d'ordonner au Sr. Roffignol d'en faire un défaveu formel.

On apprend de Bordeaux, que le maréchal de Mouchy n'ayant pu parvenir à concilier les deux partis du parlement, il eft arrivé des ordres du roi, d'après lefquels les membres du parlement nouvellement rentrés ont enfin confenti à recevoir les autres pour exercer conjointement avec eux les fonctions de la magiftrature. Mais on voit qu'ils ne font pas prêts à oublier l'injure que les autres leur ont faite en manquant à l'engagement qu'ils avoient formé tous enfemble, lorfqu'ils apprirent la deftruction du parlement de Paris; & ils viennent d'affurer publiquement qu'ils ne conférent avec les autres que pour marquer leur amour pour le roi, & leur foumiffion à fes volontés.

Les auteurs des papiers publics qui ont annoncé la réunion de l'ordre de St. Antoine à celui de Malte ont été mal inftruits. Des lettres auxquelles on peut ajouter foi, portent qu'il ne s'eft fait aucun changement dans cet ordre refpectable, qui a toujours bien mérité de l'église & de

l'état.

PAYS BAS.

BRUXELLES (le 5 Septembre. ) Le prince de Stahremberg, miniftre plénipotentiaire de L. M. I. & R. au gouvernement des Pays-Bas, & la princeffe fon époufe, arriverent de Vienne en cette ville le 27 du mois dernier.

Le 31, les Srs. de Crumpipen, freres, Pun chance. lier de Brabant, l'autre fecrétaire d'état au département de la guerre, furent décorés des marques de l'ordre de St. Etienne, par le prince de Stahremberg.

L'impératrice-reine a donné des ordres pour faire paffer ici une fomme de 600 mille florins, reftant des 15 millions qui lui ont été avancés pendant la derniere guerre, fous la garantie de ce pays. Le gouvernement ai fant ainsi, par une fage économie, des progrès dans

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