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fource dans l'amitié, appartient au régiment de Condé, infanterie. Le Sr. Beders, qui fervoit dans ce corps depuis 35 ans, & qui, après avoir rempli avec autant d'exactitude que d'intelligence tous les grades fubalternes de la milice, avoit mérité la place de quartier-maitre, fut enfin obligé de demander fa retraite, qui lui fut accordée. Il alla lui-même annoncer cette nouvelle à fes camarades, qui étoient à diner; ils lui témoignerent d'abord leur affliction de fon départ prochain & l'un d'eux prenant la parole, dit: La caufe de nos regrets eft bien légiume; mais nous pouvons nous donner un motif de confolation. Notre ami Beders nous quitte; fon áge & fes bleffures l'exigent. Mais, pour qu'il fe fouvienne jusqu'au dernier moment de fa vie de l'estime que le régimens avoit pour lui, faifons lui une penfion annuelle de 200 liv.; ce fera pour lui un fouvenir toujours renaiffant de l'amitié de fes anciens camarades. Il n'y eut qu'une voix fur cet avis, qui fut approuvé par acclamation.

Le 3me. acte d'humanité s'eft paffé dans la paroiffe de Montboucher, élection de Bourganeuf, généralité de Limoges. Le collecteur de ce lieu ayant diffipé les fonds qu'il avoit perçus, & qui montoient à 100 écus, fut arrêté & condamné aux galeres. Sur les repréfentations que le curé fit à fes paroiffiens, combien il feroit trifte qu'un de leurs concitoyens fe trouvât flétri, ils allerent avec leur pafteur, chez le receveur des tailles, & s'obligerent de remettre à la caifle, en 4 termes, les deniers diffipés. Le coupable échappé à la punition qu'il avoit méritée, fut à peine revenu dans le village, que, fans en être réquis, il afferima fon petit bien à fes bienfaiteurs, pour s'acquitter d'une partie des avances qu'on devoit faire pour lui. Ces difpofitions étant faites, il quit ta fa maison, alla fervir de manouvrier avec son

fils, dans les environs de Paris, & envoya, chaque année, une partie du produit de fes travaux. Après 5 ans d'abfence, il vient de revenir à Montboucher, où il a repris fon bien, affranchi de toute dette. Son premier foin fut de raffembler fes bienfaiteurs, à qui il donna un repas proportionné à fes facultés. Sa conduite & fà reconnoif fance effacent le fouvenir de fa faute, & répondent parfaitement à la générofité de fes concitoyens.

La fermeté, d'une part, le défintéreffement généreux de l'autre, font le fujet du 4me, trait qu'il nous refte à rapporter. Une demoiselle du bourg de St. Donnin, généralité de Montpellier, nommée Anne Pedretty, aimoit depuis 4 ans un jeune homme, à qui elle deftinoit fa main. Ses parens, fans confulter fon inclination, & ne fongeant qu'à fa fortune, avoient réfolu de l'unir au Sr. P. Blanc, pour qui elle avoit de la répugnance. Ils font fiancés, & la victime eft conduite au pied des autels. Lorfque le curé lui demande fi elle accepte pour époux le Sr. Pierre Blanc, elle répond avec fermeté: Monfieur, il me tarde, fans doute, d'être mariée; mais je vous préviens que M. Blanc n'eft point l'époux que j'ai choifi. Depuis longtems j'ai donné mon cœur & ma foi à M. Jean Biny; il eft ici témoin du ferment que. je fais de n'être jamais à d'autre. On juge bien quelle fut la furprise du curé, des parens & de l'affemblée : bientôt fuccede l'adiniration. Le fiancé cherche dans la foule le rival heureux qu'a défigné la demoiselle Pedretty : il le trouve, & le place à côté d'elle, puis il follicite lui-même avec empreffement le pere & la mere de ne plus s'oppofer au bonheur de leur fille. Pour les décider fur le champ, il fait une donation de fes biens à la perfonne qui lui a refufé fon cœur & fa main. Les parens, touchés d'un fentiment fi rare, fe rendent aux inftances du Sr. Blanc; & le

prêtre, attendri jufqu'aux larmes, donna la bénédiction nuptiale au couple amoureux.

Les habitans du bourg d'Ivry la Chauffée, au diocefe d'Evreux en Normandie, s'étant réunis pour folliciter le rétablissement de la communauté des bénédictins dans l'abbaye de ce lieu, ont reavec les marques d'une joie bien flatteufe pour la congrégation de St. Maur, le nouveau prieur de cette communauté rétablie, avec les religieux qui y font arrivés le 19 du mois dernier.

çu,

Le feu prit à la ville de St. Dizier, en Champagne, la nuit du 19 au 20 du mois dernier, dans la maifon d'un fournier public: il fit des progrès d'autant plus rapides, que les fecours font plus lents & difficiles à procurer pendant la nuit ; les flammes, s'élevant par degrés, gagnerent la tour de l'églife paroiffiale, fur laquelle étoit un clocher en charpente, fort élevé, & bientôt toute cette partie fut embrafée, au point que cinq grof fes clochesfurent fondues. On appercevoit de fix lieues la flamme, qui ne s'abaiffa que lorfque le clocher, s'écroulant de toutes parts, communiqua l'incendie à plusieurs maifons, qui en devinrent la proie en un inftant, ainfi que toutes celles qui leur étoient contigues & oppofées : alors tout l'intérieur de la ville fut embrasé à la fois, malgré l'activité des magiftrars, & le secours des habitans des faubourgs, de ceux de la campagne, & des pompes qu'y envoyoient les villes voifines, averties par la flamme & les torrens de fumée qui s'élevoient dans l'atmosphere. Il y a eu 84 maifons brûlées, non compris le palais, la halle, les prifons & l'églife paroiffiale; quatre perfonnes y ont perda la vie, & plus de 50 font fans pain, fans afyle & fans reffource, particulierement plufieurs familles de marchands, dont toute la fortune étoit dans leurs megafins. On évalue la perte occafionnée par cet incendie, à plus de 1, 500,000 liv.

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Le Sr. Vicq d'Azyr, de l'académie royale des fciences, a voulu s'affurer fi les cuirs des beftiaux morts de la maladie épizootique étant paffés à la chaux d'une certaine maniere, étoient encore capables de communiquer la maladie aux beftiaux fains, & le réfultat de fes expériences a été qu'avec la préparation, ils ne confervoient plus de corpufcules contagieux, Le miniftre des finances a invité, en conféquence, cet académicien à publier un procédé, qui, dans le cas funefte de l'épizootie, confervera du moins ce que la crainte de propager ce fléau faifoit perdre auparavant.

On a fait au village de Billafais, à 2 lieues de Thouars, en Poitou, la découverte importante d'une fontaine dont les eaux ont la propriété de guérir toutes les maladies de la peau. On eft parvenu à cette connoiffance, en remarquant que les animaux attaqués des maladies cutanées alloient par inftinct fe baigner dans fes eaux. On en a fait les plus heureux effais fur des perfonnes couvertes d'ulceres & de lepre, qui ont été radicalement guériss. On affure que le gouvernement se propose de faire étendre le baffin naturel de cette fontaine précieufe, & d'y envoyer tous les foldats qui feront attaqués de maladies cur tanées.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 31 Août. ) L'adreffe ou pétition du congrès général de Philadelphie, que le Sr. Pen, avoit remife au roi le 17 de ce mois, fut examinée le 24 dans un grand confeil d'état. Toutes les propofitions que cette piece contient ne font pas encore con-nues. On dit feulement que le congrès offre de foufcrire de la maniere la plus étendue à l'acte de navigation, pourvu que les Américains foient remis fur le pied où ils étoient en 1762; mais on y rejette l'offre infidieufe qui fut faite au mois de Février dernier par le miniftere, & qui n'a pour but que de produire la défu-nion dans les colonies, & de frayer le chemin de l'eflavage par les troubles & par l'anarchie. On y-prie S,

M. de travailler à la conciliation entre la Grande - Bietagne & les colomes; mais on déclare que fes miniftres lur en ont impofé, & qu'on a trompé la fageffe du parlement par de fauffes imputations. On ne doute pas que ces propofitions ne foient rejetées, & l'on affure même qu'il a été décidé au confeil de ne faire aucune réponse à cette pétition qu'on regarde comme une production émanée d'une affemblée illégale. Quelques perfonnes prétendent d'ailleurs que les Américains ne s'attendent pas à être écoutés favorablement, & qu'ils n'ont rifqué ces propofitions que comme une derniere tentative avant que de fecouer le joug pour toujours.

Quoiqu'il en foit, la cour ne paroit pas difposée à se départir des principes qu'elle a adoptés & elle met en ufage tout ce qui peut contribuer à réduire les colonies. En conféquence, le roi vient de faire publier la proclamation fuivante.

GEORGES, Roi,

« D'autant qu'un grand nombre de nos fujets de différentes parties de nos poffeffions & notamment de nos colonies au nord de l'Amérique, entraînés & féduits par des efprits dangereux, & ayant oublié la fidélité qu'ils doivent à l'autorité qui les a protégés & foute. nus jufqu'ici, après s'être permis des actes qui ont détruit la paix publique, arrêté l'activité du commerce, & opprimé ceux de nos fujets qui nous reftoient fideles, continuent de fe porter jufqu'à la rébellion ouverte, & à une guerre en forme; & d'autant qu'il y a tout lieu de penfer que cette révolte eft la fuite des confeils pernicieux de quelques traîtres qui defirent la fubverfion de la chofe publique, voulant d'ailleurs qu'aucuns de nos fujets ne puiffent négliger ou violer leurs devoirs par caufe d'ignorance, ou dans le doute de la protection dont la loi récompenferoit leur zele & leur fidélité, nous avons, de notre avis & de celui de notre confeil-privé, jugé à propos de publier la préfente proclamation royale, par laquelle nous déclarons que, non feulement nos officiers-civils & militaires font dans l'obligation de contribuer de tout leur - pouvoir à l'extinction de la rébellion & de dénoncer tous les traîtres qui feroient de leur connoiffance, mais que nos autres fujets de toutes nos poffeffions quelconques font aftreints par la loi à aider & procurer la découverte des ennemis de Pétat, qui ont confpiré, & attenté à la dignité de notre couronne: en conféquence, ordonnons & voulons que nos officiers civils & militaires &

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