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Je les connois, les auteurs de ma mort ; mais je leur pardonne, & les abfous de bon cœur. Ce qu'il y a de certain, c'eft que le tombeau de ce pontife refpectable eft vifité par une grande quantité de péTerins, & qu'on entend crier dans les rues, que Clément XIV, eft mort martyr.

On apprend de Paleftrine, autrefois Preneste, que le 18 de ce mois, fête de St. Agapit, patron de l'endroit, il s'eft élevé une grande difpute entre les habitans de la ville & ceux du duché de Zagarolo qui s'étoient rendus à cette fête, des infultes on en eft venu aux mains; 4 personnes ont perdu la vie dans cette bagare, & 9 autres y ont reçu des bleffures mortelles.

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GENES (le 16 Août.) Le grand confeil a élu pour gouverneur à Savone le noble Alexandre Giuftini ni, & à Novi, le noble Jérôme Durazzo. Il a nommé en même tems, capitaine de Va da le noble Felix Riccio Jacobi.

Le noble Jean-Pierre Serra, qui avoit été dif pensé à caufe de fon grand age, par le grand & le petit confeil, de remplir la dignité de fénateur a été remplacé par le noble Hippolite Invrea.

Le prince de Bruniwick eft arrivé de Baftia le 28 du mois dernier, fous le nom de comte de Blankenbourg; il étoit accompagné du Sr. Jadard, commillaire des guerres en Corfe, & de quelques autres François.

On apprend par un bâtiment arrivé de Trapani, qu'un vaiffeau de guerre maltois a conduit à Malte une groffe galiote de Tunis, de 103 hommes d'équipage.

vé un vain d'Ancone portent qu'il y eft arri

vé un vaiffeau ragufois qui avoit rencontré du côté d'ichia une groffe galiote de Tunis; que celle-ci le croyant Efpagnol, lui avoit tiré trois coups de canon, mais que reconnoiffant lon ́er

feur, elle avoit, ceffé de le pourfuiyre.

On écrit de différens ports d'Efpagne, qu'on y feve une grande quantité de recrues dans toutes Ies provinces de la monarchie, & que la principauté de Catalogne a offert à S. M. Cath. de hui fournir un corps de 15 mille hommes.

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LIVOURNE (le 23. Août.) Le meurtrier du colonel Buttafuoco n'avoit point pris la fuite, comme on le croyoir; c'étoit fon valet de chambre, qui avoit l'audace imprudente de se promener à Baftia avec le manteau encore enfanglanté de celui qu'il avoit poignardé. Arrêté fur ces indices, il a fait l'aveu de fon crime, & a été condamné à être rompu vif, & exposé fur la roue où il a expiré.

If eft arrivé en ce port, le 4 de ce mois, un Batiment anglois, nommé Fregate Tofcane, & verint de Tunis en 10 jours de trajet. Le capitaine Dormer, qui le commande, & les paffagers, au nombre de 20, ont dépofé que dans la nuit du 24 Juillet, les galeres de la religion de Malte, étoient entrées dans le port de Tunis, & y avoient mis le feu à deux frégates de guerre, & à quelques autres bâtimens que le bey faifoit équip per, pour transporter à Alger un fecours de 3 mille hommes; que le bey, en ayant été informé, avoit fait garnir de canon la colline qui commande le port, & avoit exigé des patrons des bâtimens étrangers qui y mouilloient pour charger des grains & autres marchandifes, qu'ils le dédommageaffent de la perte que les galeres maltoifes lur avoient caufée; mais, que ces patrons l'ayant refufé, il avoit défendu, fous les peines les plus rigoureules, de charger, fur ces bâtimens aucune foite de marchandifes, particulierement des grains.

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Cette nouvelle fur confirmée le 7 par le capi

taine d'un navire fuédois, qui a rapporté que la défenfe faite aux bâtimens chrétiens d'embarquer des grains & autres comeftibles fubfiftoit toujours, & que le bey avoit fortement menacé les confuls européens, s'ils ne réparoient pas le dom mage caufé par les Maltois.

La frégate de guerre ruffe la Nietronmena, de 56 canons. & 311 hommes d'équipage, aux ordres du capitaine Alifoff, vient d'entrer en ce port. Elle eft venue d'Auflaen 76 jours de trajet; c'eft le dernier vaiffeau de cette puiflance qui fe trouvoit dans le levant..

Un officier tofcan qui fe trouve à bord de la frégate la Rondinella, a écrit de la rade d'Alicante, qu'il y avoit dans l'armée des Algériens beaucoup de chrétiens renegits qui en dirigeoient les opérations; qu'il ne faut ajouter foi qu'aux relations de cette malheureufe expédition qui viennent directement de la cour de Madrid; que fa majefté catholique n'a point renoncé au projet de punir ces infideles; qu'elle fera paffer à Alger 45 mille hommes de débarquement; mais que la belle fifon étant fur le point de finir, cette entreprise fera probablement renvoyée à l'année prochaine.

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Le rapport du capitaine d'un navire anglois arrivé en ce port le 18, ne s'accorde pas avec cette nouvelle. Il dit que le 6 de ce mois il a rencontré un convoi efpagnol, compofé de vaiffeaux de guerre, de frégates, & d'une grande quan tité d'autres bâtimens qu'il a eftimé monter à plus de 400 voiles, & qui paroiffoient voguer directement vers la Barbarie.

Dans les circonftances actuelles, on fe rappelle une lettre du Sr. de Voltaire, laquelle eft conçue en ces termes:

Il eft trifte, Monfieur, 'qu'on n'ait point écou é les propofitions de l'ordre de Malte, qui of

froit, moyennant un fubfide médiocre de chaque étar chrétien, de delivrer les mers des pirates de Tunis, de Maroc & d'Alger. Les chevaliers de Malte feroient alors les défenfeurs de la chrétienté. Les Algériens n'ont aduellement que a vaiffeaux de so canons, & 5 d'environ 40, 4 de 30 ; le refte ne doit pas être compté. Il eft honteux qu'on voie tous les jours leurs petites barques enlever nos vaiffeaux marchands dans toute la méditerranée'; ils croifent même jufqu'aux Canaries, & jufqu'aux Açores. Leurs milices compofées d'un ramas de nations, anciens Mauritaniens, anciens Numides, Arabes, Turcs,Neg es même, s'embarquent presque fans équipage fur des chébecs de 18 a 20 pieces de canon;ils infestent nos mers,comme des vautours qui attendent leur proie ; s'ils voient un vaiffeau de guer re, ils s'enfuient; s'ils voient un vaiffeau marchand, ils s'en emparent; nos amis, nos parens hommes & femmes, deviennent efclaves, & il faut aller fupplier humblement les Barbares de daigner recevour notre argent pour nous rendre leurs captifs. Quelques états chrétiens ont la honteuse prudence de traiter avec eux, & de leur fournir des armes avec lesquelles ils nous dépouillent: on négocie avec eun en marchands, & ils négocient en guerriers. Rien ne feroit plus aifé que de réprimer leurs brigandages, on ne le fait pas; mais que de chofes feroient uules & aifées qui font négligées abfolument! La néceffité de réduire ces pirates eft reconnue dans les confeils de tous les prin ces, & perfonne ne l'entreprend. Les religieux de la rédemption des captifs font la plus belle inftitution monaftique; mais elle eft bien honteuse pour nous. Les Maures n'ont point parmi eux de Marabous de rédemption des captifs, c'est qu'ils nous prennent beaucoup de chrétiens & que nous ne leur prenons guere de mufulmans,

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MADRID (le 15 Août) Don Dominique de Salcedo, maréchal de camp, gouverneur de Ceuta, vient d'informer la cour, que 5 galiotes du roi de Maroc fe font préfentées, le 2 de ce mois, dans cette baie, avec pavillon de paix. Le capitaine qui les commandoit, remit à ce gouverneur trois certificats des confuls anglois, vénitiens & portugais à Tanger, qui déclaroient unanimement que le même capitaine avoit protefté, en leur prétence & pardevant notaire, que le roi fon maitre lui avoit abfolument défendu d'offenjer ou de molester, en aucune façon, les bâtimens efpagnols qu'il rencontreroit dans fa navigation, & qu'il lui avoit ordonné au contraire de les affifter, & de leur donner tous les fecours dont ils pourroient avoir befoin. Le capitaine, en remettant ces certificats au gouverneur Don Dominique, lui dit que fon fouverain l'avoit chargé de les lui préfenter, d'en ratifier le contenu & d'affurer que S. M. le roi de Maroc defiroit plus que jamais de cimenter la paix avec notre fouverain, qu'ainfi il etpéroit recevoir une réponfe favorable, & propre à manifefter les intentions de la cour d'Espagne. Don Dominique de Salcedo ayant fait part de cette nouvelle au roi, en a reçu ordre de faire remettre, par le commandant du camp près de Ceuta, la réponse fuivante: «Que S. M. perfifioit fermement dans la réfolution de ne prêter l'oreille à aucunes propofitions de paix, avant d'avoir reçu de la pars du roi de Maroc, une fatisfaction complette, & proportionnée à l'infulte à laquelle ce prince s'eft porté en affiégeant Mélille, contre la foi d'un traité folemnel, & malgré l'amitié promife & ftipulée en◄ tr'eux qu'au furplus, le roi lui enjoignoit de ne pas oublier que la guerre fubfiftante entre l'Espagne &

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