ter ceux qui font au fervice de fa maison, de porter des étoffes en or ou en argent, des galons, ou des broderies, tant en foie qu'en or ou en argent, fous peine de 500 écus d'amende. Cette loi permet feulement aux hommes de porter des cha peaux bordés, & des boutons d'or ou d'argentà leurs habits.

VIENNE (le a5 Août. ) L'empereur & l'impératrice-reine affiftent régulierement aux féances de la grande commiffion qui a été nommée pour examiner les griefs des payfans de la Bohême & de la Moravie. On affure que, d'après les réfolutions qui ont été prifes, les impôts feront diminués, & les corvées fupprimées. En attendant, on a pris les mefures les plus propres à terminer les troubles, & à ramener la tranquillité; les troupes font toujours fous les armes dans les endroits les plus fufpects, & l'on en a envoyé de nouvelles dans la partie de l'Autriche qui confine avec la Moravie.

Le 20 de ce mois, fête de l'ordre de St. Etienne roi de Hongrie, l'empereur, en fa qualité de grandmaitre, accompagné de l'archiduc Ferdinand & du duc Albert de Saxe Tefchen, précédés des grands-croix, commandeurs & chevaliers de l'ordre, & de toute la cour, fe rendit à la grande chapelle, où S. M. I. affifta au fervicé divin, après lequel elle revint dans le même ordre au palais. Elle y dina fous un dais dans le grand fallon, avec L. A. R. Les grands croix dinerent dans la même falle à une table attenante & en face du dais, & les commandeurs & chevaliers à une troisieme table, fervie dans une autre falle.

Le 22, l'archiduc Ferdinand & l'archiducheffe fon époule, font partis pour Stæteldorff, maison de plaifance du comte de Hardig, où L. A. R. fe propofent de paffer quelques jours.

Il paroit un conclufum du confeil aulique de l'empire relativement au nouvel établiffement d'une foire de livres à Hanau. L'empereur, en fa qualité de chef de l'empire, y déclare avoir été obligé de fupprimer, comme attentatoires à fes droits, certains principes que contiennent les lettres- patentes de cet établiflement, & la lettre circulaire dreffée pour cet objet.

Il eft arrivé au faubourg de Léopoldstadt une chaloupe à l'angloife, portant des mâts, & propre à tenir la mer. C'eft une tentative heureuse du capitaine Jofeph Gianelli, Génois, qui avoit déjà fourni des moyens de rendre la navigation du Danube moins dangereufe, & qui, avec fa chaloupe, auroit remonté ce fleuve entierement à voiles, fi le defir d'arriver ici au commencement de la foire ne l'avoit pas forcé d'employer auffi le tirage des chevaux depuis Bude. Ce même capi taine eft prêt à faire lancer à l'eau un bâtiment du port de 600 quintaux, & qui ne prenant que 5 pieds anglois de fond, lorfqu'il aura toute fa charge, pourra voyager dans toutes les mers. D'après cette premiere tentative, on peut efpérer de voir remplir les vœux de nos fouverains, puifqu'ils feront affurés que déformais les naufrages feront moins fréquens qu'ils ne l'étoient fur le Danube.

Il y a dans le village de Schlauch, fitué dans la partie fupérieure de la Hongrie, un pay fan âgé de 120 ans, qui planta un arbre, dont il a fait, pour ainfi dire, le baromêtre du cours de fa vie. Cet arbre commence à vieillir, & le payfan qui aime la vie, va le vifiter très-fouvent, le foigne avec une espece de tendreffe, & à chaque défaut qu'il y remarque, il retranche quelque chofe des années de fa vie, qu'il avoit fixées à 150; il ne fe propofoit pas de vivre moins, & il croyoit y réuffir par le moyen du régime qu'il obferve, & fur le quel il rafine encore tous les jours.

LT ALIE.

ROME ( le 23 Août.) Le fouverain pontife a nommé le prélat Jofeph di S.ngro, protonotaire apostolique de la congrégation des rits, à la place du prélat Crivelli, qui paffe à la nonciature de Florence. Le pere Albert Ximenez, prieur général de l'ordre des carmes-chauffés, a été déclaré confulteur de la congrégation des rits, qui eft fixée au 19 Septembre, pour la caufe de la béatification du ferviteur de dieu don Jean de Palafox, évêque d'Ofma.

L'archiduc Maximilien fe rendit, le 3 de ce mois, avec une fuite des plus brillantes, à l'audience du pape, qui le reçut avec de grandes marques d'éftime, & fit préfent à S. A. R. d'un chapelet en lapis lazuli, & d'un camayeu, entouré de brillans, fufpendu en forme de médaille, avec un bref des indulgences; le fouverain pontife fit aufli préfent de chapelets précieux aux feigneurs de la fuite de ce prince. Le 4, le pape lui envoya un magnifique tableau en petits points, repréfentant Papôtre St. Matthieu, un autre en mofaïque, repréfentant un ecce.. e-homo, le tout d'un travail fini; le corps d'un faint avec fa chaffe, doublée de ve lours cramoifi & garnie d'or; une caiffe d'Agnus dei, 15 tomes des Vues de Rome, reliés en maroquin, & 12 eflampes des plus précieufes. Le 6, le majordôme du pape, de la part de S. S., alla fouhaiter un heureux voyage à ce prince; ce que les cardinaux ont auffi fait faire par leurs maitres de chambre. Le 7, S. A. R. partit pour Florence. Ce prince a laiffé ici des marques de fa géné rofité. Indépendamment des tabatieres, des montres d'or, des bagues, en diamans & en brillans, qu'il a données à ceux qui ont eu l'honneur de l'ap procher & de le fervir, il a fait encore diftribuer 5 à 6 mille fequins aux officiers des princes & feigneurs romains.

La fête de St. Ignace de Loyola a été célébrée cette année, dans les églifes de la maison profeffe & du college romain, à peu-près comme elle l'étoit avant la fuppreffion de la fociété.

Le 12, on remit en liberté les ex-jéfuites Favre & Benincafa, ainsi que l'abbé Cattrani, archidiacre de St. Eustache, qui étoient enfermés au château St. Ange. Le premier avoit à expier la faute d'avoir critiqué plus d'une fois & très-amerement les ouvrages du pere Mamachi, dominicain, & théologien de la congrégation fur les affaires jéfuitiques. A la fortie de fa prifon, on a exigé qu'il s'obligeât par ferment à ne jamais écrire contre le fameux bref. Le pere Benincafa eft celui qui fut arrêté publiquement en 1773, le jour de Noël, pour avoir tranferit quelques ouvrages en faveur de la fociété fupprimée; c'eft un fujet du duc de Modene. Quant à l'archiprêtre de St. Euftache, il eft rentré dans fon bénéfice. Il avoit eu part à l'impreffion de quelques brochu res en faveur de la dévotion au facré cœur de Jéfus, attaquée par le pere Georgi, augustin, & de quelques autres petits ouvrages pour fuppléer aux animadverfions du promoteur de la foi dans la caufe de Palafox: en lui rendant la liberté, per due pendant près de deux ans, on a exigé de lui qu'il ne parleroit point du paffé, & qu'il feroit plus circonfpect dans fes relations.

Les ex-jéfuites qui habitent la maison professe de Jéfus, s'affemblerent le 20 vers les 9 heures du matin, dans la grande falle où l'on procédoit à l'élection des généraux de la fociété éteinte; les prêtres, en habits longs & en manteaux, y occuperent les premiers bancs, & les freres lais les bancs inférieurs. Peu après, le cardinal Zelada s'y rendit, & prit poffeffion du gouvernement de cette maifon. On y lut un bref du pape, qui explique la nature des pouvoirs accordés à ce cardinal par S. S.

La congrégation de la Propagande a reçu de nouveaux détails fur la mort que les deux dominicains ont foufferte pour la foi dans le Tonquin. Il est bien conftaté que les idolâtres ne leur reprochent d'autre crime que d'avoir profefié & prêché la religion de J. C Ces deux m'ffionnaires ont eu la tête tranchée, & ils ont montré tous les deux la même conftance. Le 7 Novembre 1773 fut le jour de leur martyre. Après avoir rempli pendant bien des années les pénibles fonctions de miffionnaires, après avoir édifié les chrétiens par une vie fainte, & frappé les idolâtres par la pureté de leurs mœurs, ils ont eu le bonheur d'ob. tenir du ciel la plus belle récompense qui puiffe couronner le zele. Le fouverain pontife, dont la tenere piété, l'ame fenfible, l'amour ardent pour l'églife, font univerfellement reconnus, a reçu les actes de leur martyre avec de grands témoignages de joïe.

Le bruit de l'empoifonnement du feu pape fe renouvellant chaque jour, on dit que le St. pere a mandé le général des freres mineurs pour fçavoir s'il étoit vrai que Clément XIV lui eût dé. claré peu avant fa mort, qu'il mouroit empoisonné, & qu'il connoiffoit l'auteur de cet attentat; que le général avoit déclaré verbalement & par écrit, que jamais le feu pape ne lui avoit fait cette confiden. ce ni pendant fa vie, ni aux approches de fa fin. Les partifans de la fociété concluent qu'enfin l'affaire du poifon eft tirée au clair par cette déclaration, qui eft, difent-ils, entre les mains du pe depuis le 29 Juillet dernier. Ceux qui ne font d'aucun parti, & qui ne cherchent qu'à s'affurer de la vérité, croient que la dépofition du géneral des freres mineurs ne détruit aucun foupçon d'empoisonnement. D'autres enfin continuent d'affurer & de répandre que le feu pape, peu d'heures avant que d'expirer, a dit au grand pénitencier :

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