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quoi les loix faites fous fa direction n'avoient été ni publiées ni imprimées, il a tâché de fe mettre à l'abri de ce reproche en les faifant

immatriculer à la hâte.

Une affaire encore plus grave par rapport à fa réputation, eft celle que lui a fufcité le prince Nicolas Radzivil. Ce prince fe trouvant chargé de l'adminiftration des biens du jeune prince Jérôme Radziwil, dont il étoit le tuteur, voulut profiter des circonftances, dans un tems où tout fe vendoit jufqu'à la juftice. Il pria le prince Poninski d'arrêter les pourfuites des créanciers de fon pupille jufqu'à ce qu'il fût devenu majeur, & lui offrit pour cet effet une lettre de change de 7 mille ducats, qui lui furent comptés par le banquier Tepper. Les créanciers, de leur côté, acheterent plus cherement encore la protection du prince Poninski, & furent autorifés par les décrets de la confédération à fondre fans ménagement fur les biens de la maifon de Radziwil. Ce tems de dépradation étant fini avec la confédération, le banquier demanda au prince Nicolas Radziwil le paiement des 7 mille ducats qu'il avoit avancés. Celui-ci alla trouver le prince Poninski, & lui dit, que puifqu'il n'avoit pas rempli les conditions dont ils étoient convenus, c'étoit à lui à fatisfaire le banquier; & fur le refus de l'ex-maréchal, il alla dépofer aux actes publics un manifefte dans lequel étoit expofé le fait qui occafionnoit fa réclamation. Ce parti ébranla le prince Poninski; & pour éviter un procès dont la difcuffion ne pouvoit lui être que défavantageufe il remit toute la fomme au prince Radziwił. Comme il pourroit voir de pareilles réclamations fe multiplier, & que d'ailleurs il s'eft répandu quantiré d'écrits qui ne rendent pas affez de juftice aux opérations du prince Poninski, il s'eft déterminé à aller voyager dans les pays étran

gers, & a déclaré, dit-on, qu'il ne reviendroit ici qu'au mois de Mars prochain : il a pris pour 20 mille ducats de lettres de change.

On apprend de Mofcou que depuis que le comte Branicki, grand- général de la couronne y eft arrivé, il a de fréquentes conférences avec le comte de Panin, premier miniftre de l'impératrice de Ruffie."

Les biens du comte de Dambski, palatin de Brzefc & du prince Antoine Sulkowski ayant été fequeftrés par les Pruffiens, ainfi que nous l'avons annoncé, pour avoir refufé d'en faire hommage à la cour de Berlin, le prince Michel de Radziwil a remis au baron de Rewitzki, de la part du confeil permanent, une note à cette occafion, dont voici la teneur.

Il ne fembloit plus guere poffible que les malheurs des Polonois fuffent aggravés davantage, & obligeaffent à augmenter encore le nombre des notes données antérieurement à LL. EE, Mrs. les miniftres des deux cours impériales, pour avoir recours à la médiation & à la garantie ftipulée folemnellement par le dernier traité du 18 Septembre 1773. C'eft cependant, la dure néceffité dans laquelle fe trouve le fouffigné, par ordre de S. M. le roi, de l'avis du confeil permanent, pour ex pofer, que l'infortune de l'état en entier fe fait fentir maintenant même à des particuliers, qui ne font coupables que d'avoir été fideles à leur prince & à leur patrie. S. M. le roi de Pruffe, dans le tems que la démarcation des frontieres auroit dû être fufpendue de fon côté, pour que les points litigieux fuffent décidés par les puiffances médiatrices, ayant exigé l'hommage de tous les fujets de la république de Pologne compris dans les pays occupés, contre le fens littéral du traité fufmentionné, & en partie mê ne après fa fignature; S. M. le roi de Pologne de l'avis du confeil, fit publier un univerfal , par lequel tous les bons citoyens étoient exhortés à obferver leur ancien ferment & ceux qui étoient en charge fénatoriale à publier cet édit dans les diftris de leurs refforts. Le palatin de Brzefc en Cujavie, comte Dambski, & le palatin de Gnefne, le prince Antoine Sulkowski, ont rempli l'un & l'autre ce devoir facré. Qui auroit cru en Europe, qu'au milieu

d'une négociation remife aux deux cours impériales contractantes, cet acte de foumiffion & d'obéiffance des fujets à leur légitime gouvernement feroit caufe de la féqueftration de leurs biens, fitués dans ces provinces difputées?

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Voilà néanmoins, ce qui vient d'arriver depuis peu, puifque le palatin de Brzefc en Cujavie a été privé de fa faroftie de Gniewkow, & le palatin de Gnefne des terres héréditaires de Witkow (ainfi que le prouve la copie ci jointe de l'ordre de S. M. le roi de Pruffe donné à ce sujet), quoique même elles ne lui appartiennent que du chef de fon épouse, née comtesse Dzialinska, Le fouffigné a ordre non feulement d'infifter plus que jamais auprès de fon excellence M. le baron de Rewitzky, envoyé extraordinaire, & miniftre plénipotentiaire de S. M. l'impératrice-reine apoftolique, afin que le grand & indifpenfable ouvrage de la médiaion foit accéléré; mais auffi de difpofer S. M. l'impératrice-reine à employer fes bons offices pour que tous ceux qui font devenus la victime de leur fidélité, obtiennent au plutôt la reftitution de leurs terres. Il ne peut en même tems, cacher à fon excellence, que la république fent également les circonftances dans lefquelles elle fe trouve, & le droit qu'elle auroit, & qui fouvent a été employé en pareil cas entre nation libres & indépendantes, de féqueftrer réciproquement le reftant des terres de ceux qui ont manqué à leur devoir en prêtant hommage à un autre fouverain, lorfqu'ils en avoient la défenfe du leur. Mais la confiance de S. M. le roi, & de la république de Pologne dans les principes de juftice & d'amitié de S. M. l'impératrice-reine apoftolique étant fans bornes, ils font perfuadés qu'elle les fera agir ef. ficacement en faveur d'une nation alliée, voifine & upprimée.

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En même tems le prince Radziwił a donné au Sr. de Bénoît, miniftre de Pruffe, une note de proteftation, conçue en ces termes.

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Le fouffigné a ordre de S. M. le roi, de l'avis du confeil permanent, de déclarer à S. F. M. de Benoît miniftre plénipotentiaire de S. Maj. le roi de Pruffe, qu'ayant reçu avec la plus vive douleur la nouvelle inattendue du féqueftre mis fur les terres de ceux des fujets de la république (& nommément du palatín de Brzefc en Cujavie, comre Dambski, & du paletin de Gnefne, prince Antoine Sulkowski ) qui, fideles à leur patrie, n'ont pas voulu prêter l'hommage exigé à Inow.

roclaw au mois de Mai dernier, S. M. le roi de Pologne, & le confeil chargé par la derniere diete de veiller prin cipalement à l'intégrité des frontieres de la république felon la teneur du dernier traité, & par conféquent aufli à la confervation de la fortune de fes citoyens, fe trouvent obligés de réitérer la proteftation la plus folemnel. le, auffi bien de nullité contre le fufdit hommage que contre cette nouvelle démarche, & de réclamer plus que jamais la médiation & la garantie des deux cours impé. riales, ftipulée par le même traité du 18 Septembre 1773. Si les circonftances actuelles de la république, & bien plus les fentimens naturels de compaffion pour des par ticuliers, victimes toujours innocentes des différends des rois, l'empêchent d'ufer du moyen fi fouvent employé en pareil cas entre nations libres & indépendantes, de féqueftrer réciproquement le reftant des terres de ceux qui ont manqué à leur devoir, en prêtant ferment de fidélité à un autre fouverain, lorfqu'ils en avoient la défenfé de leur gouvernement, S. M. le roi de Pologne & fon confeil n'en fentent pas moins leur droit, & efperent, qu'enfin S. M. le roi de Pruffe voudra être convaincu du fens littéral du traité fufmentionné, & reftituer à la république tous les diftris occupés au-delà, & même après fa conclufion.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 10 Août.) Le commerce de cette ville eft menacé d'éprouver un préjudice confidérable, par le projet que la cour de Copenhague a conçu d'établir dans le Holftein de nouveaux droits de tranfic fur toutes les marchandifes; on fe flatte néanmoins que l'établiffement de ce péage rencontrera d'autant plus de difficultés qu'il eft contraire aux loix de l'empire. En attendant, on affure que 600 hommes de troupes danoifes doivent venir en garnifon à Altona.

Dantzig eft toujours comme bloquée par les Pruffiens qui ne lui ont point laiffé de territoire. Cette ville, jadis fi floriffante, voit chaque jour couper ou altérer les fources de fon commerce, dont la ruine entiere paroit inévitable. Les habi

tans qui ont quelque chofe à fauver, continuent de fe retirer dans les pays étrangers avec leur argent comptant & leurs effets; ceux qui n'ont rien à perdre, ne parlent que de la patrie, de la liberté, & déclament inutilement contre le fyftême de la cour de Berlin. C'eft auffi vainement que le fénat de Dantzig a imploré l'affiftance de plufieurs puiffances qui lui ont témoigné beaucoup de compaffion, & l'ont exhorté à fupporter les adverfités avec patience.

Leurs Maj. Imp. & R. ayant permis aux diffidens de leurs poffeffions en Pologne d'y conftruire des oratoires, le Sr. Lachaon, le feul miniftre proteftant qu'il y ait actuellement, a été autorifé à vifiter les principales villes où il y a des fujets de fa religion, & à leur adminiftrer les facremens. Il s'eft trouvé une affluence extraor dinaire de luthériens dans les églifes des différens endroits où il a fait fes fonctions paftorales; ils fe font réunis aux catholiques pour implorer la bénédiction du ciel fur les fouverains éclairés qui donnent l'exemple de la tolérance dans ces contrées. Le Te Deum a été folemnellement chanté dans toutes ces églifes, en reconnoiffance du don précieux de la liberté de confcience, qui eft le feul moyen d'émouffer le poignard du fanatisme, dont les effets ont été de tout tems fi funeftes dans les pays où l'on a entrepris de régner fur

les ames.

On apprend que la ville de Dropt ou Derpt en Livonie a été prefque entierement réduite en cendres le 7 du mois dernier. L'incendie fut d'autant plus terrible que le feu fe communiquà d'abord au magafin à poudre, & enfuite au dépôt des pompes; de forte qu'il fut impoffible d'apporter aucun fecours aux endroits où le feu s'étoit manifefté. On dit que plus de 40 perfonnes ont été la proie des flammes. Cette ville, qui conte

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