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te rappel des troupes, & quelques-uns crurent qu'il falloit fupplier le roi de convoquer le parlemen. Le Sr. Staveley fe rendit enfin, & retira fa propofition, quoiqu'avec beaucoup de répugnance; & le Sr. Hunt, feCondé par le Sr Selby, propofa "de préfenter une adreffe au roi, pour fupplier S. M de fufpendre les hoftilités contre les Américains Laff mblée en géné-, ral, qui confiitoit en 133 membres, ne s'oppola point au but de l'adr ffe; mais les aldermans & autres qui n'approuvoient pas la chaleur des démarches en faveur des Américains, demanderent qu'on retranchât le mot remons trance du titre de la piece à préfenter au roi, & ils auroient voulu fubftituer quelque autre mot à celui d'hofsilités, dont on vouloit demander la fufpenfion puif que par ce mot on paroitroit reconnoitre qu'elles avoient été entamées par les troupes du roi. On fe conforma, quant au titre, à leur fentiment; & il fut arrêté de préfenter l'adreffe, conçue en termes humbles & modé. rés; ce qui pala à la pluralité de 74 contre 59 voix : ainfi la majorité ne fut que de 15 voix. L'adresse ayant enfuite été composée, lue, & agréée, les shérifs eurent erdre d'aller demander au roi quand il lui plairoit re cevoir cette pétition.

Ces détails prouvent que le miniftere a fes partisans dans la corporation de Londres, ainfi que dans les deux chambres du parlement; il en a même en Amérique, juf-, ques dans l'affemblée du congrès provincial de Philadel phic. On voit par-là que les refforts qu'il fait mouvoir pour parvenir à fes fins ne font pas encore ufés.

La cour reçoit fouvent des dépêches des diverfes colonies de l'Amérique, fur lefquelles elle garde le plus profond filence. Tout ce qu'on apprend ici de ces con trées, eft tiré des papiers publics & de quelques lettres particulieres: nous allons préfenter ce qu'on y trouve de plus intéreffant.

Les députés de la province de Mafsuchusset-baye arriverent le 6 Mai à la Nouvelle-Yorck, pour le rendre, au congrès général de Philadelphie; ils étoient accompagnés des trois députés du comté de Connecticut. Les principaux habitans allerent à leur rencontre en voiture & à cheval, à quelques milles de diftance de la ville, où ils firent leur entrée au fon des cloches, fous l'escorte de mille hommes qui avoient pris les armes & d'une foule incroyable de peuple.

Le do eur Benjamin Franklin, auffi diftingué par fes Connoiffances que par la fermeté avec laquelle il a dé

fendu les droits de l'Amérique, pendant qu'il a été agent de la Penfyivanie à Londres, n'a pas été reçu avec moins de démonftration de joie à Philadelphie; les citoyens ont réfolu unanimement de l'admettre au nombre de leurs députés & au grand congrès.

Le comte de Dunmore, gouvernene actuel de la Vir ginie, ayant fait enlever le 20 Avril environ 20 barrils de poudre appartenant à la colonie, le maire, de gref=' fier, les aldermans & le commun confeil de la ville de Williamsbourg lui préfenterent le vingt un une adreffe pour fçavoir le motif de cet enlévement, & le prier! de faire reconduire la poudre où on l'avoit prife. Le gouverneur a allégué la conduite d'une colonie voisine, & a ajouté, qu'il ne jugeoit pas que la prudence lui per-1 mit de reftituer ces munitions dans la fituation actuelle.. Cette nouvelle s'étant répandue dans le pays, le colonel Braxton, à la tête d'un corps arnié, compofé de gens à leur aife, entra en ville le 3 Mai vers le foir, pour empêcher que le tréfor public n'eût le même fort, & pour le faifir du Sr. Richard Corbin, receveur-général du roi, & le décenic jufqu'à ce que la poudre, eût été reftituée, ou qu'il en eût payé la valeur ce qu'il fit le 4 en donnant un billet de change de 320 liv. sterling ; & les habitans de la ville s'étant chargés de la garde du tréfer, le Sr., Braxton, en fortit, & alla camper avec fes gens à Duncaftle, ficué à 15 milles de Williamsbourg. C'eft fans fondement qu'on avoit dit que le comte de Dunmere avoit été arrêté sur fon refus de retourner en Angleterre. Il eft feulement vrai que, craignant les excès d'un peuple irrité, il avoit fait conduire fon épouse & fa famille à bord du vailleau de guerre le Fowey, qui avoit mouillé à Yorck, ville & port de la Virginie; mais le 12, il les fit rentrer à Williamsbourg,

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La chambre-baffe de l'affemblée de Rhode Island ayane paffé un bill pour lever un corps deftiné à la détenfe communne du pays, la chambre-haute l'avoit rejetté. Les habitans n'en furent pas plutôt inftruits, qu'ils s'at trouperent, & forcereut les oppofans à confentir à la levée de 1400 hommes ; & comme le gouverneur ne vou luc point s'y prêter, l'assemblée l'a, dit-on, suspendu de fes fonctions. La Nouvelle-Hampshire a aulli réfolu de fournir en hommes fon contingent à l'armée des provin ciaux.

A Charles-Town, capitale de la Caroline méridionale on a enlevé des magafius publics les armes & la poudre, & le tout a été transporté en lieu de sûreté. Le

peuple s'y étant affemblé, a défendu, fous peine de aux pilotes de fervir à bord d'aucun vaiffeau du roi, & les a obligés de s'y engager par forment.

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Les habitans de la Géorgie commencent a remuer. Le rr Mai, ils ont auth forcé le magafin à Savannah, & en ont enlevé toute la poudre. Le gouverneur a rendu une proclamation par laquelle il promet le pardon du roi, & une récompenfe de 150 liv. sterling à quiconque dénonceroit les coupables.

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Les arrêtés du grand congrès tendent tous à s'oppofer par la voie des armes à l'exécution des actes du parlement brid tannique. Il s'est décidé pour une armée de 36 mille hom mes, indépendamment d'une nombreufe milice, pour l'entretien de laquelle il fera circuler un million de liv. fter. en papier, & le 22 Juillet, tous les ports des colonies feront fermés. Néanmoins ce congrès vient de faire paller au comte Darmouth, miniftre au département des colonies, une lettre tendant à réconcilier l'Amérique avec la GrandeBretagne ; le congrès promet de fufpendre fes délibérations, jufqu'à ce qu'il ait reçu une réponse.

Ce projet de réconciliation fut examiné le 12 & le 13 dans le confeil du roi. On ne put d'abord s'accorder à recevoir, de la part d'une affemblée déclarée illicite, ce plan, venant par le canal d'un des agens des colonies, & l'on foutint que, fi les Américains defiroient fincerement un accommodement, ils auroient dû faire connoitre ce defir aux affemblées générales des différentes colonies, lefquelles auroient fait palfer à la cour leurs pro pofitions à ce fujet. Néanmoins, comme la pluralité des membres du congrès penche du côté de la 'pàix, en croit que la cour paffera fous filence l'illégalité du congrès; & la voie indirecte par laquelle on lui a fi parvenir ces ouvertures d'accommodement, pour travailler aux moyens de procurer un ouvrage fi falutaire, & que les circonftances ent rendu fi néceffaire.

On apprend cependant que le général Gage ayant reçu tous les renforts qu'il attendoit de l'Europe, alloir com mencers inceffansment fes opérations; que le nombre des infurgens dans les colonies montoit à 60 mille hommes fous les armes, & qu'ils marchoient en toure diligence vers la province de Mafiachuller-Baye, qui vraifemblables ment deviendroit le théâtre de cette guerre civile; què le général Putnam, qui commande ceux des Américains qu s'y trouvent avec 40 pieces de canon, avoit envoyé lau général Gage un cartel pour l'attirer au combat à forces égales, mais que celui-ci avoit fçu prudemment Péluder

jufqu'à l'arrivée des renforts; que les rébelles avoient intercepté à Ticonderoga un exprès, expédié de Québec par Je général Carleton, gouverneur du Canada, au général Gage, par lequel il lui annonçoit les difpofitions qu'il faifoit pour favorifer les opérations des troupes du roi; que dans plufieurs efcarmouches les Américains ont toujours eu le deffus; que le général Gage avoit été obligé d'envoyer un régiment à la Virginie pour mettre le lord Dunmore en état de tenir contre les foulevés dans ces quar. piers-là.

Une lettre de la Jamaïque porte qu'un de nos vaiffeaux qui vient d'y arriver, avoit paffé très-près de la par tie efpagnole de St. Domingue, & que le capitaine de ce vailleau, à l'aide d'un télescope, avoit découvert une efcadre confidérable de vailleaux de guerre efpagnols qui y étoient mouillés, & un grand nombre de foldats qui s'exerçoient à terre.

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Une députation du corps de ville s'eft rendue le 12 à St. James pour fçavoir quand le roi daigneroit recevoir fa requête concernant les moyens de rétablir l'union entre la Grande-Bretagne & les colonies, & S. M. ayant fixé le 14, elle reçut cette piece à laquelle on avoit fait des changemens elle eft conçue en termes refpectueux & l'on croit qu'elle produira d'heureux effets.

AIX-LA-CHAPELLE ( le 18 Juillet, ) Le Sr. Papillon de la Ferté, intendant, contrôleur-général de l'argenterie, menus plaifucs & affaires de la chambre du roi T. C., a été chargé, de la part de S. M. de porter en cette ville le poële royal, que les rois de France ont coutume d'envoyer, après la cérémonie de leur faère, au tombeau de l'empereur Charlemagne.

Ce poële royal a été placé, le 26 du mois dernier, en présence du Sr. de la Ferté, fur un catafalque décoré des armes de France & de Navarre & avec l'illumination la plus grande. Le 27, les chanoines ont chanté les vigiles, & le 28, une meffe des morts pour le repos de l'ame du feu roi Louis XV. Le Sr. de la Ferté y assista en grand deuil, Ce chapitre a cru devoir donner auffi une preuve de fon refpc&tueux attachement pour la perfonne du roi régnant, & il a célébré, le 29, une messe en mufique, fuivie d'an Te Deum, en actions de graces du facre de S. M. Les différens corps de magiftrature ont affifté à ces cérémonies, qui ont été faites en présence d'un peuple nombreux; elles ont été terminées par un grand repas que le chapitre a donné au Sr. de la Ferté, & au¬

quel ont été invités tous les miniftres étrangers qui se tròuwoient alors à Aix.

il a eu

Le Sr. de la Ferté, conformément aux ordres du roi, a enfuite diftribué aux chanones des médailles frappées à l'occafion du facre de S. M. A fon retour, l'honneur de remettre au roi la lettre de remerciment des chanoines de l'églife royale de cette ville.

NAISSANCE.

La ducheffe de Chartres eft accouchée, le 3 Juiller, à 7 heures du foir, d'un prince qui portera le nom de duc de Montpenfier.

MARIAGE.

Le comte de Rechechouart, capitaine au régiment du soi, cavalerie, époufe demoifelle du Rey de Morfan. L. M. & la famille royale ont figné, le 9 Juillet, le conTrat de ce mariage.

MORTS..

Le docteur Magnus Beronius, archevêque d'Upfal, en Suede, & vice-chancelier de l'université de la même ville, y eft mort le 18 Mai, âgé de 82 ans. (10) 1

Charles-Jofeph Marie François prince d'Aremberg /troifieme fils du duc de ce nom, eft mort en Moravie, le 28 Mai, agé de 21 ans.

N. comte de Seidewitz, confeiller intime de L. M. I, & R. & leur commiffaire à la diete générale de l'empire, eft mort à Ratisbonne, le 22 Mai, âgé de 80 ans.

Jofeph Pierre, comte de Schwachheim, ci-devant in ternonce de la cour de Vienne à Conftantinople, cons feiller aulique & chevalier de l'ordre de St. Etienne de Hongrie, eft mort à Vienne, le 6 Juin, âgé de 63 ans.

Le chevalier de Valliere, maréchal des camps & ar mées du roi, commandeur de l'ordre royal & militaire de St. Louis, gouverneur général des ifles Sous-le-Vent, eft mort le 14 Avril dernier au Port-au-Prince, ifle de St. Domingue,

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