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fets de l'onction facrée, le pafleur dit Que prince en apporta jamais de plus belles & de plus touchantes que Louis XVI? Un ardent amour pour dieu, un fincere attachement à la religion de fes peres, qui s'eft annoncé à son avénement au tróne `par le rétabliffement des maurs; un amour non moins ardent pour fon peuple, qu'il a fait connoitre par ce généreux défintéreffement qui lui a fait faire la remife des prérogatives attachées à fa couronne; l'ordre qu'il a établi dans les finances, le choir des perfonnes qui partagent fon autorité, fes foins continuels pour chercher les moyens de foulager for peuple; la fermeté qu'il vient de faire paroitre pour arrêter le cours du brigandage; la clémence dont il a ufé envers ceux que le repentir a fait rentrer dans le devoir; la diftribution qu'il vient d'ordonner des dépôts de vivres dans la province, pour y faire ceffer la cherté en y ramenant l'abondance, au péril de fe voir obligé de remplir ces dépôts à fes propres frais à un plus haut prix. A ces traits & mille autres qui caractérisent an prince pieux, courageux, & clément, ne reconno fez vous pas, mes freres, l'éleve de la religion, &c.? L'orateur le repréfente un nouveau Salomon profterné aux pieds des autels, demandant à dieu la fageffe & la prudence pour pouvoir difcerner tout ce qui peut être le plus utile au peuple immenfe qu'il gouverne. Vous les avez déjà, dit-il, prince généreux, cette fageffè & cette prudence; dieu ne peut les refufer aux vues que vous vous propofez avec elles, je vous vois déjà le défenfeur de l'état, le pere du peuple, le protedeur de la religion, le fleau de l'impiété; pour nous nous faifons par retour les vaux les plus ardens pour la fplendeur, la prospérité & la longueur de votre regne; que dieu vous accorde l'abondance & la gloire; qu'il vous rende fuperieur en richeffe & en magnificence aux rois qui vous

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ont précédé, & à ceux qui doivent regner après yous. Devenez le bouclier de vos fujets, la terreur de vos ennemis, l'admiration de tous vos voisins, &c. A peine la nouvelle du facre & du couronnement de Louis XVI étoit elle parvenue dans l'Agenois & le Condomois, que les proteftans de ces provinces s'affemblerent dans leurs maifons d'oraifon pour rendre graces au ciel de cet événement. Le même pafteur qui, à l'époque de Ja maladie de Louis XV, fignala fes fentimens patriotiques prononça un difcours relatif à la circonftance. Il peignit avec autant d'énergie que de vérité les vertus qui caractérisent notre jeune monarque, & ne fit que retracer les fentimens dont fes ouailles font pénétrées, en les exhortant à vouer au meilleur des princes un attachement éternel, & une fidélité fans bornes. Ce difcours fini, on entonna le Te Deum, qui. fut. fuivi d'une priere répétée en chœur pour le roi la reine & la famille royale. On chanta enfuite le pleaume 72, Deus judicium tuum regi da; & l'on affigna d'abondantes aumônes aux pauvres. Tous les mem bres de l'aflemblée fe féparerent après avoir été invités de participer aux fères & aux réjouiffances publiques or données par le magiftrat de ces deux provinces, pour célébrer le couronnement de S. M.

La communauté des juifs de Landau a témoigné par toutes fortes de marques de joie, la fatisfaction intérieure qu'elle partageoit avec la France du couronnement & du facre folemnel du roi ; en conféquence, elle s'eft tranfportée, dans la fynagogue en habits de cérémonie, le foir 25 du mois dernier elle a chanté avec la mufique, un cantique d'actions de graces; elle a fait enfuite une priere publique pour la confervation de leurs majeftés, & elle a fini ces actes religieux par un acte de charité, en faifant diftribuer du pain & de l'argent aux pauvres chrétiens; il y a eu

un feftin en figne de réjouiffance, & une très belle illumination, qui a duré fort avantdans la nuit. Cantique chanté par la communauté des Juifs de Lindau, au fujet du facre de leur roi Louis XVI.. Je chanterai maintenant les louanges de mon roi le bien aimé.

Louis XVI le Jufte fleurira comme le pa'mier, & fe multipliera comme le cedre du Liban.

Vous furpallez en beauté les enfans des hommes, & une grace admirable s'eft répandue fur vos levres ; c'est pourquoi dieu vous bénira pour toute l'éternité.

Signalez vous par votre gloire & vos beautés, allez, ayez des fuccès avantageux, & régnez.

La reine s'eft tenue debout à votre droite, revêtue d'un habillement d'or, & environnée de divers ornemens.

On ne lui égalera ni l'or, ni le cryftal, & on ne la donnera point en échange pour des vafes d'or.

Elle a ouvert fa bouche à la fageffe; la loi de la clémence eft fur fa langue.

Votre reine fera dans votre palais comme une vigne abondante; vos princes feront autour de votre table comme de jeunes oliviers.

Vous êtes plus précieux que l'or & les pierres pré eieufes, & plus doux que le miel & le rayon du miel. Voyez qu'il eft bon & agréable que les freres foient unis enfemble.

Obfervez mes préceptes, & votre paix fera, comme un fleuve, & votre juftice comme les flors de la mer.

Le feigneur maintiendra votre repos;'il remplira vo tre ame de fes fplendeurs ; vous deviendrez comme un jardin toujours arrofé, & comme une fontaine dont les caux ne fechent jamais.

Grand dieu, vous ajouterez des jours aux jours de Louis XVI, notre roi, vous étendrez fes années jus qu'aux jours de la génération des générations.

Votre tione fera un trône éternel; le fceptre de vo tre royaume fera un fceptre d'équité.

Vous aimez la juftice, & haitez l'iniquité.

Comme les cieux nouveaux & la terre nouvelle que je vais créer, fubfifteront toujours devant moi dit le feigneur, ainfi votre nom & yotre race fubfifteront éternellement.

Et la race de vos ferviteurs la poffédera, & ceux qui aiment mon nom y établiront leur demeure.

Il vous naftra des princes; je les établirai rois fur toute la terre.

Leur poftérité fera connue des nations; leurs rejettons s'étendront parmi les peuples, & tous ceux qui les verront, les reconnoitront pour la race que le ciel & le feigneur out bénie.

Vous chanterez alors des cantiques comme la veille d'une fête folemnelle, & vetre cœur fera dans la joie. Seigneur, je vous louerai de tout mon cœur dans la fociété des juftes & dans l'affemblée des peuples. Amen. L'académie royale des infcriptions & belles-lettres, dans fa féance du 20 Juin dernier, élut le Sr. de Burigny à la place de penfionnaire, vacante par le décès du Sr. Caperonnier, Comme cette promotion faifoit vaquer une place dans la claffe des affociés, elle élut, le 4 du préfent mois, pour la remplir, le Sr. Joly de Maizeroy, che valier de l'ordre royal & militaire de St. Louis, & lieutenant colonel du régiment de Sens.

L'académie des fciences de cette ville ayant reçu d'une compagnie, zélée pour le progrès de l'art de la teinture, une fomme de 1200 liv. deftinée à un prix extraordinaire relatif à cet art, propofe pour fujet de ce prix : l'analyfe & l'examen chymique de l'indigo qui eft dans le commerce pour l'ufage de la teinture.

Le Sr. Didier, machinifte & fondeur, réfidant à Strasbourg, vient de finir & de pofer les ornemens qui décorent le piédeftal de la ftatue pédeftre du duc Charles de Lorraine, élevée à Bruxelles par les états du duché de Brabant; cet artifte, qui a coulé cette piece en bronze, a dirigé toutes les opérations de la fonte d'une maniere nouvelle, & qui lui a très bien réuffi. Il a auffi inventé une machine au moyen de laquelle 16 hommes feulement ont enlevé de la fosse & tranfporté cette ftatue à 15 pieds de côté, dans l'ef pace d'une demi-heure: cet artiste a reçu des marques de bienfaifance du prince & des états de Brabant.

Le Sr. Lebas, démonftrateur public d'accou chement aux écoles royales de chirurgie, demeurant rue Chriftine, vient de former, fous la protection du magiftrat qui préfide à la police, un établiffement où les pauvres perfonnes enceintes feront reçues pour être accouchées & traitées gratuitement jufqu'à leur parfait rétabliffement. Cette maifon d'hofpitalité devient une école où les éleves des deux fexes difpofés à s'occuper de la partie des accouchemens font à portée de pren dre les inftructions de théorie & de pratique relatives à cet art. Le Sr. Lebas a auffi une maifon par ticuliere où les perfonnes en état de payer, recevront les mêmes inftructions: le produit de cette école eft destiné à rejaillir fur celles des femmes qui feront dans l'indigence.

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On écrit de Lyon un fait dont le tableau ne peut qu'être intéreffant à montrer puifqu'il honore l'humanité. Le 26 du mois dernier, vers 10 heures du matin, on vit fur le pont de la Saône qui conduit de l'archevêché à la place de Louis-leGrand, un foldat qui, après avoir paru dans une grande agitation, refta quelques minutes immobile appuya fa tête fur le garde-fou, & bientôt le franchit en s'élançant au milieu de l'eau : un jeune homme de 13 à 14 ans, nommé Vegouroux, fils d'une marchande d'oiseaux, s'écrie: A moi, mon frere, nous le fauverons. Les deux jeunes gens fe précipitent en effet dans l'eau, & ramenent, après beaucoup de recherches, le malheureux fur le rivage. Une joie pure & vive éclatoit dans les yeux de ces deux libérateurs, auxquels le foldat étoit inconnu. Un des freres ferroit la main de l'autre, en lui difant avec faififfement: Je t'avois bien dit que nous le fauverions. La foule qui les environnoit, leur fit quelques légeres libéralités qu'ils recevoient avec une indifférence marquée; mais l'intérêt de cette scene

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