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reprimande, & à être mis à la queue du nouveau tableau, & le quatrieme a évité toute flétriflure en quittant le barreau, & en embraffant un autre état. Le premier a deffein d'en appeller à l'aflem blée générale; mais les deux autres prennent le parti de la douceur; ils ont reçu leur repriman➡ de, & ils efperent que la rigueur de leurs confre→ res n'ira pas jufqu'à leur faire perdre leur rang.

On croit à préfent que le projet d'édit pour fup. primer les charges doubles de receveur des tailles ne s'exécutera pas, parceque les receveursgénéraux des finances ayant été requis par le miniftere d'en dire leur avis, ils ont démontré qu'il ne produiroit aucun avantage, & que dans les élec tions où il fe trouve deux titulaires, la recette fe fait avec moins de frais que dans celles où il n'y en a point. On dit qu'on verra bientôt paroitre divers édits & déclarations des plus confolans pour le peuple, tendant à améliorer fon état, à prévenir les befoins, & à les foulager. On parle de diminutions considérables fur les denrées de premiere néceffité, d'abolition des corvées & de Ta mendicité, d'encouragemens pour la population, le commerce &c.

La liberté abfolue du commerce de l'Inde a été l'objet d'un mémoire des directeurs du commerce de la province de Guyenne, & fur lequel eft intervenu un avis des députés du commerce; ils ont auffi donné leur avis fur un mémoire de la communauté de l'Orient contre cette liberté ; le maire de cette ville a répondu de fon côté aux par? tifans de la liberté; le grand argument qu'on emploie & qu'on a répété fi fouvent, c'eft que le commerce de l'Inde ne peut s'affimiler à aucun autre. Les principes, dit-on, en font bien différens; on ne peut pas mettre en parallele les opérations fuivies & combinées d'une compagnie qui avoit le privilege exclufif de ce commerce, & celi

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les des différens armateurs qui ne peuvent avoir entr'eux aucun accord fur leurs expéditions, &c.

Les curés & vicaires du royaume à portion congrue viennent de préfenter un mémoire au roi pour fupplier S. M. de l'augmenter, n'y ayant point de proportion entre 5co liv. qu'ont les premiers, & 200 liv. les feconds, & la cherte des vivres. Cette claffe d'eccléfiaftiques fi maltraitée met fous les yeux du roi fon extrême indigence, & intéreffe l'humanité, ainsi que la religion, à venir à fon fecours, par les détails où ils entrent de leur mifere. En adreffant ce mémoire à S. M., ils l'ont auffi envoyé à tous les princes du fang avec des lettres touchantes fur leur fituation pour rimplorer leur protection auprès du monarque. On croit que l'affemblée du clergé s'occupera de cet objet, & qu'elle indiquera les moyens de fuppléer à la modicité de ces portions congrues.

Le Sr. Bourgeois de Château -Blanc 'vient de mettre la derniere perfection à fon Phare ou Fanal œconomique, il eft placé fur le Mont-Valerien, dans le jardin des freres hermites. Cette machine, dans fon état actuel, offre les moyens les plus relatifs & les plus néceffaires pour la fureté de la navigation des côtes. Elle préfente une folidité telle qu'aucune intempérie ne peut lui porter at teinte, ni en interrompre le service; une exécution dans le fervice des plus faciles; un jeu & une diftribution dans les feux tellement dirigée, qu'en 10 fecondes on peut les faire difparoitre & reparoitre, même en les diverfifiant autant de fois qu'on voudra,& dans tous les momens qu'on exigera, & enfin une dépense, foit pour la conftruction ou pour la confommation des matieres combustibles, très -modique, eu égard aux facilités & aux effets que les phares peuvent produire. Le Sr. Bourgeois de Château Blanc eft le même à qui l'on doit l'illus

mination de cette capitale, qui fert de modele à toutes les villes.

Nous avons dit qu'il s'étoit chanté, le 29 du mois dernier, un Te Deum dans l'églife métropolitaine de cette capitale. La lettre que le roi avoit adreffée, à cette occafion, à l'archevêque eft conçue en ces termes.

MON COUSIN,

La divine providence qui a placé la couronne fur ma tête beaucoup plutôt que je ne l'aurois defiré, me fait trouver de nouvelles forces pour en foutenir le poids: la fatisfaction que mes peuples ont témoignée à l'occafion de mon facre & couronnement, qui fe fit hier avec toute la folemnité requise en pareilles circonftances, les acclamations qui m'ont accoinpagné pendant & après cette augufle cérémonie, ont pénétré mon cœur d'un fentiment profond que ne s'effacent jamais. C'eft pour obtenir de l'être fu prême, qui regne fi vifiblement fur la monarchie qu'il attache à l'ondion facrée que je viens de recevoir, toutes les graces que ma confiance en fa divine bonté me font efpérer; qu'il m'accorde la prudence, la première vertu des rois, & qu'il maintenne mes fujets dans la paix & tranquillité qui feront toujours le plus cher objet de mes foins, & dans befquelles un roi vraiment chrétien doit envifager la folide gloire de fon regne, que je defire qu'il foit fait des prieres publiques dans tous les lieux foumis à mon obéiffance. Je vous fais done cette lettre pour vous dire de faire chanter leTe Deum dans l'églife métropolitaine de ma bonne ville de Paris, &autres de votre diocefe, au jour & à l'heute que le grand-maitre ou le maitré des cérémodies vous dira de ma part. Je lui ordonné d'y canvier mes cours, & ceux qui ont coutume d'y affifter. Sur ce je prie dieu qu'il vous ait, mon coufin, en fa fainte & digne garde.

Ecrit à Reims, le 12 Juin 1775.

Toutes les villes du royaume, les bourgs & les villages ont fait éclater à l'envi, leurs transports de joie à l'occafion du facre du roi. Il n'eft pas poffible d'en faire ici l'énumération. Il fuffit de dire que les corps religieux, civils & militaires, & enfin les bons citoyens de toutes les claffes ont donné des témoignages publics de leur amour pour le jeune monarque qui étoit l'objet des fêtes. Ds Te Deum, des cantiques d'alegreffe; le fon des cloches, des falves d'artillerie & de mouf queterie ont annoncé ces fêtes; elles ont été fuivies & terminées par des feftins, des accla➡ mations, des bals & des illuminations. Dans prefque tous les endroits, on a diftribué d'a bondantes aumônes. Quelques villes les ont don¬ nées en argent, les unes en grains & en pain, les autres ont fait des établillemens pour procurer à l'indigence du travail & du pain. Des corps particuliers fe font fignalés par leur générofité. Les officiers du bailliage & fiege préfidial de Caen ont fait diftribuer 5 mille liv. à plusieurs curés de la ville, pour être réparties entre les perfonnes les plus néceffiteufes de leurs paroiffes. La bienfaisance du roi femble s'être communiquée partout. Les exemples des fouverains font tou jours imités, & c'eft bien le cas de faire ici l'ap plication de ce vers: Regis ad exemplar totus: componitur orbis.

Les propriétaires de la manufacture des glaces de St. Gobin ont envoyé dans les villes voi fines de leur établiffement, le furplus des bleds qu'ils avoient fait venir de Pologne pour la fubfiftance de leurs ouvriers, & ils y ont ramené par ce moyen l'abondance de cette denrée. A Damvillers, près de Verdun-fur-Meufe, on a diftribré du pain, du vin, de la viande & 2 fous par tête à chaque perfonne des pauvres ménages, & à tous ceux qui fe font préfentés; les frais du

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pain ont été faits par le Sr. Serrier, curé du lieu. Pendant que les habitans de cette ville fe livroient à la joie la plus vive, il s'eft paffé une scene des plus touchantes. Une femme apée de plus de 80 ans, à peine convalefcente d'une maladie jugée mortelle, fe fit habiller en amazone, & conduire dans l'appartement où foupoient les officiers mu nicipaux. En y entrant, elle prit fon chapeau d'une main, & de l'autre fon verre; puis debout & appuyée fur fon baton, Meffieurs, dit-elle mon cœur eft dans la défaillance; mais il pal pite encore pour mon bon roi & pour ma bonne reine; elle but, & jetta fon verre en l'air en criant: vive mon bon roi, vive ma bonne reine! Eile témoigna enfuite qu'elle mourroit fans regret, puifqu'elle avoit publiquement énoncé ses fentimens qui la fuivroient dans le tombeau. Ce langage naturel du cœur, ces expreffions où brillent la candeur & l'ingénuité, peignent avec bien de l'énergie l'amour d'un François pour fes maitres, & il n'en eft point qui ne les adoptent & ne les répetent avec la femme octogenaire de Damvillers.

Plufieurs curés ont prononcé des difcours tou chans relativement au facre de S. M. Celui de la paroiffe de St. Jean à Châlons-fur-Marne (le Sr, Dortu) annonça d'abord à fes paroiffiens le 11 Juin, que le facre des rois n'eft pas une cérémonie imaginée par la vanité, pour donner un nouvel éclat à la majesté du trône, pour éblouir le peuple par le spectacle brillant de la magnificence qui l'accompagne; il prouva que dieu luimême a inftitué & réglé cette cérémonie; & par cette difpofition, il fit connoitre que l'autorité des rois eft une émanation de celle de l'être fuprême. Il rapporta enfuite les facres de Saül, de David & de Salomon. En parlant des difpofitions que doivent apporter les rois pour jouir des ef

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