Le 6 de ce mois, l'impératrice fe rendit à Neuftadt, & y attendit l'archiduc Ferdinand & l'archiducheffe Béatrix, fon époufe, qui y arriverent le 8. Le 9, S. M. I. & L. A. R. vinrent coucher au château de Laxembourg.

La cour vient de difpofer des trois maifons que les ci-devant jéfuites poffédoient à Prague. L'une fervira d'école normale; l'autre fera donnée à l'univerfité, & la troifieme eft destinée pour le féminaire archiepifcopal.

On travaille avec beaucoup d'activité à conftruire un nouveau château en face de celui de Schonbrun l'impératrice-reine en a pofé la premiere pierre, & à fait diftribuer des gratifications à tous les ouvriers.

a

On apprend de Pefth en Hongrie, qu'un pont qui y avoit été conftruit avec de vieux matériaux, il y a environ 2 mois, s'eft écroulé, au moment où 163 bœufs y paffoient; on eft parvenu à retirer du Danube les conducteurs, & 10 de ces animaux, feulement ont été noyés.

ITALI E.

ROME (le 6 Juillet.) L'archiduc-Maximilien arriva, le 27 du mois dernier, de Naples en cette capitale, & defcendit à l'hôtel du comte d'Hertzan, auditeur de rote pour l'Allemagne, qui avoit accompagné ce prince à la cour du roi des DeuxSiciles. Le fouverain pontife a nommé les princes Jofeph Rofpigliofi & François Rufpoli, pour fervir S. A. R. pendant fon féjour ici.

Le 28, veille de la fête des Sts. Pierre & Paul, le pape, accompagné de 25 cardinaux, affifta dans la bafilique de St. Pierre aux premieres vêpres, à l'iffue defquelles le st. P. reçut en la maniere accoutumée, des mains du marquis Laurent Colonna grand connétable du royaume de Naples, la haquenée que les rois des Deux-Siciles font dans l'u

fage d'envoyer au St. fiege en figne d'hommages l'archiduc Maximilien vit cette cérémonie de la maiton des convertis, d'où il paffa dans un quartier voifin de l'églife du vatican, pour être plus à portée de voir la magnifique illumination de la coupole, de la façade & des colonnes de cette bafilique. Le prélat Spinelli, commiffaire général, y préfenta des rafraîchiffemens à ce prince, qui vit enfuite du palais Altoviti exécuter au château St. Ange différens feux d'artifices, connus fous le nom de girandoles.

Le 29, S. A. R. fe rendit à l'églife du vatican, & y entendit, dans une tribune préparée à cet effet, la grand'meffe, que chanta le fouverain pontife. On porta l'après-midi à fon palais, par ordre de S. S., 130 plats de comeftibles & différentes fortes de vin.

L'archiduc s'occupe à voir les monumens & antiquités de cette ville & de fes environs. I honore de fa préfence toutes les affemblées, & la principale nobleffe fe difpute le plaifir de lui donner des fêtes. Hier, 5 de ce mois, le cardinal de Bernis donna à ce prince un magnifique feftin à 2 tables, l'une de 40, l'autre de 20 couverts. On s'apprête à lui donner le spectacle d'une courfe de chevaux-barbes.

Le St. pere a conféré dans fa chapelle particuliere l'ordre du diaconat au comte François Xavier de Salm - Reifferfcheid, domicillaire des métropoles de Cologne, de Saltzbourg, Strafbourg & Olmutz a qui il avoit déjà donné le fous-diaconat le 7 Mai de cette année. Le prince de Salm-Salm, qui a demeuré ici plus de quatre mois avec le prince Charles, fon frere, vient d'être relevé par le fouverain pontife des enga gemens qu'il avoit contractés par le fous-diaconat, doit retourner bientôt en Allemagne. Les capucins qui s'étoient rendus ici à l'occa

fion du chapitre général de leur ordre, étoient au nombre de 840; ils ont été tous admis à baifer les pieds du St. pere.

Le pape doit quitter le vatican, le 10, pour aller paffer le refte de l'été au quirinal.

On ne peut pas révoquer en doute que le pape ne s'intéreffe vivement aux ex-jéfuites. Le fort des prifonniers le touchoit & le touche encore & il paroit certain qu'il avoit réfolu de brifer leurs fers; mais on prétend que les démarches précipitées & les propos de leurs partisans ont empêché les effets de la bonne volonté du St. pere; ils fe font empreffés de faire regarder cette grace, projettée feulement, comme l'avant-coureur de la renaiffance de la fociété diffoute. Quoique ces bruits puffent être très-incertains, des voix puiffantes, & qu'il est important de refpecter, fe font fait entendre, & elles ont été écoutées. Leurs représentations ont produit cet effet, qu'il n'eft plus aujourd'hui queftion de la délivrance des prifonniers du château St. Ange, à laquelle les membres de la congrégation fur les affaires jéfuitiques fe font conftamment oppofés. Tous les papiers & documens qui y font relatifs, ont été remis au lieutenant de l'avocat Andretti, juge député pour inftruire le procès, & l'on affure que le cardinal des Lances eft chargé d'examiner toutes les pieces de cette affaire, fur laquelle il portera préalablement fon jugement. En attendant on cherche à adoucir le fort des autres ex-jéfuites répandus dans l'état eccléfiaftique. Le cardinal Paracciani a donné le premier la permiffion d'adminiftrer les facremens à tous ceux qui font dans fon diocefe; cet exemple a été fuivi par les autres évêques. On a auffi expédié de la fecrétairerie du pape à plufieurs couvens de religieufes des refcrits qui les autorisent à fe con

feffer aux ex-jéfuites, & à recevoir d'eux les exercices fpirituels.

On voit circuler ici des copies d'un interrogatoire qu'on a fait fubir à l'abbé Laurent Ricci ex-général de la fociété éteinte. Il eft extrait, à ce qu'on affure, des actes du procès commencé contre les prifonniers du château St. Ange. Voici les 27 questions que contient cet interrogatoire, & les réponses qui y ont été faites.

1ere. queftion: Quels étoient vos affiftans?

Rép. Gorgo, d'Italie; Moncés, d'Espagne; Rhomberg, d'Allemagne ; Coritzki, de Pologne; Gufman, de Portugal.

2e. Quels étoient le procureur, ainsi que le fecrétaire général ?

Rép. Franchini, Camolli.

2e La voix de ces affiftans étoit-elle décifive?

Rép. Ils n'étoient que confultans, ou confulteurs. 4e. En quel affiftant aviez-vous plus de confiance R. En celui qui dans les confultes donnoit le meilleur

avis.

5e. Le général n'eft-il pas dans l'ufage de nommer un vicaire en cas de mort?

R, Il doit le nommer felon les conftitutions de S. Ignace. 6e. Qui aviez-vous nommé ?

Rép. N'ayant fait nullement connoitre ce choix cette affaire eft du for interne.

7e Mais je voudrois le fcavoir.

Rép. Je ne fuis point obligé de le dire, par la raifon que cette affaire eft du for interne; néanmoins fi vous voulez me garder le fecret, je vous le dirai; c'eft l'affiftant d'Allemagne.

8e. Mais on n'en trouve point la note? Rép. C'eft que je l'ai brulée.

ge. Pourquoi l'avez-vous brûlée ?

Rép. Parce que ce papier devenoit inutile au moment de l'abolition de l'inftitut.

10. Quand l'avez-vous brulée ?

Rép. Le lendemain de l'abolition.

ne. Aviez-vous écrit des lettres dans les derniers mois ?

Rép. Oui le famedi qui précéda cette fuppreffion, j'expédiai, felon l'ufage, des lettres pour l'Allemagne, l'Italie, &c.

te. Vous avoit-on donné avis de cette future fuppretion, & qui vous l'avoit donné ?

Rép. Je n'en avois avis d'aucune perfonne; mais je l'avois appris par le bruit qui en couroit dans la ville. 13e. Cette lettre eft elle de vous? (On lui montra une lettre écrite avant l'abolition à un jéfuite de Sicile , qui lui demandoit permiffion d'ufer dans fon exil de l'indult accordé aux jéfuites François pour prendre l'habit de prêtre féculier.)

Rép. Cette lettre n'eft pas de ma main: elle fut pourtant écrite avec mon confentement, pour donner cette faculté.

14. La facrée congrégation veut avoir les noms de tous les jéfuites qui portoient l'habiț de prêtre féculier. Rép. Is y étoient tous obligés en France par l'autorité féculiere; mais je n'ai pas affez de mémoire pour re tenir tant de noms.

Ise. Aviez vous donné quelque inftruction aux Siciliens?

Rép. Aucune.

16. Lois de votre gouvernement s'étoit-il fait quel ques changemens dans l'inftitut ?

Rép. Aucun.

vance,

Ie Y avoir-il des défauts graves dans la compagnie Rép. Il y regnoit communément une grande obferbeaucoup de piété, de dévotion, de zele & de charité fraternelle, mais furtout, un grand amour pour Pinftitut, malgré les perfécutions qu'il effuyoit. Aux défauts, s'il y en avoit de ceux qui font inféparables de Ja condition humaine, on remédioit felon qu'il est pref crit par les regles de St. Ignace.

- 18. Croyez-vous n'avoir plus d'autorité depuis la fuppreffion de la compagnie ?

Rép. Très-certainement, & j'en fuis perfuadé.

19e. Quelle autorité auriez vous cru avoir, fi le pape n'avoit pas aboli, mais feulement réformé la compagnie ?

Rép. Celle qu'il auroit plu au St. Pere de m'accorder; mais que l'interrogatoire porte fur les actes extérieurs, & non fur les intérieurs, qui ne font pas du for

externe.

20e Aviez vous donné à des prêtres féculiers la faculté de confeffer quelques-uns de vos religieux ? Rép. Oui.

21e. Avez-vous caché de l'argent ou des effets précieux 3