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légere, fous le commandement du Sr. Smith, lieutenant-colonel du 10e. régiment, & du major Pitcairne, de la marine, avec ordre de détruire ces approvifionnemens. Le lendemain, huit compagnies du 4e. régiment, autant du 23e. & du 49e., avec quelques troupes de marine, marcherent, fous les ordres du Lord Percy, au foutien de ceux qui étoient partis la veille ».

« Le lieutenant-colonel Smith, avancé de quelques milles, & trouvant l'allarme répandue dans le pays par des coups de canon & par le fon des cloches, dépêcha fix compagnies d'infanterie légere pour s'affurer de deux ponts fitués fur deux différentes routes aux environs de la Concorde. A leur arrivée à Lexington, ces troupes rencontrerent un corps de gens de la campagne armés; & comme elles marchoient à eux pour demander la raison qui les raffembloit fous les armes, ils fe retirerent auffi-tôt en grande confusion; mais de derriere un mur de pierre & de quelques maifons, il y eut plufieurs coups tirés fur les troupes du roi. En conféquence de cette attaque des rebelles, les troupes du roi ripofterent, & en tuerent plufieurs; après quoi le détachement continua fa route fans aucun nouvel accident, & exécuta les ordres qu'il avoit reçus. Il caffa les tourillons de trois pieces de canon, brûla quelques affuts neufs, & une grande quantité de charriots, jetta à la riviere beaucoup de farine, de poudre, de balles & d'autres provifions. Pendant que le détachement étoit occupé à cette opération, un grand nombre d'Américains raffemblés vint attaquer l'infanterie légere,poftée fur l'un des ponts. Il y eut quelques-uns des aggreffeurs tués ou bleffés dans ce combat; mais les troupes du roi, à leur retour de Concorde, furent fort incommodées par des partis qui tiroient à l'abri de quelques murs, des hayes & des arbres, lorfque la

brigade commandée par le Lord Percy, s'étant jointe à elles à Lexington, avec des pieces de canon, tout fut difperfé dans un moment, mais non pas pour longtems; car, dès que nos troupes fe furent remifes en marche, le feu épars de fufillades les accompagna pendant quinze miles qu'elles avoient à faire pour fe retirer, & leur tua ou bleffa plufieurs foldats. On remarquera qué ces milices provinciales qui nous accufent d'inhumanité, en exercerent elles-mêmes de truelics en coupant les oreilles à quelques uns des blef fés qui tomberent entre leurs mains. On ignore quelle a été leur perte; mais on la croit confidérable, malgré leurs relations ».

On fait que les fentimens étoient encore partagés à la Nouvelle-Yorck fur le parti qu'il convenoit de prendre relativement aux Boffoniens; mais dès qu'on y fut informé de l'action du 19 Avril, tous les avis furent unanimes sur ce point. On commença par nommer 12 députés pour af fifter de la part de cette colonie, au congrès gé néral de Philadelphie; chacun prit les armes, & l'on tranfporta l'artillerie de la ville en lieu de fûreté, à 18 milles de diftance. On fit fçavoir au Sr. Tryon, gouverneur de cette province, qui arrivoit d'Angleterre, & qui étoit encore à bord de fon vaiffeau, qu'il ne feroit point reçu en cette qualité, & qu'on lut enjoignoit de ne point defcendre à terre; mais que, par confidération pour fa perfonne, on ne lui feroit aucun tort, & qu'il pouvoit reprendre, avec fa fuite, le chemin de l'Angleterre, fans craindre d'être inquiété. Ce gouverneur eft en effet reparti, & l'adminiftration générale des affaires a été remife entre les mains, du peuple, représenté par les principaux habitans de la colonie. On y prend actuellement tou. tes les mesures néceffaires pour la défense du pays; c'eft l'objet unique dont on s'occupe toute autre affaire y a ceffé, & il n'y eft plus question de

commerce. On affure même que 3 gros vaiffeaux fans pavillons y ont débarqué 6 mille fufils, beaucoup d'artillerie,& quantité de munitions de guerre.

Le foulevement général & fubit de cette colonie y a été occafionné, dit on, par une lettre de Weathersfields à un habitant de la NouvelleYorck 4 jours après l'affaire du 19 Avril, on écrivoit à cet habitant, que toute l'Amérique avoit les yeux fur fon pays; qu'il n'étoit pas queftion en ce moment de neutralité; que ceux qui ne fecondoient pas la jufte défenfe de l'Amérique, étoient fes ennemis, & que dans le cas où la Nouvelle- Yorck abandonneroit l'intérêt général on iroit l'attaquer d'aufli bon cœur que Boston; qu'elle n'avoit donc qu'à fe déclarer pofitivement, pour déterminer le côté où les vrais Américains porteroient leurs forces. «Le ciel, difoit cette lettre, n'a ceffé jufqu'à ce jour de nous protéger dans tous les événemens, & nous mettrons fur nos drapeaux & nos tambours les armes de la colonie, avec sette devife en lettres d'or: Qui tranftulit, fuftinet; dieu qui nous a transplantés ici, nous foutiendra ».

Le comité établi à la Nouvelle-Yorck pour veiller à l'exécution des mesures prifes par le congrèsgénéral, a propofé le 26 Avril, la formation d'un, nouveau comité de 100 perfonnes, dont le tiers délibérera fur la fituation actuelle des affaires, & il a été décidé que ce comité fubfifteroit 15 jours après la clôture du congrès-général de Philadel phie. Le 29 du même mois, on propota une affociation qui fut fignée le même jour par plus de mille des principaux habitans de cette ville & envoyée dans tous les comtés de la province, où l'on ne doute pas qu'elle ne soit également fignée. On s'engage, par cette affociation, de la maniere la plus folemnelle à fe conformer à toutes les réfolutions qui feront prifes par le congrès. général & par celui de la province, & à s'oppo

fer de toutes fes forces à l'exécution des actes oppreffifs & arbitraires du parlement.

La Virginie a fuivi l'exemple de la NouvelleYorck. Le lord Dunmore, gouverneur de cette colonie, a été prié de fe retirer en Angleterre, ou qu'on prendroit le parti, quoiqu'à regret, de l'y contraindre par la force. La Penfylvanie & le Maryland font à peu-près les mêmes difpofitions; & l'on peut affurer d'après tous les avis de l'Amérique, que tous les colons ont pris les armes, & font animés d'un zele étonnant pour maintenir leurs droits & privileges, ou pour périr en les défendant. Il faut en excepter le Canada, la NouvelleEcoffe, la Géorgie, & Terre-Neuve, qui n'ont point encore accédé au plan de défense générale.

Les voies d'accommodement, qu'on n'a jamais tentées qu'imparfaitement,feroient tout ce qui pourroit arriver de plus heureux. Il femble que le gouvernement ait deffein de renouer cette efpece de négociation; mais dans l'état où font les chofes, on parviendra difficilement à ce but. On apprend de Philadelphie, que l'affemblée générale( qu'il ne faut pas confondre avec le congrès-générale), ayant pris en confidération la résolution de la chambre des communes, du 20 Février dernier, de laifler aux colonies le droit de se taxer elles-mêmes avec le confentement du roi & du parlement de la Grande-Bretagne, avoit répondu, « que ce plan ne préfentoit aucun moyen jufte de conciliation ; que les colonies doivent accorder volontairement leurs fubfides; qu'au refte cette colonie en fon particulier ne pouvoit prononcer fur ce point, fans confulter les autres colonies, avec qui elle devoit agir de concert, mais qu'elle fe prêteroit, autant qu'il feroit poffible, aux juftes voies d'accommodement, par refpect pour le fouverain de la Grande-Bretagne ».

Le comité de la Nouvelle-Yorck, confulté fur ce même point, a répondu formellement, que,

dans la fermentation actuelle, on n'écouteroit au cunes propofitions; qu'il feroit inutile d'en faire, à moins que le général Gage ne ceffât les hoftilités, & qu'enfin cette province, comme les autres, refufoit non-feulement de se soumettre aux ates récens & antérieurs du parlement britannique, mais qu'elle étoit déterminée à s'oppofer à tous ceux qui entreprendroient de les mettre en exécution.

Toutes ces nouvelles ont fingulierement excité l'attention du miniftere. On a pris dans le confeil des réfolutions rigoureuses, au cas que la voie de pacification ne produifit pas l'effet defiré, & c'est en conféquence que la cour doit encore envoyer de nouveaux renforts de troupes & de vaiffeaux de guerre, pour mieux réuffir dans le projet de les foumettre aux actes du parlement britannique. On affure qu'elle fera aufli paffer à Bofton 6 autres régimens de troupes, tirés de l'étábliffement d'Irlande, fçavoir 4 d'infanterie, un de montagnards écoffois & un autre de cavalerie légere. Le vice-roi d'Irlande a déjà des ordres de tout difpofer pour l'embarquement de ces troupes, qui feront remplacées par de nouvelles levées, & par des envois d'Angleterre & d'Ecoffe, où les invalides, les compagnies franches fuppléeront aux troupes réglées. La cour fait auffi partir actuellement une grande quantité d'armes & de munitions de guerre pour l'armée du général Gage. Elle fait, en outre, équipper une forte efcadre, qui fera compofée des vaiffeaux de guerre le Neptune, de 90 canons; le Superbe, de 74; le Ferme, de 64; le Windfor & l'Amérique, de 60 chacun; Le Kent, le Dublin & Albion, chacun de 74, pafferont de Plymouth pour se joindre aux premiers; & cette efcadre, avec quelques frégates & ch loupes, fera aux ordres de l'amiral Pye. On la fuppofe destinée pour l'Amérique, Enfin, tout annonce une guerre ouverte entre l'Angle terre & fes colonies.

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